(sr Marie-Raphaël)
Ouverture
Les deux textes de ce jour parlent de la venue
du Seigneur (sa venue eschatologique, à la fin des temps). La dernière phrase
de l’extrait de 1 Thessaloniciens : « que le Seigneur affermisse vos
cœurs, les rendant irréprochables en sainteté devant Dieu notre Père, lors de
la venue de notre Seigneur Jésus avec tous les saints… », rejoint la
première phrase de l’évangile : « veillez, car vous ne savez pas quel
jour votre Seigneur vient ». Mais curieusement, tout en nous orientant
vers l’avenir, la leçon qui se dégage de ces textes est de nous rendre attentifs
au présent. Il y a plusieurs manières de vivre le présent. On peut le vivre
sans rien attendre, en se fermant à toute attente en se contentant du présent.
Ou on peut vivre le présent comme marqué par l’attente d’une promesse. Et c’est
tout différent !
Résonances
En méditant les lectures de ce jour, je repense à une
conversation que j’ai eue récemment avec un ami (ensemble, on refaisait le
monde et l’Eglise) : nous parlions de cette eschatologie, de cet horizon
d’espérance qui doit caractériser la foi du chrétien. Et il me disait : la
plupart des gens, aujourd’hui, sont enfermés dans le présent. C’est un peu à la
mode de dire que l’essentiel est de bien vivre le présent. Mais il faut rester
vigilants à ne pas perdre l’espérance. Les discours catastrophistes qui nous
entourent peuvent nous enfermer dans la peur. La peur du lendemain. Le
désespoir. Tout cela, toutes ces nouvelles qui nous viennent du monde, c’est
tellement lourd à porter… alors, nous nous réfugions dans l’oubli, qui est à la
fois oubli du passé et oubli de l’avenir.
Les chrétiens (et peut-être en particulier les moines
et moniales) sont appelés à témoigner d’une conviction d’espérance. Mais
comment ?
Le refrain qui revient à plusieurs reprises dans les
paraboles de la vigilance que Jésus nous donne à travers le dernier discours de
Matthieu, c’est : « vous ne savez ni le jour ni l’heure ». Cela
ne veut pas dire que nous devons vivre dans l’inquiétude. En fait, me
semble-t-il, la leçon est plutôt : bien vivre le présent, mais non pas
comme des gens qui n’attendent rien. Bien plutôt comme des gens qui se savent
serviteurs, et non propriétaires, et qui attendent le retour de leur maître à
qui ils devront rendre des comptes. Non pas un maître tyrannique qui réclame
des récoltes là où il n’a pas semé, mais un maître qui leur fait confiance, qui
les honore par sa confiance en leur donnant le soin de veiller sur « les
gens de sa maison ». Ce n’est pas rien ! (je pense à la mission de
l’abbé dans une communauté monastique : qu’il n’oublie pas que ce sont
des âmes dont il a reçu la charge…)
Si nous nous sentons honorés par la confiance que Dieu
nous fait, nous mettrons tout en œuvre pour être à la hauteur de cette
confiance. Laissons de côté la peur de l’avenir. Travaillons humblement à la
tâche qui nous est confiée, sachant que toute tâche est une haute mission de
confiance. Cette perspective change tout !
Prière
Seigneur, donne-nous, entre nous et à l’égard de tous
les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant. Affermis nos cœurs
dans la foi et l’espérance, rends-nous saints de la sainteté de ton Fils, pour
que nous soyons prêts à l’accueillir au jour et à l’heure de sa venue.
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