samedi 21 août 2021

Liturgie de la Parole, 20e samedi TO

 (Raymond)

Introduction :

Aujourd’hui nous fêtons Saint Pie X.  Il fut canonisé l’année même de la proclamation du dogme de l’Assomption de Marie en 1954.  Pape du début du 20ème siècle de 1903 à 1914, il fut à la fois réformateur en ce qui concerne le droit canonique et la curie romaine ;  à la fois conservateur, allant même jusqu’à imposer aux prêtres de prononcer un serment antimoderniste. Il fait également publier 24 thèses soutenant le thomisme. (Doctrine de St-Thomas d’Aquin dont l’originalité est de concilier les acquis de la pensée d’Aristote et les exigences de la foi chrétienne qui repose sur l’affirmation fondamentale de « l’être » comme réalité universelle)

Il aura fallu Vatican II pour amorcer des réformes plus profondes dans l’Eglise et l’abrogation de ce serment antimoderniste en 1967.

Pie X a rédigé et publié le catéchisme de la doctrine chrétienne qui a notamment fait l’objet de notre parcours initiatique à la vie chrétienne. C’est lui qui demande à ce que les enfants fassent leur 1ère communion dès l’âge de sept ans ce qui aboutit en pratique à une inversion de l’ordre traditionnel des sacrements en plaçant la communion avant la confirmation.  Bref nous lui devons beaucoup de la liturgie de l’Eglise sous la forme que nous avons connue jusqu’à Vatican II.

Il a également promulgué le chant grégorien.

Commentaire :

Commenter l’Evangile que nous venons d’entendre semble totalement superflu.  C’est clair comme de l’eau de roche et je ne pourrais tout au plus que paraphraser ce que Matthieu nous rapporte. 

Un texte de Louise Monville, étudiante.

« Je me retrouve face à cet homme de 55 ans. "Je vais vous aider dans votre dossier de régularisation." Il arrive avec un sac plastique où sont regroupées toutes ses chances. Quelques documents qui ont vécu la peur, le voyage et qui viennent s’échouer sur ce petit bureau. Du haut de mes 23 ans et de mon statut d’Européenne, de Belge, d’Occidentale, me voilà bien embarquée pour lui poser des questions d’Européenne, de Belge, d’Occidentale. "Avez-vous des preuves, Monsieur ?" Car oui, ici, nous ne fonctionnons qu’avec des preuves. Voyez-vous, nous ne nous basons que sur les faits. On veut des documents, des attestations, des témoignages, des certificats, des contrats. On n’en a rien à faire de vos fragments d’histoire qui transpercent la gorge quand vous nous les racontez, on n’en a rien à faire de vos cernes, de vos corps mutilés, cabossés, de vos regards où se lit l’horreur. On veut des preuves. Comprenez, Monsieur, ici on est en Occident et on vous prie de laisser derrière vous vos affects, vos pleurs, et même vos espoirs. Soyez rationnels. "Pourquoi êtes-vous venus en Belgique ? Avez-vous des preuves de diplôme dans votre pays d’origine ? Pouvez-vous prouvez que votre retour dans votre pays est impossible ? Avez-vous des amis en Belgique… ?" Ultime question qui démontre l’incroyable humour occidental qui fait tout pour invisibiliser ces personnes, les exclure, les réduire au statut d’"illégaux" et qui ose leur demander ensuite s’ils ont des amis en Belgique. Travaillez-vous en Belgique, Monsieur ? Comment ça, au noir ? Sans preuve ! Vous n’avez pas de fiche de paie ? Aucun document qui prouve votre travail ? C’est pourtant simple : pour avoir des papiers il faut un travail, et pour avoir un travail il faut des papiers. 

Une chemise repassée

Le monsieur devant moi porte une chemise repassée. C’est ce geste, de la part de cet homme dont on a retiré toute dignité, qui me donne envie de chialer. Cet homme a mis sa vie en danger durant plus de 60 jours, il vit au milieu des 250 autres personnes dans cette église, sans intimité, sans confort et il se présente devant moi en une chemise impeccable. Repassée. Et moi je lui demande des preuves.

"Êtes-vous affilié à des activités culturelles ou sportives ?" J’ai honte de mes questions. J’ai honte de mes questions parce que je sais ce qu’il va me répondre. J’ai honte de lui renvoyer en pleine face que, malgré ces trois années passées dans notre pays, non il n’est pas intégré, non il ne va pas au club de hockey le samedi, non il ne participe pas à un stage de peinture durant les vacances. 

Je me vois lui arracher son passé, sa vie, à coup de questions. Marié ? Divorcé ? De la famille ? Raison du départ du pays ? Allez-y, crachez-moi votre histoire, dans ce petit local exigu, devant une parfaite inconnue qui a la moitié de votre âge, racontez-moi, allez-y, ça ne fera pas mal. Parlez-moi de vos malheurs, mais seulement si vous avez des preuves.

Est-ce que l’un de nous deux croit vraiment en ce que nous faisons ? »               

Je n’ai pas pu m’empêcher de partager ce témoignage qui sonne et résonne si puissamment  au fond de moi pour vous dire qu’il est vain et peu raisonnable de pointer le doigt sur l’autre alors que nous sommes si souvent focalisés sur l’image pervertie d’une réussite sociale véhiculée par la publicité, les médias, le discours commun. Une image qui développe l’égo, une inspiration démoniaque qui suscite la convoitise et la jalousie.  Quand nous sommes happés par le système et que nous nous laissons séduire, abandonnant toute forme de dignité et notre responsabilité d’homme ou de femme, nous perdons notre liberté, notre capacité de discernement en même temps que notre âme. Nous tombons alors dans la facilité, celle de pointer le doigt sur l’autre plutôt que de le tourner vers soi et se remettre en question.

Avant d’être pour l’autre, cette parole d’Evangile est pour moi.  Chacun et chacune nous devons l’entendre pour nous-mêmes en premier. C’est la condition sine qua non pour être disponible et ouvert à la parole même de Jésus ; une parole qui dit ce qu’elle fait, et ce qu’elle fait produit du fruit. Du 3 pour 1 ? Du 4 pour 1 ? Non, du 30, du 60, du 100 pour 1 et ce n’est, ni impossible, ni de la folie.

Notre Père :

Adressons notre prière à Dieu pour qu’il envoie dans nos cœurs l’Esprit de bienveillance à l’égard de tous nos frères et sœurs dans le Christ. Adressons lui aussi notre louange pour tous ces petits gestes que nous faisons, qui peuvent paraître pauvres mais qui sont des miracles aux yeux de Dieu.

Oraison finale :

Qui suis-je pour entendre ta parole et répondre à ton appel ? Mets dans nos cœurs la foi, l’espérance et la charité. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, notre Seigneur.

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