(sœur Jean-Baptiste)
Introduction :
En ce 10 août nous fêtons st Laurent. Il
était diacre à Rome sous le pontificat du pape Sixte. Il avait la garde du
trésor et distribuait généreusement aux indigents. Lors de la persécution de Valérien,
il fut arrêté et comme on lui réclamait de livrer les biens de l'église, il demanda un peu de temps pour le rassembler
puis « il se présenta devant le
préfet de Rome les poches vides en lui montrant une foule de malades, d'estropiés
et de sans-le-sou qui l'accompagnait en disant : « Voici les trésors
de l'Église, sans compter les vierges et les veuves consacrées à Dieu ».
Il avait distribué toutes les richesses de l'église selon la recommandation
du pape martyrisé trois jours plus tôt. St Laurent fut martyrisé le 10 août 258 par le feu.
Méditation :
Le 10 août est l'anniversaire de ma profession, c'était un
dimanche, le 19è dimanche de l'année A mais j'ai choisi la date du 10 août plutôt que le dimanche pour fêter. Je
voudrais vous partager comment l'évangile de la fête de St Laurent que nous
venons d'entendre a pris une couleur spéciale dans ma vie, il y a 40 ans.
Pour l'anniversaire de profession, nous avions l'habitude de prendre un jour de
récollection. Donc je suis partie le 13
août au lieu dit « les pointes » la partie la plus éloignée du
monastère, avec mon pique-nique. Mère Prieure, Sr Jeanne d'Arc, que certains
ont connue, m'avait demandé ce que j'allais prendre pour méditer. Sans
réfléchir, je lui avais répondu: l'évangile de la fête de St Laurent. Je l'ai
lu et relu, rien ne m'accrochait mais j'ai persisté. Je laissais tourner dans
ma tête l'une ou l'autre paroles de Jésus et plus particulièrement
celle-ci : «Si le grain tombé en terre ne meurt il reste seul, s'il meurt
il porte beaucoup de fruits. » Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir
dire dans ma vie. C'est long, très long une journée, je n'avais autours de moi
que des champs de blé ou autres et devant moi le pré où les vaches qui
paissaient venaient de temps en temps
près de moi derrière une clôture. Pas de
distractions pour faire passer le temps que cette Parole à ruminer. La journée
allait se terminer quand brusquement la Parole s'est animée, elle a résonné en
moi, elle est devenue vivante. Tout d'un coup, j'ai pris conscience que j'étais
là parce que j'avais reçu un don : la vie monastique. Toute vie vient d'un
autre, nous la recevons. Cette vie qui me l'avait donnée ? Alors je me suis dit que beaucoup de personnes
avaient, sans le savoir, participé à ce
don : elles avaient prié, souffert, offert
leur vie pour que moi j'ai la vie. Elles étaient « mortes »
pour moi. Des noms, je pouvais en citer quelques-uns mais il y en avait une
multitude d'autres, j'en suis sûre, car ce « oui » que j'avais dit à
Dieu ne venait pas seulement de moi mais il était l'œuvre de beaucoup. Je me
suis sentie reliée à toute une foule
Que me fallait-il faire ? J'ai réalisé que c'était à mon tour de donner la
vie. Comment ? Devenir comme le petit grain de blé, tout nu, dépouillé de tout. Mais le grain de blé
ne fait rien de lui-même, il est jeté en terre. Ainsi pour moi, c'était accepté
le dépouillement, le renoncement à ma volonté propre comme le demande St
Benoît, c'était remettre ma vie entre les mains d'un Autre, le laisser me conduire. C'est une mort à
soi-même, cela ne va pas de soi et la vie se charge elle-même de nous
l'apprendre.
Rassurez-vous : Dieu a vu et entendu le désir qui est monté de mon cœur,
il est toujours présent devant lui et je n'ai pas à me le rappeler chaque jour
mais seulement consentir à ce qui m'est donné de vivre au quotidien, dans la
simplicité, la confiance, pas dans les hauteur mais dans l'humus du jour après
jour, là où la vie peut germer. Ce qui ne va pas toujours tout seul ni sans
souffrances. Alors d''autres recevront la vie comme moi je l'ai reçue, il n'est
pas nécessaire que je sache qui ni comment cela se fera, c'est l'affaire de
Dieu. J'ai à être là, tout simplement, aujourd'hui. Rien n'est petit, Dieu
transforme tout. N'ayons pas peur de donner, de nous donner, de mourir. Là est
la vie. Là est la joie qui remplit le cœur et que seul Dieu peut donner.
Avec les mots que Jésus nous a donnés, prions ensemble le
Père.
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