mardi 10 août 2021

Liturgie de la Parole, saint Laurent

 (sœur Jean-Baptiste)

Introduction :

En ce 10 août nous fêtons st Laurent. Il était diacre à Rome sous le pontificat du pape Sixte. Il avait la garde du trésor et distribuait généreusement aux indigents. Lors de la persécution de Valérien, il fut arrêté et comme on lui réclamait de livrer les biens de l'église,  il demanda un peu de temps pour le rassembler puis  « il se présenta devant le préfet de Rome les poches vides en lui montrant une foule de malades, d'estropiés et de sans-le-sou qui l'accompagnait en disant : « Voici les trésors de l'Église, sans compter les vierges et les veuves consacrées à Dieu ». Il avait distribué toutes les richesses de l'église selon la recommandation du pape martyrisé trois jours plus tôt. St Laurent fut martyrisé  le 10 août 258 par le feu.

Méditation :

Le 10 août est l'anniversaire de ma profession, c'était un dimanche, le 19è dimanche de l'année A mais j'ai choisi la date du 10 août  plutôt que le dimanche pour fêter. Je voudrais vous partager comment l'évangile de la fête de St Laurent que nous venons d'entendre a pris une couleur spéciale dans ma vie, il y a 40 ans.
Pour l'anniversaire de profession, nous avions l'habitude de prendre un jour de récollection. Donc  je suis partie le 13 août au lieu dit « les pointes » la partie la plus éloignée du monastère, avec mon pique-nique. Mère Prieure, Sr Jeanne d'Arc, que certains ont connue, m'avait demandé ce que j'allais prendre pour méditer. Sans réfléchir, je lui avais répondu: l'évangile de la fête de St Laurent. Je l'ai lu et relu, rien ne m'accrochait mais j'ai persisté. Je laissais tourner dans ma tête l'une ou l'autre paroles de Jésus et plus particulièrement celle-ci : «Si le grain tombé en terre ne meurt il reste seul, s'il meurt il porte beaucoup de fruits. » Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire dans ma vie. C'est long, très long une journée, je n'avais autours de moi que des champs de blé ou autres et devant moi le pré où les vaches qui paissaient  venaient de temps en temps près de moi derrière une clôture.  Pas de distractions pour faire passer le temps que cette Parole à ruminer. La journée allait se terminer quand brusquement la Parole s'est animée, elle a résonné en moi, elle est devenue vivante. Tout d'un coup, j'ai pris conscience que j'étais là parce que j'avais reçu un don : la vie monastique. Toute vie vient d'un autre, nous la recevons. Cette vie qui me l'avait donnée ?  Alors je me suis dit que beaucoup de personnes avaient, sans le savoir, participé  à ce don : elles avaient prié, souffert, offert  leur vie pour que moi j'ai la vie. Elles étaient « mortes » pour moi. Des noms, je pouvais en citer quelques-uns mais il y en avait une multitude d'autres, j'en suis sûre, car ce « oui » que j'avais dit à Dieu ne venait pas seulement de moi mais il était l'œuvre de beaucoup. Je me suis sentie reliée à toute une foule   
Que me fallait-il faire ? J'ai réalisé que c'était à mon tour de donner la vie. Comment ? Devenir comme le petit grain de blé, tout  nu, dépouillé de tout. Mais le grain de blé ne fait rien de lui-même, il est jeté en terre. Ainsi pour moi, c'était accepté le dépouillement, le renoncement à ma volonté propre comme le demande St Benoît, c'était remettre ma vie entre les mains d'un Autre, le  laisser me conduire. C'est une mort à soi-même, cela ne va pas de soi et la vie se charge elle-même de nous l'apprendre.
Rassurez-vous : Dieu a vu et entendu le désir qui est monté de mon cœur, il est toujours présent devant lui et je n'ai pas à me le rappeler chaque jour mais seulement consentir à ce qui m'est donné de vivre au quotidien, dans la simplicité, la confiance, pas dans les hauteur mais dans l'humus du jour après jour, là où la vie peut germer. Ce qui ne va pas toujours tout seul ni sans souffrances. Alors d''autres recevront la vie comme moi je l'ai reçue, il n'est pas nécessaire que je sache qui ni comment cela se fera, c'est l'affaire de Dieu. J'ai à être là, tout simplement, aujourd'hui. Rien n'est petit, Dieu transforme tout. N'ayons pas peur de donner, de nous donner, de mourir. Là est la vie. Là est la joie qui remplit le cœur et que seul Dieu peut donner.

 Notre Père : 

Avec les mots que Jésus nous a donnés, prions ensemble le Père.

 Conclusion :

 Avec St Laurent qui a donné sa vie, qui fut un serviteur attentif et zélé de ton Eglise, nous te rendons grâce Seigneur et nous te prions de savoir comme lui transmettre ta vie  à travers ce qui nous semble parfois une mort mais qui n'est qu'un passage par où la vie peut se faufiler et jaillir et faire porter du fruit à tout ce qu'elle rencontre. Nous te le demandons par J. ton Fils qui règne avec et l'Esprit de vie  pour les siècle des siècles.

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