mercredi 20 août 2025

Liturgie de la célébration du Jubilé de Sœur Jean-Baptiste

Jubilé d’Or de Sœur Jean-Baptiste
20 août 2025

« Tu as posé la main sur moi » Ps 138

Chant d’entrée        

Dans notre cœur la vigilance,
Lampe allumée par le Seigneur, 
Se renouvelle dans sa flamme,
Au chant commun de notre joie. 

Que veille en nous l’action de grâce, 
Comme la fleur de l’amandier, 
Qui la première au loin regarde
L’été venir et sa moisson. 

Que notre amour et sa louange
Soient les deux ailes du matin
Qui se déploient dans la prière
Et nous emportent loin de nous.

Voici l’Époux qui nous appelle, 
Courons aux noces de l’Agneau. 
Mais que la route paraît longue :
Quand poindras-tu, dernier matin ? 

Gloria :  Messe Jubilate Deo M 22

Prière d’entrée

Trinité sainte et adorable, nous te rendons grâce et nous te bénissons pour l’amour inconditionnel et pour la fidélité infinie dont tu as enveloppé sans te lasser notre sœur Jean-Baptiste qui célèbre aujourd’hui 50 ans de vie en ta douce présence. 
Nous te prions pour que ta vie devienne de plus en plus la sienne et que ce jubilé soit le premier jour du reste de sa vie ancrée en Toi. Nous te le demandons, Père, par Jésus, notre Seigneur, dans l’unité de l’Esprit pour les siècles des siècles. AMEN


1ère lecture :  Osée 2, 16b.17b.21-22

« Ainsi parle le Seigneur :
Mon épouse infidèle, je vais l’entraîner jusqu’au désert, 
et je lui parlerai cœur à cœur.
Là, elle me répondra comme au temps de sa jeunesse,
au jour où elle est sortie d’Égypte.
Je ferai de toi mon épouse pour toujours,
je ferai de toi mon épouse dans la justice et le droit, 
dans la fidélité et la tendresse ;
Je ferai de toi mon épouse dans la loyauté, 
et tu connaîtras le Seigneur. »

Psaume 44 


Refrain : Voici l’Époux qui vient, allez à la rencontre du Christ.  
Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ; 
Oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui. 
Alors, fille de Tyr, les plus riches du peuple, 
chargés de présents, quêteront ton sourire. 

Fille de roi, elle est là dans sa gloire,
vêtue d’étoffe d’or : 
on la conduit toute parée vers le roi. 

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi. 

2ème lecture : Colossiens 3, 1-4 

Frères, si vous êtes ressuscités avec le Christ,
recherchez les réalités d’en-haut : 
c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. 
Pensez aux réalités d’en-haut, non à celles de la terre.
En effet, vous êtes passés par la mort, 
et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu.
Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire.

Alléluia

Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples car je suis doux et humble de cœur.

Evangile : Matthieu 11, 25-30 

« En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : 
‘Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange :
ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. 
Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. 
Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau,
et moi, je vous procurerai le repos.
Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples,
car je suis doux et humble de cœur, 
et vous trouverez le repos pour votre âme.
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger.’

Renouvellement des vœux
Prière

Prions Dieu le Père tout-puissant, pour sœur Jean-Baptiste ; qu’il lui donne de persévérer dans la fidélité à sa vie monastique qu’elle professe depuis 50 ans.

Silence

Oraison

Dieu de tendresse et Père de toute miséricorde, à qui plaît tout ce qui est bon, écoute notre humble prière, car sans toi, aucun bien ne peut commencer ni s’achever. Parce que tu lui as donné la grâce de la fidélité à ton appel continu, pendant 50 ans, sœur Jean-Baptiste renouvelle maintenant sa consécration. Apprends-lui à unir sa volonté à la tienne tous les jours du reste de sa vie centrée sur toi et qu’ainsi, elle renaisse chaque jour jusqu’à l’ultime jour de sa naissance auprès de toi et parvienne au bonheur et à la joie de la vie éternelle. AMEN.

Renouvellement de la profession 

« Aujourd’hui, 20 août 2025, Moi, sœur Jean-Baptiste DUMONT, je confirme de tout mon cœur, devant Dieu et ses saints, en présence de Mère Marie-Jean, prieure et de la communauté d’Hurtebise, mes vœux de stabilité, de conversion et d’obéissance selon la règle de saint Benoît.
Humblement, je prie Dieu, le Père, Jésus, son Fils Bien-Aimé et notre frère, l’Esprit d’Amour qui les unit et qui nous est donné, de daigner me renouveler spirituellement dans mon premier engagement. 


Lecture de la charte qui est signée puis déposée ensuite sur l’autel


Chant du Suscipe 

Suscipe me, Domine, secundum eloquium tuum et vivam ;
et non confundas me ab expectatione mea. 

« Accueille-moi, Seigneur, selon ta parole et je vivrai,
ne déçois pas mon attente. »

Prière de conclusion

Seigneur notre Dieu, 
source de la vie et de la lumière, 
source de la grâce et de la vérité, 
toi qui attires tous les hommes par ton Fils bien-aimé,
tu as choisi, il y a 50 ans, sœur Jean-Baptiste
pour qu’elle t’appartienne uniquement ; 
qu’elle marche en ta présence, et soit, au sein de cette communauté, un membre vivant de ton Eglise ;
que la force de ta bénédiction la pénètre, 
qu’elle te plaise aujourd’hui et tous les jours 
par la pureté d’un cœur humble et paisible, docile à ta parole ; 
Qu’elle garde sa lampe ardente dans l’espérance de la résurrection, 
et quand paraîtra l’Etoile du matin, ton Fils unique, notre Seigneur,
donne-lui part à la fête éternelle de l’amour 
auprès de Marie, notre Mère, 
et de l’assemblée des saints qui te louent, 
Père, Fils et Saint Esprit, pour les siècles des siècles. AMEN

Prière sur les offrandes

Avec nos offrandes, Seigneur, daigne accueillir le don que sœur Jean-Baptiste a renouvelé aujourd’hui, d’être tout entière à toi.
Par la puissance de l’Esprit rends-la de plus en plus conforme à ton Fils bien-aimé, Jésus Christ notre Seigneur, lui qui vit et règne ….

Chant de communion 

Refrain : Laissons-nous transformer par la lumière du Christ, 
Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur, goûtez et voyez comme est bon le Seigneur.
1 Nous recevons le Saint-Esprit, par lui nous contemplons la beauté de Dieu.
2 Nous recevons le Saint-Esprit, par lui nous devenons un seul corps dans le Christ.
3 Nous recevons le Saint-Esprit, par lui nous devenons des enfants de lumière.
4 Nous recevons le Saint-Esprit, par lui nous aimons tous nos frères.
5 Nous recevons le Saint-Esprit, par lui le feu d’amour divin nous ressuscitera.

Prière d’action de grâce

Je te bénis Père bien-aimé pour le don de la vie,
de m’avoir créée à ton image et ressemblance,
de m’avoir donné part à ta vie 
en faisant de moi ton enfant bien-aimé par le baptême. 

Refrain : Béni sois-tu, Dieu fidèle.

Pour la famille dans laquelle j’ai grandi, 
qui m’a transmis des valeurs humaines et chrétiennes, 
pour les personnes que tu as mises à mes côtés au début de ma vie, qui ont su deviner le trésor déposé en moi,
qui m’ont fait confiance et dont la parole m’a aidée à ne pas m’égarer. 

Pour les sœurs de l’Abbaye d’Oriocourt qui m’ont accueillie,
qui ont su développer les talents cachés en moi. 
Pour les amis d’Oriocourt et les amis personnels, cadeaux de Dieu, qui m’ont aidée à grandir 
et à devenir la personne que je suis aujourd’hui. 

Pour la communauté d’Hurtebise qui, après la fermeture d’Oriocourt m’a permis de poursuivre mon chemin dans la vie monastique à la suite de Jésus et qui, aujourd’hui, me donne la possibilité de continuer ma route avec Lui.

Pour la communauté d’Egmond au Pays-Bas où j’ai vécu 8 mois : 
temps sabbatique pour faire le deuil d’Oriocourt, effectuer un chemin de libération intérieure et pour entrer toujours mieux dans une relation d’intimité avec Dieu et parvenir à l’union avec Lui au jour de ma naissance au ciel, au cœur de la Trinité Sainte. 

En ce jour de grande joie, j’emprunte ces mots au psalmiste : 

« Que mon cœur ne se taise pas, 
qu’il soit en fête pour toi,
et que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce ! » (Ps. 29 )  -   AMEN

Chant D 3

Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre 
d’avoir caché ce mystère aux sages 
et de l’avoir révélé aux tout-petits 
Oui, Père, je te loue, je te bénis, je t’adore. 

Prière après la communion

Dans la joie et l’action de grâce pour cet anniversaire, nous avons reçu de toi, Seigneur, le corps et le sang de ton Fils.
Accorde à notre sœur de trouver dans ce pain de route les forces dont elle a besoin pour marcher vers toi au long de l’étape nouvelle où elle s’engage. Par Jésus ….

Bénédiction et renvoi

Qu’à la faveur de ce jubilé, le Dieu tout-puissant vous bénisse
de toute bénédiction spirituelle dans les cieux.    Amen

Que le Seigneur tourne son visage vers vous
qu’il vous donne maintenant sa grâce, 
et dans l’avenir la paix de l’éternité.     Amen

Et vous tous qui avez participé à cette célébration
que Dieu tout-puissant vous bénisse, 
le Père, le Fils, et le Saint-Esprit.     Amen

Magnificat

Mon âme exalte le Seigneur, 
exulte mon esprit en Dieu, mon sauveur.

Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais, tous les âges me diront bienheureuse.

Le puissant fit pour moi des merveilles ; 
Saint est son nom !

Son amour s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.

Déployant la force de son bras,
il disperse les superbes.

Il renverse les puissants de leurs trônes
il élève les humbles.

Il comble de biens les affamés, 
renvoie les riches les mains vides. 

Il relève Israël, son serviteur, 
il se souvient de son amour, 

de la promesse faite à nos pères, 
en faveur d’Abraham et de sa race, à jamais.

A chacun et chacune de vous qui êtes venus pour rendre grâce avec moi
et célébrer la fidélité de notre Dieu, 
je dis un grand merci du fond du cœur. 



mardi 19 août 2025

Liturgie de la Parole 20e mardi TO-I

Ouverture

La liturgie de ce jour - est-ce par hasard ? – réunit deux textes qui expriment d’abord une perplexité. Au fond, la nôtre aujourd’hui : comment Dieu pourrait-il sauver le monde ? Qui peut être sauvé ?
Gédéon : comment Dieu pourrait-il nous sauver des Madianites ? Les disciples : s’il est vrai qu’il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume des cieux, qui dont peut être sauvé ? Les deux lectures de ce jour sont traversées par une même réponse : ce qui est impossible aux hommes est tout de même possible à Dieu. Mais cela nous demande de renverser les perspectives : les premiers seront derniers, les derniers seront premiers…

Résonances

L’évangile de ce jour est une charnière entre celui d’hier (la rencontre avec le jeune homme riche) et celui de demain (la parabole des ouvriers de la vigne) : cela forme un tout : la parabole est une réponse au questionnement du jeune homme riche et aussi au questionnement des disciples qui s’ensuit.
Le jeune homme riche avait demandé à Jésus : « que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » Et Jésus lui avait dit : « Celui qui est bon c’est Dieu, et lui seul ! ». La parabole des ouvriers de la vigne se termine par cette question : « ton regard est-il mauvais parce que je suis bon ? » Quelle est donc cette bonté de Dieu qui nous déconcerte ? Le jeune homme riche, comme les disciples, comme les ouvriers de la première heure, sont dans une logique du « faire pour avoir ». Ils attendent un salaire, une récompense. Pas nécessairement de l’argent, car le jeune homme riche dit bien « que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » Et quand Pierre demande à Jésus : « quelle sera notre part ? », Jésus promet le centuple et la vie éternelle. Et Jésus conclut : « beaucoup de premiers seront derniers, beaucoup de derniers seront premiers ».
Pour expliciter ce qu’il veut dire par là, il raconte la parabole des ouvriers de la vigne. Je n’avais encore jamais remarqué à quel point cette parabole vient en fait comme une réponse à la fois à la question du jeune homme riche et à celle de Pierre et des disciples. Cette parabole illustre de façon limpide ce que Jésus veut dire par « derniers… premiers ». D’ailleurs, la parabole se termine en reprenant la même formule, légèrement modifiée : « c’est ainsi que les derniers seront premiers et les premiers seront derniers ».
La parabole raconte comment un propriétaire de vigne sort au petit matin pour embaucher. Il semble surtout préoccupé par l’idée d’embaucher, pas par l’idée de faire une belle vendange. Il sort plusieurs fois dans la journée pour s’assurer que personne ne reste sur le carreau, que tous trouvent un travail selon la mesure de leurs forces. Il bouleverse nos échelles de valeurs : ce qui compte pour lui, ce n’est pas la quantité de travail accompli, mais le fait de travailler.
Gédéon fait une expérience semblable. Il ne se sent pas digne. Il se voit comme le dernier des derniers, « le plus petit du clan de son père qui est le plus petit de la tribu de Manassé » … Mais c’est lui que le Seigneur envoie. Il lui faut du temps pour se laisser convaincre, tout cela le déconcerte.
Qu’en est-il de nous aujourd’hui ? Suis-je comme Gédéon, qui se diminue, ou comme le jeune homme riche qui se demande que faire de plus encore ? De quoi suis-je riche ? De quoi suis-je pauvre ? L’ouvrier de la dernière heure pourrait dire : « pourquoi m’embauches-tu ? que pourrais-je encore faire pour toi en si peu de temps ? Les autres ont accompli tout le travail, et tu voudrais me récompenser d’autant, moi qui n’ai rien fait ? » Et Dieu pourrait lui répondre : « C’est toi que j’envoie. Va avec la force qui est en toi. Je serai avec toi ».
Quel étrange vigneron !

Sœur Marie-Raphaël le 19 août 25


lundi 18 août 2025

Liturgie de la Parole 20e lundi TO-I

Introduction

Pouvons-nous vivre sans assurance ? Assurance fondée sur nos biens, sur nos pratiques … Pouvons-nous vivre sans vouloir tout maîtriser, organiser par nous-mêmes ? Vivre simplement dans la foi, la confiance en Celui dont l’amour en nous s’accomplit, en chemin ? Demandons à Dieu la grâce de vivre en sa présence, libérés de nos attaches, quelles qu’elles soient, et situés dans notre être profond, là où nous sommes enfants de Dieu. 

Méditation après l’évangile 

Je vous livre simplement quelques points, pour méditer cet évangile que nous venons de recevoir… Attardez-vous là où aujourd’hui, le Seigneur vous appelle ! 
- Il avait de grands biens, des possessions nombreuses : c’était quelqu’un de bien cet homme, il pensait avoir bien gardé tous les commandements de Dieu. Il était jeune. Car oui, sans doute faut-il l’insolence de la jeunesse, pour oser penser que l’on a bien tout gardé des commandements de Dieu. Et avec l’âge on se rend compte combien il y a des lacunes dans le tissu de notre vie, dans la trame de nos vertus… Souvenez-vous dans le récit de la femme adultère, lorsque Jésus a renvoyé chacun à sa conscience… Ce sont d’abord les aînés qui se sont retirés ! Ils savaient ce qu’il en était en réalité de leur vertu… Qui peut dire qu’il a observé entièrement, totalement la loi d’amour ?
- Que faire pour avoir la vie ? que me manque-t-il ? Ayons le courage d’affronter nos manques. Que nous disent-ils ? le jeune homme se voyait en dehors de la vie éternelle, il ne savait plus qu’ajouter à sa vertu, pour avoir cette vie éternelle… avoir !!! Son désir est beau... celui de la vie éternelle. Mais la manière de l’envisager est un brin bancale... avoir la vie éternelle ! Il parle en termes d’avoir, de possession. Et Jésus l’invite à un déplacement de taille : si tu veux entrer dans la vie ! on pas avoir, posséder, mais entrer dans ce qui nous dépasse. Si tu veux entrer dans la vie, perds tes assurances, ton avoir, et accompagne-moi… la vie est un chemin, en compagnie de Jésus. Sommes-nous prêt.e.s à tout lâcher de nos assurances, de nos certitudes, pour risquer nos pas avec Jésus, pour oser un chemin nouveau avec lui. Notre Église aujourd’hui a besoin de témoins, de semeurs d’évangile ! en serons-nous ? 
- Si tu veux être accompli (différent de parfait), si tu veux te réaliser pleinement pourrions-nous dire, en cette époque marquée par un désir d’épanouissement personnel… si tu veux te réaliser pleinement, commence par faire le vide… commence par cesser de te situer dans l’avoir… découvre ce que c’est qu’être, vivre… en chrétien, vivre avec Dieu, en Dieu, en fraternité humaine. 
- Va, vends, donne, viens, accompagne-moi… arrêtons-nous maintenant dans le silence du cœur, là où le Seigneur nous invite aujourd’hui. Et demandons la grâce de l’obéissance à la voix de Jésus.

Chant

Tu nous as faits pour toi Seigneur, et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en toi. (St Augustin)

Invitation à la prière du Notre Père

Jésus, pour rejoindre ta prière, nous voici les mains vides, dispose nos cœurs, que nous sachions dire en tout amour la prière que tu nous as enseignée : 

Prière de conclusion

Père, en Jésus, tu nous invites à vivre sur la route, détachés des biens, détachés du faire et de l’avoir. Seigneur Jésus, apprends-nous à être avec toi, à accompagner ta route, ta lente montée vers Jérusalem. Que ton heure devienne nôtre. Esprit Saint, viens souffler en notre souffle, viens inspirer nos gestes, nos paroles, nos actes. Elance-nous en Jésus. Oui, Dieu Trinité, nous te le demandons de tout notre cœur, toi qui règnes maintenant et pour les siècles des siècles.

Sr Myrèse le 21 août 23


dimanche 17 août 2025

Liturgie de la Parole 20e dimanche Année C

Le feu sur la Terre 

Méditation

PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS : 

Place Saint-Pierre dimanche, 14 août 2022
https://www.vatican.va/content/francesco/fr/angelus/2022/documents/20220814-angelus.html 
 

Dans l’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui, il y a une expression de Jésus qui nous frappe et nous interpelle toujours. Alors qu’il marche avec ses disciples, il dit : « Je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé !» (Luc 12, 49). De quel feu parle-t-il ? Et quel est le sens de ces paroles pour nous aujourd’hui, ce feu que Jésus apporte ?
Comme nous le savons, Jésus est venu apporter au monde l’Évangile, c’est-à-dire la bonne nouvelle de l’amour de Dieu pour chacun de nous. Il nous dit donc que l’Évangile est comme un feu, car c’est un message qui, lorsqu’il fait irruption dans l’histoire, brûle les anciens équilibres de vie, appelle à sortir de l’individualisme, appelle à vaincre l’égoïsme, appelle à passer de l’esclavage du péché et de la mort à la nouvelle vie du Ressuscité, de Jésus Ressuscité. En d’autres termes, l’Évangile ne laisse pas les choses telles qu’elles sont ; quand l’Évangile passe, qu’il est écouté et reçu, les choses ne restent pas comme elles sont. L’Évangile provoque le changement et invite à la conversion. Il ne dispense pas une fausse paix intimiste, mais suscite une inquiétude qui nous met en mouvement, et nous pousse à nous ouvrir à Dieu et à nos frères. C’est précisément comme le feu : tandis qu’il nous réchauffe avec l’amour de Dieu, il veut brûler notre égoïsme, éclairer les côtés obscurs de la vie — nous en avons tous ! — consommer les fausses idoles qui nous rendent esclaves.
Dans le sillage des prophètes bibliques — pensez, par exemple, à Élie et à Jérémie — Jésus est enflammé par l’amour de Dieu et, pour le répandre dans le monde, il se dépense en personne, en aimant jusqu’à la fin, c’est-à-dire jusqu’à la mort et la mort sur la croix (cf. Philippiens 2, 8). Il est rempli de l’Esprit Saint, qui est comparé au feu, et avec sa lumière et sa force, il dévoile le visage mystérieux de Dieu et donne la plénitude à ceux qui sont considérés comme perdus, abat les barrières de la marginalisation, guérit les blessures du corps et l’âme, et renouvelle une religiosité réduite à des pratiques extérieures. C’est pourquoi il est feu : il change, il purifie.
Que signifie alors pour nous, pour chacun de nous — pour moi, pour vous, pour toi — que signifie pour nous cette parole de Jésus sur le feu ? Elle nous invite à raviver la flamme de la foi, afin qu’elle ne devienne pas une réalité secondaire, ou un moyen de bien-être individuel, nous permettant d’échapper aux défis de la vie ou à l’engagement dans l’Église et la société. En effet — comme le disait un théologien — la foi en Dieu « nous rassure, mais pas comme nous le voudrions : c’est-à-dire pas pour nous procurer une illusion paralysante, ou une satisfaction béate, mais pour nous permettre d’agir » (De Lubac, La Découverte de Dieu). En somme, la foi n’est pas une « berceuse » qui nous fait nous endormir. La vraie foi est un feu, un feu allumé pour nous garder éveillés et actifs même la nuit !
Et alors, nous pouvons nous demander : suis-je passionné par l’Évangile ? Est-ce que je lis souvent l’Évangile ? Est-ce que je le porte avec moi ? La foi que je professe et que je célèbre me conduit-elle à une tranquillité béate ou attise-t-elle en moi le feu du témoignage ? On peut aussi se poser cette question comme Église : dans nos communautés, le feu de l’Esprit, la passion de la prière et de la charité, la joie de la foi brûlent-ils ? Ou bien nous traînons-nous dans la lassitude et l’habitude, le visage abattu, la lamentation aux lèvres et les commérages quotidiens ? Frères et sœurs, faisons un examen sur cela, afin que nous aussi puissions dire, comme Jésus : nous sommes enflammés du feu de l’amour de Dieu, et nous voulons le « répandre » dans le monde, le porter à tous, afin que chacun découvre la tendresse du Père et fasse l’expérience de la joie de Jésus qui agrandit le cœur — et Jésus agrandit le cœur ! — et rend la vie belle. Prions pour cela la Sainte Vierge : qu’Elle, qui a accueilli le feu de l’Esprit Saint, intercède pour nous.

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samedi 16 août 2025

Liturgie de la Parole 19e samedi TO-I

Accueil : Josué 24, 14-29

Ce que nous entendrons dans le récit du Livre de Josué n’est pas décalé par rapport à ce qui est rapporté dans l’Évangile.
Josué, le premier Juge, autorisé et désigné par Dieu pour entrer en terre promise est bien à l’image de ces enfants dont nous parle Jésus. Il est fragile, vulnérable pour affronter l’ennemi qui fait obstacle à la conquête de Canaan. Cependant il s’appuie sur la confiance et la puissance de l’Esprit qui est en lui pour accomplir le projet de Dieu. 

Commentaire : Matthieu 19, 13-15

 En entendant une fois de plus la première lecture j'ai été frappé par l'expression "servir le Seigneur ": elle revient au moins 15 fois dans ce passage!

Nous ne vivons pas dans un monde de « Bisounours ».  L’Évangile ne nous rapporte pas une image attendrissante pour mettre du baume sur nos cœurs endurcis. Il y a toutes nos duretés de cœur qui font que nous devenons imperméables et aveugles à voir ce qui nous est révélé. Voir la révélation !
Nous sommes pourtant convaincus de comprendre, de savoir et même d’avoir déjà vu et entendu… pourtant, nous ne voyons pas vraiment, nous ne comprenons pas.  C’est beau ce regard admiratif et complaisant vis-à-vis des enfants mais il ne s’agit vraiment pas de cela.
Alors, qu’est-ce qui fait que je vois ou ne vois pas ?
Pour qu’une lumière me touche, il faut que je sois atteint.  S’il y a en moi un élan qui fait que je me précipite c’est que j’ai vu ou entendu quelque chose.
Tous les jours, vous entendez parler et voyez par écrans interposés toutes ces bombes larguées par des drones, des missiles qui viennent s’écraser, exploser et incendier des immeubles, des maisons, des écoles, des hôpitaux en Ukraine ou à Gaza.  
Je vous raconte un de ces événements qui m’a permis de mieux saisir l’attirance, la beauté, la bonté, la confiance qui existent quand on entend la voix de quelqu’un d’autre qui parle en nous.
Dans un de ces immeubles en feu, il y avait une petite fille en pleur au 3ème étage.  Elle se tenait debout dans l’ouverture d’une fenêtre explosée.  Elle pleurait mais qui pourrait dire ce que disent les larmes de cet enfant en détresse ?  Au fond d’elle-même elle entend pourtant clairement la voix de son papa qui l’appelle.  Il est là, une douzaine de mètres plus bas au pied de l’immeuble.  Il crie, il hurle, il appelle : « Saute ma fille, saute.  Je suis là. »  La fumée et la chaleur qui se dégage de cet immeuble en feu l’empêche de voir mais elle entend la voix. Une voix qui résonne en elle, qui l’appelle.  Il y a un mouvement de vie.  Il faut laisser place à la spontanéité. Sans l’ombre d’une hésitation elle saute.  Bien sûr il y a la peur de mourir, que ce soit par les flammes ou la chute… mais il y a cette voix qui appelle et donne du courage, de l’audace. Elle saute.  Le franchissement je ne peux le faire que si je suis rempli de confiance, de ce chérissement paternel qui est une levée de voile, une ouverture dans cette fumée qui pourtant nous aveugle.
« Vous scrutez les Écritures, toutes les Écritures parlent de moi et vous ne me voyez pas », dit Jésus aux Scribes et aux Pharisiens ! Jésus parle en parabole et ce qu’il dit à ses disciples qui repoussent les enfants pour des raisons cultuelles et culturelles compréhensibles, est du même ordre.   Ce qu’il dit ou explique c’est comment ça vient Dieu en nous.  Certains ne comprennent pas et d’autres se laissent pénétrer par la parole.  Il faut laisser la Parole faire son œuvre et un jour, la lumière se fait.   Il ne s’agit pas d’une compréhension mais d’une révélation qui m’arrive en plein cœur.  Dieu c’est celui qui apparaît sur le visage, dans la voix de Celui qui me touche.  Il n’y a aucune détresse qui ne soit la détresse de Dieu. Il est le gardien de mon existence.  C’est le Dieu de l’intimité, du cœur à cœur. La difficulté de la révélation c’est qu’elle se manifeste dans l’anonymat, dans la force de l’embryon, la faiblesse et la vulnérabilité d’un enfant.  
Comme cette petite fille il faut que je m’abandonne à sa parole et que je lui donne le droit d’exister : « C’est toi ? C’est toi qui vibres en moi ? C’est renversant.  Les petits, les pauvres qui ont tout perdu, les enfants, s'ils arrivent plus vite dans le Royaume de l'Amour c'est parce qu'ils savent qu'ils ne peuvent rien faire d'eux-mêmes si ce n'est s'appuyer sur un appel et une confiance en la Vie qui s'offre à eux.

Raymond le 16 août 25



vendredi 15 août 2025

Liturgie de la Parole 15 août solennité de l’Assomption de Marie

Marie, femme d'espérance !

 En cette année jubilaire 2025 centrée sur l'Espérance, je vous propose cette méditation, écrite en 2009, elle reste d'actualité! 

N-D de l'Assomption 

Méditation 

Aujourd'hui nous fêtons l'Assomption de Marie, n'est-ce pas merveilleuse occasion de la contempler, femme d'espérance.

Lorsque nous sommes invités à tourner vers elle nos regards, nous découvrons, une femme humble et pauvre, d'une petite bourgade d'Israël. Une femme semblable à tant d'autres.

Un jour, Dieu a fait irruption en sa vie. L'ange lui porta l'annonce, incroyable, que Dieu souhaitait par elle venir au monde, prendre visage d'homme. Elle a vu sa petitesse, elle a vu l'impossible de sa condition : comment cela va-t-il se faire ? Mais, loin de s'apitoyer sur sa fragilité, sur son humble condition, sur l'impossible devant lequel elle se trouvait, elle s'est offerte, elle a espéré que Dieu pouvait réaliser son dessein à travers elle.  

Le constat de sa pauvreté, loin de la paralyser, fut pour elle tremplin ! Invitation à s'abandonner, à se laisser faire, à se laisser conduire par l'Esprit du Très-Haut. Elle a cru. Marie est modèle pour notre foi. Et elle a espéré que ce que Dieu demandait, il le donnerait aussi. Elle a osé s'offrir en servante du Seigneur. Elle a espéré que son offrande pouvait suffire à Dieu, pouvait lui donner de venir sur terre. Elle a espéré que l'impossible deviendrait par lui possible.

Et toute sa vie, elle l'a accrochée à cette espérance. A Cana quand le vin a manqué pour la noce, elle a espéré que son Fils pouvait apporter le vin de la joie pour la noce. Au pied de la croix, elle a espéré en recevant Jean pour son fils. Au Cénacle, elle a espéré que Dieu pouvait encore venir sur cette terre par ce petit noyau de disciples, et avec eux elle a prié. On ne la voit pas se résigner. On la découvre présente, persévérante, au-delà de la souffrance, au-delà du désespoir, croyante en la victoire de la Vie, en la victoire de son Fils.

Marie femme d'espérance, est aujourd'hui entrée dans la gloire de Dieu. Ainsi une des nôtres, une femme de notre terre, partage la gloire de notre Dieu, Trinité d'Amour. Elle est l'étoile qui nous dit : voilà ta destinée, toi aussi tu es appelé à cette gloire, à cet amour. Toi aussi tu peux construire ta vie dans l'espérance. Une espérance qui traverse la vie, la nourrit. Toi aussi tel(le) que tu es, quelles que soient tes limites, tes fragilités, tu peux accueillir la vie divine. Tu peux servir Dieu. Tu peux lui permettre de venir au monde !

N'est-ce pas là, le fruit de l’humilité : une espérance qui se confie en plus grand, une espérance qui mise sur Dieu, qui compte sur lui. Et l'espérance ne déçoit pas !

Sr Myrèse écrit le 15 août 2009

Cette statue se situe sous le porche d'entrée du Monastère d'Hurtebise.


jeudi 14 août 2025

mercredi 13 août 2025

Liturgie de la Parole 19e mercredi TO-I

Je voudrais…

Lectures du jour : (Deutéronome 31, 1-12) – Psaume 6 – (Matthieu 18, 15-20)

Introduction

Moïse, du sommet du mont Nébo, contemple la Terre promise. 
Il a conduit le peuple jusqu’au seuil, donné la Loi, mais il ne franchira pas la frontière.
Il transmet à Josué la mission et le cadre qui feront vivre la communauté au-delà de sa propre vie. (Dt 34, 1-12)
Jésus, lui, prépare ses disciples à un autre passage. Il leur enseigne comment vivre la vérité et la réconciliation, comment se parler quand les blessures surgissent, comment rester unis même quand il ne sera plus visible parmi eux. Il leur promet sa présence là où deux ou trois s’accordent pour demander. (Mt 18, 15-20)
Saint Benoît, quelques siècles plus tard, héritera de cette même intuition. Dans sa Règle, il trace un chemin simple et exigeant : écouter d’abord, chercher la paix, pratiquer la correction fraternelle avec douceur et persévérance. Il sait, comme Moïse et Jésus, qu’une communauté ne tient pas seulement par l’autorité d’un chef, mais par un cadre qui place Dieu au centre et qui permet de traverser les conflits sans se briser.
Trois époques, un même souffle…
Pour nous, aujourd’hui, le chemin reste le même : chercher la réconciliation, "gagner son frère" dans le respect et la vérité, s'ouvrir à la présence du Christ au milieu de nous, vivre libre et en paix.
Entrons en prière pour nous préparer à écouter la Parole de Dieu et donner sens à notre vie.

Méditation

Je voudrais,
sur ma montagne intérieure,
comme Moïse,
contempler la terre que je ne posséderai pas.

Je voudrais
que ce qui compte ne soit pas d’entrer,
mais d’avoir été jusqu’au seuil,
d’avoir montré au mieux la route à ceux qui continueront.

Je voudrais,
dans mes rencontres,
comme Jésus,
apprendre à parler vrai,
à chercher la paix,
à m’approcher de l’autre avec patience
même quand son cœur reste fermé.

Je voudrais
vivre comme si chaque tension pouvait être une Terre promise,
où quelque chose de nouveau et de bon pourrait naître.

Je voudrais,
même si l’autre se tient à distance,
même si je me tiens à distance,
considérer l’autre comme Jésus considérait un païen ou un publicain :
ne pas fermer la porte,
laisser l’espace à un retour possible.

Je voudrais
croire que, là où deux ou trois se tiennent ensemble pour demander,
il y a déjà une présence silencieuse qui soutient,
une lumière dans l’ombre,
un signe d’espérance.

Je voudrais,
dans mes journées,
comme Benoît,
écouter profondément,
avec cette oreille du cœur qui ne se lasse pas d’accueillir.

Je voudrais
apprendre à discerner le moment où il faut parler
et celui où il faut simplement rester présent,
à cultiver la paix dans les relations,
à vivre l’humilité et la patience comme des chemins de liberté partagée.

Je voudrais
garder un rythme de vie qui pacifie,
où la prière, le travail et le repos
se tissent comme les heures d’un même jour offert à Dieu.

Je voudrais
vivre chaque tension comme une occasion de grandir,
chaque conflit comme une chance de purification,
chaque silence comme un espace où germe la réconciliation,
dans la confiance que l’Église, la communauté, est un corps vivant,
appelé à la communion malgré les difficultés.

Je voudrais
découvrir, pas à pas,
que la Terre promise, le Royaume des Cieux,
ce n’est pas seulement un lieu au bout du chemin,
mais chaque instant
où la parole se fait vérité,
où la présence de Dieu devient palpable
au cœur même de notre vie.

Je te rends grâce, Seigneur,
pour cette espérance qui m’est donnée,
pour chaque pas,
pour la patience offerte et reçue,
pour la communauté qui m’accompagne,
et pour ta présence fidèle.
Amen

Isabelle H le 13 août 25


mardi 12 août 2025

Liturgie de la Parole 19e mardi TO-I

DEVENIR COMME DES ENFANTS
Méditation de Sœur Nathalie du Carmel Saint Joseph (11 août 2020)

https://www.carmelsaintjoseph.com/sermons/matthieu-18-1-5-10-12-14-2/ 
Des enfants indisciplinés et des brebis égarées… voilà ce que Jésus offre à notre méditation comme modèles de disciples préférés du Père et privilégiés de sa prévenance et de sa miséricorde !
C’est un coup à notre orgueil de devenir les plus grands, à notre mépris des faiblesses des autres, à notre suffisance et à notre fantasme de la perfection.
Devenir petits, changer nos cœurs pour accueillir l’enfant, cultiver la prévenance à hauteur de l’humilité, courir aux périphéries chercher ceux qui sont isolés ou perdus… c’est apprendre à regarder comme Jésus avec un regard neuf et hors jugement, rempli de confiance en Celui qui peut tout qui se sert de toutes nos perditions, incapacités et faiblesses. Jésus a besoin de nous et de notre pauvreté.


Enfants et petits lamas du Pérou, ©SylvieT. février 2019. 

lundi 11 août 2025

Liturgie de la Parole 19e lundi TO-I

"L'impôt pour le Temple" Matthieu 17,22-27 

Méditation 

Jésus s'apprête à prendre la route de Jérusalem. Donc le salut est enclenché.
S'en suit, un court récit, où Jésus propose une façon sympathique de payer nos impôts : Il suffit aller tout simplement à la pêche! Voilà au moins un miracle qui joint l'utile à l'agréable. Pratique n'est-ce pas !
Mais soyons sérieux. De quoi s'agit-il ?
Pierre se voit confronté à une tracasserie d'impôt. Ce n'est pas le moment, tout de même : La taxe demandée pour l'entretien du temple est bien payée par votre maître, n'est-ce pas ?
Il semble sentir une pointe d'ironie dans cette question !!!
Pas étonnant !... Ce Jésus qui ne se gêne pas de renverser les codes et qui, de plus, est assez critique vis à vis des autorités du temple !!!
Cette taxe s'enracine dans le livre de l'Exode au ch. 30 : "Chacun versera pour le Seigneur le montant indiqué afin de préserver sa vie. Et cette taxe servira au service du Temple de la Réunion."
Mais il était possible de refuser de payer cette taxe. La communauté des Esséniens, eux, avaient décidé ne la payer qu'une seule fois dans leur vie. C'est sans doute pour cela que les percepteurs se demandent si Jésus la paie. Oh, Jésus n'a pas le mode de vie ascétique des Esséniens, mais son cousin Jean-Baptiste, lui, était de cette sensibilité-là. Alors... !
Les percepteurs s'adressent à Pierre, parce que Jésus habitait souvent chez lui. Et Pierre, spontané comme il est, répond bille en tête, à la place de Jésus. 
Mais, Jésus va le reprendre une fois de plus : "Simon, quel est ton avis là-dessus ?
Du coup, cela nous donne la chance d'avoir un enseignement intéressant.
D'abord, il faut avoir une démarche réfléchie et responsable avant toute parole.
Et... n'y a-t-il pas aussi un discret reproche de Jésus à Pierre qui n'a pas hésité de parler à sa place. N'aurait-il pas dû dire: "Interrogez-le ! Il est assez grand !
Cette taxe, même si elle est basée sur la tradition, mérite de s'y arrêter, afin de se faire sa propre opinion. 
Et c'est avec cette petite histoire des rois de ce monde que Jésus va aider Pierre et nous-mêmes à se faire une idée. 
"Les rois perçoivent ils des taxes chez leurs propres enfants ?"... NON ! "Donc nous sommes libres, nous, les enfants de Dieu !" 
Nous pourrions presque entendre cette exclamation de Jésus.
Un cri qui a une immense portée et qui dépasse de loin, la fameuse taxe en question. Elle a des implications théologiques très importantes.
Nous n'avons pas de prix à payer pour avoir notre place dans le peuple de Dieu.    Notre place d'enfant de Dieu est un état de fait, que nous soyons riches ou pauvres, juste ou pécheur, homme ou femme. 
C'est précisément cet état qui nous rend libre. Libre de réfléchir, m me si ce n'est toujours parfaitement. Libre de donner ou non à Dieu, en retour de ce qu'il nous offre gratuitement.
Je suis libre, en effet ! Mais.
Suis-je vraiment libre quand je regarde mes capacités limitées, mes refus de tous genres, mon caractère, mon désir de pouvoir... etc
"Les enfants de Dieu libres"... au fond c'est un chantier en cours et permanent une visée pour l'avenir, 
Pas nécessaire de payer !!! ... Non ! tout est payé par Jésus qui prend la route de Jérusalem.
L'histoire s'arrête sur cette consigne que Jésus donne à Pierre parce qu'il ne veut scandaliser personne.
Le miracle lui-même n'est pas raconté, l'histoire reste en suspens.
A nous d'écrire la suite, avec notre propre vie.

Notre Père

Notre Père nous aidera à trouver de l'argent et des perles précieuses chez les personnes que nous côtoyons si nous savons deviner ce cœur divin qui bat au fond de chacune d'elles. Un trésor qui est toujours un miracle inattendu.

Sœur Anne-Françoise le 11 août 25

dimanche 10 août 2025

Liturgie de la Parole 19e Dimanche C 

Méditation 

VEILLE ACTIVE (Évangile et peinture 7 août 22)

La page d’Évangile du jour est un aiguillon. Face à l’engourdissement d’une longue attente de l’avènement du Royaume, Jésus enjoint ses disciples à demeurer en état de veille. Il les prépare en réalité aux événements qui vont les séparer. Comment les aider à les surmonter ? Comment faire pour qu’ils persévèrent dans le sillage de leur maître et ne sombrent pas, déroutés, dans une vie autre ?
La promesse de son avènement et de son retour va devenir le point focal des temps à venir. Jésus les a entraînés sur les routes et une vie nouvelle. Pas d’autre attache que lui, suivi au jour le jour… comment passer de ce lien si concret et charnel à une vie sans autre boussole que ces paroles entendues en chemin ? Jésus introduit déjà ses disciples dans le temps long de l’espérance des retrouvailles, dans l’existence post-pascale et la mobilisation du désir. « Tu as les paroles de la vie éternelle ! » Comment fuir loin de toi ?
La vie chrétienne est école de la mémoire. Une mémoire qui investit le temps, le thésaurise, le scrute. Visitation permanente qui vient réveiller la joie qui attend tout au bout et augmente le désir. Il vient ce temps où le désir sera inondé d’une présence qui n’aura pas de fin, un repas éternel qui servira à satiété la joie. Le repos de l’âme des disciples sera toujours dans cette recherche. Ils n’ont de cesse de marcher.
Marche en ma présence… demeure le serviteur obstiné de mon Évangile et le ciel sera sans attendre sur la terre. Soyons donc sans faiblir dans la cohorte des disciples, les agents dédiés à ce déversement de la grâce sur ce monde qui a tant besoin du salut mis sur l’autel de tous les temps, corps et sang.
Allons, c’est l’heure de ta grâce ! Pas d’autre bonheur que toi : refaire comme toi les gestes qui sauvent, nouer le tablier de service, s’agenouiller au pied de tous ceux qui attendent consolation. C’est l’heure de la grâce et c’est pour tous : viens Seigneur Jésus !

Marie-Dominique Minassian (Texte)
Bernadette Lopez (Peinture)
Equipe Évangile&Peinture
https://www.evangile-et-peinture.org 
https://www.lecloitredetibhirine.org 
https://www.bernalopez.org 
 



samedi 9 août 2025

Liturgie de la Parole fête de Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix 

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Église.
« Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. Au milieu de la nuit, il y eut un cri : ‘Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre’ »
On reconnaît l’évangile du jour, la parabole où le royaume des cieux est comparé « à dix jeunes filles invitées à des noces ».
Celle que nous fêtons aujourd’hui a effectivement adopté la spiritualité nuptiale.
Il s’agit d’Édith Stein.
Elle est née à Breslau en Silésie (jadis allemande, aujourd’hui polonaise) en 1891.
Juive, philosophe, intellectuelle renommée et enseignante, elle découvre la « vérité » dans le catholicisme.
Le psaume 44 illustre son parcours : « Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père… »
Édith se convertit et entrera, une dizaine d’années plus tard, au Carmel de Cologne en 1933. Elle recevra le nom de sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix.
Pressée par les événements politiques, elle quitte l’Allemagne et rejoint le Carmel d’Echt aux Pays-Bas en 1938.
Elle est arrêtée par la Gestapo en 1942 et déportée à Auschwitz. 
Le convoi qui l’amène avec sa sœur Rosa traverse leur ville natale de Breslau.
Elles meurent toutes deux dans une chambre à gaz le 9 août.
Martyre, elle sera béatifiée en 1987 et canonisée en 1998. Elle est copatronne de l’Europe.

« Je ferai de toi mon épouse pour toujours »
La lecture du prophète Osée, que la liturgie nous présente en cette fête, exprime l’espérance qui découle de la vie d’Edith.
Un triptyque traverse son œuvre : connaissance de soi, connaissance de Dieu, relation au monde. Nous y reviendrons.
Recueillons à présent les intentions de notre monde, particulièrement ceux qui souffrent, les martyrs de notre temps, et présentons-les au Seigneur.
Avec les jeunes filles de la parabole, frappons à la porte du Seigneur par notre prière :
« Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! »

Méditation

Connaissance de soi, connaissance de Dieu, relation au monde, disais-je dans l’introduction.
Pour nous les faire découvrir et nous donner le goût de lire ses œuvres, glanons deux extraits.
Édith Stein commence par citer la réformatrice du Carmel, Ste Thérèse d’Avila :
« … Il existe sans doute un état singulier, voire pathologique, selon lequel personne ne connaît sa propre demeure. Mais en fait, beaucoup d’âmes sont ‘tellement malades, tellement habituées à s’occuper des choses extérieures… qu’il leur semble impossible de faire un retour sur elles-mêmes’ ».
Puis Édith poursuit :
« Ainsi ont-elles désappris à prier. C’est pourquoi la première demeure dans laquelle on parvient par la porte de la prière est la demeure de la connaissance de soi. Connaissance de Dieu et connaissance de soi se soutiennent mutuellement. Par la connaissance de soi nous nous rapprochons de Dieu. Cette connaissance de soi n’est donc jamais inutile, même si l’on est déjà parvenu dans les demeures intérieures. D’autre part ‘nous ne parviendrons jamais à la connaissance de soi parfaite, si nous n’apprenons pas aussi à connaître Dieu’. » [1]
Et Michel Dupuis de commenter :
« C’est un véritable tournant : il a fallu accepter de détourner les yeux des affaires quotidiennes, y compris les merveilles de la Nature, des belles choses humaines : les vallées, les outils, les œuvres, les étoiles, la musique… et risquer de plonger en soi, risquer de trouver le désordre, ‘le ménage pas fait’, sa pauvre vérité de créature en chemin, de pécheur… Et pourtant, si je le fais, c’est que j’y suis appelé obscurément… Je ne pars pas seul vers moi-même, l’Esprit m’appelle, l’Esprit me guide, Dieu m’attend… Et je me trouve ‘pré-occupé’, mais dans un sens tout nouveau : l’Autre est en moi, il m’habite et me soutient… mon Dieu est ici, attentif, patient, entêté… Édith Stein découvre grâce à Thérèse d’Avila cette vocation à n’être jamais seul… Rentrer en soi-même, accepter de se connaître, se mettre à l’écoute, balbutier quelques mots, se tenir devant Dieu. La prière ‘solitaire’ est tout sauf solitaire : elle est la voie royale pour faire la vraie communauté, la solidarité profonde avec toute l’Humanité. » [2]
Et cette prière solitaire et communautaire nous conduit plus loin, vers les autres, vers notre monde. C’est le 3e pôle.
Comme en témoigne Édith : « A l’époque de ma conversion, juste avant qu’elle se produisît et même longtemps après, je pensais que mener une vie religieuse signifiait renoncer à tout ce qui est terrestre pour ne vivre qu’en pensant aux choses divines. Mais peu à peu j’ai appris et compris qu’en ce monde c’est bien autre chose qui est exigé de nous et que même dans la vie la plus contemplative le lien avec le monde ne doit pas être rompu. Je vais jusqu’à croire que plus on est ‘attiré’ en Dieu, plus on doit en ce sens ‘sortir de soi’, c’est-à-dire s’offrir au monde, pour y porter la vie divine… » [3]

Notre Père

Avec les jeunes filles prévoyantes qui ont emporté l’huile de la vigilance, redisons la prière du Notre Père…

Oraison

Seigneur, nous avons parcouru le chemin de la connaissance de soi et de Toi, qui conduit au lien avec le monde. Comme tu le fis pour sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, « entraîne-nous jusqu’au désert et parle-nous cœur à cœur ». Alors, nous répondrons au vœu exprimé par ton prophète « nous connaîtrons le Seigneur », par Jésus-Christ, ton Fils Ressuscité, qui règne avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.

Sr Marie-Jean la 9 août 2021

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[1] L’être fini et l’être éternel, p. 426.
[2] M. DUPUIS, Prier 15 jours avec Edith Stein, Montrouge, Nouvelle Cité, 2000, p. 25-29.
[3] La Puissance de la croix, p. 47-48.


vendredi 8 août 2025

Liturgie de la Parole 18e vendredi TO-I

Méditation

La liturgie nous fait parcourir à grandes enjambées le Pentateuque. Après la Genèse et l’Exode, une toute petite incursion dans le livre du Lévitique et quelques extraits du livre des Nombres, nous entrons aujourd’hui dans le Deutéronome. Pour bien comprendre le Dt, il est toujours bon de se rappeler son cadre narratif. Cadre temporel : au bout des 40 années de la traversée du désert, « aujourd’hui », sur le point de passer de l’autre côté du Jourdain où se trouve la « terre » promise à nos pères. Cadre géographique : dans les plaines de Moab, tout près du Jourdain. Moïse sait déjà qu’il ne passera pas ce Jourdain. En trois discours de longueur inégale, il livre en quelque sorte son héritage spirituel. Il fait appel à la mémoire du peuple (« d’où viens-tu ? »), pour l’aider à aller de façon juste au-devant de son avenir (« où vas-tu ? »).
On a pu remarquer que le livre du Deutéronome dans son ensemble évoque les trois étapes d’un traité d’alliance : 1. Présentation des partenaires et rappel de ce qui a déjà été vécu. 2. Engagement réciproque au moyen d’un loi. 3. Promesses de bénédictions si la loi est respectée, menaces de malédictions si elle ne l’est pas.
Le passage que nous venons d’entendre se situe dans la première partie : présentation des partenaires et rappel de ce qui a déjà été vécu. Pour ce rappel, Moïse invite à remonter non pas au moment de la sortie d’Égypte, mais à l’origine du monde : v.32
Interroger : c’est une attitude d’ouverture et de curiosité, une attitude de reconnaissance pour le don reçu. De cette attitude qui interroge va découler une attitude d’émerveillement et de gratitude : « a-t-on jamais rien vu de pareil ? Un dieu qui ait entrepris de se choisir une nation, de venir la prendre au milieu d’une autre… »
Ainsi, au moment-clé de son existence, de son entrée en Terre promise, Israël est invité à reconnaître qu’au point de départ de toute cette aventure, il y a une initiative de Dieu. Cette initiative est exprimée en quelques verbes : choisir, prendre, aimer : « parce qu’il a aimé tes pères et qu’il a choisi sa descendance, en personne, il t’a fait sortir d’Égypte… »
Quand nous nous trouvons à des moments « seuil », il est bon de nous souvenir de ce qui fonde notre existence : un don, un amour. Nous ne nous sommes pas donné la vie à nous-mêmes. La vie nous a été donnée. Et pourquoi ? Parce que Dieu nous a aimés, choisis. Est-ce que j’en ai assez conscience ?
Deux conséquences :
    - Reconnaître que Dieu est Dieu.
    - Accorder ma vie à cet amour : répondre à l’amour par l’amour (ce que la Bible appelle « garder ses commandements ». Les commandements ne sont pas une fin en soi. Ils sont eux-mêmes un don du Dieu de l’alliance. Il nous les donne comme un chemin à parcourir pour avoir la vie / le bonheur…
Au seuil du Deutéronome, « aujourd’hui » (car nous sommes toujours au seuil de la terre promise), interrogeons-nous : sommes-nous d’accord de passer le Jourdain ?
Dans l’évangile aussi, il est question d’un seuil à franchir. Après la confession de Pierre à Césarée, la première annonce de la Passion et de la Résurrection, et l’incident où Pierre est traité de Satan, Jésus nous demande de l’accompagner sur la route qui commence à monter vers Jérusalem : il nous a annoncé sa « croix » et il nous dit que, si nous voulons le suivre, nous devons nous aussi prendre notre « croix ». C’est une étape importante du cheminement des disciples : une étape pas évidente. Mais c’est aussi à ce moment précis qu’il emmène Pierre, Jacques et Jean sur une haute montagne et les fait témoins de sa Transfiguration.
Ne perdons jamais de vue la bénédiction / la transfiguration / la résurrection qui nous est promise au terme de la route !

Sr Marie-Raphaël le 8 août 25


jeudi 7 août 2025

Liturgie de la Parole 18e jeudi TO-I

Lectures : Nombres 20, 1-13, Matthieu 16, 13-23

Introduction

Le chapitre 20 du Livre des Nombres raconte la mort de Myriam et le manque d'eau pour le peuple. Les Israélites ne sont pas contents, ils ronchonnent, ils se plaignent auprès de Moïse et Aaron. Dieu demande à Moïse de parler au rocher pour que l'eau coule mais Moïse est fâché alors il frappe le rocher par deux fois. Cette désobéissance empêchera Moïse et Aaron d'entrer dans la Terre Promise. Mais Dieu dans sa grande miséricorde, malgré le geste de colère de Moïse et Aaron, n'abandonne pas son peuple et a quand même fait sortir l'eau du rocher.
Dans l’Évangile de Mathieu, Pierre reconnaît Jésus comme le Fils du Dieu vivant et Jésus lui dit que cette révélation lui vient de Dieu et non des hommes, et il déclare à Pierre qu'il bâtira son Eglise sur lui. Il lui donne le pouvoir de lier et délier sur la terre. Il commence à annoncer qu'il doit souffrir et mourir à Jérusalem ce qui ne plait pas à Pierre...
Avant d'entendre cette Parole, chantons les psaumes en rendant gloire à Dieu !

Commentaire

Par la révélation de Dieu, Pierre reconnaît que Jésus est le Fils du Dieu vivant mais il n'accepte pas qu'il soit aussi le fils de l'homme qui doit souffrir beaucoup et être tué. Les apôtres n'ont pas bien compris ce que ça voulait dire « ressuscité des morts », ils s'attendaient à un royaume puissant. Nous sommes aussi parfois déstabilisé(e)s par cette Eglise qui connait des hauts et des bas. Jésus se donne à connaître, pour vous qui suis-je ? Il reste un mystère. Bien sûr, nous le rencontrons dans les sacrements, dans sa Parole, dans ceux qui souffrent, « j'ai faim, j'ai soif, je suis malade » ...
Ce n'est pas la première fois. Pierre avait déjà reconnu Jésus comme le Messie quand il a marché sur les eaux. Pierre est le roc sur lequel Jésus va bâtir son Eglise et pourtant sa foi va connaître des « accidents de parcours », il sera appelé « homme de peu de foi », et même aujourd'hui, Jésus le traite de « satan ». « Passe derrière moi Satan » ! Par peur, Pierre ira même jusqu'à renier ce Jésus qui a illuminé sa vie, qu'il avait pourtant reconnu Fils de Dieu, sa vie, son salut. Cela prouve que Jésus croit en nous, envers et contre tout.
A qui irions-nous ?  Il nous appelle par notre nom et non par notre fonction ou notre race. Il est le seul à nous appeler vraiment. 
Mais nous nous interrogeons, qui est-il celui en qui nous mettons notre confiance et toute notre espérance ? Allons-nous répondre de manière impulsive comme Pierre ? Qu'est-ce qui fonde l'assurance de notre réponse ? Jésus l'explique à Pierre, c'est par la grâce de Dieu le Père qui est aux cieux
« Et pour vous qui suis-je » ? Pour vous, intimement, personnellement, non pas par tout ce qu'on nous a dit, non pas par ce que les autres pensent. Il s'agit de répondre avec tout notre être, avec notre rapport à Dieu, comment nous le voyons. « Est-ce un simple homme de miracle dont nous convoquons l'amitié quand nous sommes dans le besoin ou alors, l'ami le plus intérieur, en qui nous mettons toute notre confiance et vers qui nous nous tournons aussi bien dans les moments de joie que dans les moments de peine ? Même si nous recevons la foi des autres, ce don doit devenir nôtre, grâce à un vécu confiant par lequel nous entrons dans une relation plus intime avec Dieu ».
 Avec la grâce de Dieu, osons le dire « Seigneur, tu es le Christ, le fils du Dieu vivant ».

Invitation au Notre Père 

Avec le Christ, Fils du Dieu vivant, prions Dieu notre Père !


Sources : Blog Carmel saint Joseph avec le commentaire de Kandi Achille. 
                Blog, « Mathieu pas à pas »

Danièle le 7 août 25

mercredi 6 août 2025

Liturgie de la Parole 6 août 2025 fête de la Transfiguration du Seigneur

 Méditation

 Évangile: Luc 9, 28 à 36

Je vous propose des certains des commentaires postés sur ce blog à propos de cet évangile en juillet 2012 par Sœur Myrèse. Si vous souhaitez lire les autres vous les trouverez en cliquant sur l'onglet "St Luc" et en cherchant Luc 9, 28 à 36

 

Sur la montagne (3 juillet 12)

https://partage-de-lectio.blogspot.com/2012/07/sur-la-montagne.html 

Il arriva, environ 8 jours après ces paroles, que prenant avec lui, Pierre, et Jean, et Jacques, il monta dans la montagne pour prier. Et pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement d’une blancheur éclatante.
     Luc 9, 28-29

Viens Esprit de Dieu, entraîne-moi sur la montagne.
Viens Esprit de Dieu, prends-moi en la prière du Fils.
Viens Esprit de Dieu, découvre-moi la lumière de l’amour du Père.

Il arriva, environ 8 jours après ces paroles,
Quelles paroles ? « Certains ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Règne de Dieu »… Des paroles qui ont dû questionner, troubler peut-être les disciples… Elles ont habité leur cœur, et ils les ont portées… et ces paroles se gravant en leur cœur, les ont façonnés, préparés à ce qui allait suivre ! 8 jours, c’est le début d’une semaine nouvelle. Si symboliquement il est écrit au premier livre de la Bible, que le monde fut créé en 6 jours, que le 7ème  jour Dieu se reposa de son œuvre en la confiant à l’homme, Huit jours, serait-ce annonce d’une recréation, de la naissance d’une aube nouvelle ? C’est effectivement le huitième jour, que Jésus ressuscité se donnera à voir aux siens !

que prenant avec lui, Pierre, et Jean, et Jacques,
Avec Jésus, il n’y a pas un appel de foule, une volonté d’une grande foule indistincte pour le suivre, le reconnaître… mais un appel personnel lancé à chacun, un appel différent pour l’un de celui lancé à l’autre. Ces trois disciples sont aussi ceux qu’il avait emmenés lorsqu’il a réveillé la fille de Jaïre, ce sont eux aussi qu’il emmènera prier à Gethsémani.  

 il monta dans la montagne pour prier.
Lieu de calme, de retrait, la montagne a souvent été lieu de prière, que ce soit pour Jésus, ou pour d’autres. Entre ciel et terre, elle dit la rencontre de l’homme et de Dieu. Luc plus encore que les autres évangélistes mentionne régulièrement la prière de Jésus. La montagne est le lieu de la manifestation de Dieu à Moïse, là Élie rencontre son Dieu…

Et pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement d’une blancheur éclatante.
Lumière de sa prière, lumière de sa communion au Père. Lumière de l’amour livré. Jésus en sa prière est tout regard vers le Père, il en reçoit la lumière.

Avec les disciples, aujourd’hui, je contemple cette clarté qui rayonne du visage de Jésus en prière. Cette clarté de la communion qui l’unit au Père.

Seigneur, tu nous invites à partager cette communion, donne-nous d’y pénétrer de tout cœur. 
 

Ils virent sa gloire (5 juillet 12)

https://partage-de-lectio.blogspot.com/2012/07/ils-virent-sa-gloire.html 

Or Pierre et ceux qui étaient avec lui, alourdis de sommeil, se réveillant virent sa gloire et les deux hommes, qui se tenaient avec lui.
     Luc 9, 32

Viens esprit de Dieu, réveille-nous de toute torpeur
Viens Esprit de Dieu, donne-nous de contempler ce gloire

Or Pierre et ceux qui étaient avec lui, alourdis de sommeil,
Pierre, Jacques et Jean, qui étaient avec Jésus. Jésus les avait entraînés sur la montagne. Était-ce de jour ? Était-ce de nuit ? Luc note que Jésus passe parfois la nuit en prière, à l’écart… toujours est-il que les trois sont accablés de sommeil. Au jardin, sur le mont des Oliviers, ils seront de même accablés de sommeil… tandis que Jésus prie, en agonie. Révélation de gloire, révélation de souffrance, tout aussi lourdes à porter, à accueillir même ?

 se réveillant virent sa gloire
« Se réveillant » ou « demeurés quand même éveillés », sommeil d’une mort à soi qui donne d’entrer dans le mystère de Jésus ?
Ils voient sa gloire, lumineuse révélation, après l’annonce de la passion (9, 22).

et les deux hommes, qui se tenaient avec lui.
Confirmation de la révélation, Jésus venu accomplir loi et prophètes est entouré de Moïse et Élie. N’est-ce pas là une « vision » qui nous est donnée tandis que nous faisons lectio ? Par instants, voir, percevoir comme un éclat lumineux combien les Écritures convergent vers la manifestation de Jésus, voir combien il en est le cœur, la réalisation et le dépassement tout à la fois !

Seigneur, donne-moi aujourd’hui de garder les yeux fixés sur toi, et de recevoir de toi toute lumière sur l’Écriture, sur ma vie, sur ton désir ! 
 
 

Jésus seul (8 juillet 12)

 https://partage-de-lectio.blogspot.com/2012/07/jesus-seul.html

Et une voix vint de la nuée disant : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai élu, écoutez le ! » Et tandis que la voix eut retenti, Jésus se trouva seul. Et eux se turent et ne dirent à personne, en ces jours-là,  rien de ce qu’ils avaient vu.  
     Luc 9, 35-36

Viens Esprit de Jésus, chante son nom en nos existences
Viens Esprit de Jésus, habite le silence de nos profondeurs

Et une voix vint de la nuée
Comme en Exode, la manifestation de la nuée est complétée par une voix révélatrice. Voix du Seigneur dans le tonnerre et l’éclair, avec Moïse sur le Sinaï ; voix d’un fin silence avec Elie sur l’Horeb ; voix claire et intelligible sur le Tabor. Vois qui désigne Jésus, le reconnaît, le propose à la foi de ceux qui accueille cette révélation. Les témoins de ce jour, et nous qui y avons part à travers cette lectio.

 disant : « Celui-ci est mon Fils,
C’est bien le Père qui parle, il atteste que Jésus est son Fils. Comme il l’avait dit au jour du baptême de Jésus par Jean au Jourdain. Le Père reconnaît son Fils en Jésus.

 celui que j’ai élu,
Cette note propre à l’évangile de Luc, nous atteste que non seulement Jésus est le fils, mais qu’il est élu, choisi, désigné pour une mission bien précise. On retrouve en filigrane derrière cette élection, le visage du Serviteur, tel que Isaïe l’avait chanté : Is 42, 1 etc. Jésus est le Fils, il est aussi, celui qui est choisi, envoyé !

Écoutez-le ! »
Au baptême la voix s’adressait à Jésus lui-même, ici elle s’adresse aux disciples témoins de ce moment, et à tous ceux qui liront cette page et l’accueilleront. Ecouter : au sens fort du terme, écouter pour en vivre, écouter pour ajuster sa vie à la parole entendue !

 Et tandis que la voix eut retenti, Jésus se trouva seul.
Révélation d’un moment, mais qui restera gravée au cœur, qui soutiendra au long du chemin à venir. Jésus se trouve seul. Il partage l’intimité divine, mais il est en même temps pleinement homme, faisant route parmi les hommes. Des disciples l’accompagnent, mais que comprennent-ils de ce qu’il a à vivre ? Ainsi en est-il de chacun, chacune, il y a une solitude liée à notre condition d’être unique. Une profonde communion n’empêche pas en même temps une profonde solitude, où se vit la liberté de choisir sa route, d’assumer son quotidien…

La manifestation du Père, l’éclat de lumière, la présence de Moïse et d’Élie, n’ont duré qu’un instant, mais ces instants de lumière se sont gravés dans les cœurs, et donneront force au moment de l’épreuve. Minutes étoilées de nos existences, aurait dit Maurice Zundel.

Et eux se turent et ne dirent à personne, en ces jours-là,  rien de ce qu’ils avaient vu.  
La révélation fut bouleversante, l’expérience forte, mais qu’en dire ? Chez Matthieu et Marc, Jésus enjoint aux disciples témoins de la transfiguration de garder le silence à propos de ce qu’ils ont vu, jusqu’à la résurrection. Ici, aucune mention de cette demande de Jésus. Il semblerait que les disciples d’eux-mêmes sont pressés au silence… que dire de ce qui dépasse à ce point le simple entendement ? Comment mettre des mots sur une telle expérience ? Ils ne dirent rien sur le moment, ce n’est que dans l’intelligence de la résurrection qu’ils parleront, que tout s’éclairera pour eux. Comme Marie, sans doute, ils garderont ces événements dans leur cœur, les méditeront longuement…

Seigneur, tu nous donnes ainsi des minutes étoilées, au long de notre existence. Grave les en nos cœurs, et donne-nous en les méditant de découvrir un peu de ton visage de lumière, un peu de ta communion d’amour au Père, un peu de ton plan divin de salut pour tous les hommes.
 

mardi 5 août 2025

Liturgie de la Parole 18e mardi TO-I

DIFFICILE DISTANCE 

Méditation sur le site "Évangile et peinture" 

https://www.evangile-et-peinture.org/19-eme-dimanche-du-temps-ordinaire-a/

Drôle de diptyque qui nous est offert… D’un côté Jésus aspirant à la solitude et à la prière, de l’autre les disciples entre fascination et angoisse.
Jésus vient de perdre son cousin Jean le Baptiste, emporté par la jalousie humaine, sacrifié sur l’autel de l’ego et de la faiblesse du roi Hérode. En deuil, Jésus était en route pour aller se retirer, prier seul, quand il trouve en débarquant une foule rassemblée, en attente d’une parole, d’une guérison. Rattrapé par la vie blessée, il se met au chevet de cette foule et de ses maux. Quand la nuit survient et sous les yeux de ses disciples dépassés, il la nourrit encore. Alors, quand après avoir rassasié tout le monde, Jésus reprend son projet d’un moment de solitude et oblige ses disciples à faire la traversée seuls, on pourrait penser qu’ils ont eux aussi de quoi méditer et grandir en confiance. Pourtant, dans l’épreuve des flots contraires, le doute et l’angoisse jaillissent, irrépressibles. La mémoire se fait courte. La confiance se mue en défiance. Serais-tu l’imposteur ayant capté nos désirs d’abri sûrs dans la détresse ? Se peut-il que tu sois le remède des uns et la perte des autres ? Les vagues ballotent les disciples dans les affres du sentiment d’abandon et de la peur de la mort.
Drôle de diptyque avec d’un côté Jésus tout aux autres, et de l’autre les disciples tout en souci d’eux-mêmes. La fascination de son pouvoir et de ses miracles est l’éphémère attraction qui ne tient qu’à quelques flots et vents contraires. Les disciples expérimentent douloureusement la parabole du semeur qui les révèle sol pierreux incapable de tenir la détresse. Le magique lui non plus ne tient pas la distance. C’est la force et l’attirance d’un regard, la confiance éperdue dans la relation à Dieu qui seule tiendra la distance, quels que soient les événements, nous enseigne Jésus. La distance n’est pas obstacle. Elle est simplement ce qui sépare. Elle est emportée, embrassée par le regard qui se fixe sur l’horizon. Jésus ne choisit pas. Il embrasse tout et tous sur son passage, rassasie et entraîne à vivre comme lui, dans la confiance que le Père prend soin de tous.
Puissions-nous donc laisser le Fils visiter et habiter nos déserts, nos nuits, nos flots agités pour qu’un jour, rassasiés de son amour, nous sachions quitter nos sécurités pour entrer dans sa liberté et embrasser, dans la confiance, le tout de la vie.

Marie-Dominique Minassian 13 août 2023
Equipe Évangile&Peinture
https://www.evangile-et-peinture.org 
https://www.bernalopez.org 






lundi 4 août 2025

Liturgie de la Parole 18e lundi TO-I

Ouverture

En cette année B, nous entendons pendants plusieurs dimanches d’affilée le récit du partage des pains et le discours de Jésus sur le pain de vie. Nous l’avons encore médité hier. Et comme si ce n’était pas assez, la liturgie nous ressert encore le même plat aujourd’hui ! Il faut croire que c’est important ! Aujourd’hui, nous entendrons la version du livre des Nombres concernant la manne, et la version de l’évangile de Matthieu concernant le partage des pains.
Dans le Notre Père, Jésus nous demande de prier le Père en lui demandant de nous donner chaque jour le pain de ce jour. Commençons par prier les psaumes.

Résonances

Une des caractéristiques de la manne est le fait qu’elle est donnée chaque jour pour un jour (sauf la veille du sabbat où elle est donnée pour deux jours). Elle vient à la fois combler un manque (la faim) et créer un manque (le désir d’en avoir toujours plus, ou la peur de manquer demain). Dans la Bible, quand Dieu donne quelque chose, il met toujours aussi une limite à son don. C’est typique des manières de Dieu. C’était déjà comme ça dans le jardin d’Éden (tu peux manger de tous les arbres du jardin sauf un…). Comme si Dieu, en nous donnant, voulait aussi nous éviter d’emblée le piège de la convoitise. Nous l’avons entendu hier dans le livre de l’Exode et dans le Deutéronome, nous l’entendons aussi dans le livre des Nombres : le don de la manne est un test, une mise à l’épreuve : « pour voir ce que tu as dans le cœur ». Dieu voit notre faim, mais en même temps il regarde comment nous accueillons le don : avec convoitise (vouloir toujours plus, comme ce que nous lisons dans le passage du livre des Nombres) ou avec confiance et reconnaissance ? 
Le test est là pour nous aussi. Dans le Notre Père, Jésus nous fait prier plusieurs fois par jour avec les mots : « donne-nous aujourd’hui notre pain pour aujourd’hui ». C’est clairement une allusion à la manne. Ce « chaque jour » concerne bien sûr la nourriture (et il serait absurde de vouloir manger aujourd’hui le pain qui me nourrira toute la semaine…), mais il concerne aussi beaucoup d’autres choses. Donne-nous aujourd’hui le travail de ce jour, la prière de ce jour, le courage et la force de ce jour, la grâce de ce jour, l’amitié de ce jour…
Ce « chaque jour » nous renvoie au temps qui nous est imparti et dont nous devons faire notre allié, plutôt que notre ennemi. Ce temps nous est donné, mais il nous impose aussi des limites. Il est absurde de vouloir effectuer aujourd’hui le travail de toute la semaine… « A chaque jour suffit sa peine », dira Jésus en citant la sagesse du premier Testament. Et il ajoute : « votre Père sait de quoi vous avez besoin… ».
Apprenons de lui la leçon de la manne, la leçon de la confiance et de la reconnaissance. 
Prière
Seigneur, comme un Père, tu veilles sur nous à chaque instant, tu nous donnes le pain de la route et tu nous apprends à vivre de ta Parole. Garde-nous de perdre de vue le miracle de ta grâce quotidienne. Qu’elle dilate notre confiance et consolide notre vigilance pour que nous puissions chaque jour répondre à ton appel, d’une façon renouvelée.

Sr Marie -Raphaël écrit le 2 août 2021


dimanche 3 août 2025

Liturgie de la Parole 18e dimanche Année C

Le riche insensé

Évangile : Luc 12,13-21

Homélie du Père Jean Lévêque (Carme)

http://bibleetviemonastique.free.fr/lu121321.htm 

 
-Du temps de Jésus, on recourait volontiers à l'arbitrage des rabbins, même pour des contentieux qui n'avaient rien à voir avec les saintes Écritures ; et c'est sans doute le prestige de son enseignement qui vaut à Jésus cette demande un peu insolite : "Dis à mon frère de partager avec moi notre héritage". Probablement l'aîné de la famille voulait-il garder l'héritage indivis.
-Jésus refuse tout net de se substituer au notaire ou au juge. Il élève le débat, et répond au niveau du sens de la vie : - "Gardez-vous de l'envie d'avoir toujours plus", - "d'ailleurs les biens d'un homme ne lui garantissent pas la vie".
-Suit, dans l'Évangile de saint Luc, la parabole du riche insensé.
Il s'agit, notons-le, d'une richesse honnêtement acquise : la richesse d'un homme dont la terre a bien rapporté. Quels vont être les réflexes de cet homme devant la chance, devant une surabondance inespérée ?
D'abord il veut se mettre à l'abri des aléas. Sécurité d’abord : il va constituer des réserves, et investir dans la construction de nouveaux greniers, pour garder constamment la main sur ses richesses. Il va donc pouvoir échapper à la crainte. Même si une mauvaise année survient, le volant sera suffisant pour que la catastrophe ne menace plus jamais.
L'autre réflexe suit logiquement : puisque le souci s'éloigne, l'homme va enfin profiter: "Je me dirai à moi-même : Te voilà avec quantité de biens pour de longues années. Repose-toi, mange, bois, fais bombance".
Et l'homme s'installe pour des vacances perpétuelles.
-"Insensé", lui dit Dieu. Insensé, nabal, c'est le vieil adjectif traditionnel par lequel les sages d'Israël désignaient l'homme qui vit pratiquement sans référence à Dieu. Dans cette parabole, Jésus fait parler Dieu lui-même, et la question que nous entendons nous atteint d'autant plus profondément : "Cette nuit même je vais te redemander ta vie, et ce que tu as préparé, qui donc l'aura ?" Qui l'aura quand tu ne seras plus là pour t'en servir et en profiter ? Qui l'aura quand la vie terrestre aura cessé pour toi ?
Rien de plus sensé, pourtant, que le calcul de cet homme riche, qui misait avant tout sur la sécurité. Le calcul n'était pas faux, mais en réalité l'essentiel de l'homme échappe à tout calcul ; et il n'y a de sécurité pour personne face à la mort. Elle se présente, obstinée, inattendue, importune, comme la limite absolue qui oblige à donner un sens à la vie, au travail, à toutes les expressions du bien-être et de la joie.
-Les années passent, et l'on engrange des joies, du confort, des réussites ; on entasse des habitudes et des souvenirs, on multiplie ses assurances sur le bonheur, et à force de vivre au milieu des choses on finit par oublier qu'elles n'auront qu'un temps. Même en allongeant notre vie de quinze, vingt, trente ans, une chose est certaine : cela ne durera pas, cela ne peut pas durer, non parce que Dieu serait en quelque sorte jaloux de notre bonheur, mais parce qu'il veut pour nous un bonheur qui traverse la mort : il nous offre d'enraciner notre bonheur en lui.
-Bien loin de dévaluer les réalisations et les projets de l'homme, cette offre de Dieu donne à l'existence tout son prix et à la charité toute son urgence, car si au-delà de la mort Quelqu'un nous attend, si déjà notre passage sur terre peut nous établir dans son amitié, alors chaque journée devient une aventure de fidélité, une page de notre amour pour Dieu, toute remplie de service et d'attention pour nos frères.
-D'où vient que ces perspectives d'un au-delà des choses, d'un au-delà de la mort, nous paraissent souvent si étranges, et comme en porte-à-faux sur le réel de notre vie ?
Ne serait-ce pas le signe que nous sommes déjà installés dans l'illusion, et que nous avons misé sur ce que nous avons, au détriment de ce que nous sommes et de ce que nous serons ?
Ce que Jésus vise dans sa parabole, c'est le réflexe d'accumuler les biens et la tentation de s'appuyer sur des réserves matérielles pour vivre sans horizon, sans projet fraternel, au niveau de la jouissance immédiate. Si l'on "s'enrichit pour soi-même", comme dit Jésus, rien de ce trésor ne passera dans la vie définitive ; mais si un croyant s'enrichit "en vue de Dieu", s'il met toutes les ressources de son intelligence et de son cœur au service du dessein de Dieu sur lui et sur le monde, sa gérance généreuse libérera son cœur, et son trésor d'amour l'attendra près de Dieu. 
-Parce que disciples de Jésus, nous sommes témoins, inlassablement, d'une qualité de la vie : "Déjà nous sommes fils de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté" (1 Jean 3,2). Les paroles de Jésus sur l'au-delà nous dérangent, parce qu'elles nous empêchent de nous dissoudre dans le rêve ; mais quelle chance, en réalité, que cette insécurité que Jésus nous apporte, insécurité dans la certitude ! Quelle chance, au milieu du tourbillon de notre existence, au moment où nous sommes tentés de refermer les mains sur l'immédiat, de percevoir en nous la voix d'un Dieu Père, qui nous murmure, avec bonté et humour : "Insensé(e) ..."