jeudi 27 novembre 2025

Liturgie de la Parole 34e jeudi TO-I

Lectures : Daniel 6, 12-28 ; AT 41 (Daniel 3) Luc 21, 20-28

Introduction

La première lecture du livre de Daniel est assez cruelle.
Le roi se réjouit de constater que les lions n'ont fait aucune blessure à Daniel. Il ordonne que tous les peuples doivent trembler de crainte devant le Dieu de Daniel car il est le Dieu vivant. Mais, pour les punir, les accusateurs sont jetés dans la fosse aux lions avec femmes et enfants. Les pauvres enfants, ils n'avaient pourtant rien à se reprocher, et les épouses, en quoi étaient-elles responsables ? La punition du roi paraît bien exagérée. La bonne nouvelle dans ce texte, c'est la preuve que notre Dieu est notre sauveur. Daniel, par sa foi en Lui, a été sauvé.
Aujourd'hui, dans l’Évangile de Luc, il y a aussi de la cruauté. Jésus parle de Jérusalem qui sera encerclée, foulée aux pieds par des païens, tous ceux et toutes celles qui ne pourront s'enfuir dans les montagnes, -Jésus pensent aux femmes enceintes- périront par l'épée ou ils mourront de peur... Heureusement, à la fin de cette Lecture, il y a la bonne nouvelle à retenir, Jésus dit ceci : « alors, on verra le fils de l'homme venir avec puissance et gloire ... redressez-vous, votre rédemption approche» !
Avant d'écouter ces lectures, chantons les psaumes en bénissant notre Dieu sauveur !

Méditation

Cet évangile commence par annoncer des catastrophes mais il se termine par un message d'espoir.
Jérusalem sera encerclée, dit Jésus. En effet, quelque temps plus tard, l'armée romaine l'a détruite, c'était comme une prophétie.
Il y aura des signes dans le soleil, dans les étoiles... Le dérèglement climatique que nous connaissons aujourd'hui avec son lot d'inondations, de tempêtes, etc. fait dire à certains que la fin du monde est proche. Or, tous ces bouleversements n'annoncent pas une fin du monde mais plutôt un renouveau avec la venue du Fils de l'homme.
Tous ces événements tragiques mettent parfois en doute l'avenir de notre humanité, pourtant, c'est alors que Dieu nous demande de relever la tête. Nous pouvons vivre dans l'espérance parce que, écrit saint Luc, « on verra alors le fils de l'homme venir dans une nuée ». Nous sommes dans l'attente de la deuxième venue du Christ. Jésus nous demande de nous redresser, de rester vigilants. Il est comme un bouclier qui nous assure la paix, et relever la tête est une attitude de courage pour vaincre la peur !
« Que le découragement n'ait pas le dernier mot sur notre espérance et nos attentes... Quand Dieu lui-même semble absent, c'est alors que commence le temps de l'espérance . Entre la chute et le relèvement, entre la ruine et la reconstruction, entre le temps du désespoir et celui de l'espérance, le projet de Dieu est toujours en cours de réalisation »(1) « Notre avenir est un bonheur à vivre. Ce n'est pas un bonheur à construire par nos propres moyens, c'est un cadeau à recevoir de celui qui nous l'a promis... d'où la nécessité de rester attentives. Fini le temps de l'insouciance. La parole nous crie « cessez de vivre superficiellement si vous n'avez pas compris le sérieux de la vie»... nous avons sans doute nos soucis, soucis parfois lourds mais il y a aussi le souci de l'essentiel, le souci de Dieu et de notre devenir filles et fils de Dieu.
Dans le passé, Dieu a fait alliance avec nous, aujourd'hui il nous trace un chemin de lumière dans nos ténèbres. Et le Dieu de demain vient pour transfigurer l'univers ». (2)

Invitation au Notre Père

Avec les paroles apprises par Jésus, adressons la prière à Dieu qui est notre bouclier!

Danièle le 27 novembre 25

(1) Abbé Achille Kandi
(2) Abbé Roger Gillet

mercredi 26 novembre 2025

Liturgie de la Parole 34e mercredi TO-I

Quand tout s'effondre (Luc 21, 12-19)

Lectures : Daniel 5,1…28 ; AT 41 (Daniel 3) ; Luc 21,12-19

fresque des martyres de l'église du monastère St Jean à Suceava (Roumanie)
Méditation

On portera la main sur vous et l’on vous persécutera ;
on vous livrera aux synagogues et aux prisons, 
on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, 
à cause de mon nom.
Vous serez livrés même par vos parents,
vos frères, votre famille et vos amis,
et ils feront mettre à mort certains d’entre vous.
Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom.


Ainsi parlait Jésus à ses disciples. Arrestations, trahisons, divisions familiales, haine et même mort pour certains : voilà ce qui attend les disciples, à cause de son nom. L’histoire des premiers chrétiens – et de bien d’autres après eux – montre hélas qu’il en a été ainsi.

Mais au cœur même de ces épreuves, Jésus dit aussi :
Cela vous amènera à rendre témoignage.
Mettez-vous dans l’esprit
que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense.
C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse.
Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.
C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie.

Cela vous amènera à rendre témoignage.

Paul Beauchamp, théologien et exégète français du XXe siècle, faisait remarquer que, dans toute la Bible, la Parole de Dieu se déploie particulièrement dans des situations de contradiction ou de mise à l'épreuve. Pensons à Moïse face à Pharaon, aux prophètes face au refus d’écoute du peuple, à Jérémie rejeté par ceux à qui il parle.
C’est souvent en effet quand l'homme ne maîtrise plus rien que la vérité de Dieu se laisse entendre. Dans la fragilité se crée la vraie relation, celle que Dieu transfigure. Il s'agit alors de reconnaître que Dieu peut s’y dire. 

Ne vous préoccupez pas de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse.
Le disciple n’a pas à inventer seul une stratégie pour se défendre. Dieu donne un langage : la capacité de dire en vérité. Il donne une sagesse : ce discernement intérieur qui permet de comprendre ce qui se joue au-delà de l'immédiat.
Cette sagesse n’est pas celle de l’efficacité ou de la persuasion. Elle est une présence : l’Esprit qui fait du disciple un espace disponible où Dieu parle.
Dieu ne protège pas des événements, de l'histoire : il parle dans l'histoire.

Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.
Au cœur de ces épreuves annoncées, Jésus prononce une promesse surprenante : « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. » 
Les épreuves humaines peuvent atteindre le corps, fragiliser les relations, entamer la réputation… mais elles ne peuvent pas détruire ce que Dieu fait naître en nous. 
Il existe en chacun un lieu de rencontre, de relation avec Dieu qui demeure intact, un lieu que rien ne peut détruire - ni la haine, ni l'échec, ni même la mort.
La vraie protection de Dieu porte sur l’Evangile qui habite la personne.

C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. 

La persévérance dont parle Jésus n'a rien d'héroïque. Ce n'est pas tenir bon par force, mais demeurer ouvert. C’est un consentement humble à l'oeuvre de Dieu, jour après jour, même dans la fragilité ou le désarroi.
Persévérer, c'est rester dans la Parole. C'est ne pas quitter la lumière que Dieu allume en nous. C’est elle qui garde la vie et la déploie.

En conclusion

Jésus ne dit pas que le disciple ne souffrira pas. Il dit que, dans la souffrance, quand tout s'effondre, la Parole de Dieu demeure et c'est alors qu'elle se révèle dans sa vérité propre.
Nous n’avons pas besoin d’être arrêtés, persécutés ou mis à mort : la vérité d'une vie en Dieu se dévoile dans nos tensions, nos contradictions, nos fragilités. 
Et si c'était précisément là, dans ce que nous ne maîtrisons pas, que naît notre espérance ?

Isabelle le 26 novembre 25

mardi 25 novembre 2025

Liturgie de la Parole 34e mardi TO-I

Évangile : Luc 21,5-11

Méditation

« Il n’en restera pas pierre sur pierre »

Cela nous interpelle aujourd’hui quand nous pensons à tant de beauté, tant d’œuvres d’art saccagées, disparues en Syrie, en Irak, en France et ailleurs ; quand nous songeons à toute l’énergie déployée pour les construire ! Il en reste pour beaucoup d’entre nous, la mémoire vive du courage, de la patience, de la foi qu’il a fallu investir pour les assembler et les faire surgir en œuvre d’étonnante beauté.

Que reste-t-il des œuvres de tous ceux qui nous ont précédés ? Sinon une mémoire transmise de siècle en siècle d’un combat pour la vie, d’un don de leur vie dans une incessante quête de beauté, dans une invincible espérance. Ils vivaient de toute leur âme, de toutes leurs forces le moment présent, l’Aujourd’hui de Dieu. Ils ont accompli des actions de bienfaisance qui imprègnent notre société : éducation, soins médicaux, art, spiritualité … Ou une simple entraide fraternelle au coude à coude avec leurs voisins qui se transmet de génération en génération.
« L’amour est fort comme la mort. Ses flammes sont des flammes brûlantes, c’est un feu divin. Les torrents ne peuvent éteindre l’amour, les fleuves ne l’emporteront pas. » Cantique des cantiques 8,6-7
Que reste-t-il de nos œuvres, des plus grandes comme des plus minuscules sinon une semence de foi, d’amour et de vérité qui les fait naître chaque jour et qui se communique en vie, en joie éternelle.
« Tout sera détruit. Quand ces événements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche. » Luc 21, 6,28

Sr Claire Carmel Saint Joseph 23 novembre 2021

https://www.carmelsaintjoseph.com/sermons/luc-215-11-5/ 



lundi 24 novembre 2025

Liturgie de la Parole 34e lundi TO-I

« L’obole de la veuve » Luc 21, 1- 4

Lectures : Daniel 1, 1-6.8-20 ; AT 40 ; Luc 21,1-4

Méditation

Hier, le Christ Roi de l’univers ! 
Aujourd’hui, Jésus pressent que sa passion est toute proche. Aussi il ne quitte pratiquement plus le temple : il continue à enseigner, malgré le danger qui le menace. Il vient de participer à la liturgie qui se termine.
ET
Le moment est donc venu de s’acquitter de la dîme, l’impôt pour le culte.
Alors, il s’est assis avec ses disciples sur l’esplanade du temple non loin du tronc des offrandes.
Il y a foule à la sortie et elle est un peu bousculée cette petite veuve, un peu courbée, Misérable, précise même l’Évangéliste Matthieu. 
Une veuve est toujours à la merci des événements, sans défense, en danger donc ! Mais elle semble heureuse, toute charmée encore, de la beauté des psaumes à la gloire de son Dieu. Elle serre son poing sur 2 petites piécettes. 
Oh, elle passera inaperçue pour beaucoup de monde. Mais, non, pas pour tous. …Jésus la voit, lui prête attention, comme à tous ceux qu’il rencontre d’ailleurs ! Il ne se laisse pas impressionner par les frou-frous des longues robes des scribes ni par les grosses pièces qui sonnent très fort dans le tronc.

Tout à coup, elle, … a une seconde d’hésitation
   -   l’offrande est facultative ! Et sa situation de veuve l’en dispense ! …
   -   elle pourrait aussi, sur les deux pièces, en garder une ! ...
Mais quoi !!! Elle, qui tout à l’heure, donnait tout son cœur à Dieu, elle lui refuserait cela ?

Elle glisse les 2 piécettes dans le tronc en essayant de faire le moins de bruit possible … et se perd vite dans la foule pour regagner sa petite ruelle !

Mais en s’éloignant, elle avait comme le sentiment qu’un regard la suivait. En effet, Jésus la suit du regard. Et en la regardant marcher, il comprend qu’elle marche vrai. Elle a mis son pas dans celui des prophètes et dans sa parole à lui, du coup, … loin des apparences, mais dans ce qui est essentiel.

Oh,  ce n’est pas ses 2 piécettes de rien du tout qui vont accroître le pouvoir de Dieu. Mais elles disent à Dieu qu’il compte pour elle. Et cela donne du baume au cœur de Jésus. Il a du prix pour elle, et elle a du prix pour lui. Ils comptent l’un pour l’autre. Désormais liés, greffés l’un à l’autre :
   -   elle, elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre … 
   -   et lui, il se donne, il donne tout, sa vie et ce qu’il est, … pour le monde.
Oui, Jésus peut partir vers sa passion, quitter ce monde heureux car il a la certitude, que la parole des prophètes n’est pas morte mais elle résonne encore dans l’ordinaire des humbles et des petits. … Et il se dit, avec une grande joie au cœur, « elle survivra ! ».

Rentrée chez elle, elle vaque à ses occupations et elle va chercher de l’eau à la fontaine. Ça au moins c’est gratuit, comme le soleil et le chant des oiseaux ! 
A l’heure du repas, elle a envie de rire d’elle-même, en se voyant disposer solennellement sa cruche d’eau sur la table, sans rien autour.    Bah ! Un jour sans manger, on n’en meurt pas !

Oh ! elle aurait pu emprunter, à une voisine, quelques figues, un peu de pain ! Non ! Elle a tout donné, elle ne veut rien reprendre. Ce serait tricher avec son Dieu ! 

Assise à sa table nue, elle se sent envahie d’une grande joie paisible car elle avait l’impression que celui qui l’avait suivi du regard était là, en face d’elle et lui aussi 
semblait heureux :
             « Celui qui vient à moi, n’aura plus jamais faim. (Jean 6,35)
             Jarre de farine, jamais ne s’épuisera, 
             vase d’huile, jamais ne se videra ! » (1 Rois 17,14)

Notre Père

Et nous, qu’allons-nous offrir, sans hésitation, à notre Père du Ciel, pour lui procurer un peu de joie, aujourd’hui ?

En priant le Notre Père, demandons-lui ce qui lui ferait plaisir. 

Sr Anne-Françoise le 24 novembre 25


dimanche 23 novembre 2025

Liturgie de la Parole 34e dimanche Le Christ Roi année C

Évangile : Luc 23,35-43

Homélie 

-Au temps du Christ, quand on menait un homme au supplice, sur tout le parcours jusqu'au lieu de l'exécution le condamné portait une pancarte blanche, ou encore on la faisait porter devant lui. On y inscrivait en lettres noires ou rouges le motif du châtiment.
C'est ainsi qu'on a pu lire, fixée au-dessus de la croix de Jésus, une inscription avec ces quelques mots méprisants: "Ho basileus tôn Ioudaiôn houtos: cet individu est le roi des Juifs".
Or, à cette même époque, la région appelée Palestine n'était pas sans roi. Elle en avait même deux: Hérode Antipas (4 av. - 39 ap. JC) en Galilée et en Transjordanie, et Philippe (4 av.- 34 ap. JC) dans le Golan.
Seule la Judée, avec Jérusalem, était contrôlée directement par le procurateur romain.
Si les juges de Jésus, en particulier le romain, avait pu retenir contre lui ce grief politique: "Il a voulu se faire roi", c'est que spontanément, durant la vie publique de Jésus, beaucoup de croyants, surtout dans le peuple, avaient reconnu en lui le Messie attendu par Israël, et un Messie Roi. On espérait que Jésus prendrait en main les destinées politiques du pays, lui qui avait su nourrir toute une foule en pleine campagne. On attendait de lui qu'il secoue le joug de l'occupant et qu'il redonne à son peuple l'indépendance d'autrefois.
Jésus, lui, se méfiait de cet enthousiasme et de ce que les gens mettaient sous le titre: Messie, fils de David. Fils de David, il l'était; Messie, il l'était, lui l'Envoyé de Dieu; mais il ne voulait pas qu'on l'assimile aux rois terrestres. C'est pourquoi, au cours de son procès, il répondra à Pilate: "Ma royauté n'est pas de ce monde" (Jean 18,36).
 
-La scène de la crucifixion nous permet de mesurer à la fois la force de l'espérance que Jésus avait suscitée et le désarroi de la foule devant un Messie crucifié.
Saint Luc nous décrit quatre groupes d'hommes autour de la croix: le peuple, qui regarde; les chefs juifs, qui ricanent; les soldats romains, qui se moquent. Jésus en croix est bien, comme le dira Paul, "un scandale pour les Juifs et une folie pour les païens" (1 Corinthiens 1,23). Quant au quatrième groupe, ce sont les deux malfaiteurs crucifiés avec Jésus: l'un se révolte et fait chorus avec les moqueurs, le second espère, et se désolidarise de la haine.
À quatre reprises revient le verbe sauver, en liaison avec le nom de Messie (Christ) ou de roi:
- "Il en a sauvé d'autres, qu'il se sauve lui-même, s'il est le Christ, l'Élu!" 
- "Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même!"
- "N'es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi!"
Sans le savoir, sans s'en douter, ces hommes qui défient Jésus nous orientent vers l'essentiel du mystère de ses souffrances et de sa mort: Jésus ne veut pas se sauver de la croix, parce qu'il veut nous sauver par sa croix, par l'amour qu'il donne au Père sur la croix. Car c'est l'amour qui est force de salut, et non la souffrance par elle-même.
Nous tenons là, face à Jésus souffrant, une lumière qui éclaire notre propre destin et le destin de tous ceux que nous aimons. Jésus ne nous sauve pas de la croix, de notre croix, mais il nous sauve par sa croix, c'est-à-dire par l'amour qu'il nous a prouvé sur la croix; et il nous offre de faire à notre tour de notre croix une preuve d'amour.
Il nous a dit lui-même: "Celui qui veut me suivre, qu'il prenne sa croix". Où est-elle, notre croix? - C'est le réel de notre existence, le quotidien de nos vies, tout autant que les grandes épreuves; c'est ce que nous avons à porter pour rester fidèles à Jésus Christ et pour le servir dans nos frères, et puis aussi tout ce que nous assumons librement par amour pour mieux reproduire l'image du Fils Premier-né.
Jésus nous redit: "Prends ta croix, la croix de ton combat pour l'authenticité chrétienne, la croix de ton effort de charité, la croix de ton souci missionnaire; je vais te montrer comment la porter par amour." 
 
-C'est ainsi que notre vie est livrée au Christ, Roi de l'univers, et vécue au compte de l'Envoyé de Dieu: notre vie n'est plus à nous-mêmes, mais à celui qui pour nous est mort et ressuscité, le Premier-né d'entre les morts. Et cette destinée pascale, inscrite déjà dans notre baptême, est la même, fondamentalement, pour toutes les filles de Dieu, pour une mère de famille comme pour une carmélite, pour une étudiante comme pour une employée, pour une jeune en recherche comme pour une aïeule qui achève sa vie. C'est dans le quotidien que l'on acquiesce à la volonté du Père et que l'on rencontre la croix; c'est dans le quotidien que l'on dit à Dieu son amour. Car c'est bien d'amour et de joie chrétienne qu'il s'agit.
C'est dans notre vie de tous les jours que le Christ Messie veut être roi, parce qu'il est roi avant tout sur des cœurs libres. Sa royauté n'est pas de ce monde: elle ne remplace pas les structures politiques, elle ne s'impose ni par la force ni par l'asservissement des consciences. La royauté de Jésus, c'est le rayonnement universel de sa parole, c'est l'illumination de chaque cœur de croyant, c'est l'incendie de la charité jusqu'aux confins de la terre, à commencer par l'incendie de notre cœur, où tout doit prendre feu "pour la gloire de Dieu et le salut du monde".

Père Jean Lévêque (Carme) 

http://bibleetviemonastique.free.fr/lu233543.htm 



samedi 22 novembre 2025

Liturgie de la Parole 33e samedi TO-I

Lectures : 1 Martyrs d’Israël 6,1-13 ; Psaume 9 ; Luc 20, 27-40

Ouverture

Nous faisons mémoire de sainte Cécile, martyre, patronne des musiciens. La vie donnée sans jamais la reprendre, à la manière d’un parfum très précieux, à la manière d’un chant de louange…
Il sera question de mariage, de fécondité, de résurrection dans l’évangile. Mais Jésus remettra nos pendules à l’heure à propos de notre image de la résurrection. Il sera aussi question de mort dans la 1ère lecture. La mort du persécuteur, du tyran arrogant, aveuglé par sa convoitise et finalement terrassé par son propre égoïsme, puisque le texte suggère qu’il meurt de dépression de n’avoir pas obtenu tout ce qu’il voulait, de s’être heurté à des résistances inattendues, d’avoir fait l’expérience de ses limites. Il ne s’en est pas remis ! On aurait tendance à dire : « c’est bien fait ! ». Ou comme le dira le psaume : « Ils sont tombés, les méchants, dans la fosse qu’ils creusaient ; aux filets qu’ils ont tendus, leurs pieds se sont pris ». Mais est-ce que vraiment, il y a lieu de se réjouir ? L’auteur biblique suggère que sur son lit de mort, Antiocos aurait fait une expérience de conversion, de regret, qu’il aurait en quelque sorte reconnu la supériorité du peuple d’Israël et de son Dieu. Un bon larron ? Nous précède-t-il au paradis ? Laissons-nous surprendre par la Parole de Dieu qui nous atteint à travers les Écritures.


Résonances

La résurrection : un sujet clivant. Au temps de Jésus, deux partis s’affrontent sur ce point (Pharisiens contre Sadducéens). Dans la Bible, on voit que la foi en la résurrection des morts apparaît tardivement, dans le contexte des persécutions (2ème siècle), notamment dans le cadre du soulèvement des Maccabées. Mais si on lit attentivement les textes plus anciens, on peut déjà discerner des indices d’une foi en un Dieu qui peut nos sortir du shéol, un Dieu qui fait mourir et vivre, un Dieu des vivants. Les Sadducéens s’en tiennent au Pentateuque, et encore à une lecture littérale du Pentateuque. D’après eux, il n’y est pas question de résurrection des morts. Mais il y a la loi du lévirat (Deutéronome), qui autorise un homme à épouser sa belle-sœur, si celle-ci est veuve et sans enfant, afin de susciter une descendance à son frère défunt. L’idée de vie après la mort est don liée à la procréation : on se survit à travers sa descendance. Cette loi est tombée en désuétude au 1er siècle. Elle est néanmoins utilisée par les Sadducéens pour démontrer l’absurdité de la croyance en la résurrection.


Mais c’est quoi, cette croyance ? L’image de la résurrection que les Sadducéens persiflent est « une conception matérialiste situant souvent celle-ci avant la venue du règne messianique, avant le Jugement dernier. Le retour à la vie permet alors aux défunts des générations antérieures d’avoir part à ce Règne, à tous d’être jugés. Dans cette ligne, certains Pharisiens affirment que l’humanité ressuscitée disposera d’une fécondité exceptionnelle. Rabban Gamaliel affirmera, autour de l’an 90 : ‘Viendra un temps où la femme enfantera une fois par jour’, donnant pour preuve que les poules pondent quotidiennement (Talmud, Shabbat 30 B). Un autre rabbi ira jusqu’à estimer, vers 150, que chaque Israélite aura autant de fils qu’il y eut d’Israélites à sortir d’Égypte lors de l’Exode, soit 600 000… Bref, la résurrection est conçue comme une réanimation du corps, auquel sont prêtées une fécondité merveilleuse et une reprise des activités terrestres »(1).


La réponse de Jésus aux Sadducéens est donc aussi une réponse aux Pharisiens. Jésus répond en deux temps : 1. Il conteste la conception de la résurrection comme un temps de procréation à l’infini, conception que les Sadducéens contestent aussi. 2. Il montre par une citation de l’Exode qu’on peut trouver dans le Pentateuque des traces d’une foi en la résurrection. Ainsi, en fait, il donne tort aux deux et il donne raison aux deux.


« Maître, tu as bien parlé ».


Et nous, comment voyons-nous la résurrection ? « S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité, et si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide et vide aussi votre foi ! » (1 Corinthiens 15, 13-14). Si nous n’y croyons pas, notre foi est vaine, vide. Et pourtant… il y a un abîme entre croire et comprendre. Affirmer notre foi en la résurrection, c’est se tenir sur le seuil d’une porte ouverte. Il ne s’agit pas de comprendre, mais de savoir, d’un savoir qui relève de l’expérience. L’expérience d’un vide qui n’est pas fermé (comme une impasse), mais ouvert et lumineux (comme un horizon). L’expérience d’un choix d’espérance.

Sœur Marie-Raphaël le 22 novembre 2025


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(1) Hugues COUSIN, L’évangile de Luc. Commentaire pastoral, Paris, Centurion, 1993, p.270.

vendredi 21 novembre 2025

Liturgie de la Parole 33e vendredi TO-I

Lectures : 1 Martyrs d’Israël 4, 36-37.52-59 ; cantique AT 4: 1 Chroniques 29, 10, 11abc, 11de-12a, 12bcd ; Luc 19, 45-48
Brigitte a suivi "Prions en Église" et les lectures propres au 21 novembre: Zacharie 2,14-17; Psaume 44; Matthieu 12,46-50

Introduction

Présentation de la bienheureuse Vierge Marie au Temple.
L’Église d’Orient a célébré dès le VI siècle cette fête où Joachim et Anne présentent au Temple la jeune Marie. La liturgie souligne aujourd’hui que Marie est elle-même le Temple du Très-Haut par sa qualité de Mère de Jésus, notre Seigneur. Chaque lecture va nous aider à accueillir le cheminement de Marie et son futur fiat lors de l’annonciation. C'est-à-dire son « oui » qui change le monde. 
Cette fête de la présentation de Marie au Temple nous rappelle que toute vie est un don qui peut porter du fruit lorsqu’elle est confiée à Dieu.
Bon temps de prière et de réflexion.


Méditation 

« Réjouis-toi, fille de Sion ; voici que je viens » Pouvons-nous, nous aussi recevoir cette phrase ?
Aujourd’hui c’est une fête de joie, de lumière et d’offrande.
Un geste familial où des parents déposent leur fille dans les bras du Père.  Une histoire de foi, un mystère spirituel dès l’enfance. Marie va se laisser façonner par Dieu. Sa vie va être un oui continu qui trouvera son sommet dans l’Annonciation.
Comme Marie, nous sommes invités à offrir ce que nous avons de plus précieux, notre cœur, nos talents, notre vie, notre oui au Seigneur.
Que dire du magnificat : L’ouverture du cœur de Marie. Marie laisse Dieu respirer en elle. L’Esprit de Marie entre en jubilation profonde, une joie fine venant de la « Source ». Vidée d’elle-même Dieu peut descendre. Renversement intérieur. Le Magnificat décrit en fait un travail intérieur. C’est un chant d’éveil spirituel où ce donne la grandeur de Dieu, son humilité, sa fidélité, l’accomplissement  des promesses  faites à Israël. « Il » nous donne son Amour.
‘’Marie première en avant de tout’’.
Et dans l’Évangile de Matthieu: Étendant la main vers ses disciples, Jésus dit « Voici ma mère et mes frères ».
Je ne pense pas que Jésus rejette sa famille. « Il » révèle une autre famille, celle qui naît de l’accueil de la Parole de Dieu. Comme Marie a fait naître Jésus dans son corps, dans son cœur, nous sommes invités comme Marie à nous laisser façonner par la « Parole ».
Sommes –nous disponibles ? Avons-nous comme Marie une âme de désir, de désir à infini ?
La suite de ma réflexion vient  des notes du père Florin Callerand : Il dit : « Quand Marie regarde en elle et écoute ce qui monte du plus profond qu’elle ne peut voir - car elle n’est pas sa propre source à elle-même -, elle découvre que quelqu’un la précède et la fait exister. Il lui donne en partage ce qu’Il est. Elle sent son cœur dire ‘’merci’’ et comme sautant à sa rencontre, par dedans ! Elle voudrait dans un baiser Lui rendre la respiration qu’Il fait monter en elle… son cœur chante. »
‘’Mon âme exalte le Seigneur,
mon souffle s’est rempli d’allégresse…
car son regard s’est arrêté
sur la pauvreté de sa servante…’’
Marie ne peut connaître réellement son Dieu qu’au travers d’elle-même, selon ce qu’Il fait d’elle, en lui donnant d’être elle-même. Elle s’éprouve elle-même comme une personne intelligente, libre, sensible, claire, pure, joyeuse, courageuse. J’aime à songer que Marie, sans fausse humilité ni pudeur, aimait à faire l’inventaire des splendeurs de vie dont son Créateur lui faisait cadeau. Si Marie a une représentation de Dieu, c’est bien d’après le chef d’œuvre que Dieu fait d’elle. André Rochais disait  ‘’le chemin de l’être est le chemin de Dieu’’.
C’est en regardant en nous même, en notre intériorité que nous pouvons trouver le chemin de Dieu. Nous tourner ainsi vers le monde et donner vie.
Alors Marie, un guide intérieur ? Une lumière qui me précède ? Un souffle de douceur ? Quel est la place de Marie dans ma vie ?
Marie, toi qui marche devant sans bruit, toi dont la douceur ouvre les chemins cachés, guide mes pas vers la ‘’Source’’ où l’Esprit murmure.
De Florin Callerand :
‘’Marie en avant de tout’’
Le baiser à la terre
Marie est cette personne-là qui a découvert que le ciel donnait un baiser à la terre.
Et quel baiser !
Ce baiser, elle en a fait Quelqu’un : Le Fils de Dieu Lui-même, habillé de sa propre chair !


Brigitte le 21 Novembre 2025 mémoire de la Présentation de Marie au Temple



jeudi 20 novembre 2025

Liturgie de la parole 33e jeudi TO-I

Lectures : 1 Martyrs d’Israël 2,15-29 ; Psaume 49 ; Luc 19,41-44

Introduction

Dans la lecture du livre des martyrs, les envoyés du roi proposent à Mattathias de renier sa foi afin d'être ami du roi et comblé d'argent, d'or et de cadeaux nombreux mais Mattathias refuse et invite tous ceux qui soutiennent l'Alliance à sortir de la ville et à le suivre.
Dans l’Évangile de Luc, Jésus pleure sur Jérusalem parce qu'elle n'a pas reconnu ce qui donne la paix ni le moment où Dieu la visitait.
Pour entrer dans cette célébration, en ce jour, dans notre Jérusalem, chantons les psaumes en louant Dieu.

Après l’Évangile


Les Juifs sont oppressés par le roi qui voudrait les faire renoncer à leur foi. Mattathias dit « Nous n'obéirons pas aux ordres du roi, nous ne dévierons pas de notre religion, ni à droite ni à gauche ». Même si ça part d'une bonne intention, cette intransigeance le conduit à la violence, à commettre un meurtre. Il laisse monter en lui la colère et égorge l'homme, un frère, qui voulait devenir apostat... Fallait-il en arriver là ? Ne pouvait-il pas partir dans la montagne avec ses fils sans devoir tuer pour respecter l'alliance de ses pères ? Il n'a pas compris,  il n'a pas reconnu ce qui donne la paix.
Alors, Dieu se fait homme. Son Fils, Jésus apporte la paix, Il annonce la bonne nouvelle, mais quand il arrive près de Jérusalem, « voyant la ville, il pleure sur elle , parce qu'elle n'a pas reconnu celui qui donne la paix ».
Jérusalem était « trop affairée, trop satisfaite d'elle-même, elle se sentait tranquille et n'avait pas besoin du Seigneur, du salut. Elle ne voulait pas de problèmes » a dit le pape François. Il y a plusieurs sortes de guerres, on n'a pas toujours besoin d'armes pour faire la guerre, nos paroles peuvent être assassines...
Ainsi, Jésus pleure parce que nous avons préféré la voie des guerres et de la haine.
« Nous approchons de la fête de Noël, la naissance du Prince de la paix, il y aura des lumières, des guirlandes et aussi des crèches, mais tout est faussé dit encore le pape François, le monde continue à faire des guerres ». Le monde n'a pas compris, n'a pas reconnu la voie de la paix 
Aujourd'hui, la guerre continue un peu partout dans le monde. Que restera-t-il de cette guerre que nous sommes en train de vivre entre Israël et les Palestiniens de la bande de Gaza? Des ruines, des enfants traumatisés, de la haine... Jésus a dit « heureux les artisans de paix » donc ceux qui font la guerre sont maudits ? Il n'y a pas de justification à une guerre, et Jésus pleure parce que ce monde n'est pas artisan de paix. 
« On ne comprend pas la route de la paix, on n'a pas écouté la proposition de paix de Jésus et c'est pour cela que Jésus a pleuré et qu'il pleure encore aujourd'hui »
Et nous ? Avons-nous reconnu ce qui donne la paix ? Reconnaissons-nous les moments où Dieu nous visite ? Sommes-nous contents de nous ? Non, bien sûr, pas toujours. Nous reconnaissons nos incapacités, mais, culpabiliser à l'extrême nous empêchera de progresser. Dieu nous veut debout, il est à nos côtés et il est patient.
Tout d'abord, quel est ce message de paix demeuré caché à nos yeux ? Quels sont ces moments où Dieu nous visite ? Peut-être dans nos échecs personnels, notre immobilisme ? « C'est le temps de détresse et d'angoisse qui est vraiment le temps de la visite de Dieu dans nos vies, au même titre que ces temps de plénitude qui nous bâtissent dans la louange et la reconnaissance »(1)
Nous nous sentons en sécurité dans les choses que nous pouvons gérer or nous ne pouvons contrôler les visites surprises de Dieu. 
Aujourd'hui encore, Dieu frappe à la porte de son Église, et si la porte ne s'ouvre pas, il pleure... Prions pour que le monde retrouve la capacité de pleurer pour ses crimes.

Invitation au Notre Père

Le Christ nous a appris les paroles, il nous invite à te prier en t'appelant Père

Prière de conclusion

Seigneur, tu frappes à la porte. Aide-nous à reconnaître  les moments où tu nous visites.
Viens nous déranger de nos confinements, de nos replis.
Toi qui as pleuré sur Jérusalem, viens au secours de nos portes fermées.
Tu nous donnes ta paix, nous te rendons grâce !
Loué sois-tu ! Toi qui vis et règnes maintenant et pour les siècles des siècles.

Danièle le Jeudi 23 novembre 2023


Inspirations
Homélie du Pape François
(1) Père Olivier de Framont (Jésuite)

mercredi 19 novembre 2025

Liturgie de la Parole 33e mercredi TO-I

Christ, Présent à notre présence


Lectures
: 2 Martyrs d’Israël 7,20-31 ; Psaume 16 ; Luc 19,11-28

Méditation

Jésus raconte la « parabole des mines », qui nous est proposée en ce jour, pour au moins deux raisons : la première, dans la suite immédiate de ses paroles à propos de Zachée : « Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison ». La seconde, à cause de la déduction illusoire portée par ses auditeurs : « Eux se figuraient que le règne de Dieu allait se manifester sur le champ ».
« Un homme de haute naissance se rendit dans un pays lointain pour se faire investir de la royauté ». Qu’apprenons-nous d’entrée de jeu ? Que le futur roi de ce peuple s’en va pour « un pays lointain », comme le fils cadet de cet homme d’une autre parabole : curieuse mise en perspective de Jésus (futur roi) et du prodigue de Luc 15 !
Retenons que cet homme de haute naissance s’en va : il s’absente et cet absent est roi. Et il confie son autorité à des serviteurs à travers le don des « mines » qu’il ne reprendra pas mais dont il attend des fruits. Autrement dit : en l’absence du roi, et jusqu’à son retour, à nous de jouer, selon ce que nous avons reçu et entendu.
Nous le comprenons, il ne s’agit pas de rentabilité : tout se joue sur une affaire de présence au don et à la parole confiés.
Le cas du troisième serviteur est éclairant : « Voici ta mine » ! Je te la rends, je suis quitte et soulagé, je n’ai rien perdu, en fait « j’avais peur de toi… ».
Cet homme n’est pas présent à lui-même, ni au don et aux paroles qui lui conféraient identité et responsabilité. Et le jugement radical qu’il subit ne sort pas de la bouche du roi mais de ses propres paroles inconsistantes de serviteur absent de lui-même.
A ceux qui s’illusionnent sur l’immédiateté de la venue du Règne de Dieu, la parabole révèle que ce n’est pas pour demain, même dans un futur immédiat, mais pour maintenant, dans le courage d’être, dans la responsabilité risquée, dans l’aujourd’hui du salut qui vient nous visiter.
Et il ne s’agit pas de rejoindre le Roi absent au loin et demain mais de nous disposer à sa venue, dans sa Présence à notre présent, toujours inattendue, sans cesse désirée.

Sr Frédérique Carmel saint Joseph 16 novembre 2016 

https://www.carmelsaintjoseph.com/sermons/luc-1911-28/ 

mardi 18 novembre 2025

Liturgie de la Parole 33e mardi TO-I

Lectures : Martyrs d’Israël 6,18-31 ; Psaume 3 ; Luc 19,1-10

Méditation 

Zachée désire voir Jésus, mais la foule lui fait obstacle. Y a-t-il autour de nous des personnes qui nous empêchent d’avoir accès au Christ, qui sont pour nous comme un écran à cette rencontre ?
Zachée, malgré sa petite taille, persévère dans sa quête : il cherche par tous les moyens à voir
Jésus et monte sur un sycomore. Y a-t-il des personnes qui m’ont porté pour arriver à Jésus ? Sur les épaules de qui suis-je monté pour connaître et rencontrer Jésus-Christ ?
La rencontre avec Jésus se produit dans un bel échange de regards : Zachée, qui est habitué
à être regardé de haut, découvre un autre regard, celui de Jésus, qui ne l’abaisse pas. Ai-je conscience que le regard de Jésus me rehausse, qu’il ne m’écrase jamais ?
Bien plus, Jésus interpelle Zachée et veut se faire tout proche de lui, en allant dans sa maison.
Ai-je conscience de cette proposition de Jésus pour moi aussi : « Aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer dans ta maison » ? Ai-je perçu la nécessité, l’urgence d’accueillir Jésus dans ma vie, de me laisser rencontrer ?
Zachée s’empresse de répondre à la proposition de Jésus et il est rempli de joie, parce qu’il s’est senti « sauvé ». Ai-je déjà goûté cette joie de la proximité de Jésus, de sa présence bienveillante qui ne condamne jamais ? Ai-je compris que le « salut » consistait précisément dans cette relation avec la personne de Jésus ?
La foule continue de faire obstacle à la rencontre de Zachée avec Jésus, en critiquant le choix de Jésus d’aller chez un homme de mauvaise réputation. Mais Jésus n’est-il pas venu précisément pour « chercher et sauver ce qui était perdu » ? A quoi cela peut-il faire référence dans ma propre vie ? Qu’est-ce qui a besoin d’être guéri et sauvé dans mon existence ?
Cette miséricorde de Jésus, que Zachée expérimente, pousse ensuite ce dernier à faire un geste de générosité exceptionnelle. Nous reconnaître pécheurs mais pardonnés par Jésus nous conduit à changer de vie, et à en témoigner par des actes de bonté envers les autres… C’est la logique de la miséricorde, où rien n’est forcé, rien n’est obligatoire, mais tout est fait gratuitement et par amour, en réponse à la miséricorde de Jésus…


Père Édouard GEORGE 

(DIOCÈSE DE PONTOISE Commentaire biblique et spirituel - Luc 19, 1-10 : Zachée Page 3 / 3 

https://www.catholique95.fr/images/jubile/1505docs_jubile/fiches/commentaire_Luc_19_1-10_Zach%C3%A9e.pdf


lundi 17 novembre 2025

Liturgie de la Parole 17 novembre fête de la dédicace de l'Eglise de notre monastère

Lectures : 2 Chroniques 5,6-8.10.13-6,2 ; Psaume 45 ; Éphésiens 2,19-22 ; Matthieu 16, 13-19

Méditation

Dans quelques heures il y a aura exactement 25 ans (texte écrit en 2011: en 2025 cela fait donc 39 ans ) que le bloc de pierre que nous avons coutume de voir en ce lieu, est devenu autel pour le service de la liturgie. Et à cette occasion l’église de ce monastère toute fraîchement repeinte, qui avait déjà été consacrée par les années de prière de nos sœurs, a été elle aussi consacrée par ce rite appelé dédicace !
Belle occasion pour nous aujourd’hui, de rendre grâce, belle occasion de reprendre conscience s’il en était besoin de ce que représente un lieu consacré.
En christianisme, il n’y a aucune magie, aucune mainmise sur Dieu, qui ferait qu’au bout d’une recette connue de quelques druides  ou sorciers, Dieu serait rendu présent.
Notre Dieu est le Dieu des grands espaces, comme le chante Noël Colombier. Notre Dieu est souverainement libre de se manifester comme il l’entend, et de résider où il l’entend ! Et merveille, il choisit de venir à notre rencontre.
Au livre des Chroniques, le récit de la montée de l’arche d’alliance dans le temple édifié par Salomon, est assez cocasse. Des chants, des danses, des sacrifices… on a tout bien organisé, et les prêtres s’apprêtent à une liturgie grandiose… mais voilà que Dieu vient remplir le temple d’une telle nuée que les prêtres sont obligés d’interrompre le culte ! Le culte est un des chemins de l’homme vers Dieu, non un absolu ! Et surtout pas une mainmise sur Dieu. Et quand Dieu se manifeste, le culte qui n’était que sacrement s’interrompt… le sacrement n’est plus nécessaire pour dire la présence puisque Dieu lui-même est là !
Autre révélation de ce texte des Chroniques : le temple va abriter l’arche de l’alliance. Le texte des Chroniques prend soin alors de préciser qu’il n’y avait rien dans l’arche, sinon les tables de la loi. Il n’y avait rien, autrement dit, n’allez surtout pas croire qu’on y a enfermé Dieu, pour vous le rendre accessible… comme prétendaient les auteurs spirituels du XIXème siècle qui nommaient Jésus le divin prisonnier de nos tabernacles ! [1]
Non, les pierres sont là, les autels sont là, les lieux consacrés au Seigneur sont là en simples signes qui nous rappellent, chacun à leur manière : souviens-toi, il y a Dieu et cela suffit ! Souviens-toi il y a Dieu, et en rejoignant le peuple qui se rassemble en ce lieu, tu es appelé à former le corps du Christ. Tu es appelé à lui offrir l’espace de ta vie, comme nouvelle crèche pour une nouvelle incarnation.
St Paul dit aux Éphésiens qu’ils ne sont plus des étrangers, des gens de passage, mais qu’ils sont maison de Dieu. Où est Dieu ? non point tant dans nos temples de pierre, que dans ces temples de chair que nous sommes ; et la marque de la présence de Dieu, est que tous sont accueillis, qu’il n’y a plus d’étranger… nous serons véritables maison de Dieu, lorsque nous ne manierons plus l’exclusion, le rejet, lorsque nous servirons la communion. Célébrer la dédicace de cette église c’est nous rappeler ce projet que Dieu a avec nous, et cette tâche qu’il nous confie : il  souhaite faire de nous son corps ! Il  désire nous tisser en communion, avec lui, avec ceux et celles qui passent en ce lieu, avec ceux et celles qui en d’autres lieux ont eux aussi accueilli ce rêve de notre Dieu.
Ce jour est votre fête, ce jour est fête de la communion qui se tisse toujours plus profondément entre toute l’humanité dans laquelle Jésus un jour s’est incarné et dans laquelle le ressuscité reste sans cesse présent. 

Sr Myrèse écrit le 17 novembre 2011

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[1] par exemple : J.?M. Buathier, dans Le Sacrifice, Paris, 1885 (6° édition) : enseveli comme un mort dans le suaire des espèces (p. 123), le divin, prisonnier du ciboire (p. 147). Ou le Bienheureux J Eymard (La divine Eucharistie. Extrait des écrits et des sermons du T. R. P. Eymard, 1ère série, la présence réelle. Tourcoing, 1871; 10 édition, 1887 : le Prisonnier d’amour : il lui est impossible de briser ses liens, de quitter sa prison eucharistique; il est notre prisonnier pour jusqu'à la fin des temps !... (p. 85).  Voir l’article du Père A.M. Roguet : LES A?PEU?PRÈS DE LA PRÉDICATION EUCHARISTIQUE
(Extrait de « La Maison?Dieu », page 179?190)



dimanche 16 novembre 2025

Liturgie de la Parole 33e dimanche année C

Lectures : Malachie 3,19-20a ; Psaume 97 ; 2Thessaloniciens 3,7-12 ; Luc 21, 5-19

Méditation 

Voici un texte au premier abord plutôt rebutant, il y est question de tremblements de terre, guerre, persécutions… Comment le comprendre pour qu’il ait sens dans notre aujourd’hui ?
Clarifions déjà plusieurs points : - il ne s’agit pas de prendre ce texte au pied de la lettre. Si preuve en faut, nous lisons : « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu ! » et pourtant, depuis notre naissance, nous avons quand même perdu beaucoup de cheveux !


Jésus utilise le style des prophètes avant lui : il ne prédit pas l’avenir de façon exacte, ses discours ne sont jamais des prédictions mais des prédications. Ce genre de discours est fait pour nous aider à surmonter les épreuves du présent, à garder confiance.
Il ne s’agit pas non plus de chercher dans le texte des précisions sur les dates ou les modalités du Royaume. Jésus ne répond pas à ces questions. Il invite au contraire à « ne pas se laisser égarer », ne pas se tromper de question.

 
Au départ, les disciples admirent la beauté du temple, « orné de belles pierres et d’ex-voto ». C’est vers ce bâtiment, construction humaine, qu’est tourné leur intérêt. Jésus les ramène à l’essentiel : ce n’est pas cette apparence qui est importante, cela sera détruit.
Toutes nos constructions humaines -même au service de la foi- ne sont pas des fins en soi. Un jour « il n’en restera pierre sur pierre ». Et là, on sent l’affolement des disciples : « Quand donc cela arrivera-t-il ? quel sera le signe ? » Et l’on comprend, car toutes ces réalités humaines nous sont des points d’appui.
Le Temple pour les juifs est lieu central de leur relation à Dieu. Il y a plusieurs synagogues, mais il n’y a qu’un seul Temple, il est le lieu de la présence de Dieu parmi les hommes.


Que reste-t-il quand tous nos repères et sécurités tremblent, à la fois dans le monde, dans notre entourage et peut-être en nous-même ? Quand la guerre est à Gaza, en Ukraine, au Soudan, que l’on voit l’impact du changement climatique, que toutes les crises s’accumulent et que sont peut-être ébranlées aussi nos certitudes ? quand le monde et nous-mêmes pourrions dire : mais où donc est Dieu ? mais où est-il ton Dieu ? Que reste-t-il quand le monde et notre terre intérieure tremblent et s’ouvrent
sous nos pieds ?


« Ne vous affolez pas, dit Jésus. Ne vous laissez pas égarer. N’allez pas suivre n’importe qui. Et ne cherchez pas non plus à trouver par vous-même une défense. »


Acceptons-nous, à ce moment, de ne pas plaquer un savoir, une parole-paravent, mais au contraire d’être confronté au vide, à l’absence. C’est au cœur de ce dénuement que surgit une sagesse, que le souffle fin de Dieu témoigne au cœur de nous. Quelle lumière, peut-être tremblante, se montre, naît au plus noir de nos nuits ? Une Sagesse plus forte qu’adversaires et adversités, à laquelle rien - d’abord en nous-même- « ne pourra résister ni s’opposer ». Une Sagesse qui n’est pas une morale mais Souffle de Dieu. (La Sagesse est figure de l’Esprit Saint dans la Bible).
Et nous trouverons la vie dans ce chemin de persévérance, de patience, gardant au cœur cette lueur qui se sera fait jour au milieu du tourment.

Véronique SOULARD – Laïque - Paroisse St Jacques en Gâtine le 16 novembre 25

https://www.paroissesaintjacques79.fr/wp-content/uploads/2025/11/semaine-202546-commentaire.pdf 

samedi 15 novembre 2025

Liturgie de la Parole 32e samedi TO-I 

Accueil : Sagesse 18, 14-16

Jésus nous invite à prier, à prier sans relâche ; plus encore quand nous sommes dans la lassitude, le doute et le découragement.
La première lecture tirée du Livre de la Sagesse nous y éveille.   Peut-être avons-nous du mal à comprendre ce que la Sagesse nous enseigne !  Et pourtant !
A bien entendre, la Sagesse nous apprend que, de nos nuits sombres « ta Parole toute puissante surgit » de telle sorte que, « contemplant les admirables prodiges de Dieu » « nous soyons gardés indemnes ». 
« Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-il à leur égard ? »

Méditation : Luc 18, 1-8


Au-delà de ce que nous pouvons vivre personnellement il y a le contexte mondial, qu’il soit économique et politique, écologique ou sociétal, il nous donne mille raisons de se décourager. La parabole de Jésus tombe à pic pour illustrer la nécessité de persévérer dans la prière… surtout quand la tristesse, la souffrance, les difficultés diverses et multiples nous submergent.
Prier, pas seulement pour nous-mêmes mais aussi pour ceux qui nous sont chers ; Pas seulement pour ceux qui nous sont chers mais davantage encore pour ceux que nous voyons subir l’injustice, la maltraitance, l’humiliation.   Nous avons des besoins et des besoins, beaucoup d’attentes qui, souvent, semblent ne trouver aucun écho chez Dieu que nous prions. C’est difficile d’avoir l’impression de ne pas être entendu et vivre le sentiment de se sentir abandonné.
Heureusement, nous croyons - ou pouvons croire - que Dieu n’est pas ce juge partial décrit dans la parabole, un juge inique et injuste. Dieu est la justice même, il a le souci de chacun de nous et du bien commun.  En particulier des plus faibles, des plus vulnérables comme cette veuve qui illustre la fragilité et la dépendance sociale. 
Elle représente ceux et celles qui sont à la merci de ceux qui détiennent le pouvoir, surtout le pouvoir politique et économique.  C’est bon et réconfortant de voir la solidarité exister là où on ne l’attend pas nécessairement – Cap 48, 11.11.11, les îles de paix, le soutien à la recherche contre le cancer, les maladies auto-immunes, le Télévie, ATD quart monde, SOS enfants, les repas du cœur, et tant d’autres qui sont la concrétisation, la réalisation de la prière où le geste est joint à la parole. La Parole de Dieu est sur notre bouche et ses mains dans les nôtres. Prier c’est porter à bout de bras celles et ceux pour qui nous prions.
Si nous voulons ne pas baisser les bras dans nos combats contre les injustices qui défigurent l’humanité, nos combats contre les maladies, nous pouvons dans le silence, faire une place à Dieu dans la prière.  Quand nous le prions avec foi il nous donne sa force, sa vie, son intuition, son audace, sa persévérance pour que nous puissions réaliser ce que nous lui demandons, nous donner d’oser y croire car Dieu croit en nous plus que nous-mêmes.
Même si nous avons du mal à le voir, la parabole nous dit que la logique de la puissance, la logique du pouvoir est anéantie par notre persévérance dans la prière et dans nos actes.  La prière et nos actes opèrent une transformation en nous – et je crois que cette transformation est la réponse de Dieu – et c’est pour cette raison que nous devons persévérer.  La veuve venait « constamment » avec sa demande auprès du juge, nous dit la parabole, quitte à lui casser les oreilles !
Il nous arrive d’avoir le temps long parce qu’on est habitué à vouloir des résultats tout de suite. Les contraintes du temps et de l’espace font parties des contingences humaines ; Pour le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour. Pour cette raison Dieu ne tarde pas. Confiance.


Invitation au Notre Père : 

A l’invitation de Jésus et en toute confiance, adressons notre prière à Dieu, Notre Père…

Raymond le 15 novembre 25


vendredi 14 novembre 2025

Liturgie de le Parole 32e vendredi TO-I

Lectures : Sagesse 13,1-9 ; psaume 18a ; Luc 17,26-37

Homélie 

      Chaque verset de l'évangile, pris isolément, peut être une source inépuisable de méditation. Chaque passage mérite qu'on s'y arrête. Cependant, il y a des paroles qui prennent tout leur sens quand on les remet à leur place. À l'occasion, d'ailleurs, la même phrase peut signifier deux choses différentes dans deux contextes distincts. Matthieu et Luc, tout particulièrement, n'exploitent pas toujours de la même façon les matériaux qu'ils ont sous les yeux.
      
      L'évangile de ce jour est assez secouant et je ne voudrais pas vous empêcher de vous laisser secouer. C'est peut-être de cela que vous avez besoin aujourd'hui. Mais il me semble qu'il est bon de ne pas oublier qu'il est la suite de celui d'hier et que le propos de Jésus se prolonge dans celui de demain.
      
      Le point de départ est une question des pharisiens : quand viendra le règne de Dieu ? La réponse de Jésus est assez longue et ne s'achève pas sur ce rassemblement de vautours. Il y ajoutera demain la parabole de la veuve casse-tête, dont la conclusion est que Dieu est pressé de venir pour établir son Règne, qu'il n'attend pas pour le plaisir de nous faire attendre, mais aussi que s'il venait aujourd'hui, il serait désolé de ne pas nous trouver prêts. Le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? 
      
      Autrement dit, la question nous est renvoyée. Quand viendra le Règne de Dieu ? 
      – Aujourd'hui, pourvu que vous le fassiez venir. Le Règne de Dieu est au milieu de vous, en vous. Il est entre vos mains. C'est à vous de le mettre au monde. 
      – Mais, Seigneur, c'est trop grand pour moi. Le monde est immense, les sociétés sont compliquées, nos moyens sont dérisoires. Comment veux-tu que nous puissions faire advenir ton Règne, alors que des dizaines de générations se sont succédé sans y parvenir ? Nous ne pouvons compter que sur toi. Fais venir ton Règne !

    Dieu nous répond : "Pas sans toi." Et il ajoute probablement la phrase de Rabbi Tarfon, au deuxième siècle : "Il ne t'appartient pas d'achever le travail, mais pas non plus de t'y dérober tout à fait."     

    Et alors, si nous acceptons de prendre au sérieux cette réponse, notre prière peut renvoyer la balle à Dieu : "D'accord, je vais être l'artisan de ton Royaume. Je veux bien croire que la bonté d'une seule personne rend meilleure l'humanité tout entière. Mais, si je puis me permettre… pas sans toi."

Frère François de Wavreumont le 14 novembre 25


jeudi 13 novembre 2025

Liturgie de la Parole 32e jeudi TO-I

Lectures : Sagesse 7,22-8,1 ; Psaume 118 : Luc 17,20-25

Méditation

Quel bel éloge de la Sagesse nous présente la première lecture ! Nous pouvons y discerner et Jésus, et l’Esprit Saint. Si nous regardons Jésus tout au long de l’Évangile, nous le voyons en effet agir et réagir de cette manière. Toutes ces qualités attribuées à la Sagesse, Jésus les possède et les vit, sans écraser personne ni être écrasé. Il est le rayonnement de la lumière éternelle, le miroir sans tache de l’activité de Dieu et surtout l’image de sa bonté. . Rien de souillé ne peut l’atteindre et le mal ne peut rien contre lui, malgré les apparences. Quand il est dans une controverse, sa parole n’a pour but que d’obliger la personne en face de lui à se repositionner, à réfléchir si sa manière de voir est bien en concordance avec la bonté de Dieu révélée dans l’Écriture
De même l’Esprit habite le cœur des hommes et les renouvelle. Il est la respiration de Dieu, le rayonnement de sa lumière, même pour ceux qui ne le connaissent pas. Il pénètre et traverse toute chose -toute personne- à cause de sa pureté
La Sagesse, Jésus, l’Esprit Saint renouvellent l’univers…même quand cela ne se voit guère ! Ils se transmettent à des âmes saintes, des personnes mise à part non pour se séparer mais pour être témoins du don reçu, prophètes, et devenir de plus en plus des amis de Dieu, amis qui attirent les autres vers Dieu. 
Dieu n’aime que celui qui vit avec la Sagesse, cette phrase m’a gênée, car alors, et les autres ? Sont-ils rejetés ? N’est-il pas écrit un peu plus haut qu’il y a dans la Sagesse un esprit qui pénètre tous les esprits ? Personne n’est donc exclu de cette vie qui l’habite, même s’il ne le sait pas. Saint Justin (IIe siècle) a parlé de la semence du Verbe présente en chaque personne. Saint Athanase (IVe siècle) parlait du Verbe vivifiant chacun des êtres et tous les êtres à la fois(1). Le concile Vatican II a repris cette doctrine et lui a donné du poids dans la relation avec tous les hommes et femmes, quelles que soient leurs convictions (2). Dieu n’aime que celui qui vit avec la Sagesse, je vois encore ceci comme un appel, un encouragement, à cultiver l’intériorité, la relation avec Lui, pour que la vie semée en nous grandisse et porte du fruit en soi et autour de soi.

Ce que Jésus nous dit de la venue du règne de Dieu dans l’Évangile de ce jour, va dans le même sens : « La venue du règne de Dieu n’est pas observable. On ne dira pas : “Voilà, il est ici !” ou bien : “Il est là !” En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. » Il est au dedans de vous disent d’autres traductions.
Il est là, il agit, même quand nous ne nous en apercevons pas ou que nous croyons que tout va dans le sens contraire. Il est là en chaque personne de bonne volonté.
Mais ce règne n’empêche pas l’obscurité, l’épreuve. C’est un pèlerinage dans la foi, dans la confiance, dans l’espérance. Nous sommes en chemin, nous n’avons pas ces vertus dans notre sac à dos, mais elles nous accompagnent, parce que Jésus et son Esprit nous accompagnent sur la route, parfois cahoteuse, de la vie.
Jésus lui-même a connu l’épreuve, le rejet, la souffrance et la mort la plus ignominieuse des esclaves et des rebelles au pouvoir en place. Il a tout vécu et traversé par et dans l’amour. Amour pour nous, Amour pour son Père. 
Prions pour que cet Amour soit accueilli et illumine l’horizon d’un bout à l’autre, illumine tous les cœurs.


Introduction au Notre Père

Voici que le règne de Dieu est au milieu de vous : demandons au Père de faire advenir ce règne dans les cœurs, dans le monde, en chantant la prière reçue du Seigneur Jésus.

sr Marie-Christine le 13 novembre 25

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(1 )Voir https://www.leforumcatholique.org/print.php?num=640348 
(2) Résumé par Jean Paul II audience du 9 septembre 1998 : https://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/audiences/1998/documents/hf_jp-ii_aud_09091998.html 


 

mercredi 12 novembre 2025

Liturgie de la Parole 32e mercredi TO-I

Devenir merci (Luc 17, 11-19)

Lectures : Sagesse 6,1-11 ; psaume 81 ; Luc 17,11-19

Calligraphie de Sr M-Jean-©Hurtebise
Méditation

Dix hommes, dix lépreux s’approchent de Jésus. Ils s’arrêtent à distance. Ils crient : “Aie pitié de nous.” La lèpre n’est pas seulement une maladie, c’est la rupture du lien, en particulier du lien social. On ne touche plus. on ne vit plus au milieu des autres. Le cri de ces dix homme est celui de ceux qui n’ont plus le droit de s’approcher du temple...

Jésus ne les touche pas. Il les envoie : “Allez vous montrer aux prêtres.” Autrement dit : mettez-vous en marche. Et en cours de route, dit Luc, ils furent purifiés - guéris. Jésus laisse advenir la guérison dans la marche. Son autorité n’est pas celle du miracle, mais celle du souffle qui met en route. Le verbe grec katharizô — "purifier" — désigne le rétablissement du lien : ces hommes peuvent revenir parmi les vivants.

Et un seul, voyant qu’il est guéri, “revient en arrière” (hypéstrepsen). Ce verbe est capital chez Luc : c’est celui des disciples d’Emmaüs quand ils “reviennent à Jérusalem”. C’est le verbe du retournement intérieur, du demi-tour vers la source du don. 

Le Samaritain ne poursuit pas la réintégration sociale en premier lieu. Il revient, glorifie Dieu à pleine voix et se jette face contre terre aux pieds de Jésus en lui “rendant grâce” (eucharistôn). C’est la racine même du mot Eucharistie. Ce qu’il accomplit n’est pas un remerciement poli, mais un acte eucharistique : la reconnaissance du don et de sa source. Il est passé de la santé retrouvée à la relation retrouvée.

Les autres ont été purifiés ; lui, il est sauvé. La purification rend le corps à la société; le salut rend l’être à lui-même, dans la relation à Dieu. Cet homme s’est retourné sur ce qu’il vivait, il a perçu l’essentiel, il a reconnu le don. Il est relié. Et c’est là, dit Jésus, que se trouve sa foi.

Le miracle n’est pas tant d’avoir été guéri, mais d’avoir su revenir.

Seigneur, comme ce lépreux qui revient sur ses pas,
je voudrais reconnaître ce qui, en moi, a été rejoint.

Tu m’as simplement mis en marche. 
Et parfois, en chemin,
s’ouvre un lieu de rencontre,
sans que je sache comment.

Fais-moi la grâce de me retourner,
de ne pas continuer trop vite,
de m’arrêter là où le don a eu lieu.

Quand mes mots se taisent,
que ma vie seule te dise merci.

Isabelle le 12 novembre 25