Liturgie de la Parole 12e lundi TO-I
Méditation de Sœur Nicole Chahhoud du Carmel de saint Joseph
https://www.carmelsaintjoseph.com/sermons/matthieu-7-1-5-5/

C’est un pli à prendre!
Découvre le coeur de Dieu dans la Parole de Dieu ! (St Grégoire)
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C’est un pli à prendre!
Cet évangile a été commenté sur notre blog dans la partie sur Luc
voici les différents liens, suivis des commentaires de Sr Myrèse écrit en juin 2012
verset 11:http://partage-de-lectio.blogspot.be/2012/06/il-les-accueillit.html
verset 12: http://partage-de-lectio.blogspot.be/2012/06/le-jour-baisse.html
verset 13: http://partage-de-lectio.blogspot.be/2012/06/donnez-leur-vous-memes-manger.html
versets 14-15: http://partage-de-lectio.blogspot.be/2012/06/installez-les.html
sr Myrèse écrit le 23 juin 2012
verset 16: http://partage-de-lectio.blogspot.be/2012/06/il-les-rompit.html
verset 17: http://partage-de-lectio.blogspot.be/2012/06/tous-furent-rassasies.html
C’est un avertissement sur les difficultés de la mission des disciples : « Méfiez-vous des hommes » dit Jésus à ses disciples.
En ce qui concerne la compréhension des Ecritures et la manière de se comporter, Jésus instaure quelque chose de totalement nouveau.
Il sort du cadre. C’est un révolutionnaire dans l’âme et peut être perçu par certains comme un manipulateur de la Loi avec cet « enseignement nouveau » ; un enseignement inaudible et inacceptable pour ceux qui se prétendent détenteurs de la connaissance de la vérité. C’est un renégat, un blasphémateur. Ce qu’il enseigne et propose fait peur. Il scandalise non seulement les autorités religieuses mais aussi le peuple juif fidèle à la Torah
Ce que Jésus enseignait et signifiait en son temps est toujours valable pour nous aujourd’hui. Il annonce que la religion ne consiste plus à faire des choses prescrites, imposées et même dites sacrées par une loi externe, mais à le rencontrer avec Foi et Amour, lui, ce Fils en personne, Lui Jésus le Christ que le Père veut donner à tous les hommes.
Aujourd’hui encore, on voit comme c’est difficile de bousculer les normes établies, les convenances, les lois, en prenant le risque d’un changement audacieux. Alors, pour prévenir et éviter d’être perturbé par des changements novateurs, on sacralise, on met le pied sur le frein et on fait marche arrière. Derrière ce « on », il y a l’Église mais plus encore nous-mêmes.
Il y aura procès, persécutions et dissensions à l’intérieur même des familles, dit Jésus. St-Marc fait part de cette réalité au ch. 6 de son Évangile : « Jésus était pour eux une occasion de « chute ». Constat tragique évoqué par Jésus lui-même : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie, parmi ses parents et dans sa maison »
On pourra donc choisir d’être disciple de Jésus, on pourra choisir d’être chrétien mais c’est une exigence, un risque. Il pourra y avoir dans certaines familles des gens qui veulent demeurer juifs, chrétiens conformistes, et qui comprendront mal qu’un des leurs, un des membres de la famille devienne chrétien, disciple du Christ. Il y aura donc des délations, des divisions au sein de la famille parce qu’on se désolidarisera complètement de certains membres qui auront choisi la voie de Jésus.
Chez nous, dans nos familles ou autour de nous, le risque n’est pas de subir des sévices mais de subir des railleries. Finalement ce n’est pas bien grave. Dans de nombreuses contrées du monde le risque est grand d’être persécuté, emprisonné, exécuté et pour ces gens la parole de Jésus prend beaucoup de poids.
Il y a cependant quelque chose de fondamental dans ce que Jésus vient nous dire :
« Ne vous inquiétez pas de savoir ce que vous direz, ni comment vous le direz… Ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous »
Paul pétrit de son expérience dit cela de manière forte : « Laissez-vous mener par l’Esprit. L’Alliance nouvelle n’est pas celle de la pratique de la Loi mais celle des inspirations de l’Esprit. En effet, la lettre tue, l’Esprit fait vivre » 2Co 3, 6
Une seule chose est nécessaire, la meilleure part qui ne sera jamais ôtée. C’est cette part qui est pour nous de l’écouter, d’entrer en relation, de vivre avec lui dans l’élan de l’Esprit. St Paul insiste encore dans sa lettre aux Galates : « Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi sous l’impulsion de l’Esprit » Tout homme qui s’attache à Jésus par un cri de foi authentique se voit rempli de son Esprit. Cela se manifeste dans un accord permanent entre notre façon de vivre et ce que nous disons, le vécu précédant toujours la parole et l’écrit. Le Royaume de Dieu ne s’apprend pas, il se vit ! D’où la transformation de nous-mêmes pour devenir plus humain. Notre attachement, notre amitié et notre fidélité à Jésus donnent de la joie et enlève nos peurs. Cela ne s’impose pas, ça se vit. Quand je suis dans la difficulté ou la détresse, il y a Quelqu’un qui prend soin de moi.
Ce que Paul a entendu pour lui, nous pouvons l’entendre pour nous-mêmes. Nourris par la Parole de Dieu, Paix et douceur à vous en ce jour le plus long de l’année.
Raymond
en 2021
https://partage-de-lectio.blogspot.com/2021/06/liturgie-de-la-parole-11e-vendredi-to.html
Le « Notre Père ». Aujourd’hui, l’Église nous invite à reprendre conscience de la beauté de cette prière que Jésus nous a donnée, comme un héritage. Un jour, quelque part, ses disciples lui ont demandé une prière. Matthieu situe ce moment au cœur du sermon sur la montagne. C’est le cœur du cœur, le noyau dur, l’axe central de cet enseignement : Dieu est Père. Tout au long du sermon, il l’a répété sur tous les tons. Maintenant, il nous invite à le dire à notre tour. Le dire, le prier, pour intégrer au fond de notre être ce socle de notre foi.
Car notre façon de prier dit quelque chose de notre foi. « Dis-moi comment tu pries et je te dirai en quel dieu tu crois ». C’est vrai aussi dans l’autre sens : la façon dont tu pries va façonner en toi le regard que tu portes sur Dieu : ta prière façonne ta foi autant que ta foi façonne ta prière.
Si cela est vrai, c’est très fort de penser que la prière du Notre Père remonte à Jésus lui-même. En nous disant de prier avec ces mots-là, Jésus veut façonner en nous la foi en ce Dieu qu’il appelle « Père ».
Dans ce sens, on peut dire que le Notre Père est un symbole, tout comme le Credo est un symbole. C’est-à-dire un « objet » (ici un objet de paroles) extérieur, que nous partageons et dans lequel nous nous reconnaissons comme croyant en un même Dieu. Un signe d’appartenance, un signe de reconnaissance, qui nous fait dire : « ah oui, nous sommes du même corps ! »
Et ce qui est remarquable, c’est que ce symbole, nous pouvons le partager aussi avec nos frères juifs. Car c’est une prière typiquement juive. Et c’est aussi une prière très simple. Jésus l’introduit par ces mots : « quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés ». Et avant cela, il a dit aussi : « quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites. Ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient … » (évangile d’hier). De préférence, il faudrait se retirer dans une chambre solitaire et prier le Père qui est présent dans le secret. Mais quand on prie ensemble, il est bon d’avoir des mots communs, des mots qui font la communion autour d’une même foi.
Le Notre Père, c’est tout simple : un regard vers Dieu pour prendre acte de sa présence, le remercier, lui rendre grâce et souhaiter pour lui ce qu’il souhaite : que son Règne vienne. Puis trois demandes : le pain, le pardon et le soutien dans les épreuves inévitables de la vie. Tout est là.
Et de génération en génération, pour initier les enfants (ou les adultes) à la foi, on leur a transmis ces paroles. On les a déposées sur leurs lèvres pour qu’elles descendent dans leur cœur, pour mieux en remonter. C’est Jésus, c’est Dieu lui-même à travers Jésus, qui nous a donné ces mots pour le prier. Ainsi, cette prière a une dimension « sacramentelle ». Elle opère en nous ce qu’elle dit : elle nous transforme peu à peu en fils et filles de Dieu, elle nous conforme au Fils. Puissions-nous le vivre ainsi !
Sœur Marie-Raphaël
Une remise en question nous est proposée pour un changement important dans nos manières de penser, de vivre et agir. C’est-à-dire adopter des comportements en adéquation avec ce que les prophètes et Jésus nous révèlent dans les Ecritures.
Je ne considère pas que Jésus enseigne de telle façon que nous entendions ses paroles comme une leçon de morale mais je comprends cette nécessité de nous éveiller. C’est une attention bienveillante de quelqu’un qui tient à nous, de quelqu‘un qui nous veut du bien et qui a le souci de notre bonheur parce qu’il nous aime.
Ce que Paul écrit aux Corinthiens est le témoignage d’une réalité perçue par lui, pour lui et autour de lui. « Dieu peut vous combler de toutes sortes de grâces, afin que, possédant toujours en toutes choses de quoi satisfaire à tous vos besoins, vous ayez encore en abondance pour toute bonne œuvre. »
Ce dont il est question dans l’Évangile est une prolongation des béatitudes qui sont une invitation à aimer comme Dieu aime.
Jésus enseigne avec autorité : « On vous a dit, et moi je vous dis ». Autrement dit, il part de ce qui constitue la Loi pour l’élargir à « ce qu’il faut faire et comment agir pour devenir des justes » Respecter la Loi ne suffit pas.
Quand Jésus dit : « Heureux êtes-vous d’obtenir le Royaume des Cieux, vous qui avez une âme de pauvre, vous qui avez un cœur de pauvre » cela signifie que ce qui rend heureux ce n’est pas d’être pauvre mais d’obtenir le Royaume des Cieux et ceux qui l’obtiennent c’est justement parce qu’ils ont une âme de pauvre. L’autorité de Jésus vient de cette cohérence manifestée dans ses actes par rapport à ce qu’il enseigne. Il est le pauvre par excellence : il n’a pas de lieu où poser sa tête et il meurt nu sur une croix.
Jésus nous invite à aller plus loin, à aimer comme il nous a aimés : il explicite une manière de vivre la pauvreté et les autres béatitudes, une manière de vivre les béatitudes qui seule donne accès au Royaume de Dieu.
« Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer »
Avoir une âme de pauvre, un cœur de pauvre nous oblige à un retournement car devenir des justes est un chemin de conversion. C’est ce chemin qu’il nous est proposé de vivre en période de Carême. Il consiste à faire l’aumône, à partager mais aussi à prier et jeûner. Il est important de préciser en quoi cela consiste et surtout comment agir, comment être et pourquoi ?
On a vraiment besoin de comprendre et Jésus vient nous expliquer et nous éduquer, c’est-à-dire nous conduire hors de nos chemins habituels pervertis par nos envies de reconnaissance, nos besoins d’être apprécié et aimé même si nos actes généreux sont animés des plus belles intentions.
C’est un chemin de conversion exigeant qui fait appel à cette pauvreté nécessaire qu’est l’humilité. Nous sommes tellement enclins à nous positionner par rapport aux autres, à rechercher reconnaissance et gratitude par nos mérites que nous en venons à oublier la gratuité de l’amour qui nous met en mouvement, à oublier Dieu lui-même.
Nous avons déjà notre récompense dit Jésus. Alors, même si elle nous fait du bien nous voyons vite les limites qu’elle procure. Il y a une forme de satisfaction, de gloriole qui fond comme neige au soleil. Quand cette neige, cette crème chantilly a disparu, ce qui reste souvent est une forme d’aigreur. Une aigreur qui s’installe, conduit à la fatigue et la désillusion ; une aigreur qui parfois va jusqu’à nourrir les reproches.
Alors Jésus dit :
Tout se passe dans le secret et ce que je vois dans le secret je le rends dans la clarté. Il n’y a rien à prouver ni à montrer. Ce qui se vit dans le secret a valeur d’éternité. La vie, cette récompense qu’est la vie dans le Royaume de l’amour, elle est suscitée par le dedans et se déploie à notre profit et au profit de tous. C’est ce que Paul, avec son expérience et ses mots, vient dire aux gens de Corinthe : « Vous serez de la sorte enrichis à tous égards… Dieu augmentera les fruits de votre justice… car Dieu, de riche qu’il était s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté »
« Heureux êtes-vous de voir Dieu vous qui avez le cœur pur »
Jésus est un bon pédagogue. Il est aussi très clair : « Ecoutez-moi bien, dit-il, les prostituées et les corrompus entreront avant vous dans le Royaume car ce qu’ils écoutent avec humilité est un chemin de conversion qui passe par une intériorité et ce qui se dit dans le secret est amour et vérité. »
Raymond
en 2022 Isabelle Halleux commente l'évangile ( la première lecture n'est pas la même cette année que celle commentée en 2022)
https://partage-de-lectio.blogspot.com/2022/06/liturgie-de-la-parole-11e-mardi-to.html
Évangile commenté aussi durant le 1er samedi de carême
par Mère Myrèse ( récupération de 2014)
https://partage-de-lectio.blogspot.com/2024/02/de-la-parole-1er-samedi-de-careme-aimer.html
par sr Marie Christine en 2025
https://partage-de-lectio.blogspot.com/2025/04/liturgie-de-la-parole-1er-samedi-de.html
par Isabelle Halleux en 2023
https://partage-de-lectio.blogspot.com/2023/03/liturgie-de-la-parole-1er-samedi-de.html
« Œil pour œil, dent pour dent » La loi du talion : une maxime que l’on entend encore souvent aujourd’hui et pourtant vieille comme le monde.
Nous la trouvons dans Exode 21, 23-25.
Et, elle est apparue en 1 750 avant J.-C. dans un texte de loi babylonien, qui doit d’ailleurs son nom au roi de Babylone.
Dieu encouragerait-il son peuple à la violence ? Pourquoi donc une telle loi ?
Eh bien ! C’est même une bonne nouvelle. Dans une époque assez féroce, Dieu posait une limite à l’excès de vengeance :
- Tu as l’autorisation de crever un œil à celui qui t’a crevé un œil mais tu ne peux pas
lui crever les deux yeux !
- Tu as l’autorisation d'arracher une dent à celui qui t’a arraché une dent, mais pas toute la mâchoire !
-
Il s’agissait d’une forme de « réciprocité » qui visait à garder des relations équilibrées où chacune des parties pouvait dire : « voilà, on est quitte ! »
Mais cette loi du talion est-elle abolie de nos jours ?
N’assistons-nous pas régulièrement à des représailles au niveau d’individus comme à l’échelle internationale ?
De manière plus latente, oui cette loi pointe encore son nez :
- nous pensons à la réponse des États-Unis au lendemain des attentats
du 11 septembre 2001.
- nous pensons à Israël après les attaques du Hamas le 7 octobre 2023.
- Et combien d’autres encore !
Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus va beaucoup plus loin que cette simple forme de « réciprocité ».
« Ne vous vengez pas du tout, nous dit-il. Ayez un esprit de douceur, de patience. »
Heureusement, comme Jésus, certaines voix espèrent, aujourd'hui, l'arrêt de « cette spirale infernale » de la violence et de la haine. » Mais, mais ! …. Il faut du temps !
Et si nous lisions l’Evangile d’aujourd’hui à la lumière des comportements de Jésus et en regardant comment lui « accomplit » cette loi du talion :
- Lorsqu’il dialogue avec la samaritaine, … celle-ci est une simple femme venue chercher de l’eau ? Mais, grâce aux 2000 pas que Jésus consent de faire avec elle,
elle repart, avide de la vraie source d’eau vive et consciente d’être cherchée par le Père pour faire d’elle une véritable adoratrice.
- Et le légiste qui désire aller plus loin, avec sa question : « Mais qui est mon prochain ? » … Jésus prend le temps de faire, avec lui, un détour par une parabole, pour provoquer en cet homme, un changement de vie.
A ses disciples qui rivalisent entre eux, au moment même, où il annonce sa passion, Jésus ne prononce aucune parole humiliante. Il s’assied, … regarde autour de lui … prend un petit enfant et évoque ce qu’est la véritable grandeur.
A son procès lorsqu’un serviteur le gifle, pour avoir, soi-disant, mal répondu au grand-prêtre, Jésus ne rendra pas la gifle. Il l’interrogera pour le faire réfléchir.
Voilà ! … lorsque la vengeance ou l’agressivité montent en nous !!! ( ce qui arrive !)
Eh bien, regardons Jésus, dans ses comportements et ses relations, et demandons-lui de couler en nous, son écoute, sa patience et sa douceur ou même une question, … une parole qui portera à la réflexion.
Les attitudes vécues par Jésus ne sont pas des attitudes de faiblesse, mais des attitudes de force intérieure. Il nous ouvre un chemin en vue d’un changement.
Par l’intermédiaire de Ste Lutgarde, la grande mystique, dont nous faisons mémoire aujourd’hui, demandons au Père de pouvoir accomplir, cette loi du talion à la manière de son Fils, Jésus.
sr Anne Françoise
« C’est une caractéristique de Dieu de faire vaincre le bien sur le mal. »
Ainsi Jésus Christ, qui a Lui aussi vaincu le mal par le bien, est notre véritable Mère : nous recevons notre “Être” de Lui - et c’est ici que commence Sa Maternité - et avec cela la douce Protection et Garde de l’Amour qui ne cesseront jamais de nous entourer.
Comme il est vrai que Dieu est notre Père, il est également vrai que Dieu est notre Mère. Et Lui m’a montré cette vérité en chaque chose, mais spécialement dans ces douces paroles, lorsqu’ il dit : “Je le suis”. C’est-à-dire, je suis la Puissance et la Bonté du Père ; je suis la Sagesse de la Mère ; je suis la Lumière et la Grâce qui est amour heureux ; je suis la Trinité ; je suis l’Unité, je suis la souveraine Bonté de chaque genre de chose ; je suis Celui qui te fait aimer ; je suis Celui qui te fait désirer ; je suis la satisfaction infinie de tous les vrais désirs. (...)
Notre Père céleste, Dieu tout puissant, qui est l’Être, nous connaît et nous aime depuis toujours : dans une telle connaissance, par Sa merveilleuse et profonde charité, et par le consentement unanime de toute la sainte Trinité, Il voulut que la Seconde Personne devienne notre Mère, notre Frère, Notre Sauveur. Il est donc logique que Dieu, étant notre Père, soit aussi notre Mère. Notre Père veut, notre Mère opère, et notre bon Seigneur, l’Esprit Saint, confirme ; il nous convient donc d’aimer notre Dieu, en qui nous avons l’Etre, de le remercier avec dévotion et de le louer pour nous avoir créés, de prier ardemment notre Mère pour obtenir miséricorde et pitié, et de prier notre Seigneur, l’Esprit Saint, pour obtenir aide et grâce.
Et je vis avec la complète certitude que Dieu, avant de nous avoir créés, nous a aimés, et son amour n’a jamais diminué et ne diminuera jamais. Dans cet amour, Il a fait toutes Ses œuvres, et dans cet amour, Il meut toute chose pour notre bien ; et dans cet amour, notre vie est éternelle.
Par la création, nous avons eu un commencement, mais l’amour avec lequel Il nous a créés, était en Lui depuis toujours : et, dans cet amour, nous avons notre origine.
Et tout ceci nous le verrons en Dieu, éternellement.
Citée par le lectionnaire de Cîteaux 2025-8 lectures de Vigiles
Des “Révélations de l’amour divin” (LIX, LXXXVI). http ://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010807_giuliana-norwich_fr.html
Que votre oui soit oui. Voilà bien une parole qui nous invite à vivre cette célébration en communion avec la Vierge Marie en lui demandant cette grâce d'être ouvert corps et âme à l'appel de l'Esprit.
Dans la lecture des Vigiles ce matin, Emmanuel Mounier avait des mots que je trouve très forts et dynamisants pour notre réponse au quotidien. Il dit ceci : « Le chrétien est un être qui assume. Adsum, présent. »
Célébrer une « Eucharistie » entre guillemets, sans prêtre, c'est peut-être l'occasion de prendre mieux conscience de ce que nous sommes appelés à assumer en nous disant chrétiens... Il s'agit d'assumer le chemin de Vie que le Christ nous propose, l'assumer jusque dans le geste ultime du don de soi total et radical que le Christ nous invite à faire en mémoire de Lui.
C'est à chacun de nous que le Christ dit : « Fais ceci en mémoire de moi. Avec moi, offre-toi au Père, avec moi, mets-toi corps et âme à la disposition de l'Esprit et en Lui à la disposition de tes frères et sœurs. »
Entrons dans cette célébration en nous unissant à la prière de l'Eglise par le chant des psaumes que le Christ lui-même a chantés.
Quelques pistes de réflexion à propos de ce bel Évangile.
Je les retire encore du texte d'Emmanuel Mounier lu ce matin.
« L'exigence la plus immédiate d'une vie personnelle est notre engagement. »
Aujourd'hui, on revendique souvent le droit à une vie personnelle et le respect de cette zone de nous-même qui ne regarde que nous. Revendication sans doute légitime mais dont la publicité s'est emparée, confondant la personne avec un ego tyrannique qui nous coupe des autres et finalement de notre propre profondeur au nom d'un bonheur très aléatoire.
Une vie réellement personnelle c'est ce dynamisme en nous qui nous fait dire : « je veux » ou « je ne veux pas ». Les promesses de notre baptême que nous reprenons lors de la Vigile pascale se résument d'ailleurs en 2 mots : « je crois » « j'adhère » et « je renonce ».
Une autre réflexion d’Emmanuel Mounier : « Amener au bord du Non serviam (je ne servirai pas) celui qui ne veut dire ni oui ni non, c'est le rendre plus capable sans doute des miracles de la grâce qu'il ne l'était sous sa couverture d'irresponsabilité. »
Cela nous pouvons nous l'appliquer à nous-même, en nous rappelant les mots de st Jean dans l'Apocalypse : « Je connais ta conduite : tu n'es ni froid, ni brûlant -mieux vaudrait que tu sois ou froid ou brûlant- aussi puisque tu es tiède, ni froid ni brûlant- je vais te vomir » Je vous invite à relire la suite c'est au chapitre 3 de l'Apocalypse.
Si nous osions résumer nos actes, nos paroles à ces 2 mots : Oui ou Non ; froid ou brûlant ; je sers ou non serviam (je ne servirai pas), ne serait-ce pas là une chance de nous ouvrir à la grâce de Dieu qui nous conforte dans notre Oui et qui dans notre Non vient rejoindre en nous le fond de notre cœur, de notre désir pour nous amener à la conversion, qui, si nous y regardons de près, correspond à notre épanouissement profond, à cette vie personnelle que nous revendiquons.
Après un temps de silence, nous nous rassemblerons autour de l'autel pour chanter à Dieu notre action de grâces. Je vous invite à emporter votre carnet de chant à la page E67: Grâce te soit rendue .[1]
Chant : c'est un Oui sans réserve [2]
Nous te bénissons Seigneur pour ce pain de Vie que tu nous as partagé. Conduis-nous par ta grâce sur le chemin de la loyauté, de la rectitude du cœur, de notre Vérité pour qu'avec Marie ta mère nous te disions un Oui clair et franc. Libérés de tout égocentrisme nous pourrons alors partager avec nos frères et sœurs, la joie d'être chrétiens. L’Esprit le demandons à toi qui règnes avec le Père et l'Esprit pour les siècles des siècles.
Sr Myrèse écrit en 2017
[1] https://www.chantonseneglise.fr/chant/241/grace-te-soit-rendue
[2] http://www.cfc-liturgie.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=198&Itemid=133
L'Évangile fait partie du Sermon sur la montagne, le premier des grands discours dans lesquels saint Matthieu rassemble les enseignements de Jésus sur le Royaume de Dieu. Jésus détaille les attitudes que nous devons cultiver par rapport à la Loi, par rapport à Dieu, par rapport à l’autre et dans la prière. Il commence le discours en détaillant les béatitudes qui dépeignent le visage de Jésus-Christ et manifestent son amour. Jésus nous enseigne ici la plénitude de la Loi, il nous invite à faire un pas de plus, à vivre la vie chrétienne non pas comme des commandements à accomplir mais comme des attitudes à atteindre, en faisant corps avec « Lui » sous le souffle de l’Esprit Saint. Les béatitudes sont notre chemin vers le bonheur.
C'est dans ce contexte que nous devons comprendre l'Évangile d'aujourd'hui. Jésus descend dans les détails concrets. Nous faudra-t-il être manchot, estropié pour parvenir à ce royaume des cieux qu’est le royaume du cœur ? Où est la bonne nouvelle dans ce texte ? C’est costaud comme évangile. « Si ta main droite entraîne ta chute coupe là, et jette la loin de toi…etc. Si une blessure intérieure t’empêche d’aimer, nomme là, jette là et avance…
La suite du texte qui suit vient du magnificat :
Comme pour le meurtre, Jésus déplace le regard de son auditeur, du plus grand au plus petit, depuis l’état de fait massif, incontestable, extérieur et scandaleux, l’adultère consommé, jusqu’à sa manifestation la plus ténue : un simple regard justement. Ce regard trahit pourtant la racine de l’attitude mise en question, La naissance du désir, qui est une disposition tout intérieur : « pour la désirer ». Déclarant aussitôt que l’adultère est déjà accompli pour cet homme « dans son cœur » Jésus fait échos à la sixième béatitude, celle des « purs de cœur »
Je vous reviens avec ma réflexion.
Jésus en appelle au grand respect en soi et pour l’autre.
D’où parte en moi mes mots, mes gestes, mes désirs ? « Il, Jésus » nous invite à bien nous connaitre.
Un arrêt, une pose s’invite afin de vérifier au-dedans l’intensité du désir. Est-il guidé par le « souffle de l’Esprit Saint, où guidé par le malin ?
Jésus nous invite à toujours regarder notre propre intériorité.
Le péché n'est pas seulement une action extérieure, mais aussi une action intérieure qui nous fait du tort, nous éloigne de Dieu et de l’autre. Par conséquent, être capable de surmonter la tentation intérieure nous prédispose à être des hommes et des femmes plus libres. Nous sommes d’avantage capable d’aimer si dans notre fort intérieur notre regard est tourné continuellement vers le Seigneur et vers les autres.
Jésus nous invite à toujours regarder au-dedans de nous la racine de nos péchés, de nos dysfonctionnements, les endroits blessés en notre être sont des sources subtiles de nos combats, des sources de nos violences intérieures. Demandons au Seigneur la grâce d'avoir toujours un cœur prêt à aimer Dieu, à aimer notre voisin, notre voisine.
Être libéré du péché, c’est retrouver notre dignité d’enfant de Dieu, et laisser son amour restaurer ce qui en nous était brisé.
Brigitte