vendredi 19 mai 2023

Liturgie de la Parole, 6e vendredi du Temps pascal

 (Isabelle Halleux)

 Introduction

 Nous voilà en chemin vers la Pentecôte. Jésus a rejoint le domaine divin ; il ne se montrera plus, mais il ne nous abandonne pas pour autant : la venue de l’Esprit nous est annoncée.

 Dans la première lecture de ce jour, des Actes de Apôtres (Ac 18, 9-18), Paul, à Corinthe, entend Dieu lui dire de ne pas avoir peur et de continuer à parler car personne ne lui fera de mal. Paul est encouragé à prêcher l’évangile avec confiance, malgré les obstacles qu’il rencontre.

 L’évangile (Jn 16, 20-23a) nous parle de la joie après la douleur. La joie de mettre au monde efface la douleur de l’enfantement. Pour ceux qui sont dans la peine, la joie prend la place de la tristesse, de la peur et encourage à avoir confiance en Dieu. Cette joie, personne ne peut l’enlever.

 Nous entrons dans le thème de la consolation divine et de la joie qu’accompagnent la persévérance, la confiance et la prière, par-delà les difficultés. Prions. Chantons les psaumes.

  Méditation

 Dans l’évangile que nous venons d’entendre, Jésus annonce aux disciples, qui « pleureront, se lamenteront, seront dans la peine », qu’ils seront consolés après sa mort, que leur « peine se transformera en joie ». Joie et douleur sont inextricablement liées à la condition humaine, à la vie. La joie n’efface pas la peine : elle prend sa place.

 De quelle joie s’agit-il ? De quoi est-elle faite ? Comment fonctionne-t-elle ? Quelle en sont les causes ? Les finalités ? Qu’est-ce que cela change/apporte à la vie humaine ?

 L’évangéliste Jean est, comme d’habitude magistral : en un verset, il donne une réponse simple, rapide, subtile à ce questionnement aristotélicien sur la «  vraie joie » : « Vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. » (Jn 16, 22)

 En quelques mots, tout est dit, tout est clair. D’ailleurs le verset suivant clôt la discussion : « En ce jour-là, vous ne me poserez plus de questions ». Point.

 « Votre cœur se réjouira. » Se réjouir, c’est éprouver la joie, c’est vivre la joie. C’est le cœur qui se réjouira ; pas la tête ! C’est en ce lieu intime, là où sont nos désirs profonds, que se trouve la joie.

 Se réjouir. De quoi ? Pourquoi ? De réjouir de la rencontre. Parce que « je vous reverrai », dit Jésus. Il ne dit pas « vous me reverrez », mais « je vous reverrai ». Si le désir de « voir Dieu » habite l’homme, le désir de Dieu nous précède toujours et nous attend, au plus profond de notre cœur. Ce qui nous appartient, c’est de nous présenter comme nous sommes devant lui et le laisser faire. « Je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ».

 Jésus continue : « Cette joie, personne ne vous l’enlèvera ». Elle est possible, toujours accessible malgré l’adversité, la maladie, la vieillesse, les déceptions, les deuils. Personne ne peut l’enlever car Jésus et Dieu sont toujours là, présents, accueillants, patients.

 On aurait pu répondre à la série de questions relatives à la joie en disant : « c‘est ce qu’on vit quand le Christ nous rencontre au plus profond de nous-mêmes, dans le cœur de notre intimité, là où il nous attend patiemment depuis toujours », ou encore « cette joie, c’est notre rencontre avec le Christ, c’est notre vie en Christ ».  Mais le verset de Jean est tellement plus beau, plus enthousiasmant, plus consolant, plus « ouvert », plus humain et plus divin : « Je vous reverrai, et votre cœur se réjouira et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. »

 Prière finale

Seigneur, en une phrase, tu sais ouvrir notre esprit à ton mystère. Donne-nous de te rencontrer là où tu attends. Donne-nous de nous réjouir et de connaître la joie. Envoie ton esprit. Encourage et fortifie ceux qui portent ta Parole, qui la transmettent de génération en génération, qui en traduisent le sens, par leurs mots, leur témoignage, leur vie. Nous te le demandons, par Jésus, le Christ, qui règne avec toi dans l’unité du Saint Esprit pour les siècles des siècles. Amen.

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