(Sr Marie-Jean Noville)
Introduction
Nous voici rassemblés en communauté,
en Eglise.
L’Ecriture Sainte nous rejoint, là où
nous sommes, et dans nos côtés les plus sombres.
Dans les deux lectures qui nous sont
proposées en ce 3e lundi de Carême, la colère est bien
présente !
Dans l’extrait du 2e
livre des Rois, un homme, en espérance de guérison de sa lèpre, Naaman,
reçoit une prescription médicale de la part du prophète Élisée
: « Va te baigner sept fois dans le Jourdain, et ta chair redeviendra
nette, tu seras purifié ».
Mais le remède lui paraît trop simple…
Il part en colère.
Dans l’évangile, Jésus fait allusion à deux récits du Premier
Testament : d’abord, la visite d’Élie auprès de la veuve de Sarepta ;
ensuite, le récit d’Élisée que nous allons entendre. Mais à l’écoute de la
parole de Jésus, les auditeurs ne sont pas convaincus. La colère s’empare d’eux
et ils veulent précipiter Jésus en bas de leur ville.
Que faire de la colère qui peut nous habiter ?
Nous pourrons initier une piste de
réflexion, après avoir reçu la Parole de Dieu.
Pour nous y préparer, recueillons les
intentions des hommes et femmes de notre temps, par le chant des psaumes…
J’énonçais ce fil rouge un peu
inhabituel qu’est la colère, qui unit les deux lectures de ce jour.
Vous avez entendu que le traitement de
la colère dans les deux récits n’est pas identique.
Dans le 2e livre des Rois,
le général Naaman ne s’en rend pas prisonnier.
Lorsque ses serviteurs tâchent de lui
démontrer la facilité de ce qui lui est demandé, il ne se laisse pas prier, il
obéit… et est guéri de sa maladie.
Dans l’évangile par contre, le
discours de Jésus ne persuade pas ses détracteurs. Ils s’enlisent dans la
colère, qui les pousse à menacer Jésus de mort.
Un apophtegme des Pères du désert peut
nous aider à réfléchir.
« Il est réconfortant d’entendre
un Père du désert nous faire cet aveu. Les Pères n’étaient pas des chiffes, ils
avaient du caractère et ne le maîtrisaient pas toujours. Sans doute avaient-ils
parfois de bons prétextes pour s’irriter. Mais l’un d’eux déclarait qu’il n’y a
absolument pas de raisons pour justifier la colère contre le prochain. Ces vaillants
lutteurs qu’étaient les ermites du désert ne désertaient pas le combat, mais
ils comptaient avant tout sur l’aide de Dieu. Ils ne demandaient pas de grâces
mystiques extraordinaires, mais ce qu’ils jugeaient plus important : la
maîtrise de leurs passions, afin que la charité en eux soit vraiment
souveraine.
Quand nous sommes tentés de nous
laisser aller à la colère, nous devrions prier d’abord comme Ammonas, sans
jamais nous décourager, des années durant. Ammonas est devenu évêque après ses
14 années passées à Scété dans ce combat contre la colère. Il était finalement
le plus doux et le plus miséricordieux des hommes.
Que nous soyons moines, évêques (ou)
prêtres, ou… laïcs, la colère est toujours de notre part un contre-témoignage à
la patience et à la douceur du Christ »[1].
Temps de silence
Notre Père
Entrons dans la prière que Jésus nous
a enseignée…
Prière
Dieu notre Père, lorsque les passions
nous assaillent, nous voulons t’appeler, afin que la charité soit en nous la
plus forte. Envoie ton Esprit, afin que ce temps de Carême nous inspire la
conversion qui te plaise et nous tourne résolument vers Toi et nos frères et
sœurs. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, qui règnes avec Toi et
le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.
Bénédiction
Que le Seigneur nous bénisse et nous
garde…
[1] L. Regnault,
L’Evangile vécu au désert. Paroles des Pères du désert traduites et
commentées, Tournai, Arthème Fayard, 1990, p. 139-140.
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