lundi 13 mars 2023

Liturgie de la Parole, 3e lundi de Carême

 (Sr Marie-Jean Noville)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

L’Ecriture Sainte nous rejoint, là où nous sommes, et dans nos côtés les plus sombres.

Dans les deux lectures qui nous sont proposées en ce 3e lundi de Carême, la colère est bien présente !

Dans l’extrait du 2e livre des Rois, un homme, en espérance de guérison de sa lèpre, Naaman, reçoit une prescription médicale de la part du prophète Élisée : « Va te baigner sept fois dans le Jourdain, et ta chair redeviendra nette, tu seras purifié ».

Mais le remède lui paraît trop simple… Il part en colère.


Dans l’évangile, Jésus fait allusion à deux récits du Premier Testament : d’abord, la visite d’Élie auprès de la veuve de Sarepta ; ensuite, le récit d’Élisée que nous allons entendre. Mais à l’écoute de la parole de Jésus, les auditeurs ne sont pas convaincus. La colère s’empare d’eux et ils veulent précipiter Jésus en bas de leur ville.

 

Que faire de la colère qui peut nous habiter ?

Nous pourrons initier une piste de réflexion, après avoir reçu la Parole de Dieu.

Pour nous y préparer, recueillons les intentions des hommes et femmes de notre temps, par le chant des psaumes…

 

Méditation

J’énonçais ce fil rouge un peu inhabituel qu’est la colère, qui unit les deux lectures de ce jour.

Vous avez entendu que le traitement de la colère dans les deux récits n’est pas identique.

Dans le 2e livre des Rois, le général Naaman ne s’en rend pas prisonnier.

Lorsque ses serviteurs tâchent de lui démontrer la facilité de ce qui lui est demandé, il ne se laisse pas prier, il obéit… et est guéri de sa maladie.

Dans l’évangile par contre, le discours de Jésus ne persuade pas ses détracteurs. Ils s’enlisent dans la colère, qui les pousse à menacer Jésus de mort.

 Et nous, comment pouvons-nous réagir lorsque ce sentiment nous atteint ?

Un apophtegme des Pères du désert peut nous aider à réfléchir.

 « Abba Ammonas disait : ‘J’ai passé 14 ans (dans le désert de) Scété priant Dieu nuit et jour qu’il m’accorde de vaincre la colère’ » (Abba 263).

 Je vous partage le commentaire du Père Lucien Regnault, de l’abbaye de Solesmes :

« Il est réconfortant d’entendre un Père du désert nous faire cet aveu. Les Pères n’étaient pas des chiffes, ils avaient du caractère et ne le maîtrisaient pas toujours. Sans doute avaient-ils parfois de bons prétextes pour s’irriter. Mais l’un d’eux déclarait qu’il n’y a absolument pas de raisons pour justifier la colère contre le prochain. Ces vaillants lutteurs qu’étaient les ermites du désert ne désertaient pas le combat, mais ils comptaient avant tout sur l’aide de Dieu. Ils ne demandaient pas de grâces mystiques extraordinaires, mais ce qu’ils jugeaient plus important : la maîtrise de leurs passions, afin que la charité en eux soit vraiment souveraine.

Quand nous sommes tentés de nous laisser aller à la colère, nous devrions prier d’abord comme Ammonas, sans jamais nous décourager, des années durant. Ammonas est devenu évêque après ses 14 années passées à Scété dans ce combat contre la colère. Il était finalement le plus doux et le plus miséricordieux des hommes.

Que nous soyons moines, évêques (ou) prêtres, ou… laïcs, la colère est toujours de notre part un contre-témoignage à la patience et à la douceur du Christ »[1].

 Prenons un temps de silence pour nous laisser interpeller, en notre être et en notre vie.

 

Temps de silence

 

Notre Père

Entrons dans la prière que Jésus nous a enseignée…

 

Prière

Dieu notre Père, lorsque les passions nous assaillent, nous voulons t’appeler, afin que la charité soit en nous la plus forte. Envoie ton Esprit, afin que ce temps de Carême nous inspire la conversion qui te plaise et nous tourne résolument vers Toi et nos frères et sœurs. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

 

Bénédiction

Que le Seigneur nous bénisse et nous garde…

 


[1] L. Regnault, L’Evangile vécu au désert. Paroles des Pères du désert traduites et commentées, Tournai, Arthème Fayard, 1990, p. 139-140.

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