jeudi 16 mars 2023

Liturgie de la Parole, 3e jeudi du Carême

(Sr Marie-Raphaël)

 Ouverture

Les mots-clés des lectures de ce jour : écouter, mais aussi parler.

 

Résonances

Je m’attarde au premier verset de l’évangile : Jésus expulsait un démon qui rendait un homme muet. Lorsque le démon fut sorti, le muet se mit à parler, et les foules furent dans l’admiration.

Qu’est-ce qui rend muet ? Qu’est-ce qui empêche de parler ? On ne peut pas parler, ou on ne veut pas, ou on n’ose pas, ? Un traumatisme qui rend muet, une forte émotion qui nous laisse sans voix, la peur de parler ? Les cordes vocales forment un nœud dans la gorge. On étouffe. Parfois on se tait parce que personne n’écoute, parce qu’on n’a pas voix au chapitre, parce que personne ne nous donne la parole.

Quelle belle expression française : « je te donne la parole ». L’être humain est un être de relation, et donc de communication. L’homme qui ne parle pas est en quelque sorte inachevé. Mais pour apprendre à parler, il faut que quelqu’un lui parle. Un enfant à qui ses parents ne parlent pas restera enfermé dans sa bulle et n’évoluera pas. Au contraire, si ses parents lui parlent, alors même qu’ils savent très bien que l’enfant ne comprend pas encore les mots qu’ils disent, ils le baignent dans un océan de paroles qui vont peu à peu le structurer, qui vont faire sens pour lui. Et un jour, il va leur répondre.

N'est-ce pas aussi ce qui se passe pour nous dans notre relation avec la Parole de Dieu ? Au commencement était le Verbe. Dieu nous parle. Il attend notre réponse, mais nous ne pourrons pas lui répondre clairement aussi longtemps que nous ne sommes pas entrés dans son langage. Et pour cela, nous devons commencer par beaucoup l’écouter. Nager dans l’océan de ses paroles. À force de la fréquenter, nous découvrons peu à peu sa cohérence interne, sa beauté.

Écouter : pas seulement percevoir le son des mots, mais entrer dans le sens des mots. Écouter vraiment, c’est tenter d’entrer dans ce que l’autre a voulu dire, et donc de se mettre à sa place, de se placer de son point de vue. Dieu attend de nous que nous l’écoutions, c’est-à-dire que nous nous mettions à sa place pour comprendre, comme de l’intérieur de lui, le sens de ses paroles.

Dieu veut entrer en dialogue avec nous. Il veut que la parole circule. En cela, il nous fait exister. Il sort de son silence et nous sort du nôtre. C’est le chemin de l’alliance. Jésus guérit un muet : il lui permet de vivre, d’être en relation.

et les foules furent dans l’admiration. L’admiration, c’est une attitude d’ouverture. Une reconnaissance qu’il y a là quelque chose d’admirable, de merveilleux, d’incompréhensible, de beau. L’admiration est liée à l’humilité. C’est accepter de ne pas tout comprendre, mais reconnaître un désir de comprendre. Cette attitude est au point de départ de l’aventure scientifique. Un questionnement insatiable devant le réel. C’est aussi le point de départ de la foi : un dialogue incessant avec Celui qui donne sens au réel. Entrons dans cette admiration, dans ce dialogue. Dieu nous donne la parole !

 

Prière

Seigneur, quand tu passes dans nos vies, les sourds entendent et les aveugles voient : ce sont les signes que le Royaume de ton Père s’est approché de nous. Libère-nous de nos peurs et de nos préjugés, afin que nous entrions pleinement dans ce dialogue et que nous répondions à ton amour par une vie de plus en plus fraternelle.

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