vendredi 4 novembre 2022

Liturgie de la Parole, 31e vendredi TO


 (Isabelle Halleux)

Introduction

 Quand on arrive sur les rives du Lac Majeur, à Arona, on découvre une statue gigantesque de Saint Charles Borromée faisant un geste de bénédiction. 35m de haut. Tout en cuivre. Erigée au XVIIe siècle suivant la technique utilisée 200 ans plus tard pour la statue de la liberté à New York. On peut monter à l'intérieur par un interminable escalier - je devrais dire une interminable échelle, comme celles de la célèbre promenade des échelles à Rochehaut, pour ceux qui connaissent - qui conduit à deux petites fenêtres circulaires percées dans les yeux du saint. La vue de là-haut est magnifique. Le symbole est fort : on regarde "le monde" à travers les yeux de San Carlo ! Appel au silence, à l’humilité et à la charité.

 Nommé cardinal très jeune - il n'avait que 22 ans -, puis archevêque de Milan quelques années plus tard, Saint Charles Borromée a été un artisan important du Concile de Trente. A cette époque particulièrement délicate pour le christianisme – rappelez-vous que le concile de Trente a débuté en 1542, en réponse aux demandes formulées par Martin Luther et Jean Calvin dans le cadre de la Réforme protestante -, Charles Borromée se consacre à la réforme profonde de l’Eglise catholique, conscient que, pour être crédible, il faut agir de l’intérieur, en commençant par… un bon catéchisme (pour éviter les hérésies) et une bonne discipline ecclésiastique (pour éviter les dérives). Il encourage les prêtres, religieux et diacres à se former dans les tout nouveaux séminaires qu’il fonde, à être « des serviteurs de Dieu et des pères pour les gens », à croire davantage en la force de la prière et de la pénitence, et à transformer leur vie en un vrai cheminement de sainteté. « Les âmes, dit-il, se conquièrent à genoux ». Cela ne lui a pas valu que des amis...  

 Charles Borromée mena lui-même une vie exemplaire, fidèle à son engagement à suivre le Christ  et fidèle à tout ce qui était prescrit par le Concile de Trente. Il était proche de tous dans son archidiocèse, en particulier à leurs côtés lors de la grande épidémie de peste de 1570.

 Charles Borromée a rejoint le Père le 4 novembre 1584, à l'âge de 46 ans. Nous en faisons mémoire aujourd'hui.

                                                                          


La liturgie nous propose ce jour une parabole surprenante : le gérant malhonnête. A quoi Jésus nous invite-t-il à réfléchir avec cette histoire ? Nous y viendrons après avoir écouté attentivement cette lecture du jour (Lc 16, 1-8). Ouvrons nos cœurs et nos esprits à notre Dieu. Entrons en prière par le chant des psaumes.

 Méditation 

 En lecture rapide, on peut comprendre que c'est l'histoire d'un gérant qui est mis à la porte par son patron parce qu’il est malhonnête et qui, après, essaie de se faire des amis en remettant partiellement leurs dettes. Un mauvais tour de plus pour le maître. In fine le maître trouve ça « bien joué ».  Mais quel est le message évangélique ? Quelques indices :

 1. Cette parabole vient à la suite de trois autres que vous connaissez bien : la brebis égarée, la drachme perdue et le fils prodigue (Lc 15). Ces trois paraboles sont connues comme les "paraboles de la miséricorde", là où on (re)découvre l'amour, l'attention, le souci de Dieu pour nous, et la joie qu'il a de nous retrouver, de nous accueillir quand on s'égare. Mot-clé : MISERICORDE.

 2. La "remise de dettes". Matthieu dans sa version du Notre Père (Mt 6, 12) dit : "Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs". Nous récitons aujourd’hui : "Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés". Pardonne nos péchés, nos écarts par rapport à toi comme nous pardonnons… Mots-clés : PARDON, RECONCILIATION.

 3. Le gérant demande à chacun « un par un » quelle est sa dette, puis il propose une remise partielle, leur demande de s’asseoir et de noter eux-mêmes le nouveau montant. « Assieds-toi et écris ». Cela n’a l’air de rien, mais il les met en position d’acteurs responsables de ce nouvel arrangement, de leur vie future vie. un avenir qui les soulage sans doute et permet de rétablir une relation nouvelle avec le maître. Mots-clés : SERENITE, PAIX, VIE.

 Et voilà que l'on perçoit autrement la parabole : c’est l'histoire d'un gérant qui, interpellé pour un comportement critiquable, permet à d’autres de retrouver la vie, la liberté, et re-gagne la sienne en même temps.  Alors on peut comprendre la dernière phrase de l’évangile de Luc : le maître s’en réjouit.

 Luc 16, 1-8, pour ceux qui voudraient relire.  Je vous rappelle les mots-clés : miséricorde, pardon, réconciliation, sérénité, paix, vie. Méditons cela quelques instants en silence.

 

Notre Père

Avec les mots que Jésus nous a enseignés, prions Notre Père.

 

Prière finale

 Seigneur, notre Dieu, aide-nous à être des gérants capables de dépenser, de dilapider envers les autres ta grâce et ta miséricorde. Donne-nous l’habileté, la capacité de reconnaître nos dettes et d’oser laisser ton amour combler nos manques. Aide-nous à "Tenir bon en toi", comme le disait Saint Paul dans la première lecture. Nous te le demandons, par Jésus-Christ, ton fils, qui règne avec toi dans l’unité du Saint Esprit, maintenant et pour toujours.

Amen.

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