(Isabelle Halleux)
Introduction
Quand on
arrive sur les rives du Lac Majeur, à Arona, on découvre une statue gigantesque
de Saint Charles Borromée faisant un geste de bénédiction. 35m de haut. Tout en
cuivre. Erigée au XVIIe siècle suivant la technique utilisée 200 ans plus tard
pour la statue de la liberté à New York. On peut monter à l'intérieur par un
interminable escalier - je devrais dire une interminable échelle, comme celles
de la célèbre promenade des échelles à Rochehaut, pour ceux qui connaissent -
qui conduit à deux petites fenêtres circulaires percées dans les yeux du saint.
La vue de là-haut est magnifique. Le symbole est fort : on regarde "le
monde" à travers les yeux de San Carlo ! Appel au silence, à l’humilité et
à la charité.
Nommé
cardinal très jeune - il n'avait que 22 ans -, puis archevêque de Milan
quelques années plus tard, Saint Charles Borromée a été un artisan important du
Concile de Trente. A cette époque particulièrement délicate pour le christianisme
– rappelez-vous que le
concile de Trente a débuté en 1542, en réponse aux demandes formulées par
Martin Luther et Jean Calvin dans le cadre de la Réforme protestante -, Charles
Borromée se consacre à la réforme profonde de l’Eglise catholique, conscient
que, pour être crédible, il faut agir de l’intérieur, en commençant par… un bon
catéchisme (pour éviter les hérésies) et une bonne discipline ecclésiastique
(pour éviter les dérives). Il encourage les prêtres, religieux et diacres à se
former dans les tout nouveaux séminaires qu’il fonde, à être « des
serviteurs de Dieu et des pères pour les gens », à croire davantage en la
force de la prière et de la pénitence, et à transformer leur vie en un vrai
cheminement de sainteté. « Les âmes, dit-il, se conquièrent à genoux ».
Cela ne lui a pas valu que des amis...
Charles
Borromée mena
lui-même une vie exemplaire, fidèle à son engagement à suivre le Christ et fidèle à tout ce qui était prescrit par le
Concile de Trente. Il était proche de tous dans son archidiocèse, en
particulier à leurs côtés lors de la grande épidémie de peste de 1570.
Charles
Borromée a rejoint le Père le 4 novembre 1584, à l'âge de 46 ans. Nous en
faisons mémoire aujourd'hui.
La
liturgie nous propose ce jour une parabole surprenante : le gérant malhonnête.
A quoi Jésus nous invite-t-il à réfléchir avec cette histoire ? Nous y viendrons
après avoir écouté attentivement cette lecture du jour (Lc 16, 1-8). Ouvrons
nos cœurs et nos esprits à notre Dieu. Entrons en prière par le chant des
psaumes.
Méditation
En lecture rapide, on peut comprendre que c'est
l'histoire d'un gérant qui est mis à la porte par son patron parce qu’il est
malhonnête et qui, après, essaie de se faire des amis en remettant partiellement
leurs dettes. Un mauvais tour de plus pour le maître. In fine le maître trouve
ça « bien joué ». Mais quel
est le message évangélique ? Quelques indices :
1. Cette
parabole vient à la suite de trois autres que vous connaissez bien : la brebis
égarée, la drachme perdue et le fils prodigue (Lc 15). Ces trois paraboles sont
connues comme les "paraboles de la miséricorde", là où on
(re)découvre l'amour, l'attention, le souci de Dieu pour nous, et la joie qu'il
a de nous retrouver, de nous accueillir quand on s'égare. Mot-clé : MISERICORDE.
2. La
"remise de dettes". Matthieu dans sa version du Notre Père (Mt 6, 12)
dit : "Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs
dettes à nos débiteurs". Nous récitons aujourd’hui : "Pardonne-nous
nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés". Pardonne
nos péchés, nos écarts par rapport à toi comme nous pardonnons… Mots-clés :
PARDON, RECONCILIATION.
3. Le
gérant demande à chacun « un par un » quelle est sa dette, puis il
propose une remise partielle, leur demande de s’asseoir et de noter eux-mêmes le
nouveau montant. « Assieds-toi et écris ». Cela n’a l’air de rien,
mais il les met en position d’acteurs responsables de ce nouvel arrangement, de
leur vie future vie. un avenir qui les soulage sans doute et permet de rétablir
une relation nouvelle avec le maître. Mots-clés : SERENITE, PAIX, VIE.
Et voilà
que l'on perçoit autrement la parabole : c’est l'histoire d'un gérant qui, interpellé pour un comportement critiquable,
permet à d’autres de retrouver la vie, la liberté, et re-gagne la sienne en
même temps. Alors on peut
comprendre la dernière phrase de l’évangile de Luc : le maître s’en réjouit.
Luc 16,
1-8, pour ceux qui voudraient relire. Je
vous rappelle les mots-clés : miséricorde, pardon, réconciliation,
sérénité, paix, vie. Méditons cela quelques instants en silence.
Notre
Père
Avec les mots que Jésus nous a enseignés, prions
Notre Père.
Prière
finale
Seigneur,
notre Dieu, aide-nous à être des gérants capables de dépenser, de dilapider
envers les autres ta grâce et ta miséricorde. Donne-nous l’habileté, la
capacité de reconnaître nos dettes et d’oser laisser ton amour combler nos
manques. Aide-nous à "Tenir bon en toi", comme le disait Saint Paul
dans la première lecture. Nous te le demandons, par Jésus-Christ, ton fils, qui
règne avec toi dans l’unité du Saint Esprit, maintenant et pour toujours.
Amen.
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