(Rosy)
Ouverture
En cette
dernière semaine du temps ordinaire, nous avons droit à une véritable plongée
apocalyptique ! D’abord bien sûr avec la lecture de Livre de l’Apocalypse, puis
avec tout ce discours de Jésus dans le temple.
Les passages
de style apocalyptiques sont abondants dans la Bible et l’on sait que ce type
de langage fut particulièrement “à la mode” environ un siècle et demi avant
Jésus et un siècle et demi après. Donc alors que fut écrite la totalité du
Nouveau Testament, et même les derniers livres de l’Ancien. Jésus emprunte
simplement le langage de son temps, celui qui est signifiant pour ces
auditeurs.
Bien sûr,
nous savons que le mot apocalypse signifie “lever le voile”, « révélation »
et pas « annonce de malheurs » comme il en a finalement pris le sens.
Mais, à la lecture des textes de ce jour, on pourrait comprendre pourquoi, car
ils ne sont pas très lumineux ! Il faudra attendre la dernière phrase de
ce long discours de Jésus pour y voir une promesse d’espoir, phrase que nous
lirons samedi, au dernier jour de cette année liturgique. D’ici là, les
lectures du Livre de l’Apocalypse nous apporteront heureusement quelques
perspectives plus optimistes.
Préparons-nous
à accueillir la Parole en chantant les psaumes.
Commentaire
Nous sommes
dans le Temple, le haut-lieu de la présence de Dieu.
Jésus s’y
attarde avec ses compagnons. L’atmosphère est plutôt paisible, on regarde, on
s’émerveille… Hier nous était rapportée la scène de la veuve avec ses deux
piécettes. Jésus a vu, et admire : « cette pauvre veuve a mis plus
que tous les autres ». Le regard des apôtres a suivi celui de Jésus,
puis ils regardent l’édifice et s’enthousiasment devant la magnificence de ce
temple dont la reconstruction est en pleine réalisation. Il est riche et
immense, car pour servir la gloire d’Hérode le Grand, il doit être plus grand
et plus somptueux que celui de Salomon.
Cette
manifestation de grandeur n’impressionne pas beaucoup Jésus ; autant
l’humble geste de la veuve l’avait ému au point de la donner en exemple, autant
l’étalage des richesses du temple qui brillent dans les yeux des apôtres le
pousse à relativiser leur enthousiasme ; sans prévenir, c’est la douche
froide : « tout sera détruit ». Les apôtres tentent alors
d’appréhender cette prédiction : « quand cela arrivera-t-il ? »
Mais Jésus va les entraîner bien plus loin !
- Tantôt il envisage l’avenir lointain, son retour à la fin
des temps et tout un cortège d’événements mystérieux dont la date reste dans le
secret du Père. Quand il évoque ce scénario de la fin, Jésus le fait toujours
dans le langage traditionnel des apocalypses et dans un grand cadre cosmique
qui englobe la terre et le ciel, le soleil, la lune et les étoiles.
- Tantôt Jésus a en vue des événements plus proches : la
ruine du Temple, le jugement de Jérusalem ; et dans ce cas il reprend les
menaces des prophètes contre la ville infidèle.
- Tantôt enfin Jésus fait allusion aux épreuves des
communautés, aux persécutions qui frapperont les disciples, tout au long du
temps de l’Eglise.
Pas facile donc de suivre la logique de ce discours.
De plus, les paroles qui pourraient paraître rassurantes
nous laissent bien perplexes :
« Quand
vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés
: il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. On se
dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands
tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des
phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel. »
Tout y est…
Mais est-ce le pire ? « Mais avant tout cela, on portera la main
sur vous » … ( 25 versets qui s’étendront sur toute la semaine)
« Tout
sera détruit » Jésus invite ses disciples, et nous aussi, à une
attitude profondément re-vivifiante mais extrêmement coûteuse , déstabilisante…
Il s’agit de passer par une épreuve où ce qui a été édifié, s’effondre… Une
expérience à vrai dire bien commune : le monde connu s’estompe, on ne reconnaît
plus rien, tout a été détruit, déconstruit, repris autrement… Perte et
nouveauté vont de pair. Cette annonce de Jésus est un appel.
« Ne vous laisser pas
égarer »
Jésus met en garde les disciples. Il
leur recommande de veiller.
Il nous invite, non pas à nous
effrayer, mais à laisser surgir le meilleur de nous-mêmes : notre capacité à
attester, à témoigner au-delà de tout, de la bonté de Dieu qui aime tous les
hommes. Ainsi, il nous est donné de pouvoir mettre nos pas dans les pas du
Seigneur. De marcher avec lui jusqu’à ce que se réalise une terre nouvelle et
un ciel nouveau. L’avenir n’appartient qu’à Dieu. Mais nous avons le temps du
jour pour le servir et l’aimer, nous avons l’espace de notre cœur pour y
accueillir la parole de Jésus, et l’espace du monde à prendre dans la prière.
Notre Père
Notre Père
sait de quoi nous avons besoin et nous l’accorde chaque jour.
Redisons-lui
notre confiance en le priant d’une seule voix.
Oraison
Avec toi,
Seigneur, et à ton exemple, nous voulons traverser les évènements et les signes
qui nous effraient. Nous voulons entendre tes paroles résonner plus fort que
tous les ouragans quand tu nous dis : « N’ayez pas peur, je suis
là, pour toujours avec vous ».
Rends-nous
attentifs à tes mises en garde et certains de ta fidélité.
Nous te le
demandons, à toi qui vis avec le Père et l’Esprit, aujourd’hui et pour
toujours.
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