mardi 22 novembre 2022

Liturgie de la Parole, 34e mardi TO

 (Rosy)

Ouverture

En cette dernière semaine du temps ordinaire, nous avons droit à une véritable plongée apocalyptique ! D’abord bien sûr avec la lecture de Livre de l’Apocalypse, puis avec tout ce discours de Jésus dans le temple.

Les passages de style apocalyptiques sont abondants dans la Bible et l’on sait que ce type de langage fut particulièrement “à la mode” environ un siècle et demi avant Jésus et un siècle et demi après. Donc alors que fut écrite la totalité du Nouveau Testament, et même les derniers livres de l’Ancien. Jésus emprunte simplement le langage de son temps, celui qui est signifiant pour ces auditeurs.

Bien sûr, nous savons que le mot apocalypse signifie “lever le voile”, « révélation » et pas « annonce de malheurs » comme il en a finalement pris le sens. Mais, à la lecture des textes de ce jour, on pourrait comprendre pourquoi, car ils ne sont pas très lumineux ! Il faudra attendre la dernière phrase de ce long discours de Jésus pour y voir une promesse d’espoir, phrase que nous lirons samedi, au dernier jour de cette année liturgique. D’ici là, les lectures du Livre de l’Apocalypse nous apporteront heureusement quelques perspectives plus optimistes.

Préparons-nous à accueillir la Parole en chantant les psaumes.

 

Commentaire

Nous sommes dans le Temple, le haut-lieu de la présence de Dieu.

Jésus s’y attarde avec ses compagnons. L’atmosphère est plutôt paisible, on regarde, on s’émerveille… Hier nous était rapportée la scène de la veuve avec ses deux piécettes. Jésus a vu, et admire : « cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres ». Le regard des apôtres a suivi celui de Jésus, puis ils regardent l’édifice et s’enthousiasment devant la magnificence de ce temple dont la reconstruction est en pleine réalisation. Il est riche et immense, car pour servir la gloire d’Hérode le Grand, il doit être plus grand et plus somptueux que celui de Salomon.

Cette manifestation de grandeur n’impressionne pas beaucoup Jésus ; autant l’humble geste de la veuve l’avait ému au point de la donner en exemple, autant l’étalage des richesses du temple qui brillent dans les yeux des apôtres le pousse à relativiser leur enthousiasme ; sans prévenir, c’est la douche froide : « tout sera détruit ». Les apôtres tentent alors d’appréhender cette prédiction : « quand cela arrivera-t-il ? » Mais Jésus va les entraîner bien plus loin !

 Ce qui déroute dans ce discours de Jésus, c’est que trois perspectives sont étroitement imbriquées et parfois indissociables :

- Tantôt il envisage l’avenir lointain, son retour à la fin des temps et tout un cortège d’événements mystérieux dont la date reste dans le secret du Père. Quand il évoque ce scénario de la fin, Jésus le fait toujours dans le langage traditionnel des apocalypses et dans un grand cadre cosmique qui englobe la terre et le ciel, le soleil, la lune et les étoiles.

- Tantôt Jésus a en vue des événements plus proches : la ruine du Temple, le jugement de Jérusalem ; et dans ce cas il reprend les menaces des prophètes contre la ville infidèle.

- Tantôt enfin Jésus fait allusion aux épreuves des communautés, aux persécutions qui frapperont les disciples, tout au long du temps de l’Eglise.

Pas facile donc de suivre la logique de ce discours.

De plus, les paroles qui pourraient paraître rassurantes nous laissent bien perplexes :

« Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel. »

Tout y est… Mais est-ce le pire ? « Mais avant tout cela, on portera la main sur vous » … ( 25 versets qui s’étendront sur toute la semaine)

« Tout sera détruit » Jésus invite ses disciples, et nous aussi, à une attitude profondément re-vivifiante mais extrêmement coûteuse , déstabilisante… Il s’agit de passer par une épreuve où ce qui a été édifié, s’effondre… Une expérience à vrai dire bien commune : le monde connu s’estompe, on ne reconnaît plus rien, tout a été détruit, déconstruit, repris autrement… Perte et nouveauté vont de pair. Cette annonce de Jésus est un appel.

 « Ne vous laisser pas égarer »

Jésus met en garde les disciples. Il leur recommande de veiller.

Il nous invite, non pas à nous effrayer, mais à laisser surgir le meilleur de nous-mêmes : notre capacité à attester, à témoigner au-delà de tout, de la bonté de Dieu qui aime tous les hommes. Ainsi, il nous est donné de pouvoir mettre nos pas dans les pas du Seigneur. De marcher avec lui jusqu’à ce que se réalise une terre nouvelle et un ciel nouveau. L’avenir n’appartient qu’à Dieu. Mais nous avons le temps du jour pour le servir et l’aimer, nous avons l’espace de notre cœur pour y accueillir la parole de Jésus, et l’espace du monde à prendre dans la prière.

 Etonnamment, la liturgie nous propose un psaume graduel en contradiction avec le discours de Jésus : ce sont des versets qui considèrent aussi le jugement, mais avec des accents à l’opposé de la destruction. Nous y lisons : « Le Seigneur vient pour juger la terre ». Mais aussi : « Le monde, inébranlable, tient bon »... « Joie au ciel ! Exulte la terre ! La campagne tout entière est en fête. Les arbres des forêts dansent de joie ! »

 

Notre Père

Notre Père sait de quoi nous avons besoin et nous l’accorde chaque jour.

Redisons-lui notre confiance en le priant d’une seule voix.

 

Oraison

Avec toi, Seigneur, et à ton exemple, nous voulons traverser les évènements et les signes qui nous effraient. Nous voulons entendre tes paroles résonner plus fort que tous les ouragans quand tu nous dis : « N’ayez pas peur, je suis là, pour toujours avec vous ».

Rends-nous attentifs à tes mises en garde et certains de ta fidélité.

Nous te le demandons, à toi qui vis avec le Père et l’Esprit, aujourd’hui et pour toujours.

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