(sœur Marie-Raphaël)
Ouverture
Nous
faisons mémoire de saint Clément. Avec lui, nous sommes projetés à la fin du 1er
siècle, au tout début du temps de l’église :
saint Clément, troisième successeur de Pierre comme évêque de Rome, est un
chrétien de la troisième génération. Il n’a pas connu Jésus, mais il a connu
les apôtres Pierre et Paul. Il a écrit une lettre aux Corinthiens qu’on date de
95, dans laquelle il cite abondamment les lettres de Paul et la lettre aux
Hébreux. Cette lettre de Clément est un des premiers écrits chrétiens après le
NT. Elle est précieuse, parce qu’elle nous aide à mieux comprendre les
circonstances dans lesquelles l’église
est née, les premiers pas de son organisation interne, l’état d’esprit des
premiers chrétiens. Elle nous les rend très proches.
Les
lectures de ce jour sont celles de la 34ème semaine (nous parcourons
l’Apocalypse et le chapitre 21 de l’évangile de Luc). Mais elles s’appliquent
aussi particulièrement bien à la mémoire de saint Clément. Surtout, ce qui est
émouvant, c’est de penser que Clément était contemporain de la rédaction de ce
livre de l’Apocalypse qui décrit en termes volontairement mystérieux la
situation même qu’il est en train de vivre. Connaissait-il cet écrit ? En
tout cas, il le vivait. Mettons-nous à l’écoute !
Résonances
Une
des clés pour entrer dans l’Apocalypse est de la mettre en superposition de l’AT.
L’Apocalypse ne cesse de résonner d’allusions à l’AT. Aujourd’hui, nous avons
entendu qu’il y a sept fléaux qui se préparent. Ces sept fléaux seront décrits
dans les chapitres suivants (que nous n’entendrons pas) : ils font
allusion aux plaies d’Egypte. Mais avant même de décrire ces fléaux, l’auteur de
l’Apocalypse nous décrit la victoire. Nous avons entendu : il y a une mer
de cristal mêlée de feu et les élus se tiennent debout sur cette mer (debout,
dans l’attitude de la résurrection) et ils chantent le cantique de Moïse et de
l’agneau. Les images superposent donc la traversée de la mer Rouge lors de la
sortie d’Egypte, avec le cantique entonné alors par les fils d’Israël, et la
victoire de l’agneau qui entraîne tous ceux qui le suivent dans la dynamique de
la résurrection.
Jésus,
dans l’évangile, annonce les difficultés à venir auxquelles seront confrontés
ses disciples. Mais il annonce également la victoire. Il ne leur cache pas que
ce sera dur, mais il les encourage : « vous serez détestés de tous à
cause de mon nom, mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu ! »
Serait-ce cela, l’espérance ? Une assurance instillée en nous par la
confiance en la parole de Jésus, une assurance qui vient d’ailleurs et qui
intervient quand les circonstances nous amènent à témoigner ? Les
persécutions nous amèneront à témoigner, dit l’évangile. Et cela est
bon. Témoigner, c’est contribuer à passer le flambeau. Suivre le Christ, c’est
témoigner de l’espérance qui nous habite, et qui nous aide à regarder le réel
tel qu’il est, sans faux-fuyant, et sans abandonner nos responsabilités.
Selon
la tradition, saint Clément est mort martyr sous l’empereur Trajan, vers l’an
99, en étant jeté dans la mer avec une ancre au cou. Or l’ancre, il le savait, dans
la lettre aux Hébreux, symbolise l’espérance : « cette espérance,
nous la tenons comme une ancre sûre et solide pour l’âme ; elle entre
au-delà du rideau, dans le Sanctuaire où Jésus est entré pour nous en
précurseur… » (Hé 6,19-20). Dans la basilique saint Clément à Rome, cette
ancre est bien visible sur le baldaquin au-dessus de l’autel. Elle est le
symbole qui accompagne saint Clément dans l’iconographie et qui fait de lui le
patron des marins. N’ayons pas peur de la mer et de ses tempêtes ! Fixons
notre ancre dans le roc solide de notre foi en Dieu. Témoignons de l’espérance
qui nous habite !
Prière
(en s’inspirant des mots de saint Clément dans sa lettre aux Corinthiens)
Créateur
et père des siècles, Dieu très saint, nous te rendons grâce pour tes dons bénis
et admirables : la vie dans l’immortalité, la splendeur dans la justice,
la vérité dans la liberté de parole, la foi dans la confiance, la maîtrise de
soi dans la sanctification. Donne-nous de les attendre en recherchant ce qui te
plaît, en suivant le chemin de la vérité, en rejetant loin de nous toute
injustice et perversité. Ainsi, nous trouverons le salut qui nous est donné en
Jésus-Christ, le grand prêtre qui présente nos offrandes, le protecteur et le
soutien de notre faiblesse.
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