mercredi 23 novembre 2022

Liturgie de la Parole, 34e mercredi T0

 (sœur Marie-Raphaël)

Ouverture

Nous faisons mémoire de saint Clément. Avec lui, nous sommes projetés à la fin du 1er siècle, au tout début du temps de l’église : saint Clément, troisième successeur de Pierre comme évêque de Rome, est un chrétien de la troisième génération. Il n’a pas connu Jésus, mais il a connu les apôtres Pierre et Paul. Il a écrit une lettre aux Corinthiens qu’on date de 95, dans laquelle il cite abondamment les lettres de Paul et la lettre aux Hébreux. Cette lettre de Clément est un des premiers écrits chrétiens après le NT. Elle est précieuse, parce qu’elle nous aide à mieux comprendre les circonstances dans lesquelles l’église est née, les premiers pas de son organisation interne, l’état d’esprit des premiers chrétiens. Elle nous les rend très proches.

Les lectures de ce jour sont celles de la 34ème semaine (nous parcourons l’Apocalypse et le chapitre 21 de l’évangile de Luc). Mais elles s’appliquent aussi particulièrement bien à la mémoire de saint Clément. Surtout, ce qui est émouvant, c’est de penser que Clément était contemporain de la rédaction de ce livre de l’Apocalypse qui décrit en termes volontairement mystérieux la situation même qu’il est en train de vivre. Connaissait-il cet écrit ? En tout cas, il le vivait. Mettons-nous à l’écoute !

 

Résonances

Une des clés pour entrer dans l’Apocalypse est de la mettre en superposition de l’AT. L’Apocalypse ne cesse de résonner d’allusions à l’AT. Aujourd’hui, nous avons entendu qu’il y a sept fléaux qui se préparent. Ces sept fléaux seront décrits dans les chapitres suivants (que nous n’entendrons pas) : ils font allusion aux plaies d’Egypte. Mais avant même de décrire ces fléaux, l’auteur de l’Apocalypse nous décrit la victoire. Nous avons entendu : il y a une mer de cristal mêlée de feu et les élus se tiennent debout sur cette mer (debout, dans l’attitude de la résurrection) et ils chantent le cantique de Moïse et de l’agneau. Les images superposent donc la traversée de la mer Rouge lors de la sortie d’Egypte, avec le cantique entonné alors par les fils d’Israël, et la victoire de l’agneau qui entraîne tous ceux qui le suivent dans la dynamique de la résurrection.

Jésus, dans l’évangile, annonce les difficultés à venir auxquelles seront confrontés ses disciples. Mais il annonce également la victoire. Il ne leur cache pas que ce sera dur, mais il les encourage : « vous serez détestés de tous à cause de mon nom, mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu ! » Serait-ce cela, l’espérance ? Une assurance instillée en nous par la confiance en la parole de Jésus, une assurance qui vient d’ailleurs et qui intervient quand les circonstances nous amènent à témoigner ? Les persécutions nous amèneront à témoigner, dit l’évangile. Et cela est bon. Témoigner, c’est contribuer à passer le flambeau. Suivre le Christ, c’est témoigner de l’espérance qui nous habite, et qui nous aide à regarder le réel tel qu’il est, sans faux-fuyant, et sans abandonner nos responsabilités.

Selon la tradition, saint Clément est mort martyr sous l’empereur Trajan, vers l’an 99, en étant jeté dans la mer avec une ancre au cou. Or l’ancre, il le savait, dans la lettre aux Hébreux, symbolise l’espérance : « cette espérance, nous la tenons comme une ancre sûre et solide pour l’âme ; elle entre au-delà du rideau, dans le Sanctuaire où Jésus est entré pour nous en précurseur… » (Hé 6,19-20). Dans la basilique saint Clément à Rome, cette ancre est bien visible sur le baldaquin au-dessus de l’autel. Elle est le symbole qui accompagne saint Clément dans l’iconographie et qui fait de lui le patron des marins. N’ayons pas peur de la mer et de ses tempêtes ! Fixons notre ancre dans le roc solide de notre foi en Dieu. Témoignons de l’espérance qui nous habite !

 

Prière (en s’inspirant des mots de saint Clément dans sa lettre aux Corinthiens)

Créateur et père des siècles, Dieu très saint, nous te rendons grâce pour tes dons bénis et admirables : la vie dans l’immortalité, la splendeur dans la justice, la vérité dans la liberté de parole, la foi dans la confiance, la maîtrise de soi dans la sanctification. Donne-nous de les attendre en recherchant ce qui te plaît, en suivant le chemin de la vérité, en rejetant loin de nous toute injustice et perversité. Ainsi, nous trouverons le salut qui nous est donné en Jésus-Christ, le grand prêtre qui présente nos offrandes, le protecteur et le soutien de notre faiblesse.

Aucun commentaire: