(Isabelle Halleux)
Méditation
Voici
donc ramené à notre méditation l’évangile du dimanche 6 novembre (Lc 20, 27-40).
Cet évangile « tombait bien » : nous sortions d’un samedi en
silence, ayant abordé la question de la mort avec le prélude de la 5e suite de
Bach et le psaume 87, et nous venions de découvrir la 6e suite, avec
la louange au Seigneur par les psaumes 148 (et 8), chantant notre joie de la
résurrection. Nous nous sentions tirés du shéol, confiants, heureux, portés par
la grâce du Dieu des vivants (Lc 20, 38).
Je
vous avoue que, ce dimanche matin-là, j’avais envie de rester sur cela : les
bienfaits de la musique, de la lectio, le silence et les partages en petits
groupes. Qu’allait donc nous enseigner la lecture patristique pour
nous porter davantage au petit matin ? Qu’allait raconter le prêtre sur
cet évangile déjà bien médité, partagé, « vécu » ? Eh bien, j’ai été
comblée ! J’ai aimé ces relectures du message du Christ, prié par
d’autres. Et cela m’a rassurée un peu sur ce que je pouvais encore vous dire
aujourd’hui : il y a toujours de l’inattendu et du neuf dans la lectio, et
il y a des ponts à faire !
Luc
nous dit (Lc 20, 37-38) : « Que les
morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson
ardent quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de
Jacob. Il est le Dieu des vivants. Tous en effet vivent pour lui. »
Si
Dieu se présente à Moïse comme le Dieu de ses Pères, c’est pour lui dire/lui
faire dire que l’alliance avec les Hébreux existe et est vivante pour toujours,
que les patriarches sont toujours vivants pour lui, Dieu. Nous pourrions dire aujourd’hui,
nous chrétiens, que l’alliance personnelle que Dieu fait avec chacun d’entre
nous, par Jésus ressuscité, traverse la mort. « Il nous suscite à la vie, pour un temps sur cette terre, pour
toujours dans l'éternité du ciel », disait le Pasteur Joël Hervé
Boudja dans son homélie du même 6 novembre[4].
« Tous en effet vivent pour lui ». Pour
lui le Dieu des vivants. C’est la relation à Dieu qui nous rend vivants, qui fonde
notre existence par-delà la mort. C’est le désir de Dieu qui oriente le désir
des vivants au-delà de la mort. Telle était la conviction de Paul : « Aucun de nous ne vit pour soi-même et
aucun de nous ne meurt pour soi-même, si nous vivons nous vivons pour le
Seigneur et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. » (Rom.14,
7-8).
Tous
vivent pour lui ; pour lui, tous vivent. Pour Dieu, tous sont vivants. Comme
Abraham, Isaac, Jacob, chacun et chacune de ceux qui les ont suivi, chacun et
chacune d’entre nous, pour toujours. « Et
il a tout avantage à ce que nous soyons vivants pour le louer, parce que c’est
la louange qui rassemble le ciel et la terre », disait sr Marie
Raphaël lors de la retraite.
« La mort ne peut te
rendre grâce ni le séjour des morts te louer. Ils n’espèrent plus ta fidélité,
ceux qui descendent dans la fosse. Le vivant, le vivant, lui, te loue comme
moi, aujourd’hui. Seigneur, viens me sauver. Et nous jouerons sur nos cithares
tous les jours de notre vie, auprès de la maison du Seigneur. » (Cantique
d’ézéchias (Is 38, 18-19) - AT
23). [5]
Je
crois que Sainte Mechtilde nous fait un clin d’œil de là-haut !
Redisons à notre Père les mots que Jésus nous a appris…
Prière finale
« Père très saint, les
cieux et la terre, et toutes les créatures n’ont qu’une voix pour célébrer tes
louanges et ta gloire ; qu’il nous soit permis de nous unir à ce
magnifique concert et de t’offrir cette prière[6]. »
Nous
te le demandons, par Jésus-Christ ton Fils, qui règne avec toi et le
Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.
[1]
Préface du Livre de la Grâce spéciale : Révélations de Ste Mechtilde, Trad.
Solesmes, 1878.
[2]
ibid. cit.
[3]
Christian Bobin (1997), Autoportrait au radiateur, 29 juillet
[4] https://www.camer.be (6/11/2022)
[5]
voir aussi, par exemple : Ps 6, 6 ; Ba 2, 17 ; Si 17, 27
[6]
Prière de Sainte Mechtilde, dans Le livre de la Grâce Spéciale.
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