samedi 2 avril 2022

Liturgie de la Parole, 4e samedi de carême

 (sœur Marie Raphaël)

Ouverture

Dans la première lecture, le prophète Jérémie comprend qu’il y a un complot contre lui, qu’on en veut à sa vie. Il le dit à Dieu et lui remet sa cause. Au chapitre 7 de l’évangile de Jean, nous voyons que Jésus lui aussi est conscient du fait qu’on veut le tuer. C’est pour cela qu’il hésite à se rendre à la fête des Tentes. Comme nous l’avons vu hier, finalement, il s’y rend quand même, discrètement. Puis il va enseigner dans le temple. On voit que les avis, autour de lui, sont partagés. Ça discute beaucoup. Puis, le dernier jour de la fête, il prend la parole de façon plus solennelle : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ». L’extrait de l’évangile que nous allons entendre vient juste après. Mais commençons par chanter les Psaumes.

Résonances

Il en faut du courage à Nicodème pour sortir de l’ombre et prendre le contrepied des autres Pharisiens. Eux, ils ont trouvé l’argument choc : l’Ecriture dit que le Messie doit venir de Bethléem et de la descendance de David. Or, Jésus vient de Galilée. Il ne peut donc ni être prophète, ni messie. Point final. Voilà une belle façon de mettre l’Ecriture au service de ce qui nous arrange.

Nicodème part aussi de l’Ecriture, et même de la Loi : « notre Loi permet-elle de juger un homme sans l’entendre d’abord pour savoir ce qu’il a fait ? à cette question pleine de bon sens, les autres opposent une fin de non-recevoir, sur le ton de l’ironie : « cherche bien et tu verras que jamais aucun prophète ne surgit de Galilée ! C’est l’argument du « cela ne s’est jamais vu, donc cela ne se verra jamais ». Cet argument est très faible. Il révèle seulement leur mauvaise foi, leur préjugé, leur refus de se laisser instruire. Comme s’ils craignaient de se laisser séduire…

La peur, nous l’avons appris, est un puissant moteur d’action (ou d’inaction). Aussi puissant que la colère. Mais la peur n’est jamais bonne conseillère. Un autre moteur d’action est la curiosité, la décision consciente de se laisser étonner. Nicodème ose ouvrir cette porte. Nicodème apparaît trois fois dans l’évangile de Jean. Au chapitre 3, il montre sa curiosité, mais c’est encore de nuit. Au chapitre 7, sa curiosité se transforme en audace d’aller à contrecourant de ses confrères. Nous le retrouverons au chapitre 19 quand, après la mort de Jésus, cette audace le fera avancer vers la lumière et prendre l’initiative, avec Joseph d’Arimathie, d’offrir l’hommage dû au corps mort de Jésus.

Face à Jésus, chacun de nous fait un chemin de foi personnel. Puissions-nous cultiver la curiosité et le désir d’apprendre, puis sortir de l’ombre et remonter le courant des opinions méprisantes, puis affirmer clairement notre foi, quand l’occasion se présente, en offrant comme Nicodème les aromates d’une vie accordée à la grâce de notre nouvelle naissance.

Prière

Seigneur Jésus, devant ta Parole bouleversante, tu nous demandes de prendre position. Éveille notre curiosité, fais-nous cheminer vers toi, fais grandir notre foi. Ainsi, nous créerons une brèche pour que ton mystère pascal se prolonge dans notre monde et que ton salut advienne pour nous et pour l’humanité.

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