(sœur Marie Raphaël)
Ouverture
Dans la première lecture, le prophète Jérémie comprend
qu’il y a un complot contre lui, qu’on en veut à sa vie. Il le dit à Dieu et
lui remet sa cause. Au chapitre 7 de l’évangile de Jean, nous voyons que Jésus
lui aussi est conscient du fait qu’on veut le tuer. C’est pour cela qu’il
hésite à se rendre à la fête des Tentes. Comme nous l’avons vu hier,
finalement, il s’y rend quand même, discrètement. Puis il va enseigner dans le
temple. On voit que les avis, autour de lui, sont partagés. Ça discute
beaucoup. Puis, le dernier jour de la fête, il prend la parole de façon plus
solennelle : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il
boive ». L’extrait de l’évangile que nous allons entendre vient juste après.
Mais commençons par chanter les Psaumes.
Résonances
Il en faut du courage à Nicodème pour sortir de
l’ombre et prendre le contrepied des autres Pharisiens. Eux, ils ont trouvé
l’argument choc : l’Ecriture dit que le Messie doit venir de Bethléem et
de la descendance de David. Or, Jésus vient de Galilée. Il ne peut donc ni être
prophète, ni messie. Point final. Voilà une belle façon de mettre l’Ecriture au
service de ce qui nous arrange.
Nicodème part aussi de l’Ecriture, et même de la
Loi : « notre Loi permet-elle de juger un homme sans l’entendre
d’abord pour savoir ce qu’il a fait ? à cette question pleine de bon sens,
les autres opposent une fin de non-recevoir, sur le ton de l’ironie :
« cherche bien et tu verras que jamais aucun prophète ne surgit de
Galilée ! C’est l’argument du « cela ne s’est jamais vu, donc cela ne
se verra jamais ». Cet argument est très faible. Il révèle seulement leur
mauvaise foi, leur préjugé, leur refus de se laisser instruire. Comme s’ils craignaient
de se laisser séduire…
La peur, nous l’avons appris, est un puissant moteur
d’action (ou d’inaction). Aussi puissant que la colère. Mais la peur n’est
jamais bonne conseillère. Un autre moteur d’action est la curiosité, la
décision consciente de se laisser étonner. Nicodème ose ouvrir cette porte.
Nicodème apparaît trois fois dans l’évangile de Jean. Au chapitre 3, il montre
sa curiosité, mais c’est encore de nuit. Au chapitre 7, sa curiosité se
transforme en audace d’aller à contrecourant de ses confrères. Nous le retrouverons
au chapitre 19 quand, après la mort de Jésus, cette audace le fera avancer vers
la lumière et prendre l’initiative, avec Joseph d’Arimathie, d’offrir l’hommage
dû au corps mort de Jésus.
Face à Jésus, chacun de nous fait un chemin de foi
personnel. Puissions-nous cultiver la curiosité et le désir d’apprendre, puis
sortir de l’ombre et remonter le courant des opinions méprisantes, puis
affirmer clairement notre foi, quand l’occasion se présente, en offrant comme
Nicodème les aromates d’une vie accordée à la grâce de notre nouvelle
naissance.
Prière
Seigneur Jésus, devant ta Parole bouleversante, tu
nous demandes de prendre position. Éveille notre curiosité, fais-nous cheminer
vers toi, fais grandir notre foi. Ainsi, nous créerons une brèche pour que ton
mystère pascal se prolonge dans notre monde et que ton salut advienne pour nous
et pour l’humanité.
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