mercredi 6 avril 2022

Liturgie de la Parole, 5e mercredi de carême

(sœur Marie Raphaël)

Ouverture.

« La vérité vous rendra libres ». Liberté, vérité. Ces deux mots nous parlent à travers les lectures d’aujourd’hui. Qu’est-ce que la liberté ? la vérité ? La question est brûlante : aujourd’hui, la guerre est aussi la guerre de la communication. Les images que nous voyons, sont-elles vraies ou truquées ? trafiquées ? La communication est lieu de manipulation. La vérité ne va absolument pas de soi. Qui croire ? Car oui, il semble bien que la vérité soit de l’ordre de la foi, et donc d’un témoignage fiable.

 Résonances

Pour commenter ces textes, le missel de Clervaux propose une citation de Gustave Thibon : « L’homme n’est pas libre dans la mesure où il ne dépend de rien ni de personne : il est libre dans la mesure où il dépend de ce qu’il aime, et il est captif dans l’exacte mesure où il dépend de ce qu’il ne peut aimer. Ainsi, le problème de la liberté ne se pose pas en termes d’indépendance, il se pose en termes d’amour. Notre puissance d’attachement détermine notre capacité de liberté »[1].

La liberté est donc à la fois attachement et détachement. Le juste attachement et le juste détachement. Sidrac, Misac et Abdénago, les trois jeunes gens dans la fournaise, sont tellement attachés à leur Dieu qu’ils sont détachés de leur propre vie. Nabuchodonosor, au début, est prisonnier de sa colère, et aussi de son propre pouvoir et prestige. Il apprécie ces trois jeunes gens, mais il est pris au piège de sa propre parole et risquerait de perdre la face devant ses sujets s’il leur faisait grâce.  Mais il se laisse bouleverser par leur liberté intérieure. Une liberté qui les fait bénir Dieu au cœur de la fournaise. Et il acquiert lui-même la liberté de se remettre en question, d’aller à l’encontre de sa propre décision, de les délivrer et de bénir leur Dieu. Nabuchodonosor, roi cruel qui a provoqué la ruine de Jérusalem, apparaît dans le livre du prophète Daniel comme le modèle d’un roi païen capable de se convertir par rapport à sa propre violence et son attachement au pouvoir. Et cela, par la grâce de la liberté des autres.

C’est au nom de ce Dieu de liberté que Jésus invite ses interlocuteurs à croire en lui, à s’attacher à lui. « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples. Alors, vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres ». Thibon : « notre puissance d’attachement détermine notre capacité de liberté ». Jésus suggère que notre attachement à la vérité nous rendra de plus en plus libres. Mais qu’est-ce que la vérité ?

Le thème de la vérité parcourt tout l’évangile de Jean et culminera dans la question de Pilate : « qu’est-ce que la vérité ? » Pilate n’est pas libre, même s’il a le pouvoir. Il est prisonnier de son pouvoir, de son attachement au pouvoir. Jésus en paiera le prix. Jésus, lui, sera libre jusqu’au bout : « ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne ». Et par sa liberté, il nous délivrera tous. Il nous délivrera de nos attachements mortifères, du mensonge, du goût du pouvoir, de la colère et de la jalousie. Engageons-nous à sa suite sur ce chemin de liberté et de vérité. Sur ce chemin de foi.

 Prière.

Seigneur, délivre-nous du mensonge, attache-nous à la vérité qui nous rendra libres. Marche dans la fournaise aux côtés de ceux qui témoignent de leur foi jusqu’à en mourir. Marche dans la fournaise aux côtés de ceux qui s’engagent pour la paix et résistent au mensonge. Avec eux, donne-nous de chanter ce cantique : « à toi, louange et gloire éternellement ».



[1] G. Thibon, cité par C. Chabanis, Gustave Thibon, témoin de la lumière, Paris, Beauchesne, 1967, p. 145

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