(sœur Marie Raphaël)
Ouverture.
« La vérité vous rendra libres ». Liberté,
vérité. Ces deux mots nous parlent à travers les lectures d’aujourd’hui.
Qu’est-ce que la liberté ? la vérité ? La question est
brûlante : aujourd’hui, la guerre est aussi la guerre de la communication.
Les images que nous voyons, sont-elles vraies ou truquées ?
trafiquées ? La communication est lieu de manipulation. La vérité ne va
absolument pas de soi. Qui croire ? Car oui, il semble bien que la
vérité soit de l’ordre de la foi, et donc d’un témoignage fiable.
Pour commenter ces textes, le missel de Clervaux
propose une citation de Gustave Thibon : « L’homme n’est pas libre
dans la mesure où il ne dépend de rien ni de personne : il est libre dans
la mesure où il dépend de ce qu’il aime, et il est captif dans l’exacte mesure
où il dépend de ce qu’il ne peut aimer. Ainsi, le problème de la liberté ne se
pose pas en termes d’indépendance, il se pose en termes d’amour. Notre
puissance d’attachement détermine notre capacité de liberté »[1].
La liberté est donc à la fois attachement et
détachement. Le juste attachement et le juste détachement. Sidrac, Misac et
Abdénago, les trois jeunes gens dans la fournaise, sont tellement attachés à
leur Dieu qu’ils sont détachés de leur propre vie. Nabuchodonosor, au début,
est prisonnier de sa colère, et aussi de son propre pouvoir et prestige. Il
apprécie ces trois jeunes gens, mais il est pris au piège de sa propre parole
et risquerait de perdre la face devant ses sujets s’il leur faisait grâce. Mais il se laisse bouleverser par leur
liberté intérieure. Une liberté qui les fait bénir Dieu au cœur de la
fournaise. Et il acquiert lui-même la liberté de se remettre en question,
d’aller à l’encontre de sa propre décision, de les délivrer et de bénir leur
Dieu. Nabuchodonosor, roi cruel qui a provoqué la ruine de Jérusalem, apparaît
dans le livre du prophète Daniel comme le modèle d’un roi païen capable de se
convertir par rapport à sa propre violence et son attachement au pouvoir. Et
cela, par la grâce de la liberté des autres.
C’est au nom de ce Dieu de liberté que Jésus invite
ses interlocuteurs à croire en lui, à s’attacher à lui. « Si vous demeurez
fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples. Alors, vous connaîtrez
la vérité et la vérité vous rendra libres ». Thibon : « notre
puissance d’attachement détermine notre capacité de liberté ». Jésus
suggère que notre attachement à la vérité nous rendra de plus en plus libres.
Mais qu’est-ce que la vérité ?
Le thème de la vérité parcourt tout l’évangile de Jean
et culminera dans la question de Pilate : « qu’est-ce que la
vérité ? » Pilate n’est pas libre, même s’il a le pouvoir. Il est
prisonnier de son pouvoir, de son attachement au pouvoir. Jésus en paiera le
prix. Jésus, lui, sera libre jusqu’au bout : « ma vie, nul ne la
prend, c’est moi qui la donne ». Et par sa liberté, il nous délivrera
tous. Il nous délivrera de nos attachements mortifères, du mensonge, du goût du
pouvoir, de la colère et de la jalousie. Engageons-nous à sa suite sur ce
chemin de liberté et de vérité. Sur ce chemin de foi.
Seigneur, délivre-nous du mensonge, attache-nous à la
vérité qui nous rendra libres. Marche dans la fournaise aux côtés de ceux qui
témoignent de leur foi jusqu’à en mourir. Marche dans la fournaise aux côtés de
ceux qui s’engagent pour la paix et résistent au mensonge. Avec eux, donne-nous
de chanter ce cantique : « à toi, louange et gloire
éternellement ».
[1] G. Thibon, cité par C.
Chabanis, Gustave Thibon, témoin de la lumière, Paris, Beauchesne, 1967,
p. 145
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