(Saint Polycarpe)
(Sr Marie Raphaël)
Ouverture
Nous faisons aujourd’hui mémoire de saint Polycarpe.
Il fut évêque à Smyrne au 2ème siècle et mourut martyr à 86 ans le
23 février 155. Sa mémoire nous est particulièrement chère, parce qu’il est
témoin des tout premiers temps de l’Eglise, il a connu saint Jean, le disciple
bien-aimé du Christ. Témoin de ce siècle où la foi au Christ, l’attachement à
l’Evangile, s’est répandue comme une trainée de poudre dans le monde
méditerranéen, malgré les résistances juives et les persécutions romaines. Cela
nous interpelle aujourd’hui : comment la Bonne Nouvelle poursuit-elle sa
route dans les cœurs ? Polycarpe a connu Jean qui a connu Jésus. La foi se
transmet par contagion, comme un flambeau qui se propage et se partage sans
diminuer. Soyons dans la reconnaissance pour les témoins qui nous ont précédés
et nous ont permis de devenir témoins à notre tour.
Je trouve que cet extrait de la lettre de saint
Jacques est d’une brûlante actualité. Je pense aux jeunes d’aujourd’hui, la
génération de mes neveux et nièces. Que signifie pour eux cette parole :
« vous autres, maintenant, vous dites : ‘aujourd’hui ou demain, nous
irons dans telle ou telle ville, nous y passerons l’année, nous ferons du
commerce et nous gagnerons de l’argent’, alors que vous ne savez même pas ce
que sera votre vie demain ! Vous n’êtes qu’un peu de brume qui paraît un
instant puis disparaît… ». Pour eux qui sont au seuil de l’âge adulte,
c’est très difficile de se projeter dans le futur. Il y a le réchauffement
climatique, les pandémies, l’immense problème migratoire, les incertitudes
géopolitiques… et nous voudrions qu’ils fassent des projets solides pour le
monde de demain. Plus que jamais, ils ont conscience de n’être « qu’un peu
de brume qui paraît un instant puis disparaît ».
Jacques, dans sa lettre, s’adressait aux arrogants qui
se prétendaient maîtres de leur destin, ces vantards dépourvus de vigilance qui
construisaient un monde sans Dieu. Au contraire, les jeunes d’aujourd’hui ont
une conscience aiguë de leur fragilité et de l’incertitude de l’avenir. C’est
l’autre extrême : on n’entreprend plus rien, on se laisse couler, on
baisse les bras.
Mais la réponse de Jacques reste valable : il
suggère : « vous devriez dire, au contraire : ‘si le Seigneur le
veut bien, nous serons en vie et nous ferons ceci ou cela’ » et il
ajoute : « être en mesure de faire le bien et ne pas le faire, c’est
un péché. » La parole de Jacques nous invite à remettre le Seigneur au
centre de nos vies. L’espérance n’est pas une confiance béate en un avenir où
tout serait facile. L’espérance chrétienne est plutôt de savoir que le Seigneur
est là, au cœur du réel dans toute sa complexité, qu’il est avec nous et qu’il
se présente à nous comme le rocher sur lequel nous pouvons nous appuyer pour
nous projeter dans l’avenir. Accepter l’incertitude et la non-maîtrise ne veut
pas dire démissionner.
On rejoint l’évangile et cette incroyable confiance de
Jésus lorsqu’il dit : « celui qui n’est pas contre nous est pour
nous ». Quelle ouverture ! En disant cela, il exclut la catégorie de
l’entre-deux, des indécis. Du moment qu’on n’est pas contre, on est pour !
Le Royaume de Dieu se construit bien au-delà des
frontières de l’Eglise. Partout où l’on ne refuse pas l’amour, l’amour fait
sont travail et trace son chemin dans les cœurs. Puissions-nous offrir cette
belle espérance au monde qui est le nôtre.
Seigneur Jésus, nous voulons invoque ton nom sur notre
monde. Établis ton règne d’amour dans tous les cœurs. Apprends-nous la
confiance pour aujourd’hui et demain, afin que nous puissions discerner le bien
qui est à notre portée, et le faire.
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