(Isabelle)
Introduction
La
première lecture du jour (1 R 10, 1-10) est magnifique ! Un vrai film
hollywoodien se déroule devant nos yeux : La Reine de Saba rend visite à
Salomon avec toute son escorte et tous ses présents. Elle lui pose des énigmes
pour éprouver son intelligence et sa sagesse - malheureusement, on ne nous
dit pas lesquelles. « Tu surpasses
en sagesse et en magnificence la renommée qui était venue jusqu’à
moi ! Béni soit le Seigneur qui t’a montré sa bienveillance en te
plaçant sur le trône d’Israël ». Et elle s’en retourne dans son royaume,
impressionnée.
Méditation (Mc
7, 14-23)
« Rien de ce qui est
extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur.
Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur ». « Le
mal vient du dedans de lui-même ».
Le
Christ était juif. Il connaissait bien les prescriptions de la Torah (« mitzvot »)
qu’il fallait suivre pour être pur et accéder Dieu ! Les plus connues sont
les 10 commandements, bien sûr. Et il y a 603 autres prescriptions positives (« tu
feras ») et négatives (« tu ne feras pas »), parmi lesquelles les
ablutions rituelles, les incompatibilités alimentaires et les obligations
culinaires un peu surprenantes que les juifs connaissent encore aujourd’hui. Jésus
pratiquait sans doute avec assiduité ces prescriptions depuis qu’il était petit.
On
a entendu hier que certains disciples négligeaient les ablutions rituelles ;
cela gênait beaucoup les pharisiens car tout le système était basé sur l’obéissance
à ces règles d’inspiration divine. Elles garantissaient la pureté du juif car impur,
« contaminé », « mélangé », il ne pouvait prétendre à rencontrer
Dieu. Etaient « impurs chroniques » les lépreux et les étrangers. Des
infréquentables, des intouchables. Tous les hommes n’auraient donc pas accès à
l’expérience de Dieu ? A sa miséricorde ? A la communauté des
croyants ? A cause de sa naissance ? Ou faute de pratiques rituelles ?
Aujourd’hui, pour la plupart de nos contemporains, c’est impensable - quoique
… ! Pour le Christ, c’était inacceptable de limiter l’accès à son Père !
« Vous laissez de côté le
commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. »,
disait-il aux pharisiens.
Dans
cet évangile, nous voyons Jésus clarifier les choses et ouvrir des perspectives
pour tous. Il s’exprime face à la foule, composée sans doute de toutes sortes
de personnes, pures et impures. Il rejette, ou en tout cas minimise, les règles
de purification instituées. Il insiste sur ce qui empêche vraiment la rencontre
avec le Seigneur : l’homme lui-même, avec ses « pensées perverses » qui empêchent la relation vraie
avec les autres, avec soi-même et avec Dieu. Jean Cassien le redisait autrement,
avec peut-être des mots plus proches de notre vécu quotidien que « vol,
meurtre, adultère, débauche, etc.». Je cite : « Ne connaître ni l’envie, ni la colère ; n’agir point par
frivolité ; ne pas chercher son intérêt propre ; ne tenir point compte
du mal ; et le reste : n’est-ce pas offrir continuellement à Dieu un
cœur parfait et très pur, et le garder intact de tout mouvement de la
passion ». Cela ressemble bien aux instruments de l’art spirituel de
la Règle (RB, ch. IV, 22-31).
Jésus, dans cet évangile, nous
dit-il autre chose ?
Oraison
Dieu
notre Père, aide-nous à être « les
gardiens de notre cœur et de nos passions » (Evagre le Pontique),
à descendre au fond de notre réalité, à la transformer en prière et à trouver
ce lieu de paix dans lequel tu demeures en nous et nous en toi. Nous te le
demandons, par Jésus Christ, ton fils notre Seigneur.
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