lundi 21 février 2022

Liturgie de la Parole, 7e lundi TO

(Rosy)

Introduction

Marc nous rapporte aujourd’hui un miracle de guérison, un exorcisme, celui d’un enfant.

Son récit est long, détaillé, plein de personnages, riche aussi en discours, surtout dans la bouche de Jésus.

Ce récit peut tant nous apprendre…

Alors, là où je me suis laissée surprendre, c’est dans le rapport de Jésus au temps.  

Son temps n’est pas le nôtre…  et, comme le disait Claire d’Assise à François : il nous faut apprendre à vivre dans le temps de Dieu.

Préparons-nous à accueillir les textes de ce jour en chantant les psaumes.

 

Commentaire

Que de gens sur scène :

-       D’abord Jésus et ses apôtres (le trio de tête) qui redescend calmement de la montagne après un moment de révélation extraordinaire. Il faisait bon là-haut, comme disait Pierre. Et les voilà qui « redescendent de la montagne ».

-       Le contraste a dû être rude avec tous ces gens qui vitupèrent dans la plaine : un face à face entre les apôtres, les 9 restés en bas, et une foule formée elle-même de ceux venus pour une guérison et les autres simplement pour « voir ». Une foule qui a aperçu Jésus et accourt vers lui.

-       Il y a surtout un homme seul, désemparé, profondément déçu de l’échec des apôtres.

-       Jésus, alors, pose une de ses questions favorites : « De quoi discutez-vous ? » Il la repose d’ailleurs déjà à ses apôtres 4 versets plus loin : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Comme ce sera la question sur le chemin d’Emmaüs et en d’autres circonstances.

-       En fait, entre nous, de quoi discutons-nous et quelle y est la place de Jésus ?

Le père saute sur l’occasion. Il décrit longuement la situation de son fils et signale l’incapacité des disciples à le guérir. C’est à partir d’ici que s’éveille mon étonnement : Jésus aurait dû, comme tant d’autres fois, être pris de compassion et guérir l’enfant au plus vite. Et d’ailleurs, où est-il ce petit ?

Or, que voyons-nous ? Un Jésus qui semble ne pas entendre la demande, qui se lance dans des reproches (à la foule ? aux disciples ?), qui exprime sa déception…

Puis qui appelle quand même l’enfant possédé.

On s’attend donc à ce qu’il chasse le démon…

Mais non, dans le face à face, ce n’est pas Jésus qui agit… c’est l’esprit mauvais qui se manifeste ! Et nous avons droit à la description détaillée de la scène.

De quoi cette fois émouvoir le Maître ? C’est sûrement ce que guette le père.

Jésus ouvre la bouche, mais ce n’est toujours pas pour guérir l’enfant. Il pose une question au père, une question qui nous semble quand même un peu… hors de propos : « Depuis quand ? » comme un médecin qui doit poser son diagnostic.

Le père n’en peut plus, il répond rapidement puis se relance dans une description détaillée avant la supplication finale : « si tu peux », « viens à notre secours », « par compassion… ».

Pauvre homme, voilà que sa supplique se retourne contre lui :

« Si tu peux » pourquoi dis-tu « si tu peux ? » « Tout est possible pour celui qui croit ».

Mais qui est désigné ici ? Celui qui peut tout, c’est Jésus, mais il ne peut croire en lui-même… Alors, le père ? les disciples inefficaces ? chacun dans la foule ? La sentence est générale.

Cela rappelle la demande du lépreux au 1er chapitre : « Si tu veux, tu peux… » et Jésus de répondre du tac au tac : « je le veux, sois purifié. » Aucun délai cette fois-là.
Aussitôt, reprend Marc, le père de l’enfant s’écrie : « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! » Cette magnifique réponse va-t-elle répondre à l’attente de Jésus ?

On a l’impression qu’il poursuivrait bien la conversation…

Ce qui le décide, finalement, c’est qu’il voit la foule qui s’attroupe, toujours davantage.

Alors, il menace enfin l’esprit impur et le chasse… pour toujours ! Ainsi s’introduit une autre notion du temps.

Jésus a bien tardé avant d’exaucer la demande. Cela rappelle l’épisode de Lazare, où Jésus attend deux jours avant de se mettre en route en disant « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez.»

Cette guérison de l’enfant est unique, comme toutes celles que rapportent les évangiles, et, cette fois, il semble que Jésus a voulu enseigner, former : chacun a pu en tirer parti :

La foule « incroyante » …

Le père interpelé dans sa foi,

Les apôtres dans leur prière,

Et nous, dans notre impatience ou notre confiance…

Quel enseignement nous réserve Jésus en temps d’attente, d’espérance… ?

Prions le Seigneur, présentons-lui notre demande mais n’exigeons rien, ni tout de suite : apprenons à vivre dans le temps de Dieu, à lui garder notre foi même quand l’attente se fait démesurément longue, lui seul sait ce qui est le meilleur pour chacun.

Ainsi dit l’Ecclésiaste (3,11) « Tout ce qu’Il a fait est beau en son temps »

 Notre Père : 

Tels des enfants pleins de confiance, tournons-nous vers notre Père, et prions-le

 Oraison

« Accueille les paroles de ma bouche, le murmure de mon cœur ;
qu’ils parviennent devant toi, Seigneur, mon rocher, mon défenseur ! »

Nous te le demandons avec confiance, toi qui vis et règnes, avec le Père et l’Esprit…

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