mardi 8 février 2022

Liturgie de la Parole, 5e mardi, TO

 (Sr Marie Raphaël)

 Ouverture

Hymne : « Dieu s’est préparé une demeure ». J’ai choisi cette hymne à cause de la première lecture : la dédicace du Temple de Jérusalem (suite de la lecture d’hier). Salomon n’est pas dupe : ce n’est pas le temple qui lui permettra d’enfermer Dieu dans un lieu circonscrit.

À quoi sert le temple ? Avant tout pour les hommes : c’est une maison de prière. Même si on peut prier Dieu partout, il est bon d’avoir des lieux réservés à cela : ça aide, ça donne une dimension plus concrète et physique à la prière. Et le lieu finit par s’imprégner de ce qui s’y passe. Comme ici, pour nous, maintenant : nous avons la chance d’avoir une si belle église ! Souvent, les hôtes me disent qu’ils sentent l’énergie particulière de ce lieu. Pour moi, la psalmodie elle-même est comme un lieu, un écrin pour la prière. L’acte de psalmodier est comparable à celui de construire une maison de prière. À l’intérieur de cette maison, le cri du cœur de l’homme trouve un espace pour s’épancher. En chantant les psaumes, ce midi, édifions la maison de notre prière.

Résonances

Salomon a hérité de son père David un grand royaume en paix. Que fait-on pour occuper ses troupes quand on est roi et qu’on n’a plus de guerre à mener ? Par exemple : construire un temple, mobiliser la population autour d’un projet commun qui prendra son temps, qui sera grandiose. Et qui servira l’unité du pays, qui servira le contrôle du roi sur ses sujets, jusque dans leur vie religieuse. Vraiment, c’est un roi sage que Salomon. Une sagesse qui est aussi une habilité politique et stratégique. Quand on parcourt, dans le premier livre des Rois, les chapitres consacrés à la construction du temple, jusqu’à l’apothéose de sa dédicace, on se rend bien compte que le temple est pour Salomon un instrument pour étaler aux yeux du monde sa puissance, sa richesse, son prestige. C’est plus à la gloire de Salomon qu’à la gloire de Dieu ! Et il est habile quand il va jusqu’à remettre Dieu à sa place dans le ciel en disant : « Est-ce que vraiment Dieu habiterait sur la terre ? Les cieux et les hauteurs des cieux ne peuvent te contenir : encore moins cette Maison que j’ai bâtie ! »

Le temple de Jérusalem restera un signe ambigu tout au long de l’histoire d’Israël. Les prophètes dénonceront le culte hypocrite qui s’y joue. Le temple sera détruit au moment de l’exil et les prophètes montreront combien cela n’empêchera pas Dieu de demeurer présent au milieu de son peuple. La reconstruction du temple après l’exil mobilisera les énergies, mais là encore, pas sans ambiguïtés. Puis le temple sera profané par Antiochos Epiphane à l’époque des Séleucides, ce qui justifiera la guerre sainte menée par Judas Maccabée. Hérode enfin, reconstruira le troisième temple pour asseoir son prestige aux yeux des Romains et consolider son contrôle sur la caste des prêtres… C’est ce temple-là que Jésus a connu. Jésus respecte le temple, il en fait un lieu de son enseignement et il observe ce qui s’y passe. Surtout, il redonne à ce lieu sa véritable vocation : « maison de prière ». Ce qu’il dénonce, à la manière des prophètes, c’est le ritualisme creux, la commercialisation de la piété, la récupération du sacré à des fins économiques ou politiques.

Salomon, dans sa prière, rappelle que Dieu a dit du temple : « C’est ici que sera mon Nom ». Je trouve que c’est la plus belle définition. Le temple est le lieu où Dieu fait habiter son Nom, sa présence. Et nous savons que le nom de Dieu est vie, dynamisme, un nom insaisissable, le verbe « être » toujours en devenir. Or, Jésus est celui qui incarne parfaitement ce nom : il est « Dieu-avec-nous » en personne. Plus besoin de temple si nous avons le Christ. Il y a ici bien plus que Salomon !

Prière

Seigneur, en cette maison de prière, nous invoquons ton Nom. Accueille l’offrande de notre prière et viens manifester ta présence au cœur de l’humanité qui se tourne vers toi avec confiance.

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