samedi 8 janvier 2022

Liturgie de la Parole, samedi après l'Epiphanie

 Introduction :

Bonjour à tous et à toutes. Aujourd’hui, nous entendrons Jean, et Jean parlant de Jean. Oui, il y a des jours comme cela !

Saint Jean, dans sa première lettre aux membres fidèles de l’église d’Ephèse (1 Jn 5, 14-21), répète plusieurs fois « Nous savons … » : nous savons ce qu’est la prière, nous savons ce qu’'est le péché, nous savons ce qu'est le monde, nous savons qui est Dieu. Il termine sa lettre par une invitation à se garder des idoles, à rester dans la vérité, la Vérité.

L’Evangile de Jean (Jn 3, 20-30) nous expose un épisode de la vie de Jean le Baptiste, qui refuse en quelque sorte d’être mis en concurrence avec Jésus. Il choisit la Vérité et l’Humilité pour reconnaître que le Christ est plus grand que lui et pour lui donner l’espace nécessaire pour accomplir sa mission divine.

Avant de les écouter et de méditer, prions les psaumes.

Lectures  et Méditation (Jn 3, 20-30)

Cet évangile rejoint un questionnement que j’ai depuis un bon moment déjà, et que je vous partage aujourd’hui : quelle place laissons-nous à ceux que nous avons mis en selle, qui nous suivent, qui risquent de nous dépasser ou qui nous dépassent déjà ? Comment en être profondément heureux ? Ce n’est pas comme mère que je me pose cette question, mais plutôt dans le cadre mon travail : Comment permettre aux personnes de mon entourage de développer leur carrière, leur avenir ? Comment faire en sorte que ceux et celles que j’ai accompagnés, ou qui arrivent avec leurs compétences et leurs idées, puissent devenir « indépendants », progresser, prendre leur envol … sans attendre mon départ ?

Je rencontre régulièrement des collègues qui ne me rejoignent pas sur ces questions. Ils (ou elles) me parlent de la nécessité de maintenir notre « bonne » organisation, de faire que le projet « continue ainsi », que les jeunes restent « tranquilles », que le chef reste « le chef ». Inutile de vous dire que je comprends bien ce texte de l’évangile : la petite cour de Jean Baptiste qui s’indigne de ce que le nouveau-là, Jésus, récolte plus d’intérêt que lui. Leur crainte qu’il puisse mettre le précurseur en péril, d’autant qu’il a l’air d’assurer, celui-là. Il a sûrement un avenir brillant : il fait déjà autorité. Et blablabla, et blablabla …

Vous comprenez alors mon intérêt pour la réaction, l’ « être » de Jean Baptiste ! Il fait confiance à Jésus qu’il a devancé, qu’il a baptisé. Il sait qu’ils sont tous les deux de la même veine, de la même trempe, de la même lignée, qu’ils partagent le même projet. Qu’importe s’il agit différemment ! Il va son chemin ! Jean-Baptiste laisse le Christ prendre sa place, ses marques pour développer sa propre mission. Il lui apporte son soutien. Sa joie est grande, très grande, de le voir s’épanouir et accomplir le plan que Dieu a dessiné pour lui.

Ah ! Si tous ceux qui sont « chefs » pouvaient méditer la recette de Jean-Baptiste : « Il faut qu’il grandisse et moi que je diminue », être « l’ami de l’époux » et « en être tout joyeux »!

Faire de l’autre un frère, le reconnaître Don de Dieu, se réjouir de son parcours, le mettre devant soi, avec Dieu au cœur de la relation, c’est facile à dire ! Comment mettre cela en pratique au quotidien ? Au boulot ? Quel chemin peut-on parcourir, quel travail peut-on faire sur soi, pour arriver à cette grande joie de laisser l’autre advenir en s’humiliant soi-même ?  

Le mot est dit : « humilier » ! Nous avons un outil extraordinaire pour y arriver. Vous le connaissez : il décrit au chapitre 7 de la Règle. L’échelle de l’humilité ! « Une échelle dressée vers le ciel comme l’échelle où Jacob vit en songe monter et descendre les anges ».


Je vous invite à contempler l’icône du songe de Jacob, en réfléchissant à la manière dont nous gravissons cette échelle vers l’humilité, à la manière dont nous laissons les autres advenir dans un quotidien parfois fragilisant, parfois difficile à supporter : nos sœurs, nos relations, nos chefs. Parcourons aussi l’échelle dans l’autre sens : que nous descend-il de Dieu qui nous conduise à entrer dans son projet d’Amour et à nous élever vers
« le sommet de la charité divine d’où est bannie la crainte » ? Quelle est notre joie ?

Invitation au Notre-Père :

Avec Jésus, avec tous ceux qui nous aident à grandir, avec ceux que nous aidons à grandir, nous redisons la prière à Notre Père.

Oraison :

Seigneur, Jean-Baptiste et Jésus nous ont montré comment aller jusqu’au bout de ta volonté.  Ils ont cheminé ensemble, avec un profond respect, une profonde humilité, se laissant de la place et se réjouissant l’un l’autre de l’accomplissement de leur mission donnée par Dieu. Donne-nous de reconnaître la mission de chacun, de dynamiser l’inclusion de tous dans notre Eglise, d’écouter et de laisser la place à l’autre, en particulier en ces temps de démarche synodale.

Nous te le demandons à toi qui règnes pour les siècles des siècles, Amen.

Aucun commentaire: