(sœur Marie-Raphaël)
Ouverture
« Heureux celui que ton visage a fasciné » … Le
chant d’entrée a été choisi pour faire honneur à saint Aelred de Rievaulx. Même
s’il ne figure pas dans notre ordo liturgique, nous aimons faire mémoire de ce
grand cistercien du 12ème siècle, qui a connu saint Bernard, et qui
a rédigé de nombreux ouvrages, dont le traité sur l’amitié spirituelle. Pour
lui, toute véritable amitié prend sa source dans l’amitié du Christ.
Rendons-nous disponibles à Dieu, Celui qui nous appelle aujourd’hui à entrer
dans son amitié !
« Me voici, Seigneur, je viens faire ta
volonté ». Ce refrain du psaume 39 que nous avons chanté pourrait bien
être le fil rouge des lectures de ce jour. Selon la lettre aux Hébreux, ce
psaume 39 est celui que le Christ chante en entrant dans le monde :
« tu ne voulais ni offrande, ni sacrifice, tu as ouvert mes
oreilles ; tu ne demandais ni holocauste, ni victimes, alors j’ai
dit : « voici je viens ». Et nous avons vu, dans l’évangile, à
quel point Jésus se rend disponible aux événements, aux rencontres, et aussi à
la prière.
« Me voici ! ». C’est la réponse
spontanée, généreuse, du jeune Samuel, par trois fois, sans même connaître
celui qui l’appelle. Merveilleuse disponibilité de l’enfant, ouverture à la
grâce qui adviendra. En disant « me voici », il se situe dans la
ligne d’Abraham, de Moïse. « Me voici », c’est comme le mot de passe
qui permet au Seigneur d’entrer dans sa vie pour l’orienter vers lui.
Mais la surprise, en fait, c’est que « me
voici » est d’abord et avant tout la parole de Dieu lui-même. C’est même
son nom, son identité, comme le dit le prophète Isaïe : « Eh
bien, mon peuple saura quel est mon nom. Oui, ce jour-là, il saura que c’est
moi-même qui dis : « me voici » ! (Is 52,6).
Et saint Benoît ne manque pas de nous le rappeler dans
le prologue de RB, quand il décrit la scène où le Seigneur se cherche un
ouvrier dans la foule : il dit « quel est l’homme qui veut la vie
et désire voir des jours heureux ? » Si, à cette demande, tu lui
réponds : « moi », Dieu te réplique : « Si tu veux
avoir la vie véritable et éternelle, interdis le mal à ta langue … détourne-toi
du mal et fais le bien, cherche la paix avec ardeur et persévérance. Et lorsque
vous agirez de la sorte, mes yeux seront sur vous et mes oreilles attentives à
vos prières, et avant même que vous ne m’invoquiez, je vous dirai :
« me voici ».
Et saint Benoît d’ajouter avec émerveillement : Quoi
de plus doux, frères très chers, que cette voix du Seigneur qui nous
invite ? Voyez comme le Seigneur lui-même, dans sa bonté, nous montre le
chemin de la vie. (Prologue v. 15 à 20)
Un jour, le jeune Aelred de Rievaulx a entendu cet
appel, et il a répondu « me voici ». Et il a fait l’expérience que
Dieu se faisait connaître à lui comme celui qui l’avait précédé dans ce
« me voici ». Un jour peut-être, sans doute, déjà, chacun de nous a
fait cette expérience. Si nous nous rendons présents à lui, nous découvrons
qu’il est déjà là, qu’il nous attend.
Cherche-nous, Seigneur, et nous te chercherons.
Trouve-nous et laisse-toi trouver par nous. Frappe à notre porte et ouvre-nous
la tienne. Fais-nous entrer chez toi, fais-nous découvrir ta présence en nous.
En ton Fils Jésus, tu nous as dit une fois pour toutes : « me
voici ! ». Donne-nous de le suivre et de répondre avec
confiance : « parle, Seigneur, et nous écouterons ».
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