lundi 17 janvier 2022

Liturgie de la Parole, 2e lundi TO

(sœur Marie-Raphaël)

Ouverture

Hier, nous étions à Cana pour un repas de noces. Aujourd’hui, il sera encore question de l’Epoux et du vin nouveau. Nous faisons aussi mémoire de saint Antoine le grand, le champion du désert… Lui qui jeûnait beaucoup, lui le grand ascète, qu’aurait-il pensé des lectures d’aujourd’hui ? Mais il était passionné, il était fou de Dieu, il connaissait la sobre ivresse de l’Esprit saint ! Avec lui, prolongeons la joie du banquet en plongeant dans le bon vin de la parole de Dieu !

Résonances

-       Pourquoi n’as-tu pas obéi à la voix du Seigneur ?

-       Mais j’ai obéi à la voix du Seigneur !

-       Les Seigneur aime-t-il les holocaustes et les sacrifices autant que l’obéissance à sa parole ?

On assiste, dans la première lecture, à la fin de la royauté de Saül, la goutte qui fait déborder le vase et qui amène Dieu à se repentir de l’avoir fait régner sur Israël. Quel est l’enjeu ?

Dans ce qui précède, Dieu a demandé solennellement à Saül, par l’intermédiaire de Samuel, d’aller combattre Amalec. Il lui a enjoint de vouer à l’anathème tout ce qui lui appartient. Tout : « l’homme comme la femme, l’enfant comme le nourrisson, le bœuf comme le mouton, le chameau comme l’âne ». L’anathème, c’est vraiment une destruction totale, radicale. De la part de Dieu, cela nous paraît révoltant. Qu’est-ce qui se cache derrière cet ordre brutal ?

Il est permis de lire ce récit dans un sens allégorique. Amalec a « barré la route à Israël au moment de la sortie d’Egypte ». Ainsi, Amalec représente ce qui empêche d’accéder à la pleine liberté de l’alliance. Pour permettre au peuple d’entrer dans l’alliance, Dieu demande à son roi d’exterminer radicalement Amalec, d’exterminer radicalement l’obstacle à la liberté. Or, que se passe-t-il ? Saül remporte facilement la victoire, il extermine bien tout le peuple, mais il capture vivant Agag, le roi d’Amalec. Il épargne aussi le meilleur du petit et du gros bétail. De connivence avec le peuple (qui ne veut pas voir se perdre un si beau butin), il décide d’épargner le meilleur et de ne vouer à l’anathème que ce qui est sans valeur et de moindre qualité. La lecture allégorique saute aux yeux. Quand Dieu nous demande d’éradiquer le mal à la racine, il suppose que nous supprimerons d’abord et surtout ce qui en est la cause. Si la victoire contre le mal épargne le prince du mal, cette victoire est une défaite. Dieu leur demande de ne faire aucun butin, de tout vouer à l’anathème, mais ils laissent au contraire la victoire leur tourner la tête au point de retomber dans la convoitise. Or, c’est précisément la convoitise qui les empêche d’accéder à la pleine liberté de l’alliance !

Quand vient le prophète pour mettre le doigt sur cette désobéissance, ils essaient de se justifier, de se dépatouiller en arguant qu’ils avaient justement l’intention de les offrir à Dieu en sacrifice et que c’est pour cela qu’ils les avaient épargnés. Mensonge grossier qui ne fait qu’en rajouter. On verra à la fin du chapitre à quel point Dieu est dégoûté des manigances de Saül.

Il y a un lien que l’on peut faire avec l’évangile. On demande à Jésus pourquoi ses disciples ne jeûnent pas… Les pratiques d’ascèse, comme le jeûne, à l’instar des sacrifices et holocaustes de l’ancienne alliance, peuvent être vécus comme des moyens pour se rapprocher de Dieu. Mais ces moyens peuvent aussi aboutir à un résultat opposé, à une plus grande distance d’avec Dieu, en servant de prétexte à la convoitise et à l’orgueil. Que dit Jésus ? En parlant de la présence de l’Epoux, je pense qu’il nous invite à remettre au centre ce qui doit l’être : la rencontre avec Dieu, la présence de Dieu, la joie de cette présence qui est semblable à la joie des épousailles. Plutôt que de se braquer sur ce qui est permis / défendu, considérer le don, la grandeur du don qui nous est fait, pour ne jamais oublier de nous réjouir et de rendre grâce. Passer résolument du côté du vin nouveau !

Prière

Seigneur, tu es l’Epoux dont la présence nous apporte la plénitude de la joie. Viens encore nous manifester ta gloire ! Tu offres le vin nouveau de ton alliance : fais de nous des outres neuves capables de te recevoir. À ceux qui se laissent engluer dans la morosité de la tristesse, donne le vin de ta joie. À ceux qui se durcissent dans le mépris, donne la douceur de ton Esprit. À ceux qui veulent te servir avec droiture, donne l’ivresse de la générosité. Toi qui…

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