(Rosy)
Introduction
Les deux
lectures de ce jour sont marquées par la peur, la haine, la volonté de mettre à
mort…
On peut
admirer le petit David, il n’empêche que cet épisode du combat contre Goliath -
et donc les Philistins - est un sommet de violence sans retour. Jésus aussi se
trouve face à un « clan » ennemi mais il vient nous montrer comment
réagir dans l’adversité.
Que le
chant des psaumes nous fasse entrer dans l’accueil de la Parole.
Commentaire
Comment
vous représentez-vous David devant Goliath ? Petit berger, roux et beau,
déjà oint pour le Seigneur… ? Tant d’artistes l’ont représenté !
Mais je
parie que la plupart d’entre nous ont aussi l’image du David de Michel-Ange.
Célèbre dès la création de l’œuvre par l’exploit du sculpteur d’avoir travaillé
un bloc de marbre crevassé dont on n’avait
rien pu tirer.
Je suis
frappée par le paradoxe que représente ce chef-d’œuvre. Une statue colossale –
5,17 m ! – pour représenter un « enfant » comme le dit Saül.
Ce qui
est drôle c’est que Goliath, d’après la Bible, avait à peine 3 m !
Michel
Ange est un des rares qui a choisi de représenter David au moment de sa plus
grande vulnérabilité, avant le combat. Il est seul , sans protection, avec sa
petite fronde, une arme de chasse, presque un jouet. Beaucoup d’autres ont
préféré le représenter vainqueur, le pied sur le corps du géant décapité, son
épée ensanglantée à la main… renforçant l’image de violence.
Michel-Ange
a fait de David une statue immense ! Le récit souligne la disproportion entre
la force de Goliath et la faiblesse de David !
Mais, en
présence de Dieu, comme l’artiste le manifeste, le rapport s’inverse.
Jésus est
le fils de David, car il fait triompher la vie de la mort, en dépit de sa
propre fragilité.
Cet
épisode est évidemment très connu : il faut dire qu’il occupe un chapitre
entier du premier livre de Samuel. A noter que dans le second livre de Samuel,
en un seul verset, David en tuera 4, de géants, tous plus menaçants les uns que
les autres, tous venant de Gath comme Goliath !
Mais le
dessein de David semble assez mitigé, car – nous ne l’avons pas lu – il s’est
d’abord amplement renseigné sur la récompense promise par le roi !
« David
contre Goliath » L’expression reste utilisée jusqu’à ce jour, mais dans un
sens déformé : car aujourd’hui, dans le combat de David contre Goliath,
c’est le plus souvent Goliath qui gagne !
Ce qui
sauve cet épisode, ce sont les mots: d’une part, bien sûr, ce sont
malédictions, insultes, menaces, mais dans la bouche de Saül et de David, c’est
l’idée que le Seigneur accompagne, combat, sauve. Avec lui, osons donc défier
les géants qui nous menacent !
Le texte
rapporte peu de paroles, et uniquement dans la bouche de Jésus. Les pharisiens
ont peur de parler, et l’homme doit être bouche bée, déjà mal pris d’être ainsi
au centre.
Par
contre, nous connaissons les sentiments de Jésus : il est partagé entre
colère et tristesse.
Il l’exprime
clairement et longuement en parcourant le groupe des yeux.
Jésus est
blessé par l’endurcissement des cœurs. Et pourtant, il ne désespère pas, il est
clair qu’il veut encore faire une tentative, à ses risques et périls. A eux qui
aiment discuter et palabrer, il pose deux questions qui n’en font qu’une, des
questions en lien direct avec leurs convictions : « est-il
permis ? » Et lui, le sauveur, demande : « est-il permis de
sauver ? »
Quelle
force dans cette question ! Je lis cela comme une porte ouverte, une
dernière chance de changer leur point de vue, de se laisser interpeler, de se
convertir.
Que nous
apprennent les protagonistes de ce court épisode ?
Le groupe
des pharisiens nous met en garde contre nos penchants légalistes, mais surtout –
je pense – il nous invite à ne pas juger, même pas à traiter les pharisiens de…
pharisiens !
L’infirme
manifeste combien l’action de Jésus est sans condition. Connaît-il Jésus ?
A-t-il la foi ? Qu’attend-il ? Il se contente d’exécuter les ordres
de Jésus : lève-toi – viens – étends.
Il ne
demande rien, ne déclare rien, ne remercie pas… A-t-il même reconnu son sauveur ?
Mais c’est la première parole de Jésus qui le met debout ! Cela lui permet
de s’avancer et d’affronter les regards. Jésus a besoin de chacun d’entre nous,
et ce n’est pas à nous à juger du possible.
Et enfin,
bien sûr, il y a Jésus qui n’a de cesse d’aller vers ceux qui refusent le
Royaume, car c’est bien lui qui prend l’initiative.
Pour lui
aussi, tout passe dans son regard quand il les regarde longuement…
Essayons
de nous laisser interpeler par ce regard, laissons-nous regarder par Jésus !
Comment
ne pas entendre ce désir de Jésus de nous voir marcher avec lui.
Il nous appelle sans fin à la conversion qui nous rapprochera de lui et de nos frères.
Jésus
nous a montré toute la force de son amour pour les hommes. Il nous a invité à
nous tourner tous ensemble vers son père qui est notre père. Prions avec les
mots qu’il nous a appris.
Seigneur
Jésus, tu viens sans cesse à nous, tu nous regardes, tu nous mets debouts, tu
nous prends à ton service. Tu n’attends que notre acquiescement à ton dessein
divin. Donne-nous de te répondre en nous levant, en nous avançant… en te faisant
une totale confiance.
Nous te
le demandons, toi qui es vivant, avec le Père et l’Esprit, aujourd’hui et pour
toujours.
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