Ps 88,
39-42
Le psalmiste nous a rapporté les paroles que Dieu adressait à son peuple :
il y était question de protection, d’amour, de fidélité, d’une Alliance
indéfectible avec le roi et sa dynastie…
Les versets qui suivent nous font déchanter :
v. 39-40 : « Pourtant
tu l’as méprisé, rejeté ; tu t’es emporté contre ton messie. Tu as brisé
l’alliance avec ton serviteur, jeté à terre et profané sa couronne »
Le psalmiste se distancie
des paroles de Dieu pour nous décrire ce qu’il en est de la relation du roi avec
son Dieu : mépris, rejet, emportement, alliance brisée, profanation de sa
couronne.
Quel événement a bien pu
provoquer ce revirement ?
L’histoire d’Israël
regorge en effet des infidélités du peuple, sa tentation récurrente d’idolâtrie,
qui l’a conduit à honorer les dieux de ses voisins. A titre d’exemple, citons Salomon,
fils du roi David, qui fréquenta de nombreuses femmes étrangères et vénéra leurs
dieux :
« À l'époque de la
vieillesse de Salomon, ses femmes détournèrent son cœur vers d'autres dieux ;
et son cœur ne fut plus intègre à l'égard du Seigneur, son Dieu, contrairement
à ce qu'avait été le cœur de David son père. Salomon suivit Astarté, déesse des
Sidoniens, et Milkom, l'abomination des Ammonites. Salomon fit ce qui est mal
aux yeux du Seigneur et il ne suivit pas pleinement le Seigneur, comme David,
son père. C'est alors que Salomon bâtit sur la montagne qui est en face de
Jérusalem un haut lieu pour Kemosh, l'abomination de Moab, et aussi pour Molek,
l'abomination des fils d'Ammon. Il en fit autant pour les dieux de toutes ses
femmes étrangères : elles offraient de l'encens et des sacrifices à leurs
dieux. Le Seigneur s'irrita contre Salomon parce que son cœur s'était détourné
de lui, le Dieu d'Israël qui lui était apparu deux fois et qui lui avait
ordonné précisément de ne pas suivre d'autres dieux ; mais Salomon n'observa
pas ce que le Seigneur avait ordonné » (1 R 11, 4-10).
La relation aux ennemis,
face auxquels Dieu assurait une protection, est également envisagée :
v. 41-42 : « Tu
as percé toutes ses murailles, tu as démantelé ses forteresses ; tous les
passants du chemin l’ont pillé : le voilà outragé par ses voisins »
A présent, ce sont des
murailles qui n’assurent plus leur fonction protectrice, des forteresses
anéanties, des pillages et des outrages.
Bien plus, la fragilité
est à son comble, puisque ce sont les « passants du chemin » qui
pillent et non des soldats bien armés. De même, ce sont les « voisins »
qui outragent et non les ennemis des contrées lointaines.
Tel n’est pas le dernier
mot de Dieu. L’Histoire d’Israël montre que le psalmiste ne nous a pas encore
tout dévoilé...
Isaïe s’en fait le porte-parole : « Ton créateur
est ton époux, le Seigneur Sabaot est son nom, le
Saint d'Israël est ton rédempteur, on l'appelle le Dieu de toute la terre. Oui,
comme une femme délaissée et accablée, le Seigneur t'a appelée, comme la femme
de sa jeunesse qui aurait été répudiée, dit ton Dieu. Un court instant je
t'avais délaissée, ému d'une immense pitié, je vais t'unir à moi. Débordant de
fureur, un instant, je t'avais caché ma face. Dans un amour éternel, j'ai eu
pitié de toi, dit le Seigneur, ton rédempteur. Ce sera pour moi comme au temps
de Noé, quand j'ai juré que les eaux de Noé ne se répandraient plus sur la
terre. Je jure de même de ne plus m'irriter contre toi, de ne plus te menacer. Car
les montagnes peuvent s'écarter et les collines chanceler, mon amour ne
s'écartera pas de toi, mon alliance de paix ne chancellera pas, dit le Seigneur
qui te console » (Is 54, 5-10).
Face à ces paroles de
rejet et d’abandon, je peux demander à Dieu de me redire son amour et sa fidélité. Il
me rejoint au creux du cœur, là où la blessure fait mal : « Ta
blessure, c’est ma place » (citation de Stan Rougier).
Viens, Seigneur, envoie
ton Esprit !
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