Ps 84, 5-8
(v. 5) « Fais-nous revenir, Dieu, notre salut, oublie ton
ressentiment contre nous »
Au verset 4, nous lisions « tu es revenu de ta grande fureur ».
Puisque Dieu en est revenu, ne pourrait-il pas nous faire revenir vers
lui ?
Dieu a fait un pas vers son peuple : son « retour »
atteste de son désir d’un lien, d’une Alliance. Pour que le peuple puisse
entrer dans cette Alliance, Dieu doit favoriser ce retour…
En effet, la distance est immense entre Dieu et son peuple. L’être humain
ne peut de lui-même franchir une telle distance… Mais si Dieu le veut, tout est
possible !
En guise d’exemple, relisons la vocation d’Isaïe, qui rend bien compte de
l’abîme qui sépare Dieu de sa créature… mais aussi du désir de Dieu que cet
abîme soit franchi :
« L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur qui siégeait
sur un trône très élevé ; les pans de son manteau remplissaient le Temple. Des
séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils avaient chacun six ailes : deux
pour se couvrir le visage, deux pour se couvrir les pieds, et deux pour voler.
L’un criait à l’autre : ‘Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers !
Toute la terre est remplie de sa gloire’. Les pivots des portes se mirent à
trembler à la voix de celui qui criait, et le Temple se remplissait de fumée.
Je dis alors : ‘Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres
impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu
le Roi, le Seigneur de l’univers !’. L’un des séraphins vola vers moi, tenant
un charbon brûlant qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel. Il l’approcha
de ma bouche et dit : ‘Ceci a touché tes lèvres, et maintenant ta faute est
enlevée, ton péché est pardonné’. J’entendis alors la voix du Seigneur qui
disait : ‘Qui enverrai-je ? qui sera notre messager ?’. Et j’ai répondu : ‘Me
voici : envoie-moi !’ » (Is 6, 1-8).
Lorsqu’il s’agit de l’être humain, « revenir » est apparenté à
se convertir. Nous disions précédemment que l’Exil avait été une punition infligée
au peuple qui s’adonnait à l’idolâtrie. A présent, le peuple doit consentir à revenir
à son Dieu, à choisir la fidélité, à reconnaître le Dieu d’Israël comme son
seul Seigneur…
(v. 6) « Seras-tu toujours
irrité contre nous, maintiendras-tu ta colère d’âge en âge ? »
Le psalmiste questionne au nom du peuple : l’irritation de Dieu et sa
colère seront-elles éternelles ? Mais déjà pointe la certitude ou au moins
l’Espérance qu’il ne peut en être ainsi…
(v. 7) « N’est-ce pas
toi qui reviendras nous faire vivre et qui seras la joie de ton peuple ? »
En ce verset 7, le psalmiste ne se situe pas sur le même registre qu’au
verset précédent. Tandis qu’il dénonçait l’irritation et la colère de Dieu, il
pose ici une question rhétorique, c’est-à-dire une question dont il connaît
pertinemment bien la réponse : bien sûr que c’est Dieu qui fera vivre et
sera la joie de son peuple… !
Puisque le peuple a une telle Espérance à son égard, il ne reste plus à
Dieu qu’à y répondre : faire voir son amour et donner son salut.
L’amour et le salut sont en effet les deux piliers de l’Alliance. Comme
nous l’avons attesté par la citation du Deutéronome, Dieu a choisi ce peuple
par amour. Quant au salut, il correspond à l’un des actes majeurs de Dieu en
faveur de son peuple, à savoir la libération de l’esclavage égyptien.
Ainsi Dieu est-il mandaté par le psalmiste pour renouer l’Alliance avec
le peuple et permettre que se retissent les liens privilégiés entre Lui et
Israël.
Et nous ?
Lorsque Dieu semble absent de notre vie quotidienne, ce psaume peut nous
inspirer une prière, afin de renouer le contact avec Lui, l’appeler à l’aide,
nous rappeler à son bon souvenir…
Et si nous commençons avec le psalmiste avec la question teintée
d’inquiétude « Seras-tu toujours irrité contre nous, maintiendras-tu ta
colère d’âge en âge ? », peut-être pourrons-nous finir notre prière avec la
demande, qui ouvre à l’Espérance « Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et
donne-nous ton salut ! ».
Seigneur, je reprends à mon compte et au compte de notre monde ces mots
que ton Esprit a inspirés au psalmiste de jadis… Ouvre mon cœur à ton Amour,
donne-moi la passion de ton Salut !
Sr Marie-Jean
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