Liturgie de la Parole 2e vendredi de l’Avent
Résonances
De tous temps, il y a eu des faiseurs d’opinion, des influenceurs. Aujourd’hui, c’est même devenu une profession. Les uns jouent de la flûte et invitent à danser, à faire la fête. Les autres entonnent des lamentations et nous tirent vers le bas. Les uns sont optimistes, naïfs ou négationnistes, les autres complotistes, catastrophistes… Résultat : on se méfie de tous, on ne fait plus confiance. Ou bien on reste sur le côté, on ne se mouille pas… mais sans le savoir, on se laisse subtilement manipuler… Finalement, on choisit ce qui nous convient, ce qui nous conforte, ce qui nous dérange le moins… Et on s’assied avec les moqueurs, avec les critiqueurs, avec les « je-m’en-foutistes »
Jésus nous dit : « cette génération ressemble à des gamins assis sur les places… » Cette génération ressemble à des gamins. On ne veut pas entrer dans l’âge adulte, on ne veut pas prendre ses responsabilités, assumer ses choix… On reste sur le bord du chemin : on ne peut pas porter de fruit.
Comment rétablir la confiance ?
Les lectures de ce jour nous donnent trois pistes :
Isaïe : Il y a un chemin et le Seigneur nous guide sur ce chemin. Il faut accepter de marcher, de prendre des risques, de se laisser enseigner intérieurement par le Seigneur. « Je te donne un enseignement utile, je te guide sur le chemin où tu marches… si tu prêtes attention à mes commandements, ta paix sera comme un fleuve… »
Psaume 1 : Il y a deux chemins : le chemin du juste et le chemin du méchant. Le chemin du méchant ne fait pas avancer, parce qu’il reste assis à se moquer de tout, à ne pas s’engager ou, pire, à comploter. Mais « le chemin du méchant se perdra, tandis que le Seigneur connaît le chemin du juste ».
Évangile : la sagesse se reconnaît à ses œuvres, à ses fruits.
L’évangile de ce jour me suggère aussi une autre leçon : le message de Dieu nous atteint aussi par les émotions. La joie (joueur de flûte) ou le tristesse (chants de deuil), mais cela peut être aussi la colère ou le dégoût… Les émotions nous parlent de l’intérieur, à partir d’une autre source que simplement l’intelligence de la tête. Elles sont dans l’intelligence du cœur et des entrailles.
Nous avons tendance à nous méfier de nos émotions, mais cela finit par nous dessécher. Nous risquons de passer à côté du message de l’évangile.
Il s’agit d’être attentif à mes émotions : pas celles que je provoque artificiellement, en m’évadant dans ma bulle imaginaire, mais celles qui montent du plus intime. Apprendre à les accueillir, les écouter, les déchiffrer, et me demander ce que Dieu veut me dire par là. C’est toujours interpellant. Laisser l’intelligence de la tête dialoguer avec celle du cœur : elles se renforcent mutuellement. Et découvrir que la joie et la tristesse peuvent parfois cohabiter, comme c’était le cas dans le cœur de Jésus.
Sœur Marie-Raphaël le 12 décembre 25
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire