Luc 2,1-14 et Matthieu 2,1-12 Liturgie de la Parole Noël messe de la nuit
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Frères et sœurs, d’où que vous veniez, que vous soyez retraitants, religieuses ici ou venant des alentours, soyez les bienvenus pour cette célébration de Noël, pour cette célébration de la naissance du Christ parmi nous. Nous nous sommes préparés à cela durant ce temps de l’Avent, nous avons taché de renforcer notre foi, notre espérance, de créer finalement dans nos cœurs et dans nos esprits, la place nécessaire pour que Dieu puisse y être accueilli. Et voilà que maintenant les promesses aboutissent sous cette forme assez inattendue d’un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche.
Nous allons faire un peu comme les bergers dans la nuit de Noël, nous allons aller voir cet enfant, nous rassembler autour de lui et rendre grâce à Dieu pour ce don qu’il nous fait.
Au début de cette célébration laissons monter de nos cœurs ce sentiment de gratitude, ce sentiment aussi, d’ouverture par rapport à cette lumière de Dieu qui brille dans nos ténèbres, cette lumière de l’amour, cette lumière du pardon, cette lumière de la joie que Dieu veut communiquer.
En cette sainte nuit de Noël, tournons-nous vers le Seigneur avec un cœur de pauvre, avec foi, demandons pardon à Dieu pour nos péchés.
Homélie
Frères et sœurs dans les Évangiles deux groupes d’hommes sont venus à la crèche à la rencontre de Jésus. Il y a tout d’abord les bergers, dont il a été question dans l’Évangile d’aujourd’hui. Les bergers à l’époque étaient des gens qui étaient tout au bas de l’échelle sociale, qui étaient souvent exploités et marginalisé parce que, de part leur travail qui nécessitait une présence constante à côté de leurs bêtes, pour ainsi dire, et bien, ils avaient des difficultés à prendre part à toute la vie sociale de leur temps.
Il y a eu des signes puissants qui ont été donnés aux bergers. Il y a tout d’abord cette lumière du Seigneur qui les enveloppe de sa clarté d’une façon complètement inattendue. Il y a un ange qui leur parle et après cela, excusez du peu, une troupe innombrable venue du ciel qui chante la gloire de Dieu et qui appelle à la paix sur la terre. La paix pour les hommes qu’il aime ou selon d’autres traductions bien traditionnelles, les hommes de bonne volonté.
Et voilà que ces bergers se sont mis en route et sont allés trouver l’enfant qui leur été annoncé dans le message de l’ange. Et ils ont témoigné de tout ce qu’ils avaient vécu, ils ont rendu grâce à Dieu, finalement, pour cet enfant, ce Sauveur finalement, qui était donné au peuple et dont ils avaient eu, pour ainsi dire, la primeur de l’annonce.
Ces bergers sont le symbole d’un groupe important de l’humanité. C’est le symbole des gens simples, mais des gens qui sont ouverts à la générosité, à la solidarité. C’est dans le fond, ce courant fondamental pour l’humanité, qui est le courant de l’amour. Et aujourd’hui, il y a beaucoup de gens qui leur ressemblent. Des gens qui sont parfois méprisés, parfois ignorés, des gens qui sont parfois rendus invisibles. Des professions qui pourtant sont indispensables à la marche de la société. Je pense aux éboueurs, je pense aux femmes de ménage, je pense aussi aux aides-soignantes, aux livreurs, aux chauffeurs etc. et puis encore bien d’autres professions sans lesquelles finalement notre société ne tournerait pas rond. On l’avait bien vu lors de la crise du Covid, mais qui ne reçoivent finalement que très peu de reconnaissance pour les rôles très importants qu’ils remplissent auprès de toute la population.
Les bergers, en se rendant à la crèche, on ne sait pas très bien de quoi ils se sont rendus compte, mais en réalité ils sont venus adorer celui qui sera le Bon Berger, celui qui conduira ses brebis avec amour, qui les connaîtra par leur nom et qui les mènera dans de verts pâturages. (cf. Jean 10,3 ; Psaume 22,1-2)
Et puis, il y aura semble-t-il après les mages venus d’orient. Les mages, c’est un peu autre chose. Ce sont des savants, des lettrés, des gens aisés. Sans doute des prêtres de la religion de Zoroastre et des gens qui regardaient très fréquemment le ciel. Bref, on dirait aujourd’hui, si vous voulez, des intellectuels. Et qu’est-ce qu’ils ont vu ? Un signe semble-t-il beaucoup plus modeste que les bergers. Ils ont vu une nouvelle étoile scintiller dans le ciel. Et on ne sait pas très bien ni pourquoi ni comment, mais ils ont compris que cela avait un signe, un signe qui, d’ailleurs, leur était adressé. Qu’il y avait quelque part un roi, un petit roi Juif, qui était né et auquel il fallait aller faire allégeance d’une certaine façon. Peut-être avaient-ils dans leur bibliothèque des traces d’une prophétie ou l’autre, datant finalement du temps de la captivité des Juifs à Babylone, nous n’en savons rien, peu importe finalement. Mais ils semblent d’être pratiquement les seuls d’ailleurs à avoir vu cette étoile ou en tous cas, à en avoir compris la véritable signification. Ils se sont mis en route et ils arrivent à Jérusalem, mettant l’élite religieuse et politique en grand émoi, nous dira saint Matthieu. Les grands-prêtres ne se dérangent même pas pour les accompagner à la recherche de l’enfant, mais ils donnent tout de même les bonnes indications et l’autorité politique ne se dérangent pas non plus.
Les mages, en allant à la crèche pour adorer cet enfant, ne le savent sans doute pas très bien, mais cet enfant devant lequel, si vous voulez, ils plient le genou, et auquel ils remettent leurs fameux présents ; et bien, ce petit roi Juif, ce fils de Dieu, ce sera celui qui sera l’Enseignant des nations, celui qui, pour reprendre les termes mêmes des Évangiles, révélera aux hommes des choses cachées depuis la création du monde.
Ces mages sont, eux, le symbole des hommes sages, savants ; c’est le symbole de la science et de la sagesse. Un courant aussi qui est très important pour l’humanité, pour que nos sociétés, nos civilisations, continuent à vivre et à ses développer. Et aujourd’hui nous constatons encore une fois, c’est que la science est méprisée, snobée, on coupe les crédits un petit peu partout, alors que nous en avons tant besoin pour affronter les problèmes de plus en plus urgents qui se posent à nos sociétés. Mais non, on préfère laisser la parole aux populismes, à des influenceurs ou des influenceuses sur les réseaux sociaux, qui racontent n’importe quoi et que pourtant les gens suivent.
Ce sont deux groupes, finalement, extrêmement différents, que jésus, petit enfant, a réussi à unir autour de sa personne. Ces deux groupes ne se sont manifestement pas rencontrés, ni même croisés, si vous voulez, ils appartiennent à des monde un petit peu parallèles qui ne se rencontrent quasiment pas. Et pourtant, est-ce que ce ne serait pas intéressant finalement que ces deux groupes, ce courant de l’amour et que ce courant de sagesse, de science, se rencontrent ? Est-ce que ce ne serait pas intéressant pour toutes ces petites gens, symbolisés par les bergers, pour qu’ils soient en quelque sorte défendus, soutenus, reconnus par les savants de notre temps et les savants eux-mêmes, ne gagneraient-ils pas beaucoup finalement au contact de ces gens tout simples pour apprendre à mieux connaître les véritables problèmes et les véritables défis auxquels font face tous les jours les gens qui ont souvent de sérieuses difficultés à nouer les deux bouts et à tout simplement vivre.
Jésus, plus tard, dans sa vie publique dans sa mort et sa résurrection réussira à unifier des groupes, voire même des peuples, différents. C’est ce que dira saint Paul dans une de ses épîtres : par sa mort, le Christ a abattu le mur de la haine, disait-il (Éphésiens 2,14), le mur de l’ignorance, le mur d’une espèce de séparation radicale qui existait entre les Juifs et les païens. Des Juifs et des païens, le Christ, par sa mort et sa résurrection, en a fait un seul peuple qui ne cesse de grossir sans cesse.
Jésus, toi le petit enfant de la crèche que nous célébrons aujourd’hui, je voudrais, en ce jour où nous célébrons ta naissance, te faire une prière, t’introduire une demande : est-ce que tu ne voudrais pas recommencer un petit peu ce coup, ce coup d’abattre le mur, le mur qui sépare les bergers d’aujourd’hui et les mages de notre temps ? Est-ce que ce ne serait pas là un signe fort, est-ce que ce ne serait pas là un signe d’espérance, une lumière sur la route de ces hommes de bonne volonté auxquels tu promets la paix.
Père Jean-Michel Counet Hurtebise le 24 décembre (nuit) 2025
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