Mc, 7, 27-30
(Danièle)
Introduction
Les deux lectures d'aujourd'hui nous parlent d'une femme.
Dans le livre de la Genèse, c'est de la première femme dont il s'agit
« ishsha », première femme créée à partir d'une côte - l'os de mes
os, la chair de ma chair, dira l'homme. Il s'attachera à sa femme et tous les
deux ne feront plus qu'un.
Dans l’Évangile, saint Marc nous raconte l'histoire d'une
femme extraordinaire, elle est humble, elle prie Jésus, elle insiste parce que
Jésus ne lui donne pas de suite satisfaction. Païenne, elle a une totale
confiance aux pouvoirs de Jésus, c'est un exemple pour nous.
Aujourd'hui, pour entrer dans cette célébration, nous allons chanter : « Tu es mon Dieu, je n'ai pas d'autre bonheur que toi … Mon cœur exulte, mon âme est en fête ». (psaume 15)
Après l’Évangile
Jésus entre dans une maison sur le territoire de Tyr, une
région païenne (cette fois, il ne se réfugie pas à Capharnaüm ou sur une
barque, loin du rivage). Il ne veut pas qu'on le sache, ou plutôt, il ne veut
pas que les apôtres le disent mais il s'est quand même arrangé pour que ça
s'ébruite, ou bien, d'après Théophylactus il ne veut pas donner lieu aux Juifs
de l'accuser d'être entré en relation avec des peuples qu'ils considèrent comme
immondes.
Dans saint Mathieu, la femme est dehors mais ça ne change
rien au message de cet Évangile. Donc, une femme qui a une petite fille malade,
entend parler de lui et vient se jeter à ses pieds. C'est une païenne, une Syro-Phénicienne en plus. Elle lui demande de
guérir sa fille qui est possédée par un esprit impur, de nos jours, on dirait,
qu'elle a des addictions.
Jusqu'ici, tout est normal et, connaissant Jésus qui a déjà
guéri tant de personnes, un aveugle, un lépreux qu'il a même touché, je me dis,
il va tout de suite contenter cette maman qui le prie, non pour elle mais pour
son enfant. Et bien non ! Saint Jean Chrysostome dit « il craint qu'en distribuant à part
égale ses bienfaits aux Juifs et aux Gentils, il augmente la rivalité qui les
sépare ». Alors, Jésus répond,
« laisse d'abord les enfants - quels enfants ? Les juifs ? (les
enfants de Dieu?) Laisse les enfants se rassasier. On ne jette pas le pain
des enfants aux petits chiens. D'après Bède le Vénérable, ça veut
dire « un jour viendra où vous aurez aussi part au salut ». Mais je
me mets à la place de cette femme et voilà que le fils de Dieu la
considère comme un petit chien. Lui qui
s'est intéressé aux petits, aux pauvres, cette réponse me perturbait,
(j'emploie l'imparfait). Jusqu'à présent, je ne comprenais pas cette réaction
de mon Dieu amour, miséricordieux, je me disais, ce texte n'est pas une si
bonne nouvelle, c'est trop compliqué pour moi.
Cette femme n'est pas moi, elle a de l'aplomb, elle se fait
petite, humble, elle accepte comme une faveur de descendre au rang des chiens,
et elle insiste, elle répond du tac au tac, elle comprend immédiatement que les
petits chiens, c'est elle, elle dit « Seigneur, les petits chiens
mangent sous la table, les miettes des enfants ». « C'est une
femme courageuse, elle risque son amour propre pour sauver sa fille. Son
humilité est émouvante, elle ne demande que des miettes mais elle sait que cela
suffira ». La profondeur de la foi de cette femme est un exemple pour
nous, elle ne présente pas sa fille à Jésus, elle sait que Jésus peut guérir à
distance.(1)
J'ai compris. Le pain, la Parole, c'est pour tout le monde,
les païens peuvent aussi entendre et comprendre la parole de Jésus et s'en
nourrir, si peu soit-il, même les miettes suffisent à les nourrir.
Sommes-nous des enfants ? Ou bien sommes-nous cette
femme qui se montre insistante, et qui a une grande confiance en Jésus, il lui
dit « le démon est sorti de ta fille » ; elle repart à la
maison, elle croit sans avoir vu, elle sait que sa fille est guérie.
Elle peut nous apprendre à prier, elle prend l'attitude
d'un enfant confiant, elle dialogue, elle persiste, malgré la remarque de
Jésus. Jésus lui-même nous dit qu'il
faut insister en saint Luc § 11 v 9 : demandez et vous recevrez, frappez
et on vous ouvrira... La prière est une rencontre entre personnes.
« Le désir très fort, c'est déjà la moitié de la
prière. Croire en Jésus, c'est fondamental ».(2)
Découvrir cette Parole et la comprendre ça m'a procuré un
apaisement, une sérénité.
Si nous acceptons, en toute humilité, d'être comparées à
des chiens, alors notre « fille », nos addictions (égoïsme,
indifférence, etc.) seront guéries.
Cette femme est extraordinaire, sa foi profonde est un exemple à suivre.
Invitation au Notre Père
Avec confiance, demandons à Dieu de nous donner notre pain
quotidien en priant le « Notre Père ».
Seigneur, donne au monde le courage de mettre tout en œuvre
afin que la richesse que les femmes apportent à l’Église soit pleinement
reconnue.
Tu as créé l'homme et la femme pour qu'ils soient témoins
de ta bonne nouvelle et travaillent tous les deux à la venue de ton royaume.
Aide toutes les femmes persécutées, harcelées à garder
courage.
Accompagne les communautés de religieuses, comble-les de
ton amour ! Je confie spécialement
toutes les intentions des Sœurs de la communauté d'Hurtebise à toi qui vis et
règnes aujourd'hui et pour les siècles des siècles.
Les
Pères de l’Église (st Jean Chrysostome, Bède le Vénérable, Théophylactus
1)
Jésuites d'Irlande
2)
Blog « servons la fraternité »
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