(SMJn Noville)
Introduction
Nous
voici rassemblés en communauté, en Eglise.
En
ce temps béni où le Carême nous invite à la conversion, la liturgie nous parle
de pardon.
Le
livre de Daniel nous fait entendre la prière d’Azarias prononcée au nom de tout
le peuple. Tout en reconnaissant la faute collective de son peuple, il prie son
Seigneur : « Nous voici, ô Maître, le moins nombreux de tous les peuples, humiliés
aujourd’hui sur toute la terre, à cause de nos péchés ».
La
suite du texte exprime combien cette faute appelle le pardon de Dieu : « Ne
nous laisse pas dans la honte, agis envers nous selon ton indulgence et
l’abondance de ta miséricorde ».
L’Evangile
évoque également le thème du pardon. Pierre pose une question, en y ajoutant
une proposition de réponse : « Seigneur, lorsque mon frère commettra
des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept
fois ? »
La
faute du prochain appelle notre pardon : « Je ne te dis pas (qu’il
faut pardonner) jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois ». Comme
dit le commentateur Jn-Pierre Prévost : « 7 x 10 x 7 = 490
fois ? autrement dit, autant de fois que nécessaire et, paradoxalement,
sans jamais compter le nombre de fois »[1].
Sur
ce chemin du pardon, mettons-nous à l’école du psalmiste… à l’école de notre
Dieu : « Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta
route ! »
En
guise de méditation, je vous partage l’extrait d’une homélie de Jean
Chrysostome, qui vécut au 4e siècle :
« Le
Christ nous demande donc deux choses : condamner nos péchés, pardonner
ceux des autres, faire la première chose à cause de la seconde, qui sera alors
plus facile, car celui qui pense à ses péchés sera moins sévère pour son
compagnon de misère. Et pardonner non seulement de bouche, mais ‘du fond du
cœur’… Si tu te laisses aller à l’indignation et à la colère, tu seras blessé
non par l’injure qu’il t’a faite, mais par le ressentiment que tu en as.
Ne
dis donc pas : ‘Il m’a outragé, il m’a calomnié, il m’a fait quantité de
misères’. Plus tu dis qu’il t’a fait du mal, plus tu montres qu’il t’a fait du
bien, puisqu’il t’a donné occasion de te purifier de tes péchés. Ainsi, plus il
t’offense, plus il te met en état d’obtenir de Dieu le pardon de tes fautes.
Car si nous le voulons, personne ne pourra nous nuire ; même nos ennemis
nous rendent ainsi un grand service… Considère donc combien tu retires
d’avantages d’une injure soufferte humblement et avec douceur »
Avec
ceux qui font preuve de miséricorde et ceux qui en sont assoiffés, redisons la
prière des enfants de Dieu…
Seigneur,
Ta Parole en ce jour établit un lien étroit entre ton pardon et le nôtre, entre
la miséricorde que tu exerces envers nous et celle que nous sommes invités à
offrir à notre prochain. Lorsque ton prophète Daniel déplorait qu’il n’y avait
« plus de lieu où t’offrir nos prémices pour obtenir ta miséricorde »,
ton Evangile nous apprend que la relation avec notre prochain nous offre
l’occasion de faire mémoire de ta miséricorde envers nous. Envoie ton Esprit,
afin que nous percevions en nos vies les traces de ton passage, de ton salut. Nous
te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils ressuscité, qui règnes avec Toi et
le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.
Que le
Seigneur d’amour et de bonté nous bénisse et nous garde…
[1] J.-P. Prévost, Les paraboles de Jésus. Un trésor à redécouvrir,
Moutrouge, Bayard Editions, 2016, p. 105.
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