(sœur Marie-Jean)
Introduction
Nous
voici rassemblés en communauté, en Eglise.
De
Joie en Joie, de célébration en célébration… Notre Octave de préparation à Noël
se poursuit !
Aujourd’hui,
la Joie est largement tangible dans les lectures que nous allons écouter.
Mais
quelle est la source d’une telle Joie ?
Parmi
les deux lectures proposées, j’ai choisi celle du Cantique des Cantiques. Même
si celle du prophète Sophonie est aussi très belle et inspirante…
L’Evangile
nous offre de relire le récit de la Visitation, écouté ce dimanche. Quel
message neuf a-t-il à nous dévoiler aujourd’hui ?
Pour
ouvrir notre prière aux dimensions du monde, nous pouvons reprendre
l’invocation de l’antienne du jour, en ce 21 décembre, car elle rejoint
l’attente des hommes et femmes de notre temps :
«
Ô Orient, Splendeur de la lumière éternelle, Soleil de justice, Toi qui
éclaires tout homme en ce monde. Viens, illumine ceux qui gisent dans les
ténèbres ! »
Méditation
En
ce 21 décembre, la joie imprègne les deux lectures proposées.
Pour
en découvrir la source, je repère un thème commun, attesté à la fois dans
l’extrait du Cantique et dans l’évangile selon Luc.
C’est
le thème de la « voix ».
Dans
le Cantique, la bien-aimée s’exclame :
« La
voix de mon bien-aimé ! C’est lui, il vient… »
Ce
qui permet la reconnaissance, qui suscite son empressement, sa Joie, c’est
l’écoute de cette voix qui s’adresse à elle et l’invite : « Lève-toi,
mon amie, ma toute belle, et viens… »
Et
dans l’évangile, la « voix » est également bien présente, mais dans
la version originelle.
Si
la traduction liturgique note « lorsque tes paroles de salutation sont
parvenues à mes oreilles », le texte grec dit littéralement : « …
lorsque la voix de ta salutation… ».
Or,
la voix ne se confond pas avec la parole.
Pour
en saisir la différence, je vous cite l’analyse éclairante de Paul-André
Giguère :
« On
peut lire les paroles d’un absent, ou on peut nous rapporter les paroles
de quelqu’un sans même qu’on sache de qui elles sont. Mais entendre la voix
de quelqu’un, même sans le voir, c’est le reconnaître. Et c’est savoir qu’il ou
elle est là, ce qui suffit à faire battre le cœur… »[1].
Telle
est la source de la Joie.
L’écoute
d’une voix a conduit la bien-aimée ainsi qu’Elisabeth à une rencontre.
Une
rencontre qui appelle la réciprocité, tant dans le Cantique : « … que
je voie ton visage, que j’entende ta voix ! Ta voix est douce et ton visage,
charmant »
Que
dans l’évangile : «D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur
vienne jusqu’à moi ?
Chacun(e)
de nous est confronté à cette même invitation, à ouvrir l’oreille de notre
cœur, à entrer dans un dialogue, à répondre à une voix.
Une
« voix » qui se fait entendre là où nous sommes, dans nos rencontres,
dans les événements, dans la Parole de Dieu.
Comme
l’écrit Giguère, « c’est d’être attentif à la ‘voix’ qu’il s’agit ;
c’est donc que cette voix de Dieu se fera entendre aujourd’hui ; dans ce
que je vais vivre aujourd’hui. Cette présence, seul celui qui est
attentif, à l’écoute, dans ce qu’il verra et entendra au fil des heures, la
reconnaîtra… »[2]
C’est
à l’attention à une présence que nous convie l’Ecriture.
Pour
nous faire goûter la Joie, celle de la bien-aimée du Cantique, celle d’Elisabeth.
En
ce 21 décembre, demandons à Marie la Grâce de l’attention à la présence… et ouvrons
notre cœur à la Joie que Dieu veut nous partager, aujourd’hui !
Temps
de silence
Notre
Père
Oraison
Seigneur, Tu ouvres notre cœur à l’attention à ta voix, là où nous sommes, dans les rencontres, les événements, la Parole que tu nous offres aujourd’hui. Accorde-nous de l’entendre, donne-nous de découvrir combien elle se fait présence, compagnonnage en notre quotidien. Alors, nous pourrons chanter avec le psalmiste : « La joie de notre cœur vient de lui ». Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils ressuscité, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.
[1] P.-A. Giguère, Le psaume du matin : « Venez, crions
de joie ! » Psaume 95 (94), Namur, Editions jésuites, 2016, p.
102.
[2] P.-A. Giguère, 2016, p. 103.
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