Luc 18,2-5
Viens Esprit de Jésus,
Sois lampe sur mes pas, sois
lumière pour mes yeux, que j’accueille cette parole.
Il disait : « Il y avait un juge dans une
ville, qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes.
Jésus a donc
annoncé une parabole pour illustrer qu’il faut prier sans se lasser. On s’attend
éventuellement à ce qu’il mette en scène un fidèle, qui vient prier avec
confiance jusqu’à exaucement par Dieu. Mais voilà que le premier personnage
campé est un juge, dont on peut dire qu’il n’a de juge que le titre. Il ne
craint pas Dieu, il ne respecte pas les hommes, sur quoi donc va se fonder son
jugement ? A l’époque de Jésus, deux droits sont en cours dans la société :
la Torah qui régit la manière de vivre du peuple juif, le droit romain, qui est
le droit de l’occupant. Or ce juge semble se détacher totalement et de la Torah
et de la loi civile romaine…
Il y avait
dans cette ville, une veuve et elle venait à lui en disant : Venge moi [
ou rends moi justice] de mon adversaire.
Une veuve… à l’époque
de Jésus, une veuve représente une personne fragile, elle a perdu la protection
de son mari, elle est vulnérable, et doit compter sur la famille proche pour
une prise en charge, pour ne pas périr de misère. Dans la Torah, la veuve, l’orphelin
et l’étranger sont les trois catégories de personnes vulnérables, sur
lesquelles le peuple est invité à veiller particulièrement. La veuve doit espérer un goël (quelqu’un qui
la rachète, qui la sauve, qui se porte garant pour elle). Et voici qu’elle ne
semble pas en avoir, puisqu’elle doit veiller elle-même à ses intérêts, puisqu’elle
doit elle-même faire les démarches en justice pour se faire respecter, faire
respecter ses droits. Comble pour elle, elle tombe sur un homme « sans foi
ni loi ». Elle vient réclamer que justice lui soit rendue, face à un
adversaire.
Et pendant du
temps, il ne voulut pas.
La veuve est
pour le moins tenace, elle n’a pas demandé une fois, mais elle demande et
demande encore. Mais toujours elle s’affronte au refus du juge.
Mais après ceci, il se dit en lui-même : Même
si je ne crains pas Dieu et ne respecte pas les hommes, parce qu’elle me cause
du tracas, cette veuve-là, je la vengerai [- je lui rendrai justice], de peur
que venant à la fin elle ne me moleste.
Voici que l’évangile
nous donne alors part au dialogue intérieur de ce juge. Il se connait, la
présentation initiale n’inventait rien. Il dit de lui-même, ce que nous savions
déjà, il est sans foi ni loi ! Il reconnait que cette veuve l’importune,
le soucie, le tracasse… lui casse les pieds, dirions-nous ! Et lui qui ne respecte
pas les hommes, finit par prendre peur, il voit la ténacité de la femme, et
fini par redouter qu’elle n’en vienne aux mains ! la scène est assez
surprenante… on imaginait une espèce de pharaon, enfoncé dans le fauteuil de son
pouvoir, et voici qu’il se met à trembler devant une veuve, que l’on aurait imaginé
faible, fluette… quasi transparente. Le verbe traduit ici par « molester »
a pour premier sens : « pocher
les yeux ». Le juge redoute-t-il qu’elle en vienne aux mains ? ou qu’elle
ternisse sa réputation, porte atteinte à son honneur ? le texte ne précise
pas, toujours est-il qu’il craint pour lui-même, et que là se trouve le mobile
de sa décision d’enfin agir !
Voilà la parabole
que Jésus nous confie pour nous inviter à une prière persévérante… Audacieux !
Qui de nous aurait osé prendre un tel exemple ! Nous percevons là, le
principe de la parabole : non point tout dire sur une situation, mais présenter un aspect.
Jésus ne présente pas le Père comme un juge inique, mais il nous invite à avoir
l’audace de la veuve, sa persévérance, son insistance, son assurance dans la
prière.
Seigneur,
apprends-moi à prier, à tout ce confier avec foi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire