(Abbé Stréber Fernand)
Le service
Pr 2.1-9 ; Ep.4,1-6 ; Lc, 22,24-27
Chaque
jour les médias nous rapportent, même ici en Belgique, des cas de corruption. Autant que la peste ou le coronavirus, la
corruption est une plaie qui ravage le monde. Combien de chefs politiques, administratifs ou
même de responsables d'entreprises profitent de leur pouvoir pour abuser et
escroquer à leur profit tout ce qui est possible au détriment de celles et ceux
dont ils ont la responsabilité !
L'Evangile
nous propose aujourd'hui la parole qui, - me semble-t-il, - est la plus
susceptible de changer le monde : «Que le plus grand parmi vous prenne la
place du plus jeune et celui qui commande la place de celui qui sert»
Rarement
furent prononcées des paroles aussi révolutionnaires.
Rarement
furent prononcées des paroles plus dures et plus exigeantes à l'égard du
pouvoir en général et des pouvoirs particuliers en tous genres.
- D’autres, pas seulement des
intellectuels, font sentir leur pouvoir en prétendant détenir toute la vérité. Et ils l’expriment sans nuance.
- Des personnes font sentir leur pouvoir en
jouant sur l'affectivité, en se disant bienfaiteurs Mais ils les utilisent subtilement
à leur propre service.
- Un dernier exemple : Certains font
sentir leur pouvoir en affirmant faire le bonheur des autres mais en imposant
leurs volontés alors que « c’est la justice l’équité la droiture qui
sont les seuls sentiers menant au bonheur » comme l’affirme l’extrait
des Proverbes choisi comme première lecture.
A cette
tentation du pouvoir personne n'échappe, pas même Jésus. Nous la retrouvons
symboliquement dans les trois tentations qu'il a connues au désert.
Quelques
fois les foules ont voulu faire de lui leur roi ! Et dans l’évangile d’aujourd'hui, nous voyons
que même ses plus proches amis se disputent pour être le plus grand, autrement
dit avoir le fauteuil de premier ministre dans le futur gouvernement que Jésus
pourrait fonder quand l’occupant romain aura été bouté dehors.
Pour nous, si le niveau de pouvoir que nous nous donnons
correspond au niveau de pouvoir que les autres (dans la famille, l’école,
l’entreprise ou tout autre lieu) nous reconnaissent nous sommes dans une juste
et sage approche du pouvoir.
Jésus nous a montré son pouvoir en se mettant à genoux
devant ses disciples pour leur laver les pieds. Son pouvoir se veut être en premier lieu «
service » : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert ».
Imaginons quel serait notre monde si tous les chefs, à
quelque niveau que ce soit, considéraient et vivaient leur pouvoir comme un
véritable service ! N'attendons pas qu'il en soit ainsi pour commencer, chacun
à notre niveau, à considérer et vivre notre pouvoir parfois très petit non pas
comme un instrument de domination mais comme un outil pour mieux servir et aider
les personnes dont on est chargé à grandir et à développer leurs propres
capacités.
Aujourd’hui, les communautés
bénédictines à travers le monde fêtent Saint Benoît. Au 6° siècle, ce moine a voulu fonder une
école où l’on apprenne à servir le Seigneur en ne préférant rien à l’amour de
Dieu qui est prioritaire et en marchant d’un cœur libre sur le chemin de ses
commandements. Dans sa règle monastique,
il a aussi insisté sur le service de Dieu dans la prière.
A l’image de cette communauté
bénédictine au cœur de l’Ardenne, d’autres bénédictin-e-s sont vivants dans
plusieurs pays de l’Europe. Ce n’est
donc pas par hasard que St Benoît a été désigné en 1994 comme le patron de
l’Europe et que le 3° vendredi de chaque mois le thème des vêpres ici même porte
sur l’Europe.
Servir rend heureux.
Chaque eucharistie, où le Christ se donne, nous rappelle sa manière
originale d’occuper la 1° place.
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