(Sœur Marie-Jean)
Introduction
Nous
voici rassemblés en communauté, en Eglise.
Vision,
guérison, résurrection.
Trois
manifestations de Dieu nous sont rapportées aujourd’hui en ce 14e
lundi du Temps ordinaire…
Dans
le premier Testament, l’extrait de la Genèse est celui du songe de Jacob
et de la théophanie dont Dieu le gratifia à Béthel :
« Je
suis le Seigneur, le Dieu d’Abraham ton père, le Dieu d’Isaac »
Les
bienfaits que Dieu accorde à Jacob sont nombreux : une terre, une
descendance, la bénédiction pour « toutes les familles de la terre »
et, surtout, le compagnonnage de Dieu (« Voici que je suis avec toi ;
je te garderai partout où tu iras… »).
Dans
l’évangile de Matthieu, deux péricopes « en sandwich », comme disent
les exégètes, c’est-à-dire imbriquées l’une dans l’autre :
· Un
notable qui supplie Jésus pour sa fille, morte à l’instant.
· Une
femme souffrant d’hémorragie depuis douze ans.
Les
bienfaits ne sont pas moindres que dans la Genèse : Jésus leur
accorde la vie, à l’une et à l’autre.
En cet
aujourd’hui qui est nôtre, en notre quotidien, en notre monde, Dieu se
manifeste, comme il le fit jadis.
Pour
le percevoir, nous nous laisserons guider par un Spirituel du 17e
siècle, le chantre de la « présence de Dieu ».
Commençons
par tourner nos regards vers le Seigneur, en recueillant les intentions des
hommes et femmes de notre temps.
Qu’il
s’agisse des peines ou joies de notre humanité, Dieu s’en montre participant,
compatissant, comme le chante le psalmiste :
« Il
m’appelle, et moi, je lui réponds ; je suis avec lui dans son épreuve »
Méditation
Pour accueillir
l’intervention de Dieu en nos vies, il convient que nous nous montrions
réceptifs, accueillants, disponibles…
Se
tenir en la présence de Dieu.
Et,
« à force de le considérer de la sorte, nous prenons une sainte liberté
pour lui demander les grâces dont nous avons besoin »[1].
Cette
citation est de l’auteur annoncé dans l’introduction, un spirituel du 17e
siècle, « un cuisinier, qui connaît le stress, la surexcitation des heures
de pointe, le mécontentement des consommateurs et le manque de reconnaissance,
la monotonie des gestes et la fatigue, le désordre auquel il faut remédier et
les éternelles petites vaisselles…
C’est
à partir de cette base-là… qu’il invite à se créer des moments d’intériorité et
de Présence, à profiter des nombreux moments ‘perdus’ au cours d’une journée… »[2]
Il
s’agit du frère Laurent de la Résurrection, frère convers des Carmes déchaux de
Paris, cuisinier de la Communauté, qui appréciait sans doute la déclaration de la
Madre Thérèse d’Avila :
« Le
Seigneur se trouve aussi au milieu des marmites »[3]
« Au
commencement de mes occupations, je disais à Dieu avec une conscience
filiale : ‘Mon Dieu, puisque vous êtes avec moi, et que par votre ordre je
dois appliquer mon esprit à ces choses extérieures, je vous prie de me faire la
grâce de demeurer avec vous et de vous tenir compagnie, mais afin que cela soit
mieux, mon Seigneur, travaillez avec moi, recevez mes œuvres et possédez toutes
mes affections’.
Enfin,
pendant mon travail, je continuais à lui parler familièrement, à lui offrir mes
petits services et à lui demander ses grâces.
A la fin
de l’action, j’examinais de quelle manière je l’avais faite ; si j’y
trouvais du bien, j’en remerciais Dieu ; si j’y remarquais des fautes, je
lui en demandais pardon, et sans me décourager, je rectifiais mon esprit et
recommençais à demeurer avec Dieu comme si je ne m’en étais (litt. « fusse »)
pas écarté.
Ainsi,
me relevant après mes chutes, et par la multiplicité des actes de foi et
d’amour, je suis venu à un état où il me serait aussi peu possible de ne point
penser à Dieu qu’il m’a été difficile de m’y accoutumer au commencement »[4]
« Cette
présence de Dieu… y attire en abondance les grâces du Seigneur »[6]
Tournons
nos regards vers le Seigneur avec confiance et redisons-Lui, avec le
psalmiste :
« Mon
refuge, mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! »
Temps
de silence
Notre
Père :
Avec
Jésus, redisons la prière qu’Il nous a enseignée…
Oraison
[1] Conrad De Meester, Frère Laurent de la
Résurrection. Ecrits et entretiens sur la Pratique de la présence de Dieu,
Paris, Cerf, 1996, p. 165.
[2] Conrad De Meester, 1996, p. 43.
[3] S. Thérèse
d’Avila, Le Livre des fondations, 5, 8.
[4] Conrad De Meester,
1996, p. 72-73.
[5] Conrad De Meester,
1996, p. 44.
[6] Conrad De Meester,
1996, p. 44.
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