Luc 23, 50-56
Viens Esprit de Jésus, éveille
justice et bonté en nos cœurs
Viens, donne lumière et joie
aux cœurs troublésViens, sois en nous source de compassion et de communion
Et voici un homme du nom de
Joseph, membre du conseil,
On peut supposer qu’il s’agit d’un membre du Sanhédrin. Un autre Joseph
a veillé sur l’enfance de Jésus, voici que celui-ci va veiller à sa sépulture…
un homme bon et juste,
Ce verset nous met dans un climat de paix, de non-violence, de
tendresse. Voici un homme bon et juste. Deux qualités que l’on attribue souvent
à Dieu, les voici présentes en cet homme. Alors que les versets précédents,
nous avaient montré une foule se retirant peu à peu en se frappant la poitrine,
et les familiers se tenant à distance… voici un homme, bien précis, dont le nom
est connu, dont les qualités sont reconnues, voici un homme qui sort du lot, de
la masse confondue, et s’engage. Il peut nous faire penser à Siméon, au bon
samaritain,…
il n’avait pas donné son accord avec leur
décision et leur action,
Ainsi la condamnation qui paraissait unanime, ne l’était pas tant que
cela. Un homme au moins s’est démarqué du groupe, pour ne ratifier ni la
décision ni sa mise en acte. Ainsi après avoir montré un centurion, et un
malfaiteur, voici un juif, qui prend position clairement pour Jésus. Tous sont
invités au Royaume, qu’ils soient juifs ou païens, qu’ils aient eu auparavant
une vie vertueuse, ou une vie de malfaiteur comme le larron… tous peuvent
s’ouvrir au message de Jésus.
il était d’Arimathie, ville des juifs.
On ne sait rien de cette ville… Luc en donnant ce détail atteste
peut-être du témoignage d’un homme connu lorsqu’il écrit.
Il attendait le royaume de
Dieu.
C’est un homme de Dieu, il attend avec ferveur la réalisation des
promesses, la venue du Royaume de justice et de paix. Siméon au début de l’évangile
de Luc était présenté comme attendant la consolation d’Israël. Il avait été
présenté comme juste et pieux. Il attendait… et voici qu’il se met à rendre son
attente active… il agit.
Il alla trouver Pilate et réclama le corps de
Jésus, l’ayant descendu, il l’enveloppa d’un linceul et il le déposa dans un
tombeau taillé dans le roc où personne n’avait encore été mis.
Voici que ce juif, bon et juste, offre à Jésus une sépulture. Il a d’abord
le courage d’aller chez Pilate pour réclamer le corps de Jésus. Il le descend de la croix... les ricaneurs devant la croix avaient lancé à Jésus: sauve toi toi même, descends de ta croix... Voici qu'un homme, prend sur lui de le descendre de la croix. Le texte est sobre, il ne dit pas les efforts, la difficulté, il dit le geste, sobrement comme en une liturgie. Ensuite il l’enveloppe
d’un linceul et le place dans un tombeau neuf. Il soustrait ainsi Jésus du sort
des condamnés : la fosse commune, sans hommage. Il y a une délicate
insistance en ce verset sur la manière dont Joseph traite le corps de Jésus. Jésus
lors de la dernière cène avait donné son corps par avance, Joseph le reçoit et
lui rend tout honneur.
Un tombeau neuf… quelque chose de nouveau commence. Ce tombeau est
comme une terre vierge qui reçoit le corps de Jésus, en semence du royaume
nouveau.
Or, c’était le jour de la Préparation
et le sabbat commençait à briller.
On appelait ainsi, le jour de la Préparation la veille du sabbat. Mais
n’est ce pas le monde nouveau qui se prépare… bien plus encore que le sabbat…
Les femmes qui s’étaient
venues avec lui [= Jésus] depuis la Galilée, l’ayant accompagné, observèrent le
tombeau et comment le corps avait été placé.
Elles étaient déjà mentionnées à la croix, ces femmes, disciples de
Jésus. Elles sont venues avec lui de Galilée, et voici que maintenant elles
accompagnent Joseph dans son geste à l’égard du corps de Jésus. Elles observent
le tombeau, voient comment le corps a été placé. On les perçoit, à la suite de
Joseph, totalement décentrées d’elles-mêmes, toutes attentives à Jésus.
Etant retournées elles
préparèrent aromates et parfums.
On aurait attendu qu’elles s’activent à la préparation du Sabbat. Mais
non, elles poursuivent une fois chez elles, l’attention déployée pour Jésus,
elles préparent aromates et parfums. Parfum de la bien-aimée pour son
bien-aimé. En ce geste de préparer aromates et parfums, elles témoignent à la
suite du Cantique, que l’amour est plus fort que la mort. Que rien ne peut réussir
à éteindre l’amour.
Et le sabbat elles se
reposèrent selon le commandement.
Elles ont fait tout ce qui était en leur pouvoir, comme Dieu à l’aube de
la création, elles entrent en sabbat, elles se reposent. Dieu a créé puis a
confié l’univers à l’homme, pour qu’il poursuive son œuvre. On a l’impression
ici, que Joseph et les femmes ont fait tout ce qui était de leur ressort, et qu’il
retourne au Père, le corps de Jésus, pour qu’il poursuive son œuvre.
Seigneur, en contemplant cette scène, j’en reçois une paix, une
tendresse, un souffle délicat de présence aimante. Tu es là, totalement livré
entre nos mains. Tu te laisses aimer, tu laisses les humains te rendre l’hommage
qu’ils souhaitent t’offrir. Tu t’es abandonné entre nos mains.
Seigneur, donne-moi de t’entourer sans cesse de tout l’amour que tu
mets en mon cœur. Donne-moi tendre délicatesse, pour se servir, t’accueillir en
ma vie, t’aimer. Donne-moi cette paix, qui me fera aller au-devant de mes frères et sœurs, avec le cœur ouvert, offert.
1 commentaire:
"Et voici un homme du nom de Joseph..."
Il y a un surgissement. C'est un événement qui survient tout le temps dans l'évangile. La plupart du temps il s'agit de Jésus, maintenant c'est Joseph, un homme membre du Sanhédrin, mais surtout un homme bon et juste nous dit Saint-Luc.
Ce sont par ailleurs les qualités attribuées à Joseph le père adoptif de Jésus - Voir à Nazareth le tombeau du juste! - Ce Joseph d'Arimathie est de la même trempe.
Je remarque, que jusque là, cet homme "attendait le Royaume de Dieu". C'est-à-dire qu'il en avait le désir, qu'il y avait en lui un espace vide, un creux, un manque pour accueillir et combler ce désir.
"Il n'avait pas donné son accord avec leur décision et leur action"
On ne peut pas voir par soi-même, c'est l'action de Dieu. Jésus l'avait déjà dit à Nicodème : "il faut renaître d'en-haut". Ce Joseph a le regard tourné vers Jésus, un regard qui s'élève. Il y a l'ouverture à accueillir Jésus... c'est le moment de la rupture, de l'entre-deux où je dois comprendre que ce n'est pas moi qui produit la vie mais que je la reçois. Cette nouvelle naissance se manifeste par la capacité de voir le mystère de Jésus. Cet épisode rapporté par Luc, se passe dans le silence, espace d'intimité qui permet la relation.
En étant pas d'accord avec leur décision et leur action, Joseph ne cautionne rien du mal. Il n'y a pas de compromission possible. Il dépasse ses peurs et nous montre clairement une manière d'être et d'agir qu'il convient d'adopter.
La peur que l'on a du regard des autres, de leur jugement nous entraîne dans des manières de vivre et de penser qui ne sont pas celles de Dieu. Il ne faut pas transiger.
"Il alla trouver Pilate et réclama le corps de Jésus"
Dès cet instant, il entre dans le dynamisme de la générosité. Il y a cette forme d'hospitalité qui montre que Dieu est au-dedans de lui. Il est pris dans un Amour qui ne se regarde plus, pris dans l'intensité, le feu d'un Amour qui dépasse toutes les peurs de manquer. Il donne de lui-même en même temps qu'il offre une sépulture toute neuve, creusée dans le roc, pour rendre hommage et dignité à Jésus.
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