mercredi 26 juillet 2023

Liturgie de la Parole, 16e mercredi TO

 (Isabelle Halleux)

 Introduction

 Aujourd’hui, nous faisons mémoire de Joachim et Anne, les parents de Marie, grand-parents de Jésus. On n’en dit rien dans les évangiles, sinon dans le protévangile de Jacques. L’histoire est belle, comme l’icône qui les représente. C’est l’histoire d’amour d’un couple discret qui a su « accueillir et éduquer Marie et l'éveiller dans la grâce toute spéciale qui était la sienne »[1]

 Dans les lectures du jour, il sera question de pain et de fruits : le pain du ciel et les fruits de la Parole.

 Qui ne se souvient pas de la manne au désert qui accompagne les cailles rôties pour sauver les hébreux sortis d'Egypte (Ex 16, 1-15) ?

 Et qui ne connaît pas la parabole du semeur (Mt 13, 1-9) ? La semence tombe au bord du chemin, sur la route, dans les ronces, dans la bonne terre... La semence, c'est la parole de Dieu. Le semeur, c’est Jésus. Le sol peut être stérile, hostile, trop sec, trop humide ou simplement fertile; le sol, c'est nous. De notre réceptivité la Parole fleurira...

 Comment Jésus présenterait-il sa parabole aujourd'hui à notre monde qui bétonne les routes, qui impose des zones tampon en bordure des champs pour protéger des pesticides les organismes aquatiques des fossés, qui trie et modifie les semences et qui rend les fruits stériles, quand les semeurs sont des machines agricoles bien réglées, ou quand on récuse des accords de transport céréaliers ? Ce qui pourrait être un drame écologique, environnemental, politique, humain, donne pourtant le fruit et le pain que nous mangeons tous les jours... Qu’en est-il de ta Parole, Seigneur ?

 Entrons en prière en chantant les psaumes.

 Méditation

Je vais vous livrer sur 3 petites pistes de réflexion qui m’ont habitée en préparant ce commentaire de l’évangile (Mt 13, 1-9). Je méditerai encore parce que je pense que je suis loin d’avoir épuisé le sujet !

Première piste : j’ai lu un commentaire de Saint Jean Chrysostome sur la parabole du semeur qui m‘a fait réfléchir au fait que si un professionnel adroit sème en dehors du terrain fertile, ce n’est peut-être ni anodin, ni par hasard… Un semeur prendrait-il le risque de perdre la semence sur un terrain non fertile ? Si oui, peut-être ne prend-il que le risque que cela germe, que cela donne du fruit… Alors, Jésus-Semeur : Inconscience ? Audace ? ou Confiance ?

Deuxième réflexion : Dimanche, en sortant de la messe à la cathédrale de Soissons, mon regard a été attiré par le « jardin des haricots » juste à côté de la cathédrale. Un petit jardin avec des perches et des haricots grimpants de 3 mètres de haut, et un écriteau explicatif : « En pleine guerre de cent ans (on est au XIV-XVe siècle), les Soissonnais doivent quitter la ville en raison d’une épidémie de peste. Dans leur fuite, quelques sacs mal fermés laissent échapper des graines le long des routes. A leur retour, ils découvrent un champ couvert de fèves permettant de nourrir toute la population affamée. » Des hommes en détresse, des semeurs qui s’ignorent, des grains qu’on croyait perdus, des grains qui germent au bord du chemin, des fruits au centuple, une population sauvée. Manne du ciel ? Hasard ? Ou Providence ?

Ma troisième réflexion date d’hier matin. Nous participions en famille aux funérailles de la fille d’amis, emportée dans la trentaine par un cancer fulgurant. Elle était une jeune femme intelligente, forte, passionnée, une amie et une professionnelle appréciée, décrite comme une militante acharnée d’un « mieux vivre ensemble ».  Sa maman, mon amie, est venue s’excuser auprès de nous pour la forme peut-être un peu choquante, en vide d’espérance, de cette cérémonie qui était du genre de laïc pur et dur. Et sa fille cadette, ma filleule, m’a remerciée d’avoir tracé discrètement une petite croix avec mon pouce sur le cercueil lors du dernier hommage. Où sont les chemins stériles ? Où sont les terres fertiles ? Qui sème quoi ?

Si on ne sème que dans les champs de bonne terre bien grasse et bien labourée, en dosant savamment la quantité de semence, avec les bons gestes, on peut récolter au centuple. ça, c’est sûr ! Sans surprise. Sauf calamité.

Je vous disais que je n’ai pas épuisé le sujet pour la méditation, et mes questions ce midi sont : Suis-je du genre semeur prévisible dans la bonne terre ? Ou bien est-ce que j’ose être de ceux, de celles qui prennent le risque de « perdre la semence » sur le chemin et de voir jaillir le fruit là où on ne l’attend pas ? Que voient mes yeux ? Qu’entendent mes oreilles ?

 Prière finale

Seigneur notre Dieu, bouscule-nous, affermis-nous, envois-nous pour que nous soyons, comme ton fils, des semeurs d’évangile et d’Amour à tout vent. Nous te le demandons, par Jésus, qui règne avec toi et le Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.



[1] https://nominis.cef.fr

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