(sœur Marie-Christine)
En ce 13ème
mercredi la liturgie nous présente quatre exclus : Agar et Ismaël, les
deux démoniaques Gadaréniens. À chacun le Seigneur va ouvrir un nouveau chemin
de vie.
Mais prenons d’abord le temps
de nous abreuver au puits des Écritures en chantant la fin du Psaume 118.
Deux exclus, Agar et Ismaël.
Rejetés à cause de la jalousie de Sara et de la faiblesse d’Abraham. La Genèse
nous montre Abraham et Sara bien humains : jalousie, exclusivisme,
faiblesse ! Pour Abraham la fête du sevrage d’Isaac s’est changée en
deuil. Et je le devine le cœur déchiré en renvoyant dans le désert Agar et
Ismaël. Agar part et erre : elle n’a plus de chez elle, elle n’a pas de
chemin. L’eau épuisée, elle abandonne l’enfant à l’ombre d’un buisson et
s’éloigne pour ne pas le voir mourir. Elle élève la voix et pleure… Pas
d’issue !
Ismaël, qui est
involontairement au cœur du problème, ne dit pas un mot, mais Dieu entend sa
voix. La voix de celui qui est sans voix, qui n’a pas son mot à dire.
Dieu interroge Agar, la
rassure, lui dit qu’il a entendu la voix du petit garçon. Première étape de
renaissance, se savoir entendu de Dieu ou d’une autre personne. Dieu invite
Agar à se mettre debout et à assumer ses responsabilités, à être un guide pour
son fils (« tiens-le par la main »). La promesse qu’il avait faite à
Abraham, qu’elle ignorait, il la lui annonce et la renouvelle. Après lui avoir
ouvert une route d’espérance, Dieu lui ouvre les yeux. Elle découvre le puits
qui était près d’elle, en abreuve Ismaël…et sans doute elle-même ! Elle
trouve un chemin dans le désert et poursuit sa vie et celle d’Ismaël. Bien
avant l’Exode, Dieu se révèle comme celui qui ouvre un chemin d’espérance dans
le désert, et permet de vivre et de grandir, même dans ce lieu sans vie.
Agar et d’Ismaël, exclus par
la jalousie et la faiblesse humaines, ne sont pas abandonnés : « Dieu
fut avec » Ismaël qui grandit et trouva son chemin de vie au cœur même du
désert qu’il n’avait pas choisi.
Deux autres exclus, les
possédés, ils vivent en territoire non juif, dans les tombes, et sont violents.
Ils bloquent le chemin. Eux qui font peur à tous, ils ont peur de Jésus. Peur
de perdre leur lieu, leur domination par la violence. Qui parle ? Les
possédés ou les démons à travers les possédés ? Ces derniers sont
démasqués par la présence de Jésus qui n’a pas encore dit un mot, et ils
supplient Jésus. Eux les impurs demandent à aller dans les animaux impurs et
ceux-ci se précipitent dans la mer, pour les Juifs, repère des forces mauvaises,
lieu de mort. Jésus ne dit qu’un mot dans tout ce passage : « Allez ! ».
Les gardiens prennent la fuite et
annoncent « tout cela, et en particulier ce qui était arrivé aux
possédés. » L’Évangile de Matthieu ne dit pas ce que ces derniers sont
devenus. Jésus par ce simple mot, allez, a permis aux démons de suivre leur
chemin de mort selon leur propre mouvement. Aux démoniaques il a ouvert un
chemin de vie, les laissant libres de sortir des tombeaux et trouver leur
manière d’être intégrés là où ils sont.
Dernière
exclusion, celle de Jésus, « et lorsqu’ils le virent, les gens le
supplièrent de partir de leur territoire. » Comme le dit Matthieu, citant
Isaïe 53,4, au verset central de ce chapitre 8 « Il a pris nos
souffrances, il a porté nos maladies » (Mt 8,17).
Jésus
ne s’impose pas, rejeté, il part ailleurs ouvrir des chemins de vie. Il ne
s’impose pas à moi. Quel que soit mon lieu de vie intérieur aujourd’hui, désert
ou jardin, puits d’eau vive ou outre vide, est-ce que je le laisse agir,
m’ouvrir les yeux, m’ouvrir un chemin ?
Invitation
au Notre Père
«Dieu entendit la voix » d’Ismaël qui
ne disait rien. Pour et avec les sans voix, avec les croyants de tous les
temps, tournons-nous vers le Père et chantons la prière reçue du Seigneur
Jésus.
Prière
d’envoi
Dieu d’Amour et de miséricorde, toi qui
ouvres un chemin de vie, viens pour chacun de nous, pour tous les hommes et
femmes de notre temps.
« Lave ce qui est souillé, baigne ce
qui est aride, guéris ce qui est blessé. Assouplis ce qui est raide, réchauffe
ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé » (séquence de la
Pentecôte).
Nous te le demandons par Jésus Christ ton
Fils qui a porté nos maladies et qui nous conduit à Toi dans l’Esprit, dès
maintenant et pour toujours.
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