Sœur Marie-Raphaël
Ouverture
« Le Seigneur passe… » J’ai choisi cette
hymne pour nous introduire aux lectures de ce jour. Le récit de l’hospitalité
d’Abraham, le Magnificat de Marie, la rencontre de Jésus avec le centurion romain.
Le Seigneur passe… et crée la surprise. Il y a de la surprise dans chacune des
trois lectures. Mais la surprise n’est pas toujours là où on l’attend. Même la
surprise peut nous surprendre. « Le Seigneur passe… ouvriras-tu quand
frappe l’inconnu ? Peux-tu laisser mourir la voix qui réclame ta
foi ? »
Résonances
La surprise d’Abraham : Abraham est un « marcheur biblique ».
De temps en temps, le marcheur s’arrête. Par exemple à l’heure la plus chaude
du jour. Parfois, c’est quand on s’arrête que quelque chose arrive qu’on
n’attendait pas. Je me laisse interpeller par un détail du texte : Abraham
est assis à l’entrée de sa tente. Littéralement : dans
l’ouverture de sa tente. Il est dans l’ouverture, dans l’ouvert. Il est
ouvert à ce qui peut arriver. Même s’il se repose, son cœur est ouvert,
vigilant, accueillant. Saint Benoît nous dit : l’hôte peut arriver à
n’importe quelle heure ! le plus difficile, c’est quand il arrive juste à
l’heure où on s’arrêtait. Mais Abraham, lui, semble tout heureux d’avoir de la
visite ! Quel empressement ! Si nous prenons le temps de nous arrêter
dans l’ouverture, il se peut que nous recevions la visite de Dieu. Dieu aussi
est un « marcheur biblique » qui a, de temps en temps, besoin de
s’arrêter pour reprendre des forces. L’accueillir, c’est le laisser faire. On
ne sort jamais intact, inchangé, de ce genre de visite. Dieu ne peut que bénir,
là où il passe, il sème la fécondité. Mais il a besoin de notre consentement.
La surprise de Sara :
au-delà d’Abraham, qui est déjà au courant de la promesse, Dieu a besoin du
consentement de Sara. Sara est tellement surprise qu’elle se met à rire. Rire
de bon cœur, tellement c’est incroyable, et tellement elle a quand même les
deux pieds sur terre, et qu’elle sait que c’est inconcevable. Humainement. Mais
pas divinement. Son rire se transformera bientôt en rire de vraie joie, quand
elle aura assimilé cette parole du visiteur : « y a-t-il une
merveille que le Seigneur ne puisse accomplir ? »
La surprise de Marie.
Cette parole de Dieu à Sara, l’ange de l’Annonciation la redira à Marie :
« rien n’est impossible à Dieu ». Marie a dû avoir une fameuse
surprise, ce jour-là. A-t-elle ri, comme Sara ? En tout cas, dans son
Magnificat, elle laisse déborder sa joie.
La surprise de Jésus. Dans l’évangile, la surprise change de camp. Jésus,
l’enseignant, qui vient de terminer son long discours sur la montagne, reçoit
une leçon tout à fait inattendue. Il a été interpellé par un lépreux :
« si tu le veux, tu peux me purifier », et il l’avait touché en
disant : « je le veux, sois purifié ». À Capharnaüm, il va
entrer dans la maison de Pierre et guérir sa belle-mère en la touchant, en lui
prenant la main. Toucher pour guérir. Entre les deux, il rencontre ce centurion
romain qui lui parle de son serviteur malade. Spontanément, Jésus
s’engage : « j’irai moi-même, le guérir ». Et là, surprise, le
centurion l’arrête et lui dit : « ta parole suffit ! ». Pas
question de toucher… Je pense qu’à ce moment, Jésus a été surpris de la même
manière qu’il le sera plus tard avec la Cananéenne (l’histoire des petits
chiens sous la table). Il est « scotché », il est surpris, plein
d’admiration pour la foi du centurion, il ne s’attendait pas à une telle
réponse. Et il s’incline : « que tout se passe pour toi selon ta
foi ».
Quand le Seigneur passe, saurons-nous le surprendre
par l’ouverture de notre foi ? Et saurons-nous accueillir la surprise de
sa grâce, avec tout ce qu’elle implique ?
Prière
Seigneur, quand tu passes dans nos vies, tu peux les
transformer. Donne-nous d’être ouverts à l’inconnu, disponibles à ta grâce.
Comme Marie, comme Sara, comme Abraham. Donne-nous la foi, celle du centurion
romain qui te surprend par son humilité et sa confiance. Comme lui, nous te
présentons tous ceux qui souffrent dans notre monde, aujourd’hui. Seigneur, dis
seulement une parole, et sauve-nous !
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