samedi 1 juillet 2023

Liturgie de la Parole, 12e samedi TO

Sœur Marie-Raphaël

Ouverture

« Le Seigneur passe… » J’ai choisi cette hymne pour nous introduire aux lectures de ce jour. Le récit de l’hospitalité d’Abraham, le Magnificat de Marie, la rencontre de Jésus avec le centurion romain. Le Seigneur passe… et crée la surprise. Il y a de la surprise dans chacune des trois lectures. Mais la surprise n’est pas toujours là où on l’attend. Même la surprise peut nous surprendre. « Le Seigneur passe… ouvriras-tu quand frappe l’inconnu ? Peux-tu laisser mourir la voix qui réclame ta foi ? »

Résonances

La surprise d’Abraham : Abraham est un « marcheur biblique ». De temps en temps, le marcheur s’arrête. Par exemple à l’heure la plus chaude du jour. Parfois, c’est quand on s’arrête que quelque chose arrive qu’on n’attendait pas. Je me laisse interpeller par un détail du texte : Abraham est assis à l’entrée de sa tente. Littéralement : dans l’ouverture de sa tente. Il est dans l’ouverture, dans l’ouvert. Il est ouvert à ce qui peut arriver. Même s’il se repose, son cœur est ouvert, vigilant, accueillant. Saint Benoît nous dit : l’hôte peut arriver à n’importe quelle heure ! le plus difficile, c’est quand il arrive juste à l’heure où on s’arrêtait. Mais Abraham, lui, semble tout heureux d’avoir de la visite ! Quel empressement ! Si nous prenons le temps de nous arrêter dans l’ouverture, il se peut que nous recevions la visite de Dieu. Dieu aussi est un « marcheur biblique » qui a, de temps en temps, besoin de s’arrêter pour reprendre des forces. L’accueillir, c’est le laisser faire. On ne sort jamais intact, inchangé, de ce genre de visite. Dieu ne peut que bénir, là où il passe, il sème la fécondité. Mais il a besoin de notre consentement.

La surprise de Sara : au-delà d’Abraham, qui est déjà au courant de la promesse, Dieu a besoin du consentement de Sara. Sara est tellement surprise qu’elle se met à rire. Rire de bon cœur, tellement c’est incroyable, et tellement elle a quand même les deux pieds sur terre, et qu’elle sait que c’est inconcevable. Humainement. Mais pas divinement. Son rire se transformera bientôt en rire de vraie joie, quand elle aura assimilé cette parole du visiteur : « y a-t-il une merveille que le Seigneur ne puisse accomplir ? »

La surprise de Marie. Cette parole de Dieu à Sara, l’ange de l’Annonciation la redira à Marie : « rien n’est impossible à Dieu ». Marie a dû avoir une fameuse surprise, ce jour-là. A-t-elle ri, comme Sara ? En tout cas, dans son Magnificat, elle laisse déborder sa joie.

La surprise de Jésus. Dans l’évangile, la surprise change de camp. Jésus, l’enseignant, qui vient de terminer son long discours sur la montagne, reçoit une leçon tout à fait inattendue. Il a été interpellé par un lépreux : « si tu le veux, tu peux me purifier », et il l’avait touché en disant : « je le veux, sois purifié ». À Capharnaüm, il va entrer dans la maison de Pierre et guérir sa belle-mère en la touchant, en lui prenant la main. Toucher pour guérir. Entre les deux, il rencontre ce centurion romain qui lui parle de son serviteur malade. Spontanément, Jésus s’engage : « j’irai moi-même, le guérir ». Et là, surprise, le centurion l’arrête et lui dit : « ta parole suffit ! ». Pas question de toucher… Je pense qu’à ce moment, Jésus a été surpris de la même manière qu’il le sera plus tard avec la Cananéenne (l’histoire des petits chiens sous la table). Il est « scotché », il est surpris, plein d’admiration pour la foi du centurion, il ne s’attendait pas à une telle réponse. Et il s’incline : « que tout se passe pour toi selon ta foi ».

Quand le Seigneur passe, saurons-nous le surprendre par l’ouverture de notre foi ? Et saurons-nous accueillir la surprise de sa grâce, avec tout ce qu’elle implique ?

Prière

Seigneur, quand tu passes dans nos vies, tu peux les transformer. Donne-nous d’être ouverts à l’inconnu, disponibles à ta grâce. Comme Marie, comme Sara, comme Abraham. Donne-nous la foi, celle du centurion romain qui te surprend par son humilité et sa confiance. Comme lui, nous te présentons tous ceux qui souffrent dans notre monde, aujourd’hui. Seigneur, dis seulement une parole, et sauve-nous !

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