(Isabelle Halleux)
Nous célébrons aujourd’hui Saint Julienne du Mont-Cornillon.
Laisser une liégeoise introduire Sainte Julienne de Cornillon, c’est prendre un
risque fort de chauvinisme – j’assume ! Saint Julienne de Liège est née à
la fin du XIIe siècle dans le Pays de Herve (mon Pays de Herve), à
Retinne, au pied du terril qu’on voit à des dizaines de kilomètres à la ronde. Le
terril n’était pas là à l’époque, mais aujourd’hui on ne peut pas le louper, de
quelque direction qu’on vienne à Liège (ma cité ardente).
Dès sa jeunesse au couvent des sœurs augustiniennes et à
la léproserie de Cornillon, Julienne est portée vers la dévotion eucharistique,
comme c’était le cas dans les milieux béguinaux en plein essor à Liège au XIIIe
siècle. Elle a la vision que nous savons : une lune rayonnante de lumière
coupée par une bande noire la divisant en deux. Elle gardera cette vision secrète
très longtemps avant de s’en ouvrir à ève
de Saint-Martin (Saint Martin, mon UP).
Eve était la guide spirituelle et une grande amie de Ste
Julienne. Elle l’accompagna et l’encouragea dans sa mission d’instituer une
fête de l’Eucharistie. Dans le contexte ambiant, Julienne fut contestée pour
diverses raisons par la bourgeoisie locale, le clergé, le prince-évêque, et
contrainte à l’exil … à Namur. Décédée en 1258, elle n’a pas pu assister à la
première Fête-Dieu officielle instituée par le pape Urbain IV, célébrée à
Saint-Martin à Liège en 1264.
On peut dire que Julienne et Eve ont marqué leur époque,
par-delà les frontières de la Principauté, et pour toujours. « Elles ont
aussi contribué à développer la place des femmes dans la vie publique de la cité
mosane, dès le Moyen-Age » (ça, c’est l’évêque de Liège qui l’a dit lors
des 33 Journées du Patrimoine mettant les femmes en valeur).
Venons-en aux lectures du jour : Nous avons ce midi
deux textes pour nous mettre en appétit !
D’abord un extrait du livre des Nombres (Nb 11, 4b-15) :
les fils d’Israël se souviennent avec nostalgie du poisson qu’ils mangeaient en
Egypte, avec les concombres, les melons, les poireaux, les oignons et l’ail.
Dans le désert, ils n’ont que la manne, semblable à des grains de coriandre, qu’ils
broient pour en faire des galettes qui ont un goût de friandise à l’huile… Le
peuple pourtant se plaint. Ils réclament de la viande à Moïse. Pauvre Moïse !
A la limite du burn-out avec ce peuple bien trop lourd à porter tout seul, il parle
à Dieu. C’est trop ! « Tue-moi ! », dit-il.
Le texte d’évangile, lui, nous raconte le miracle de la
multiplication des pains et des poissons. Nous aurons la version de Matthieu
(Mt 14, 13-21). Au départ de 5 pains et 2 poissons, tout le monde mange de bon
coeur, et il en reste…
Ouvrons nos oreilles et notre cœur à ces lectures.
Entrons en prière, avec le chant des psaumes.
Dans l’évangile de Matthieu (Mt 14, 13-21), quand les
disciples proposent à Jésus de renvoyer la foule « pour qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la
nourriture », celui-ci répond : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à
manger. »
Dans le livre des Nombres (Nb 11), quand les fils
d’Israël pleurent et rouspètent parce qu’ils n’ont que la manne du désert, Moïse
s’isole et dit son désarroi au Seigneur qui lui promet la viande en abondance.
Moïse, n’est pas convaincu de la durabilité de l’effet : « Tous les poissons de la mer, si on
pouvait les ramasser pour eux, cela leur suffirait-il ? » (Nb 11,
22).
Les interprétations du texte de
la multiplication des pains, que tous les évangiles relatent, vous les connaissez[1] :
-
Quelque
chose d’inexplicable se produit. Un miracle. 5 pains et 2 poissons suffisent
pour rassasier 5.000 hommes + les femmes et les enfants. Au départ de presque rien, par multiplication :
l’abondance !
-
Au départ
de presque rien, bien davantage que le nécessaire pour la foule : de quoi
nourrir tout un peuple !
-
La
nourriture dont on parle, c’est la nourriture spirituelle, celle qui nous vient
de Dieu. Grâce divine donnée en abondance.
Les soixante-dix anciens qui assistent Moïse reçoivent l’esprit,
se mettent à prophétiser, mais cela ne dure pas. Moïse se lamente : « Ah ! Si le Seigneur pouvait
faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! » (Nb 11, 29).
Jésus, lui, envoie ses disciples. Ce que Dieu faisait en
direct pour le peuple du désert, Jésus charge ses disciples de le faire : « Donnez-leur à manger vous-mêmes ».
Avec ce que vous avez, ce que vous trouverez, ce que vous êtes. Il prononce la
bénédiction, rompt le pain, le donne aux disciples et les disciples les donnent
à la foule qui reste là.
Il y a dans nos deux textes deux manières de faire :
-
Prier le
Seigneur pour obtenir et attendre, comme Moïse. Démarche solitaire en totale dépendance.
-
Et/ou «
Donnez à manger vous-mêmes », avec la bénédiction du Seigneur, comme le
propose Jésus. Démarche collective en toute liberté.
Seigneur, remplis-nous de ton esprit pour être les
multiplicateurs et les disséminateurs de ta miséricorde, au service des autres
et de nos communautés. Donne-nous d’avoir confiance en toi, en ta présence et en
ton soutien dans nos engagements, dans nos joies, dans nos peines, dans nos
difficultés. Nous te le demandons, par Jésus, le Christ, qui vit et règne avec
toi, dans l’unité du Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.
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