Jc 1, 25-27
Le
texte (traduction : Traduction de la Bible de Jérusalem) :
« 25 Celui, au
contraire, qui se penche sur la Loi parfaite de liberté et s'y tient attaché,
non pas en auditeur oublieux, mais pour la mettre activement en pratique,
celui-là trouve son bonheur en la pratiquant.
26 Si quelqu'un s'imagine être religieux sans
mettre un frein à sa langue et trompe son propre cœur, sa religion est vaine.
27 La religion pure et sans tache devant Dieu
notre Père consiste en ceci : visiter les orphelins et les veuves dans leurs
épreuves, se garder de toute souillure du monde »
Prière (suggérée
par Enzo Bianchi) :
« Notre Dieu, Père de la
Lumière, tu as envoyé dans le monde ton Fils, Parole faite chair, pour te
manifester à nous, les hommes.
Envoie maintenant sur
moi ton Esprit Saint, afin que je puisse rencontrer Jésus-Christ dans cette
Parole qui vient de toi ; afin que je la connaisse plus profondément et
que, en la connaissant, je l’aime plus intensément pour parvenir ainsi à la
béatitude du Royaume. Amen »
Lecture verset par
verset :
Après les épîtres de Jean plus dogmatiques,
répondant à des dissensions de doctrine dans la communauté, nous découvrons
l’épître de Jacques, dont le contenu est très différent.
Il ne s’agit plus ici de doctrines à clarifier,
mais d’un enseignement moral. Quoi qu’il en soit, ces lettres peuvent nous
rejoindre là où nous sommes et nous ouvrir à une Parole, celle que Dieu nous
adresse aujourd’hui.
(v. 25) « Celui,
au contraire, qui se penche sur la Loi parfaite de liberté et s'y tient
attaché, non pas en auditeur oublieux, mais pour la mettre activement en
pratique, celui-là trouve son bonheur en la pratiquant »
L’expression au contraire laisse
entendre qu’il existe une autre sorte d’audition de la parole : il s’agit,
nous explique St Jacques aux versets précédents, non sans humour, de celle d’un
« homme qui observe sa
physionomie dans un miroir. Il s'observe, part, et oublie comment il
était ». Telle est l’écoute distraite.
Jacques
préconise une mise en pratique de la parole, qu’il nomme « la Loi parfaite de liberté ». Remarquons qu’a priori, la loi peut sembler être un
frein à la liberté. Mais en réalité, elle lui offre un grand déploiement. Il
peut être instructif de s’attarder à la notion de « liberté », qui ne
signifie pas tant « faire ce que je veux », que « vouloir ce que
je fais » : cette liberté s’apparente à l’implication de soi ;
elle appelle la persévérance et la fidélité. A l’opposé, nous trouverons
l’esclavage des besoins égoïstes, l’instinct, le repli sur soi.
Cette loi de
liberté, il convient de se « pencher » sur elle, de s’y « tenir
attaché »[1].
Et Jacques d’orienter le regard vers le résultat de cette mise en
pratique : le bonheur.
L’auteur de
la lettre rejoint ici Jésus, qui est venu « pour que les hommes aient la
vie et qu’ils l’aient surabondante » (Jn 10, 10) et qui, dans cette
optique, a prononcé les Béatitudes (« Heureux les pauvres de
cœur… » : Mt 5).
Par ces
propos, Jacques fournit un enseignement dont il a éprouvé la fécondité :
« celui-là
trouve son bonheur en la pratiquant ».
Notons que
son enseignement est purement moral et, jusqu’à présent, sans allusion à Dieu.
(v. 26) « Si
quelqu'un s'imagine être religieux sans mettre un frein à sa langue et trompe
son propre cœur, sa religion est vaine »
Avec le verset 26, nous abordons un thème que Jacques exploite de manière
spécifique, celui du danger de la parole[2]. Il
dénonce une incompatibilité entre le semblant de religion et une langue
bavarde, c’est-à-dire disposée à dire du mal du prochain.
L’auteur encourage au contraire l’unicité entre la langue et le cœur : une
religion qui, jusqu’en sa signification étymologique, relie à Dieu et aux autres.
(v. 27) « La
religion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste en ceci : visiter
les orphelins et les veuves dans leurs épreuves, se garder de toute souillure
du monde »
Pour finir, l’auteur de la lettre définit la religion « pure et sans
tache ». Il l’oriente dans une double direction : d’une part, le
secours à apporter aux « orphelins et veuves », considérés dans la
Bible comme les premières victimes de la misère et de la pauvreté, puisque sans
revenus[3] ;
d’autre part, l’éloignement de la souillure du monde, où le terme de
« monde » reçoit le sens péjoratif de refus, de fermeture à la Parole
de Dieu.
Ainsi, Jacques nous propose-t-il dans ces versets un double chemin, rappel
des « deux voies » qu’expose le Deutéronome : « Vois : je mets aujourd’hui
devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur… »[4].
C’est vrai : nous pouvons être un auditeur distrait
ou attentif, un réalisateur de la parole actif ou paresseux, garder notre
langue ou lui donner toute licence pour dire du mal des autres. Tel est le
cadeau, et la responsabilité, de notre liberté…
Prière :
Seigneur Jésus, chaque jour ta Parole nous est offerte
comme un cadeau pour notre quotidien, du pain pour la route. Nous te rendons
grâces.
Accorde-nous de l’entendre, de la laisser nous habiter,
nous transformer, pour que nos vies te révèlent.
Pour ce bonheur que tu désires pour chacun et chacune de
nous, sois béni !
Sr Marie-Jean
[1]
Le verbe contient l’idée de « demeurer ».
[2]
Il y reviendra d’ailleurs dans la suite de
la lettre au chapitre 3.
[3] Cfr Dt 10, 17-18 : « c'est le Seigneur votre Dieu qui est le Dieu des
dieux et le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, puissant et redoutable,
l'impartial et l'incorruptible, qui rend justice à l'orphelin et à la veuve, et qui aime l'émigré en lui donnant du pain et un manteau ».
[4]
Dt 30, 15 sq.
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