Luc 10, 29-32
Viens Esprit de Dieu, viens
sur nos chemins humains
Viens Esprit de Dieu, viens
illuminer nos yeux
Reprenant Jésus dit :
Le légiste a interrogé « qui est mon prochain ? ». Jésus
répond en racontant une histoire, un fait divers…
« Un humain descendait
de Jérusalem à Jéricho, et tomba au milieu des brigands.
Jésus part de la vie quotidienne, il situe son histoire en terre d’Israël.
Une route qui descend de 1000 mètres environ sur 25 kms, une route qui passe
dans le désert, emprunte des gorges, lieux propices pour un guet-apens. Il
descendait de Jérusalem, la cité sainte, à Jéricho, la ville la plus basse du
monde en altitude. De cet humain, on ne sait rien, il n’y a aucune précision
quant à sa race, à sa profession, à la raison de son voyage… Un humain comme
toi et moi. Il tombe au milieu des brigands… il est seul.
Ceux-ci l’ayant dépouillé et
lui ayant infligé des coups s’en allèrent le laissant à moitié mort.
Cet homme est brisé… à moitié mort, dépouillé de tout, et meurtri jusqu’en
sa chair. Il est laissé là…
Par hasard un prêtre
descendait par ce chemin là et l’ayant vu, il passa outre ; de même aussi
un Lévite, arrivé au même endroit et l’ayant vu passa outre.
Cette route est fréquentée par d’autres… voici deux personnes qui
passent successivement sur le lieu du crime… d’eux on apprend un élément :
le premier est prêtre, le second lévite. Seules pièces d’identité : leur
position dans le service du culte. Le prêtre est chargé de mission entre Dieu
et les hommes. Le lévite doit l’y aider. Pour accomplir leur tâche au Temple
ils doivent observer un certain nombre de règles de pureté. Entre autres le
contact avec un cadavre leur est interdit. Et s’il a lieu il est soumis à
règles de purification… qui empêche un service immédiat du culte… mais, le
prêtre descend de Jérusalem, il vient peut-être de rendre un culte, il s’éloigne
du Temple… Des deux il est dit, qu’ils voient l’humain laissé à demi mort, mais l’ayant vu, les deux ont le même réflexe, ils passent outre.
Qu’est-ce qui fait que je me sens ou non concernée par la détresse d’un
être sur mon chemin ?
Et tandis que je suis en détresse, qui est venu à mon secours, qu’est-ce
qui a été décisif pour qui s’est senti concerné par ma situation ?
Je regarde notre quotidien, Seigneur, donne-moi tes yeux pour le voir,
tes mains pour le recevoir. Seigneur, accompagne moi en ce quotidien, que je te
vois dans l’humain au bord du chemin, que je te vois découvrant cet humain au
bord du chemin.
1 commentaire:
"Un homme descendait..."
Un fait divers comme on peut lire tous les jours dans les journaux, comme on peut entendre tous les jours à la radio et voir à la télévision.
Cette réalité de la souffrance, de la douleur, de la violence fait tellement partie de notre humanité que je m'interroge sur le sens du chemin à parcourir. Je m'interroge aussi sur la capacité d'aimer, d'entrer en compassion, d'éprouver de l'empathie, de pouvoir donner sa vie...
Pas de réponse carrée, mathématique, aucune qui fasse appel à la raison.
La seule réponse qui vaille, celle qui me semble la plus sûre, c'est la voie de l'expérience, aussi modeste soit elle.
Je n'ai, par moi-même, aucune inclinaison et aucune capacité à aimer. "La voie la plus sûre pour rejoindre les autres, notre entourage et le monde dans lequel nous vivons et luttons passe immanquablement par l'écoute de nos "entrailles""(Lytta Basset).
J'aime St-Paul comme un frère, il a expérimenté et traduit "cette Vie" avec tellement de clairvoyance et de conviction !
Le souffle intervient pour nous en "gémissements inexprimables", ainsi, "le Souffle d'amour c'est quand quelqu'un souffre de nous voir souffrir, est bouleversé avec nous, affecté sans rester extérieur. Alors nous nous sentons rencontrés. Le grand mystère c'est que cela se passe sans paroles, en gémissements si intérieurs, d'entrailles à entrailles qu'on ne peut même pas exprimer une telle solidarité dans le combat contre ce qui détruit.
Le souffle d'amour vient en aide comme pour nous relayer quand nous ne sommes pas toujours un secours pour notre prochain."(L.Basset)
Prêtre, légiste, ne peuvent pas plus de par leur statut ou leur volonté. Il faut entendre la parole de Jésus comme une invitation et non comme une obligation : "Si quelqu'un vient à moi..."
Les évènements de ces derniers jours qui font suite à la libération possible de M.M. reflètent nos limites et traduisent aussi cette capacité du souffle d'amour d'agir au travers de femmes qui entendent et se laissent traverser.
Ni ces soeurs, ni nous ne sommes amour. "Nous ne possédons pas le souffle d'amour. Nous avons seulement des moments où il nous traverse, nous habite, nous transforme. La fermeture à l'amour ne commencerait-elle pas par la fermeture à l'expérience d'autrui?" (L.B.)
Ces évènements et bien d'autres me parlent. Prêter l'oreille, ouvrir les yeux n'est-ce pas la première réponse à donner à cette invitation de Jésus!
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