Ps 88, 47-50
Le
psalmiste a énoncé les conséquences du rejet de Dieu : victoire des ennemis
et anéantissement du roi.
A
présent, il questionne son Dieu :
(v.
47) « Combien de temps, Seigneur, resteras-tu caché, laisseras-tu flamber
le feu de ta colère ? »
Telle
peut être l’interprétation d’une situation contrariante ou douloureuse en nos
vies humaines : nous pouvons y lire le silence ou la colère de Dieu.
Mais le
psalmiste veut croire qu’il n’en sera pas toujours ainsi : « combien
de temps… ? ».
Il aligne
ensuite des arguments pour trouver un chemin vers Dieu :
(v.
48) « Rappelle-toi le peu que dure ma vie, pour quel néant tu as créé
chacun des hommes ! »
Le
premier argument est la brièveté et la relativité de la vie humaine. Remarquons
que la foi du psalmiste demeure, malgré l’épreuve. Il formule implicitement sa
foi en Dieu créateur : « … tu as créé chacun des hommes ! ».
(v.
49) « Qui donc peut vivre et ne pas voir la mort ? Qui s’arracherait
à l’emprise des enfers ? »
Un
deuxième argument est celui de la finitude de la vie terrestre. La question
posée est rhétorique, c’est-à-dire que la réponse est inclue dans la question :
en effet, nul ne peut « ne pas voir la mort » ou s’échapper à « l’emprise
des enfers ».
(v.
50) « Où donc, Seigneur, est ton premier amour,
celui que tu jurais à David sur ta foi ? »
En
guise de troisième et dernier argument, le psalmiste pose une question
redoutable à Dieu. Lorsqu’il avait rapporté ci-dessus la vision dont le roi avait
été bénéficiaire, le psalmiste avait énoncé les promesses de Dieu et son
engagement à l’égard de son roi : « (v. 25) Mon amour et ma fidélité sont
avec lui, mon nom accroît sa vigueur… (v. 28) Et moi, j’en ferai mon fils
aîné, le plus grand des rois de la terre !... (v. 29) Sans fin je lui garderai
mon amour, mon alliance avec lui sera fidèle… (v. 35-36) Jamais je ne violerai
mon alliance, ne changerai un mot de mes paroles. Je l’ai juré une fois sur ma
sainteté ; non, je ne mentirai pas à David ! ».
Fort
de ces confidences, le psalmiste interroge : Dieu, où est ton premier
amour ?
Le
psalmiste s’identifie ici à la personne du roi, au messie élu, pour exprimer en
son nom douleur, souffrance et sentiment d’abandon.
A certaines
étapes de notre vie, il peut nous arriver d’éprouver de tels sentiments. Des hommes,
des femmes et des enfants sur notre terre se sentent pareillement abandonnés ou
rejetés…
Osons dire
à Dieu nos sentiments les plus secrets, qu’ils expriment révolte, souffrance ou
incompréhension…
Le
livre de Job est éclairant dans cette libre expression de soi. Nous pourrions
relire tout le livre… Citons-en seulement un extrait, en écho à notre psaume :
« Ah ! je voudrais être étranglé : la mort plutôt
que mes douleurs ! Je m'en moque, je ne vivrai pas toujours ; aussi,
laisse-moi, mes jours ne sont qu'un souffle ! Qu'est-ce donc que l'homme pour
en faire si grand cas, pour fixer sur lui ton attention, pour l'inspecter
chaque matin, pour le scruter à tout instant ? Cesseras-tu enfin de me
regarder, pour me laisser le temps d'avaler ma salive ? Si j'ai péché, que
t'ai-je fait, à toi, l'observateur attentif de l'homme ? Pourquoi m'as-tu pris
pour cible, pourquoi te suis-je à charge ? Ne peux-tu tolérer mon offense,
passer sur ma faute ? Car bientôt je serai couché dans la poussière, tu me
chercheras et je ne serai plus… » (Jb 7, 15-21).
Quels que soient mon passé, mon vécu actuel ou
mes craintes de l’avenir, accorde-moi, Seigneur, de ne jamais abandonner le
dialogue avec Toi…
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