dimanche 26 août 2018

"Où donc, Seigneur, est ton premier amour?"


Ps 88, 47-50


Le psalmiste a énoncé les conséquences du rejet de Dieu : victoire des ennemis et anéantissement du roi.
A présent, il questionne son Dieu :

(v. 47) « Combien de temps, Seigneur, resteras-tu caché, laisseras-tu flamber le feu de ta colère ? »
Telle peut être l’interprétation d’une situation contrariante ou douloureuse en nos vies humaines : nous pouvons y lire le silence ou la colère de Dieu.
Mais le psalmiste veut croire qu’il n’en sera pas toujours ainsi : « combien de temps… ? ».

Il aligne ensuite des arguments pour trouver un chemin vers Dieu : 

(v. 48) « Rappelle-toi le peu que dure ma vie, pour quel néant tu as créé chacun des hommes ! »
Le premier argument est la brièveté et la relativité de la vie humaine. Remarquons que la foi du psalmiste demeure, malgré l’épreuve. Il formule implicitement sa foi en Dieu créateur : « … tu as créé chacun des hommes ! ».

(v. 49) « Qui donc peut vivre et ne pas voir la mort ? Qui s’arracherait à l’emprise des enfers ? »
Un deuxième argument est celui de la finitude de la vie terrestre. La question posée est rhétorique, c’est-à-dire que la réponse est inclue dans la question : en effet, nul ne peut « ne pas voir la mort » ou s’échapper à « l’emprise des enfers ».

(v. 50) « Où donc, Seigneur, est ton premier amour, celui que tu jurais à David sur ta foi ? »
En guise de troisième et dernier argument, le psalmiste pose une question redoutable à Dieu. Lorsqu’il avait rapporté ci-dessus la vision dont le roi avait été bénéficiaire, le psalmiste avait énoncé les promesses de Dieu et son engagement à l’égard de son roi : « (v. 25) Mon amour et ma fidélité sont avec lui, mon nom accroît sa vigueur… (v. 28) Et moi, j’en ferai mon fils aîné, le plus grand des rois de la terre !... (v. 29) Sans fin je lui garderai mon amour, mon alliance avec lui sera fidèle… (v. 35-36) Jamais je ne violerai mon alliance, ne changerai un mot de mes paroles. Je l’ai juré une fois sur ma sainteté ; non, je ne mentirai pas à David ! ».
Fort de ces confidences, le psalmiste interroge : Dieu, où est ton premier amour ?

Le psalmiste s’identifie ici à la personne du roi, au messie élu, pour exprimer en son nom douleur, souffrance et sentiment d’abandon.


A certaines étapes de notre vie, il peut nous arriver d’éprouver de tels sentiments. Des hommes, des femmes et des enfants sur notre terre se sentent pareillement abandonnés ou rejetés…
Osons dire à Dieu nos sentiments les plus secrets, qu’ils expriment révolte, souffrance ou incompréhension…
Le livre de Job est éclairant dans cette libre expression de soi. Nous pourrions relire tout le livre… Citons-en seulement un extrait, en écho à notre psaume :
« Ah ! je voudrais être étranglé : la mort plutôt que mes douleurs ! Je m'en moque, je ne vivrai pas toujours ; aussi, laisse-moi, mes jours ne sont qu'un souffle ! Qu'est-ce donc que l'homme pour en faire si grand cas, pour fixer sur lui ton attention, pour l'inspecter chaque matin, pour le scruter à tout instant ? Cesseras-tu enfin de me regarder, pour me laisser le temps d'avaler ma salive ? Si j'ai péché, que t'ai-je fait, à toi, l'observateur attentif de l'homme ? Pourquoi m'as-tu pris pour cible, pourquoi te suis-je à charge ? Ne peux-tu tolérer mon offense, passer sur ma faute ? Car bientôt je serai couché dans la poussière, tu me chercheras et je ne serai plus… » (Jb 7, 15-21).

Quels que soient mon passé, mon vécu actuel ou mes craintes de l’avenir, accorde-moi, Seigneur, de ne jamais abandonner le dialogue avec Toi…

Aucun commentaire: