vendredi 24 août 2018

"Le voilà outragé par ses voisins..."


Ps 88, 39-42

Le psalmiste nous a rapporté les paroles que Dieu adressait à son peuple : il y était question de protection, d’amour, de fidélité, d’une Alliance indéfectible avec le roi et sa dynastie…
Les versets qui suivent nous font déchanter :
v. 39-40 : « Pourtant tu l’as méprisé, rejeté ; tu t’es emporté contre ton messie. Tu as brisé l’alliance avec ton serviteur, jeté à terre et profané sa couronne »
Le psalmiste se distancie des paroles de Dieu pour nous décrire ce qu’il en est de la relation du roi avec son Dieu : mépris, rejet, emportement, alliance brisée, profanation de sa couronne.
Quel événement a bien pu provoquer ce revirement ?
L’histoire d’Israël regorge en effet des infidélités du peuple, sa tentation récurrente d’idolâtrie, qui l’a conduit à honorer les dieux de ses voisins. A titre d’exemple, citons Salomon, fils du roi David, qui fréquenta de nombreuses femmes étrangères et vénéra leurs dieux :
« À l'époque de la vieillesse de Salomon, ses femmes détournèrent son cœur vers d'autres dieux ; et son cœur ne fut plus intègre à l'égard du Seigneur, son Dieu, contrairement à ce qu'avait été le cœur de David son père. Salomon suivit Astarté, déesse des Sidoniens, et Milkom, l'abomination des Ammonites. Salomon fit ce qui est mal aux yeux du Seigneur et il ne suivit pas pleinement le Seigneur, comme David, son père. C'est alors que Salomon bâtit sur la montagne qui est en face de Jérusalem un haut lieu pour Kemosh, l'abomination de Moab, et aussi pour Molek, l'abomination des fils d'Ammon. Il en fit autant pour les dieux de toutes ses femmes étrangères : elles offraient de l'encens et des sacrifices à leurs dieux. Le Seigneur s'irrita contre Salomon parce que son cœur s'était détourné de lui, le Dieu d'Israël qui lui était apparu deux fois et qui lui avait ordonné précisément de ne pas suivre d'autres dieux ; mais Salomon n'observa pas ce que le Seigneur avait ordonné » (1 R 11, 4-10).

La relation aux ennemis, face auxquels Dieu assurait une protection, est également envisagée :
v. 41-42 : « Tu as percé toutes ses murailles, tu as démantelé ses forteresses ; tous les passants du chemin l’ont pillé : le voilà outragé par ses voisins »
A présent, ce sont des murailles qui n’assurent plus leur fonction protectrice, des forteresses anéanties, des pillages et des outrages.
Bien plus, la fragilité est à son comble, puisque ce sont les « passants du chemin » qui pillent et non des soldats bien armés. De même, ce sont les « voisins » qui outragent et non les ennemis des contrées lointaines.
Tel n’est pas le dernier mot de Dieu. L’Histoire d’Israël montre que le psalmiste ne nous a pas encore tout dévoilé...
Isaïe s’en fait le porte-parole : « Ton créateur est ton époux, le Seigneur Sabaot est son nom, le Saint d'Israël est ton rédempteur, on l'appelle le Dieu de toute la terre. Oui, comme une femme délaissée et accablée, le Seigneur t'a appelée, comme la femme de sa jeunesse qui aurait été répudiée, dit ton Dieu. Un court instant je t'avais délaissée, ému d'une immense pitié, je vais t'unir à moi. Débordant de fureur, un instant, je t'avais caché ma face. Dans un amour éternel, j'ai eu pitié de toi, dit le Seigneur, ton rédempteur. Ce sera pour moi comme au temps de Noé, quand j'ai juré que les eaux de Noé ne se répandraient plus sur la terre. Je jure de même de ne plus m'irriter contre toi, de ne plus te menacer. Car les montagnes peuvent s'écarter et les collines chanceler, mon amour ne s'écartera pas de toi, mon alliance de paix ne chancellera pas, dit le Seigneur qui te console » (Is 54, 5-10).

Face à ces paroles de rejet et d’abandon, je peux demander à Dieu de me redire son amour et sa fidélité. Il me rejoint au creux du cœur, là où la blessure fait mal : « Ta blessure, c’est ma place » (citation de Stan Rougier).
Viens, Seigneur, envoie ton Esprit !

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