Introduction
Nous
voici rassemblés en communauté, en Église.
En
ce 9e mardi du Temps Ordinaire, je tire le fil rouge de l’argent…
Étrange
fil, certes, mais tellement présent en notre monde et objet de tant de
convoitises, qu’il peut être utile de l’évoquer, surtout quand la liturgie nous
y invite.
En
effet, nous poursuivons la lecture du livre de Tobie, commencée hier.
Il
y est question d’un travail effectué, d’un salaire reçu, d’un chevreau offert
en cadeau.
Dans
l’évangile, il est aussi question d’argent : « Est-il permis, oui ou
non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? »
Et
en ce 6 juin, nous célébrons la mémoire de St Norbert, fondateur des Norbertins
ou Prémontrés.
Chapelain
à Xanten, Norbert vit une conversion fulgurante et partage ses biens auprès des
plus pauvres.
Il
exercera un ministère itinérant, avant de fonder une nouvelle forme de
vie : associer la contemplation et la prédication dans un cadre de vie
communautaire, qui conduira à la fondation de l’Ordre de Prémontré. C’était au
12e siècle.
Ainsi,
qu’il s’agisse de l’époque supposée de Tobie au 4e siècle avant JC, du
temps de Jésus ou du 12e siècle de notre ère avec St Norbert,
l’argent est au cœur de la préoccupation de notre humanité.
Écoutons
ce que le Seigneur veut nous en dire aujourd’hui.
Et
recueillons les intentions des hommes et femmes de notre temps, par le chant
des psaumes.
Les Pharisiens et les partisans d’Hérode s’adressent à
Jésus :
« Maître… tu es toujours vrai ; tu ne te laisses
influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères
les gens, mais tu enseignes le chemin de Dieu selon la vérité ».
Malgré une apparence flatteuse, tout sonne faux dans leur
parole.
Une duplicité que dénonce le narrateur : ils veulent
« lui tendre un piège en le faisant parler ».
Jésus ne se laissera pas tromper et leur demandera :
« Pourquoi voulez-vous me ‘mettre à l’épreuve’ / me
‘tenter’ ? »
« tenter » : rappelons que la première
utilisation de ce verbe dans le 2e évangile renvoie à l’action du
diable, lorsque Jésus séjournait au désert :
« … il resta quarante jours, tenté par Satan… »
(1, 13).
Surgit alors la question des Pharisiens et des partisans
d’Hérode :
« Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à
César… Devons-nous payer, oui ou non ? »
Comme l’écrit Philippe Bacq : « Si Jésus répond
‘oui’, il se rend complice d’un pouvoir païen en terre d’Israël ; s’il dit
‘non’, il fait figure de révolutionnaire qui conteste l’occupant »[1].
Face à une telle alternative, on comprend que Jésus dénonce :
« Pourquoi voulez-vous me tenter ? »
Jésus ne répondra pas à la question de « payer ou
non », mais il les conduira beaucoup plus loin.
En leur demandant une pièce d’argent, il pose la
question : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? »
Puis il déclare : « Ce qui est à César,
rendez-le à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».
[1] Ph. Bacq – Od. Ribadeau
Dumas, Un goût d’évangile. Marc, un récit en pastorale2,
Bruxelles, Lumen Vitae, 2006, p. 171.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire