(Rosy)
Ouverture
Sur notre chemin d’Avent, nous avons souvent rencontré Jean, le
Baptiste.
Aujourd’hui encore, c’est Jésus lui-même qui nous en parle, enfin,
à sa façon, sans même le nommer. Comprenne qui pourra !
Mais pour parler de Jean, voilà que l’on remonte à Elie. Et
pourquoi pas à Moïse.
Nous sommes donc entourés de grands personnages qui regardent tous
dans la même direction et que Jésus nous invite à reconnaître.
Soyons d’abord à l’écoute de ces textes et préparons-nous en
chantant les psaumes.
Commentaire
Tout part donc d’une question des disciples. Ceux qui la posent
sont Pierre, Jacques et Jean qui viennent d’être témoins de la transfiguration
de Jésus où ils ont vu Elie face à face.
Tout de suite après cette expérience, alors qu’ils sont encore
entre eux sur le flanc de la montagne, ils interrogent : « Pourquoi les scribes
disent-ils que le prophète Élie doit venir d’abord ? »
Lorsque les Juifs, au temps de Jésus, évoquaient la venue du Messie
et cherchaient à en repérer les signes, un texte de Malachie leur venait à la
mémoire :
« Voici que j'envoie mon prophète Élie, dit le Seigneur, avant que
ne vienne le Jour du Seigneur. » Donc, on attend le Messie mais avant, on
guette le retour d’Elie.
Il y a cependant un problème, et de taille.
Ceux qui viennent de partager brièvement la gloire de Dieu, sont
déconcertés: ils ne comprennent pas que le Messie – révélé dans la
transfiguration – soit venu avant le prophète Élie, qui devait tout préparer.
Doivent-ils croire les adversaires de Jésus – les scribes – qui
tiraient argument d'un texte comme celui de Malachie pour contester qu’il soit
le messie ? Puisqu’Élie n'est pas encore revenu, ce Jésus ne peut se prétendre
le Messie d'Israël !
La réponse de Jésus est étrange :"Je vous dis qu'Élie est déjà
venu ", et cette affirmation de Jésus a de quoi inquiéter les scribes; si
Élie est déjà venu, alors la grande mise en ordre a déjà eu lieu ; comment se
fait-il qu'ils ne l'aient pas repérée, eux, les guides d'Israël ? Comment se
fait-il que le retour d'Élie n'ait pas été plus marquant ? Autre conclusion,
plus grave encore aux yeux des scribes : si Élie est venu, c'est donc que le
Messie va venir, ou qu'il est déjà présent au sein de son peuple …, mais alors Jésus
pourrait avoir raison !
Jésus, lui, fait comprendre à ses apôtres qu’Elie est bien venu, et il désigne implicitement Jean.
Etonnant ! D’abord parce que les apôtres devaient le savoir si l’on
en croit Matthieu qui rapporte, 6 chapitres plus tôt, cette déclaration de
Jésus à propos de Jean ; « c’est lui, le prophète Élie qui doit venir ».
C’était clair, non ? (Mt 11,14). Il a quand même ajouté : « si vous voulez bien
comprendre ». Et oui, il y a bien du chemin entre entendre et comprendre !
Etonnant aussi parce que Jean, le baptiseur, a tout embrouillé en
répondant à l’interrogatoire des scribes (encore eux) et des pharisiens.
Quand ils lui demandèrent: « Es-tu Elie? », il dit: « Je ne le suis
pas » (Jn 1,21).
Il est vrai qu’Elie et Jean ne sont pas vraiment sortis du même
moule. Elie, qui surgit de nulle part, a une vie pleine de rebondissements,
pleine de prodiges. Heureusement, Ben Sirac a eu la bonne idée de nous en faire
une synthèse très suggestive que nous venons d’ailleurs de lire.
Au contraire, de Jean, la foule disait : il n’a accompli aucun
signe miraculeux.
Et leur comportement est quasi à l’opposé ; un seul exemple : alors
qu’Elie fuit devant la reine Jésabel pour échapper à la mort, Jean affronte le
tétrarque Hérode et y trouvera la mort…
Là où Elie est ardent, redoutable, comme le dit Ben Sirac, Jean est
humble et comblé de joie.
Ce qu’ils ont en commun, c’est bien sûr leur passion pour leur
Seigneur et la mise en œuvre de tout ce qui peut sauver les hommes, les
conduire à Lui. Alors, Elie est-il déjà venu ? (Mt 17,10-13)
Quelques mots, dans la bouche de Jésus, révèlent son sentiment, son désir, son attente déçue : « au lieu de le reconnaître ». Voilà des mots à recueillir aujourd’hui.
Moïse, Elie, Jean-Baptiste - et tant d’autres - ont préparé la
route. Mais les gens ne reconnaissent pas les envoyés de Dieu ; il faut un
regard neuf, un cœur nouveau, pour reconnaître les voies de Dieu et répondre à
son appel exigeant.
Tout le monde n'est pas enclin à le comprendre et, moins encore, à
le vivre.
Jean est venu accomplir la mission d'Élie, selon ce que l'ange
avait dit à Zacharie :"Il marchera devant le Seigneur avec l'esprit et la
puissance d'Élie, pour préparer au Seigneur un peuple bien disposé". Jean
le Baptiste a fait l'œuvre d'Élie , mais ses frères juifs ne l'ont pas reconnu.
Le drame, pour les scribes et autres penseurs, c'est de n'avoir pas
su reconnaître les signes que Dieu
faisait à son peuple dans l'histoire. Et c'est bien cette difficulté qui nous
guette. Ne pas être capable de reconnaître les grands témoins comme toutes nos
rencontres dans lesquelles Dieu se révèle. Ne pas être capable de reconnaître
Jésus lui-même lorsqu’il frappe à notre porte.
Nous n'avons pas à attendre la venue du Messie, car nous savons
qu'il est mort et ressuscité une fois pour toutes ; mais nous avons à
reconnaître les signes de sa présence.
Et surtout, reconnaître, dans le petit enfant de la crèche, notre
sauveur lui-même.
Notre Père
En lui adressant notre prière, reconnaissons que notre Dieu est
Père.
Oraison
Seigneur Jésus, nous t’en prions, accorde-nous la grâce d’être à
l’écoute de ta Parole à travers les grands témoins qui ont préparé ta venue,
mais aussi de reconnaître ta présence en tous ceux que nous croisons chaque
jour. Prépare-nous à accueillir toute la nouveauté de ta venue aujourd’hui,
tout l'inattendu de la volonté du Père.
Nous te le demandons, à toi qui vis avec le Père et l’Esprit, aujourd’hui et pour toujours.
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