mercredi 7 septembre 2022

Liturgie de la Parole, 23e mercredi TO

 (Isabelle Halleux)

Introduction 

Deux textes sur le bonheur sont offerts à notre méditation aujourd’hui : un extrait de la 1ère lettre de Saint Paul aux Corinthiens (1 Co 7, 25-31) et les béatitudes selon Saint Luc (Lc 6, 20-26).

 Saint Paul donne son avis sur le célibat et ses joies (1 Co 7, 25-31). Il s’estime suffisamment digne de confiance pour en parler : « Tu n’as pas de femme, ne cherche pas à te marier », « Si tu te maries, ce n’est pas un péché », « Que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme », « car il passe, ce monde tel que nous le voyons ». Ah ! Saint Paul et les femmes !!!

 Il faut de la patience et du temps pour entrer en profondeur dans l’enseignement de Paul et pour comprendre la portée révolutionnaire, « émancipatrice de la condition féminine », de sa pensée et de sa prédication[1]. Le sujet du célibat et de la place des femmes reste difficile dans l’Eglise – et pas que dans l’Eglise. Mais on évolue lentement et sûrement dans ce domaine…

 Alors, chantons, avec nos belles voix de femmes. Chantons les psaumes au Seigneur !

 Méditation : Les Béatitudes selon saint Luc

 Tous, certainement, nous voulons vivre heureux. Les béatitudes répondent à ce désir de tout homme et de toute femme ; elles nous disent aussi le désir de Dieu de nous rendre  heureux. Saint Luc nous transmet la « recette » proposée par Jésus. Il utilise les mots « heureux » et « malheureux ». En hébreu, le mot « heureux » se dit « achereï », qui vient d’un verbe signifiant « debout et en marche ». Le mot « malheureux », lui, est une traduction du mot grec « ouaï », de l’hébreu « hoï » dans l’AT qui est comme un cri… Pour être heureux et prendre part au Royaume, les béatitudes selon saint Luc se résument donc en quatre « Hop ! Debout ! » et quatre « Ouille ! »

 Hop ! Debout, en avant, vous les pauvres !

Debout, tenez bon, vous qui avez faim !

Hop ! En avant, relevez-vous, vous qui pleurez !

Et vous qu’on n’aime pas, qu’on repousse, qu’on insulte !

 Le bonheur n’est pas une réalité statique ; c’est une réalité dynamique, un mouvement. C’est vivre. Et la vie, c’est le projet de Dieu pour nous, le don qu’il nous fait : une communion de vie et de joie avec lui, sur le chemin du Christ. Pour être heureux, il faut se mettre en marche, avancer, s’adapter, se relever, recommencer, aller plus loin sur le chemin du Christ.

 Hop ! Tenez bon les pauvres. Croyez, espérez, allez-y, suivez Jésus ! Vous pouvez être heureux dans le Royaume, même dans les épreuves, la souffrance, la détresse. Vous êtes ce Royaume. Dieu est et sera toujours à votre côté, de votre côté !

 Ouille-ouille-ouille-ouille ! Attention, vous qui êtes riches, qui êtes repus, qui riez ! Attention, vous, les gens bien en vue, les « vedettes » ! Le risque, pour vous, est de mettre votre confiance dans les choses matérielles, de croire qu’elles donnent sens à vos vies, et de vous arrêter à cela. Ne vous trompez pas d’objectif, de préoccupation ! Marchez, avancez, mais surtout pensez au vrai Dieu !

 « Comment est-ce que je te cherche, Seigneur ? Puisqu’en te cherchant, mon Dieu, je cherche la vie heureuse pour que vive mon âme, car mon corps vit de mon âme et mon âme vit de toi », disait St Augustin (conf. 10, 29).

 Saint Benoît, dès son prologue, nous éclaire : « Levons-nous ! L’écriture ne cesse de nous éveiller, disant : "L’heure est venue de sortir du sommeil"[2]. Ouvrons les yeux à la lumière divine. Ecoutons d’une oreille attentive la voix de Dieu… »[3]. Marchons donc, suivons les sentiers que nous trace l’évangile et mettons-le en pratique.  

 4 « hop », « 4 ouille » et 2 mots : « Ausculta » et « Parvenies ». « Ecoute et tu parviendras[4]. »

 Mettons notre confiance en notre Dieu. Ecoutons sa parole. Comptons sur lui pour donner sens et éternité à nos vies : il est Amour, Joie, Paix, Force de vie, Bonheur. 

 Notre Père 

Avec les mots que Jésus nous a appris, redisons à Dieu : Notre Père…

 Prière finale 

Homme ou femme, pauvre ou riche, tu nous aimes, Seigneur, sans limite. Tu souhaites notre bonheur. C’est « ta » béatitude.

Donne-nous de ne pas nous laisser aller, de ne pas désespérer, de ne pas t’oublier quels que soient nos origines, nos conditions de vie ou nos statuts. Donne-nous de te chercher, d’écouter ta parole et de trouver notre bonheur en toi, de vivre en toi, en empruntant le chemin du Christ.

Nous te le demandons par Jésus, notre Seigneur, qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

 

[1] Lire à ce sujet « Les femmes de Saint Paul », Chantal Reynier, Cerf, 2020, 272 p. ou une présentation résumée sur https://www.cath.ch/newsf/saint-paul-et-les-femmes-en-finir-avec-les-cliches/

[2] Rm 13, 11

[3] Prologue de la Règle de Saint Benoît (RSB), verset 8 ss.

[4] « Ausculta » (ou « Obsculta ») et « Parvenies » sont les premier et dernier mots de la RSB, résumant à eux seuls le parcours bénédictin.

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