(SMJn Noville)
Introduction
Nous
voici rassemblés en communauté, en Eglise.
En
ce 23e lundi, la liturgie nous propose un texte paulinien difficile
à lire.
Dans
sa première lettre aux Corinthiens, Paul expose la situation :
« On
entend dire partout qu’il y a chez vous un cas d’inconduite, une inconduite
telle qu’on n’en voit même pas chez les païens : il s’agit d’un homme qui vit
avec la femme de son père ».
L’aspect
le plus ardu n’est pas tant la situation elle-même que la réponse de
Paul :
« Il
faut livrer cet individu au pouvoir de Satan, pour la perdition de son être de
chair ».
Pas
facile à entendre lorsqu’on veut favoriser l’accueil de chacun dans la
pastorale…
Quant
à l’évangile, Jésus se trouve face à « un homme dont la main droite était
desséchée ».
Cet
homme sera-t-il stigmatisé pour cet handicap ?
Nous
le découvrirons dans un instant…
À
présent, recueillons les intentions des hommes et femmes de notre temps par le
chant des psaumes.
Dans l’évangile, Jésus pose une
question qui nous renvoie au cœur du débat : « Est-il permis… de
faire le bien ou de faire le mal ? de sauver une vie ou de la
perdre ? ».
Le critère ultime de la
réflexion et du discernement de Jésus est celui de la vie.
Tel est le but de sa Venue en
notre monde : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie, la vie en
abondance » (Jn 10, 10).
Dès lors, la célébration du
sabbat passe au second plan et Jésus « sauve » cet « homme dont
la main droite était desséchée ».
Cet « homme qui vit avec
la femme de son père » ne cherche-t-il pas la vie ?
Pour stimuler notre réflexion,
je citerai de nouveau Sr Véronique Margron, une théologienne moraliste que
j’apprécie beaucoup[1].
Elle parle
d’« hospitalité christique », en ce sens que, dans l’évangile,
« les rencontres (de Jésus) manifestent son accueil sans condition,
spécialement aux gens peu recommandables de son époque. Ce qui ne veut jamais
dire qu’il ‘bénirait’ leur mode de vie ».
Et, en corollaire de cette
hospitalité christique, Véronique Margron dégage une « hospitalité éthique »,
qui ne signifie pas une « bénédiction de ces modes de vie ou
pratiques », mais qui permet d’« entendre la souffrance et le désir
que portent ces évolutions, ces demandes, ces mœurs ».
Face aux situations diverses
de notre monde, aux choix de nos contemporains, aux expériences qu’ils vivent,
bon gré mal gré, laissons-nous interpeller par cette déclaration de la même
théologienne :
« Nous appartenons à la
même humanité, celle où aucun d’entre nous n’est blanc comme la colombe ».
Avec
Jésus, qui porte notre monde en sa prière, redisons les mots qu’Il adresse à
son Père…
Prière
Dieu
notre Père, tu aimes tellement notre monde que Tu lui as envoyé ton Fils
unique. Il est venu sur notre terre, porteur de la Vie reçue de Toi. Il nous la
partage, afin qu’elle se répande à l’entour et témoigne de Toi. Accorde-nous de
nous laisser interpeller par ce que vivent les hommes et femmes de notre temps,
que nous puissions témoigner de Ta présence vivifiante, en leur quotidien, quel
qu’il soit. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, qui règnes avec
Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.
Que
le Seigneur nous bénisse et nous garde…
[1] V. Margron,
avec Cl. Plettner, Fragiles
existences, Orienter sa vie, Montrouge, Bayard, 2010.
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