(Isabelle Halleux)
Introduction
« Ecoutez-moi,
îles lointaines ! » (Is 49, 1-6) – Quelle magnifique interpellation
pour qui aime voyager!
« Je
fais de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu’aux
extrémités de la terre. » - Et quelle magnifique perspective pour qui aime
les horizons lointains !
Ces
deux versets rendent un peu plus digérable le texte de l’évangile qui nous est
proposé ce jour (Jn 13, 21-23, 36-38) : « L’un de vous me livrera… Le
coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois ». « Comme
l’agneau vers l’abattoir, tu te laisses conduire à la croix ». Il y aura
plus que la croix. C’est bien ainsi. C’est notre foi.
« Seigneur,
sois le rocher qui m’accueille ; tu as résolu de me sauver : ma
forteresse, mon roc, c’est toi ! Tu es mon espérance ! » nous
dit le psaume (Ps 70).
Prions.
Chantons les psaumes à notre Dieu.
Méditation
« Comme
l’agneau vers l’abattoir, tu te laisses conduire à la croix » dit
l’acclamation. C’est un peu ça : nous savons que le récit de l’évangile de
ce jour donne la dimension de ce qui va se passer, et que nous allons vivre,
revivre cette semaine. Ce n’est pas rigolo. Heureusement la résurrection est au
bout du chemin.
Je
me demande quel était l’état d’esprit des douze ce soir-là ? Comme de petites
souris, tendons l’oreille…
Cela fait du bien de se retrouver au
calme, entre nous, pour souffler autour d’un bon repas ! Franchement, les
amis : cette journée a été dure et longue. Encore une fois ! La
tension croît et cela devient insupportable. Déjà qu’ils voulaient s’en prendre
à Jésus, et voilà maintenant qu’ils ont décidé de tuer Lazare[1] !!!
C’est incroyable…
Mais qu’as-tu, Jésus, toi d’habitude si
joyeux, si battant ?
« Amen, amen, je vous le dis : l’un de vous me livrera ».
Je plonge le nez dans mon
assiette. M’enfin ! Tu n’as vraiment pas le moral ! De là à penser
que… On est tous avec toi, derrière toi, solidaires ! Je regarde à la
dérobée Jacques et Nathanaël : ils ont l’air aussi embarrassés que moi. J’aurais préféré un repas en silence !
« Jean, demande-lui un peu qui c’est,
le traître ! »
« Dis donc, Pierre, tu ne crois pas
que tu pourrais le demander toi-même ? »
Ambiance ! Jésus, toi qui
d’habitude renvoies chacun à ses questions, tu désignes celui qui te livrera par
une bouchée de ce délicieux repas préparé par Untel[2] ?
Tu lui dis même de se dépêcher d’agir ?! Judas, tu ne dis rien ? Tu
sors, bouleversé. Il fait noir dehors. Personne ne va te rechercher. Ce n’est
pas juste.
Silence. Lourd silence ! Plus
personne n’ose bouger pour se resservir et manger… Moi, de toute façon, cela
m’a coupé l’appétit. Thomas n’a pas l’air d’y croire : c’est vrai que
c’est un type bien, Judas !
Tu nous fais quoi, Jésus, avec
cette grande envolée lyrique : « Maintenant le Fils de l’homme est
glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi
le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. » ? On a beau dire que la gloire c’est la présence
ou le poids de Dieu, on dirait que tu parles schtroumpf ! Je ne m’y ferai
jamais ! Il faut avoir fait la théologie pour comprendre une phrase
pareille !
Tu vas partir là où on ne peut
pas aller ? Alors qu’on te suit dans toutes tes pérégrinations depuis si
longtemps, encaissant avec toi tous les problèmes qu’on rencontre,
disons-le : que tu sèmes ? Ce ne serait pas toi qui nous lâche ?
Et maintenant, voilà que tu remballes
Pierre qui te dit qu’il donnerait sa vie pour toi, comme nous tous. Il essaie
de comprendre ce que tu dis… Avoue que ce n’est pas facile. Et il se reçoit un : « Toi aussi tu
me renieras ». Pas Pierre, Jésus ! S’il y en a bien un pour te
défendre, c’est lui !!!!!
Tu nous fais quoi, là, Jésus ? Respire !
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Il
nous reste quelques jours à l’entrée de cette semaine sainte pour nous positionner
et nous convertir : Resterons-nous silencieux devant le sacrifice de la croix ?
Expliquerons-nous à nos proches pourquoi nous célébrons la mort du Christ et
pourquoi nous croyons qu’elle est fondamentale pour nous, pour notre salut,
notre liberté ? Accompagnerons-nous Jésus dans sa souffrance jusqu’au
bout ? Ou ferons-nous « comme si »… Réfléchissons-y ! On en
reparlera demain[3]…
Notre Père
Avec
Jésus, redisons la prière à son Père, à notre Père
Prière finale
Seigneur,
notre Dieu, tu connais nos faiblesses et notre difficulté, parfois, d’affirmer
notre foi et de prendre le risque de nous positionner à ta suite. Notre
démarche pendant cette semaine sainte nous rappelle le salut que tu nous donnes
par Jésus. Rends-nous présent.e.s à sa passion, dans l’espérance de la
résurrection. Nous te le demandons, par Jésus, le Christ, notre Seigneur qui
vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit, pour les siècles des
siècles. Amen.
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