Liturgie de la Parole 21e samedi TO-I Ste Jeanne Jugan : 30 août 2025
Introduction
Le jour est mémorable !
Je voudrais combiner les différents axes de cette journée.
D’abord, la rencontre des « amis d’Hurtebise » et le thème choisi « L’espérance ».
Ensuite, les lectures de la liturgie de ce samedi, sans omettre la Mémoire de la Vierge Marie.
Enfin, je souhaite honorer celle que le martyrologe cite en ce 30 août, une femme chère à mon cœur, Sainte Jeanne Jugan, la véritable fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres, qui naquit en 1792 à Cancale, en Bretagne.
Je vais ainsi essayer de faire un tuilage de tout ceci, car, en fait, tout s’harmonise bien !
Comme le disait Jeanne Jugan : « En tout, partout, en toute circonstance, je répète : Dieu soit béni ! »
Déposons nos intentions et celles de notre monde… dans le chant des Psaumes.
Méditation
« Vous avez appris vous-mêmes de Dieu à vous aimer les uns les autres, et c’est ce que vous faites… ».
Ce conseil de Paul aux Thessaloniciens convient parfaitement à Sainte Jeanne Jugan !
Sa congrégation correspond à un déploiement de grande charité.
En effet, l’aventure a commencé très humblement, quand Jeanne avait 47 ans.
Elle menait avec deux autres femmes une sorte de vie commune, rythmée par la prière.
Dans ses allées et venues, elle remarquait la misère d’une quantité de pauvres gens.
À son époque, sans sécurité sociale, sans hospice, les rues de Saint-Servan comptaient un grand nombre de miséreux et de vieillards abandonnés.
Pendant l’hiver 1839, Jeanne écouta son cœur et eut l’intuition d’accueillir une première pauvre femme, paralysée et aveugle.
Elle l’installa dans sa propre chambre et grimpa au grenier pour dormir.
Puis une autre pauvre femme fut accueillie.
Jeanne se mit alors à quêter auprès des familles qu’elle connaissait.
Et de jeunes personnes, entraînées par son exemple, vinrent offrir leur service et se joignirent aux trois femmes valides.
Jeanne aimait contempler l’amour de Dieu, révélé dans les cœurs de Jésus et de Marie.
Elle s’ouvrait ainsi à la source du grand amour qui allait remplir sa vie et qui, par elle, se répandrait sur le monde.
La petite Communauté, avec son projet de vie, trouva un soutien en la personne d’un jeune vicaire de la paroisse, l’Abbé Le Pailleur, qui devint leur conseiller.
C’est alors que la communauté chercha un lieu plus grand.
Et ce fut le grand bond en avant : une vraie cascade de fondations !
En 1851, on comptait 300 sœurs, 15 maisons, 1500 vieillards logés et secourus.
Jeanne se montrait infatigable : les contacts pour recueillir les dons, la quête, les fondations…
Jeanne a une confiance immense ! Elle disait : « Dieu nous aidera ; c’est Son œuvre ».
Une telle expansion lui valut la reconnaissance de l’Académie.
Écoutons l’Évangile : « Un homme qui partait en voyage appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités »
Lors de sa jeunesse, Jeanne déclina le mariage en déclarant à sa mère : « Dieu me veut pour lui. Il me garde pour une œuvre qui n’est pas encore connue ».
Tel était le talent qu’elle reçut.
Mais cette grande œuvre, l’Abbé Le Pailleur se l’appropria.
Il se donna à lui-même le titre de véritable fondateur et se fit reconnaître comme Supérieur général de la Congrégation.
Jeanne Jugan – Sr Marie de la Croix – fut alors évincée du Conseil, réduite à l’inaction, au silence et à la solitude.
Elle est envoyée à la campagne de Saint-Pern, non dans le quartier des autorités de la Congrégation, mais avec les novices.
Pendant 27 ans, elle est tellement oubliée que son entourage finira par croire qu’effectivement elle n’était pas la fondatrice ni la première Petite Sœur des Pauvres.
Alors même que tout lui était injustement retiré, elle trouva la paix et la sérénité en ayant fondé sa vie sur cette plénitude intérieure que nul ne pouvait lui ravir.
Elle se laisse façonner par Dieu en faisant un bon usage des événements qui peuvent nous purifier et nous libérer.
Elle partage aux novices et aux postulantes son expérience des humiliations ; elle leur dit : « Il faut être comme un sac de laine, qui reçoit la pierre sans résonner ».
Cette « œuvre inconnue (que Dieu lui gardait) », ce serait Jeanne elle-même.
Il ne s’agissait plus pour elle de faire une œuvre, mais de consentir à devenir elle-même l’œuvre de Dieu.
À la fin de sa vie, elle déclara à l’Abbé Le Pailleur, avec un engouement cachant probablement une grande souffrance : « Vous m’avez volé mon œuvre, mais je vous la cède de bon cœur ! ».
En cette Mémoire de la Vierge Marie, écoutons les derniers mots de Jeanne Jugan :
« Ô Marie, ma bonne mère, venez à moi. Vous savez que je vous aime et que j’ai bien envie de vous voir ! ».
Elle s’éteint en 1879 : la Congrégation comptait 2.400 Petites Sœurs.
Marie Jamet, associée à ses débuts, rétablira la vérité en confessant sur son lit de mort : « On m’avait dit d’agir ainsi… ».
Une enquête est ouverte : Jeanne Jugan est réhabilitée. Elle fut canonisée par Benoît XVI.
Prenons un temps de silence et rendons grâces à Dieu pour cette belle figure de sainteté, foyer d’amour et d’humilité…
Temps de silence
Notre Père
« Il faut être bien petites devant le bon Dieu, disait Jeanne… Tenez-vous devant le bon Dieu comme une petite grenouille… ». À son intercession, entrons, avec Jésus, dans la prière des enfants de Dieu…
Bénédiction
Que le Dieu de l’Espérance nous bénisse et nous garde…
Sr Marie-Jean Noville