samedi 12 mars 2016

Ce qui lui est agréable

Tb 4
3b « Enterre-moi comme il convient. Honore ta mère. Ne l’abandonne à aucun jour de sa vie. Fais tout ce qui lui est agréable. Ne contriste en rien son esprit. 4 Souviens-toi, mon enfant, de tous les risques qu’elle a courus pour toi quand tu étais dans son sein. Et quand elle mourra, enterre-la auprès de moi dans un même tombeau.

Viens Esprit Saint, permets-nous de recueillir le « testament » de ceux qui nous précèdent dans la foi, afin qu’il porte des fruits en nous.

Enterre-moi comme il convient : nous amorçons donc ce long discours de Tobit à son fils, une suite de maximes, de recommandations bien ordonnées autour des grands thèmes constituant la piété d’une communauté juive de la Diaspora, situation que devait vivre l’auteur de ce livre, et qui était aussi celle de Tobit et de sa famille vivant en déportation à Ninive.
Le premier thème est donc celui du devoir envers les parents. Pour lui-même, Tobit demande uniquement une sépulture digne : il a demandé la mort et ceci nous révèle qu’il attend bien ce moment.

Honore ta mère. Ne l’abandonne à aucun jour de sa vie : par contre, la mort de Tobit va laisser Anna seule : il la recommande donc particulièrement à leur fils. Il est appelé à l’honorer (selon les mots du décalogue), à ne jamais la laisser dans le besoin ou la solitude.

Fais tout ce qui lui est agréable. Ne contriste en rien son esprit. Souviens-toi, mon enfant, de tous les risques qu’elle a courus pour toi quand tu étais dans son sein : mais, pour Anna, Tobit va plus loin. En ces quelques mots nous percevons la tendresse qui existe entre les époux, la reconnaissance de Tobit pour la tâche de mère d'Anna.

 Et quand elle mourra, enterre-la auprès de moi dans un même tombeau : et son souhait est qu’ils soient réunis dans un même tombeau comme ils l’ont été dans la vie, dernière manifestation de leur amour.


Seigneur Dieu, que la Parole de ce jour nous incite à aimer nos frères en profondeur, rends-nous attentifs à leurs besoins, à leurs désirs, que notre tendresse soit faite d’une attention capable de percevoir ce qui leur est agréable

vendredi 11 mars 2016

Il appela son fils

Tb 4
1 Ce jour-là, Tobit se souvint de l’argent qu’il avait déposé chez Gabaël, à Raguès de Médie 2 et il se dit en lui-même : « Voici que j’ai demandé la mort ; je ferais bien d’appeler mon fils Tobias pour lui révéler l’existence de cet argent avant de mourir. » 3 Il appela son fils Tobias, qui vint auprès de lui, et il lui dit :

Viens Esprit saint, ouvre nos cœurs et nos intelligences à cette parole, qu’elle guide nos pas tout au long de ce jour.

Ce jour-là, Tobit se souvint de l’argent qu’il avait déposé chez Gabaël, à Raguès de Médie : après le chapitre trois qui couvrait en parallèle les prières de Tobit et de Sara, nous voici revenu pour deux chapitres dans la maison de Tobit à Ninive. Nous savons depuis le début (1,14) que Tobit a voyagé en Médie et y a mis en dépôt chez Gabaël une très grosse somme d’argent. Manifestement, lui-même l’avait un peu oubliée… Mais voici donc qu’il s’en souvient d’un coup…

 et il se dit en lui-même : « Voici que j’ai demandé la mort ; je ferais bien d’appeler mon fils Tobias pour lui révéler l’existence de cet argent avant de mourir : Tobit a demandé la mort à Dieu, et pense donc que Dieu va exécuter sa demande… au point de prendre les précautions d’usage. Il doit s’arranger pour que son fils puisse entrer en possession de l’héritage. Manifestement, pour Tobit, cet argent ne prenait pas beaucoup de place : il n’en a jamais parlé à son fils, et lui-même l’avait oublié…

Il appela son fils Tobias, qui vint auprès de lui, et il lui dit : Tobit va entamer un long discours (tout le chapitre 4) qui sera, non pas une information bancaire, mais un long « testament », qui constitue un des genres littéraires bibliques : nous sommes en plein dans le thème de la « transmission », celle de tout l’héritage spirituel d’un patriarche. Avec Tobias, installons-nous confortablement pour écouter Tobit…

Seigneur Jésus, qu’à travers nous ta parole puisse rayonner vers tous ceux qui vivent « auprès de nous », vers tous ceux qui croiseront notre route aujourd’hui.


mercredi 9 mars 2016

Leur prière fut entendue

Tb 3
16 Dans l’instant même, leur prière à tous les deux fut entendue en présence de la gloire de Dieu 17 et Raphaël fut envoyé pour les guérir tous deux : Tobit, en faisant partir les leucomes de ses yeux, afin qu’il voie de ses yeux la lumière de Dieu ; Sara, la fille de Ragouël, en la donnant pour femme à Tobias, le fils de Tobit, et en expulsant d’elle Asmodée, le démon mauvais – c’est à Tobias, en effet, qu’il revenait de l’obtenir avant tous les autres prétendants.
A cet instant, Tobit rentra de sa cour dans sa maison et Sara, la fille de Ragouël, descendit quant à elle de la chambre haute. 

Viens Esprit Saint, viens nous apprendre à prier avec confiance, à nous tourner vers Dieu en toute simplicité ; viens nous inspirer les mots qui portent notre désir.

Dans l’instant même, leur prière à tous les deux fut entendue en présence de la gloire de Dieu : la simultanéité des deux situations, des deux prières est à nouveau explicitement confirmée, ainsi que la suite : les deux prières furent entendues. A noter qu’il n’est pas dit que la prière a été exaucée mais bien  « entendue » en présence de Dieu. Ainsi donc, pour Dieu, il y a concordance entre entendre et exaucer ! Et pour nous ? Mais sans doute devons-nous d’abord apprendre à entendre…

et Raphaël fut envoyé pour les guérir tous deux : catastrophe : voilà notre romancier prit en défaut ! Si vous aimez le suspens des romans, passez deux versets ! Car toute la suite nous est maintenant dévoilée. Ils vont être tous deux guéris, et cela par un messager, Raphaël. De lui (si nous jouons le jeu) nous ne savons rien ; on ne parle pas de lui dans la Bible en-dehors de ce livre. Mais son nom signifie « Dieu guérit » et c’est bien le but de sa venue.

Tobit, en faisant partir les leucomes de ses yeux, afin qu’il voie de ses yeux la lumière de Dieu : Tobit, donc, va être guéri de sa cécité ; notons qu’il n’a pas demandé la guérison mais la mort « pour ne plus s’entendre insulter ». Et s’il va retrouver la vue, c’est, non pas pour qu’il puisse travailler ou… , mais pour qu’il voit la lumière de Dieu. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Sara, la fille de Ragouël, en la donnant pour femme à Tobias, le fils de Tobit, et en expulsant d’elle Asmodée, le démon mauvais – c’est à Tobias, en effet, qu’il revenait de l’obtenir avant tous les autres prétendants : Sara, aussi, va être « guérie ». Pourtant elle n’est pas blessée ni malade et elle n’a pas demandé de guérison. Mais son âme souffre, et la cause en est son impossibilité de se marier.

A cet instant, Tobit rentra de sa cour dans sa maison et Sara, la fille de Ragouël, descendit quant à elle de la chambre haute : de nouveau, « à cet instant », d’un même geste, d’un même pas, chacun rejoint son quotidien en quittant le lieu de sa prière. Mais, en fait, que ressentent-ils ? Le texte nous a annoncé la suite, mais nous ne savons rien de nos héros : sont-ils apaisés ou désirent-ils toujours la mort ? Savent-ils, espèrent-ils que leur prière a été entendue ?


Seigneur Dieu, toi qui entends le pauvre qui appelle, tu réponds à sa prière selon ce que tu sais le meilleur, ce que tu sais correspondre à son attente la plus profonde et souvent méconnue de lui-même. Tout notre désir est devant toi !

mardi 8 mars 2016

Prête l'oreille

Tb 3
13 Fais que je sois délivrée de cette terre
et que je ne m’entende jamais plus insulter.
14 Tu le sais, Maître, je suis restée pure
de tout acte impur avec un homme.
15 Je n’ai sali ni mon nom ni le nom de mon père
sur la terre où je suis déportée.
Je suis la fille unique de mon père,
il n’a pas d’autre enfant pour hériter de lui ;
il n’a non plus ni frère auprès de lui, ni parent
pour lequel je devrais me garder comme épouse.
J’ai déjà perdu sept maris :
pourquoi devrais-je vivre encore ?
Mais s’il ne te plaît pas de me faire mourir,
alors, Seigneur, prête l’oreille à l’insulte qui m’est faite. »

Viens Esprit Saint, habite notre prière, qu’elle soit confiante car notre Dieu peut tout en son amour infini.

Fais que je sois délivrée de cette terre : après l’ouverture de sa prière sous forme de bénédiction, voici la demande : comme Tobit elle demande la mort (3,6) et dans les mêmes termes : être « délivrée de cette terre »

et que je ne m’entende jamais plus insulter :
et la raison est également exactement la même. Nous retrouvons souvent dans le premier testament ce thème de l’insulte, notamment dans les psaumes, et c’est une atteinte qui va bien plus profond qu’un mot blessant.

Tu le sais, Maître, je suis restée pure de tout acte impur avec un homme :
sans doute un peu pour les besoins du récit, voici, dans la bouche de Sara, ce qu’est sa réalité (en opposition avec les dires de la servante)

Je n’ai sali ni mon nom ni le nom de mon père sur la terre où je suis déportée :
comme pour Tobit aussi, grand est son souci de ne pas se laisser entraîner dans les pratiques qui ne soient pas celles de leurs pères dans la foi. Mais la place du péché, si présente pour Tobit, est absente pour Sara.

Je suis la fille unique de mon père, il n’a pas d’autre enfant pour hériter de lui :
comme Tobias est le fils unique de son père…

il n’a non plus ni frère auprès de lui, ni parent pour lequel je devrais me garder comme épouse :
selon la loi de Moïse

J’ai déjà perdu sept maris : pourquoi devrais-je vivre encore ?
 Sara ne voit aucune issue à sa situation, elle ne peut imaginer que le scénario vécu sept fois ne se reproduise pas encore.

Mais s’il ne te plaît pas de me faire mourir, alors, Seigneur, prête l’oreille à l’insulte qui m’est faite :
tous deux respectent le vouloir du Seigneur : « traite-moi comme il te plaira » disait Tobit en demandant la mort, « s’il ne te plaît pas de me faire mourir », dit Sara, en espérant que le Seigneur « prête l’oreille » à son insulte, qu’il vienne la sauver de cette situation.


Seigneur Dieu, nous nous tournons vers toi et te présentons toutes nos difficultés. Mais toi, tu connais tous nos chemins, et surtout notre cœur. Prête l’oreille à nos balbutiements, vois notre désir, exauce-nous « comme il te plaira ».

lundi 7 mars 2016

Je lève le visage

Tb 3
11 A l’instant même, elle étendit les mains du côté de la fenêtre et fit cette prière : 
« Béni sois-tu, ô Dieu compatissant !
Béni soit ton nom pour les siècles !
Que toutes tes œuvres te bénissent à jamais !
12 A présent, c’est vers toi que je lève le visage
et que je tourne les yeux.

Viens Esprit Saint, viens Esprit de compassion, prends pitié de tous ceux qui se tournent vers Dieu avec confiance, viens les rassurer par ta parole.

A l’instant même, elle étendit les mains du côté de la fenêtre et fit cette prière :  elle met immédiatement sa décision à exécution et, là, dans la chambre haute, s’apprête à prier ;  pour cela, elle regarde du côté de la fenêtre qui, sans doute, est tournée vers Jérusalem. Voilà une façon de nous dire que la famille de Sara est, elle aussi, fidèle à la Loi de ses pères, qu’elle est restée fidèle malgré la déportation en terre païenne. Le premier livre des Rois indique les diverses situations où il faut prier vers Jérusalem, et en 1R 8,48 est évoqué le cas précis des déportés qui, lorsqu’ils prient, doivent se tourner vers leur pays, leur ville, la Maison, c’est-à-dire le temple.

Béni sois-tu, ô Dieu compatissant ! Sara, elle, n’a pas commis de faute pour laquelle implorer le Seigneur, elle ne fait donc pas appel à sa justice comme Tobit, mais à sa compassion devant son malheur.

Béni soit ton nom pour les siècles ! Que toutes tes œuvres te bénissent à jamais !
Le thème de la bénédiction, répété trois fois en ce verset, est l’un des plus importants du Livre de Tobit. Il ouvre ici cette deuxième grande prière. Sara, elle aussi, reconnaît d’abord qui est Dieu avant de lui adresser sa demande.

A présent, c’est vers toi que je lève le visage et que je tourne les yeux : après le « à présent » qui fait écho au « et maintenant » du verset 6, voilà deux affirmations de Sara qui rejoignent aussi celles de Tobit, mais a contrario : Sara dit « je lève les yeux vers toi », et Tobit « ne détourne pas ton visage de moi » ; Sara dit « je tourne les yeux vers toi » et Tobit « regarde-moi ». Reflet de la façon dont ils se perçoivent eux-mêmes et de la façon dont ils perçoivent Dieu. Chaque prière est unique, chaque rencontre avec son Dieu est unique.
« Qui regarde vers lui resplendira
Sans ombre ni trouble au visage.
Un pauvre crie, le Seigneur entend :
Il le sauve de toutes ses angoisses. » Ps 33


Seigneur Dieu, tu tournes ta face vers ceux qui te supplient, permets-nous de lever les yeux vers toi en toute confiance, que notre prière devienne cet échange de regards, regards chargés d’amour.