Liturgie de la Parole 22e samedi TO-I
Résonances
Nous lisons la lettre aux Colossiens. Une si belle lettre ! Nous sommes encore dans l’introduction. Salutations aux Colossiens (chrétiens d’origine païenne). Paul ne les connaît pas personnellement, ce n’est pas lui qui les a évangélisés, mais bien Epaphras. Par cette lettre, il cherche à prendre contact et à confirmer, voire élargir leur foi.
Il entame la lettre dans l’action de grâce : versets 3 et 4 : nous avons entendu parler de vous, de votre foi, de votre espérance... qui porte fruit, qui grandit... il y a beaucoup de joie dans cette introduction.
Vient ensuite l’hymne (NT 6) que nous connaissons. L’hymne invite à rendre grâce à Dieu le Père « qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints, dans la lumière ». Nous l’avons entendu dans la lecture d’hier.
Qui sont « les saints » et quel est cet héritage ?
Le « vous » de la lettre aux Colossiens (comme dans la lettre aux Éphésiens), ce sont les chrétiens d’origine païenne. Les « saints » désignent ici le peuple élu, Israël. Ils ne sont pas « saints » parce que meilleurs que les autres, mais parce que « mis à part » (c’est la première signification du mot « saint » dans la Bible). L’héritage des saints, c’est donc la promesse faite au peuple de l’Alliance, qui maintenant s’étend à toute l’humanité, à tous ceux qui mettent leur foi en Jésus-Christ.
Toute la lettre aux Colossiens (comme celle aux Éphésiens) s’articule autour de cette thématique : le salut est pour tous. « Vous », les païens, vous avez reçu la même grâce que « nous », les Juifs (Paul se range dans le « nous »). Paul désigne cela sous le mot de « réconciliation ». Ce mot se trouve à la fin de l’hymne (entendu hier) et aussi dans le passage que nous avons lu aujourd’hui.
Dans le contexte des lettres aux Colossiens et Ephésiens, le mot « réconciliation » a cette connotation particulière de « réconciliation entre les Juifs et les païens ». Pas tellement une connotation morale, mais un mot qui rassemble, qui unit ce qui était divisé, qui enjambe ce qui semblait inconciliable.
Cette « réconciliation » est le fruit de la Croix, c’est-à-dire de l’offrande que le Christ a faite de son corps tout entier, son « corps de chair ». En lisant ces lignes, je suis frappée par l’insistance de Paul sur la « chair », c’est-à-dire l’incarnation du Christ, la dimension très concrète de sa passion. On a littéralement l’expression étonnante : « le corps de sa chair » : « maintenant, Dieu vous a réconciliés dans le corps de sa chair (sous-entendu : la chair du Christ), par sa mort, afin de vous introduire en sa présence, etc. » Un peu comme si la mort de Jésus avait en quelque sorte ouvert une brèche pour que la grâce se répande sur tous (juifs et non-juifs).
Comment est-ce que cette parole résonne aujourd’hui dans notre espérance ? Comment regardons-nous la Croix du Christ (nous allons bientôt célébrer la fête de la Croix Glorieuse) ? Avons-nous conscience de la grâce qui nous est faite par cette Croix, par ce que cette croix signifie, à savoir le don total du Christ à nous ?
Cette foi me permet de relire toujours mon existence à la lumière du mystère pascal.
L’auteur de la lettre aux Colossiens poursuit : « cela se réalise si vous restez solidement fondés dans la foi, sans vous détourner de l’espérance que vous avez reçue en écoutant l’Évangile proclamé à toute créature sous le ciel ».
Pour que la grâce donne toute sa mesure, il nous faut l’accueillir, la laisser prendre racine en nous. Par la foi. Par l’espérance. Tant de choses autour de nous semblent vouloir nous détourner de cette espérance, nous tirer vers le bas. Ignace nous disait, jeudi dernier : « il faut résister » ... J’entends encore le pape François nous répéter, dans une de ces formules dont il avait le secret : « ne nous laissons pas voler notre espérance ».
sœur Marie-Raphaël le 6 septembre 25
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