Liturgie de la Parole 22e jeudi TO-I
Méditation
De la lettre de saint Paul aux Colossiens (1, 9-14) :
"Frères et sœurs, depuis le jour où nous avons entendu parler de vous, nous ne cessons pas de prier pour vous. Nous demandons à Dieu de vous combler de la pleine connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle. Ainsi votre conduite sera digne du Seigneur, et capable de lui plaire en toutes choses ; par tout le bien que vous ferez, vous porterez du fruit et vous progresserez dans la vraie connaissance de Dieu. Vous serez fortifiés en tout par la puissance de sa gloire, qui vous donnera toute persévérance et patience. Dans la joie, vous rendrez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints, dans la lumière. Nous arrachant au pouvoir des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé : en lui nous avons la rédemption, le pardon des péchés."
Par la liturgie, c’est à nous que s’adresse ce matin saint Paul, ou plutôt probablement un de ses disciples immédiats auteur de la lettre aux Colossiens.
Tous nous sommes appelés à chercher sincèrement à découvrir la volonté de Dieu pour nous, nous-mêmes et nos communautés. Mais les mots « en toute sagesse et intelligence spirituelle », me semblent aujourd’hui s’adresser plus particulièrement à nos communautés religieuses, bien sûr à moi personnellement comme dominicain, appelés par vocation à travailler constamment pour acquérir et exprimer une véritable intelligence de la foi. Mais cette expression me paraît aussi fondamentale pour votre communautés monastique qui ne peut trouver aucun sens si elle n’est pas portée par cette recherche de sagesse et d’intelligence spirituelles partagées. La lecture et la médiation constante des Écritures et en particulier des évangiles vous y aident, mais aussi l’apport sororel que vous pouvez vous apporter les unes aux autres dans l’étude des Écritures. Ainsi dit la lettre « vous progresserez dans la vraie connaissance de Dieu ».
Nous vivons des temps troublés. D’une part, les valeurs sont de plus en plus éclatées et cela crée de la désorientation et une forme d’angoisse chez les croyants et, d’autre part, notre société en tant que telle est marquée davantage par la recherche du profit, de la puissance et de la valorisation de la concurrence impitoyable, bien plus que de la recherche du bien commun et de la justice, de la dignité pour tous et de la paix véritable. Dans ce contexte, discerner ce qu’est le bien, le bien humain et le bien évangélique apparaît comme un défi permanent. Cette recherche, nous devons la mener avec toutes les personnes de bonne volonté.
La lettre ajoute : « Par tout le bien que vous ferez, vous porterez du fruit. » Une des raisons majeures de la présence de votre monastère ici à Saint-Hubert, est votre accueil, l’ouverture aux groupes et personnes. Il s’agit là vraiment d’une manière de faire le bien. Et vous porterez du fruit, certainement. Plus ou moins souvent, vous avez des retours, de remerciements, des témoignages. Mais le plus souvent, vous ne pouvez le savoir ni le mesurer : c’est l’œuvre, par vous, de la grâce de Dieu.
Et le texte poursuit en disant que la vraie connaissance de Dieu « vous donnera toute persévérance et patience ». L’évangile d’aujourd’hui est celui de la pêche dite miraculeuse. Jésus invite ses disciples à jeter les filets. Pierre lui répond « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre. » Dans nos pays, nombre de monastères, d’abbaye et de couvent doivent fermer parce qu’ils ont vieilli sans vocations pour prendre la relève. Persévérance et patience sont une expression de la vertu d’espérance. Persévérance et patience sont aussi une forme de confiance en Dieu. Notre avenir ne nous appartient pas : il est dans les mains de Dieu. À lui sans doute de susciter de nouveaux chemins, en essayant de notre côté d’être les ouvriers de son désir, selon les mots du psaume 102.
Père Ignace Berten o.p. le 04/09/25