dimanche 31 août 2025

Liturgie de la Parole 22e dimanche Année C

L’humilité est un chemin permettant d’aimer l’autre pour lui-même

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 14,1.7-14.

Homélie.

      Lorsque je prépare une homélie, un de mes premiers réflexes est de me poser la question : « En quoi ce texte d’Évangile est-il une Bonne Nouvelle pour moi  aujourd’hui? » Cette question est comme une clé pour ouvrir le texte.  (montrer une clé )
Mais parfois, la clé grince un peu.  C’est le cas aujourd’hui.  Dans un premier temps Il m’a été difficile de découvrir une Bonne Nouvelle dans ce passage d’évangile et ensuite de vous la partager.  Mais pourtant il y a une bonne nouvelle à dénicher dans ce texte.  J’y reviendrai à la fin de mon homélie.
      
      L’Évangile est le livre qui dévoile le vrai visage de Dieu.  Çà c’est une Bonne nouvelle.  Mais quel est donc le visage de Dieu que je peux trouver dans cette parabole que nous venons d’entendre ?
Nous y voyons que Jésus, prend son repas chez un chef pharisien, responsable des autres.  Comment plusieurs pharisiens chef présentent-ils Dieu dans les synagogues et sur les places publiques ?  Il est un Dieu d’une pureté et d’une rigidité exemplaires, un Dieu de gloire et de majesté.  Dieu est quelqu’un à qui on doit plaire en respectant scrupuleusement la Loi dictée à Moïse.  En dehors de lui, rien n’existe. Devant lui, nous ne sommes pas grand-chose.
      Je me demande en quoi un tel Dieu me concerne.  Il est insaisissable, il est impossible de le connaître et donc de l’aimer.  Je ne peux que me soumettre à sa Loi en tremblant devant Lui et en me culpabilisant.  En effet, comment éprouver de l’amour pour un être si distant, si lointain, si mystérieux.
Ce Dieu, comme les dieux de plusieurs mythologies (notamment les mythologies grecques et romaines ayant cours dans le pays de Jésus), a servi très longtemps le pouvoir politique des pharisiens en maintenant les petits dans la peur et la soumission.
      Ces images de Dieu sont une injure au Dieu de l’Évangile.  Jésus « pite » dans la fourmilière.  Il ouvre une voie accessible à tous y  compris pour ceux qui sont à la marge tels ceux qui sont cités dans la seconde partie de l’évangile.  Jésus choisit le cadre d’un repas pour le faire.  Jésus utilise souvent le cadre d’un repas pour nous dévoiler des choses essentielles. ( Ex. : la 1° place à table, Cana, Béthanie, dernière Cène,….)
      La grande nouveauté de Jésus, - que les pharisiens n’admettront jamais -  et qui lui a coûté la vie, c’est de rapprocher Dieu de l’Homme et d’introduire l’Homme dans la famille de Dieu.  Ce Dieu, Jésus l’appelle : « Abba », « papa » et il l’identifie à l’Amour.  L’amour de Dieu pour nous est inouï, miséricordieux et gratuit.  J’en prendrai d’autant plus conscience si je fais preuve d’humilité devant Lui.  En effet, adopter l’attitude d’humilité me permet de développer une plus grande profondeur  dans mes relations avec les autres et aussi avec Dieu.  J’irais jusqu’à dire que seule la personne humble peut vraiment aimer l’autre pour lui-même.
      Naturellement cela change tout.  Dieu n’est plus un extraterrestre, un  martien mais il devient un familier, un partenaire. On peut  même Lui dire « Tu ».  C’est ce que nous faisons par exemple en récitant le Notre Père.
      Suite au message de Jésus, ce n’est plus l’Homme qui s’anéantit devant Dieu mais c’est Dieu qui s’abaisse devant l’Homme.  C’est Dieu qui se met sur le côté pour mettre l’Homme au centre. Il adopte l’attitude d’humilité.
      Alors que Jésus aurait eu le droit de « revendiquer le rang qui l’égalait à Dieu »comme le dit saint Paul aux Philippiens,  ( Ph 2,6-8) Jésus a choisi de se mettre à la dernière place comme dans la parabole de ce jour. Dans la scène du lavement des pieds, le jour avant sa crucifixion, (Jn 13,1-11) nous voyons Jésus en tablier, Jésus à genoux aux pieds des hommes, Dieu lavant les pieds sales de l’humanité..  « Je suis au milieu de vous, à la place de celui qui sert.  (Lc 22, 27)  Cela résonne en moi comme bonne nouvelle.  Et je suis heureux de vous le partager.  (Montrer la seconde clé) 
      Je comprends que ce bouleversement radical de l’image que beaucoup de croyants se font de Dieu les indispose.  Ils s’indignent de voir Dieu perdre la place d’honneur.
Mais ne serait-ce pas à nous maintenant de lui rendre la politesse en lui disant comme dans la parabole de ce jour : Viens, Seigneur, prends la première place à table.  Nous en serons heureux parce que notre foi est le reflet de l’amour du Christ. 

Abbé Fernand Stréber, Hurtebise, di.31/08/25


P’tit rawett’ : DIEU A-T-IL DES POUX ?

    Un rabbi fut un jour sidéré en entendant quelqu’un prier. Non seulement ce que disait l’homme était absurde.  Par surcroît, il insultait Dieu !
    « - Laisse-moi m’approcher de toi, mon Dieu, implorait l’homme.  Je promets de laver ton corps quand il sera sale. Si tu as des poux, je t’en débarrasserai. Je te confectionnerai de belles chaussures. Personne ne prend soin de toi, mon Dieu. Quand tu seras malade, je t’apporterai un remède. « 
    Le rabbi n’y tint plus :- « Tais-toi ! cria-t-il. Arrête de débiter des sornettes. Te rends-tu compte de ce que tu dis ? Dieu a-t-il des poux ? A-t-il besoin de toi pour se soigner ? Qui t’a appris cette prière blasphématoire ? »
    - « Personne, répondit l’homme. Je suis pauvre et ignorant, on ne m’a rien enseigné. Je ne parle que de ce que je connais. Les poux m’accablent, alors je me dis qu’ils doivent aussi déranger Dieu.  Ce que je mange me donne des aigreurs. Dieu en souffre peut-être aussi. J’ai pris mes propres expériences pour en faire une prière. Mais si tu peux m’apprendre quelque chose de mieux, je t’en serai reconnaissant. »
    Le rabbi lui enseigna une belle prière. L’homme s’inclina devant lui et le remercia. Le maître était très satisfait, convaincu d’avoir accompli une bonne action. Il leva les yeux au ciel pour voir si Dieu était content de lui. Or Dieu était furieux !
    « - Je t’ai donné pour mission d’amener les gens vers moi, tonna-t-il, et voici que tu éloignes un de mes meilleurs dévots. Ce que tu lui as appris n’est pas une prière. La prière n’a rien à voir avec la Loi.  Elle est amour. L’amour est sa propre loi, il ne lui en faut aucune autre.

Midrash juif.



samedi 30 août 2025

Liturgie de la Parole 21e samedi TO-I Ste Jeanne Jugan : 30 août 2025

Introduction

Le jour est mémorable !
Je voudrais combiner les différents axes de cette journée.
D’abord, la rencontre des « amis d’Hurtebise » et le thème choisi « L’espérance ».
Ensuite, les lectures de la liturgie de ce samedi, sans omettre la Mémoire de la Vierge Marie.
Enfin, je souhaite honorer celle que le martyrologe cite en ce 30 août, une femme chère à mon cœur, Sainte Jeanne Jugan, la véritable fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres, qui naquit en 1792 à Cancale, en Bretagne.
Je vais ainsi essayer de faire un tuilage de tout ceci, car, en fait, tout s’harmonise bien !
Comme le disait Jeanne Jugan : « En tout, partout, en toute circonstance, je répète : Dieu soit béni ! »
Déposons nos intentions et celles de notre monde… dans le chant des Psaumes.

Méditation

« Vous avez appris vous-mêmes de Dieu à vous aimer les uns les autres, et c’est ce que vous faites… ».
Ce conseil de Paul aux Thessaloniciens convient parfaitement à Sainte Jeanne Jugan !
Sa congrégation correspond à un déploiement de grande charité.
En effet, l’aventure a commencé très humblement, quand Jeanne avait 47 ans.
Elle menait avec deux autres femmes une sorte de vie commune, rythmée par la prière.
Dans ses allées et venues, elle remarquait la misère d’une quantité de pauvres gens.
À son époque, sans sécurité sociale, sans hospice, les rues de Saint-Servan comptaient un grand nombre de miséreux et de vieillards abandonnés.
Pendant l’hiver 1839, Jeanne écouta son cœur et eut l’intuition d’accueillir une première pauvre femme, paralysée et aveugle.
Elle l’installa dans sa propre chambre et grimpa au grenier pour dormir.
Puis une autre pauvre femme fut accueillie.
Jeanne se mit alors à quêter auprès des familles qu’elle connaissait.
Et de jeunes personnes, entraînées par son exemple, vinrent offrir leur service et se joignirent aux trois femmes valides.
Jeanne aimait contempler l’amour de Dieu, révélé dans les cœurs de Jésus et de Marie.
Elle s’ouvrait ainsi à la source du grand amour qui allait remplir sa vie et qui, par elle, se répandrait sur le monde.

La petite Communauté, avec son projet de vie, trouva un soutien en la personne d’un jeune vicaire de la paroisse, l’Abbé Le Pailleur, qui devint leur conseiller.
C’est alors que la communauté chercha un lieu plus grand.
Et ce fut le grand bond en avant : une vraie cascade de fondations !
En 1851, on comptait 300 sœurs, 15 maisons, 1500 vieillards logés et secourus.
Jeanne se montrait infatigable : les contacts pour recueillir les dons, la quête, les fondations…
Jeanne a une confiance immense ! Elle disait : « Dieu nous aidera ; c’est Son œuvre ».
Une telle expansion lui valut la reconnaissance de l’Académie.

Écoutons l’Évangile : « Un homme qui partait en voyage appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités »
Lors de sa jeunesse, Jeanne déclina le mariage en déclarant à sa mère : « Dieu me veut pour lui. Il me garde pour une œuvre qui n’est pas encore connue ».
Tel était le talent qu’elle reçut.
Mais cette grande œuvre, l’Abbé Le Pailleur se l’appropria.
Il se donna à lui-même le titre de véritable fondateur et se fit reconnaître comme Supérieur général de la Congrégation.
Jeanne Jugan – Sr Marie de la Croix – fut alors évincée du Conseil, réduite à l’inaction, au silence et à la solitude.
Elle est envoyée à la campagne de Saint-Pern, non dans le quartier des autorités de la Congrégation, mais avec les novices.
Pendant 27 ans, elle est tellement oubliée que son entourage finira par croire qu’effectivement elle n’était pas la fondatrice ni la première Petite Sœur des Pauvres.
Alors même que tout lui était injustement retiré, elle trouva la paix et la sérénité en ayant fondé sa vie sur cette plénitude intérieure que nul ne pouvait lui ravir.
Elle se laisse façonner par Dieu en faisant un bon usage des événements qui peuvent nous purifier et nous libérer.
Elle partage aux novices et aux postulantes son expérience des humiliations ; elle leur dit : « Il faut être comme un sac de laine, qui reçoit la pierre sans résonner ».
Cette « œuvre inconnue (que Dieu lui gardait) », ce serait Jeanne elle-même.
Il ne s’agissait plus pour elle de faire une œuvre, mais de consentir à devenir elle-même l’œuvre de Dieu.
À la fin de sa vie, elle déclara à l’Abbé Le Pailleur, avec un engouement cachant probablement une grande souffrance : « Vous m’avez volé mon œuvre, mais je vous la cède de bon cœur ! ».

En cette Mémoire de la Vierge Marie, écoutons les derniers mots de Jeanne Jugan :
« Ô Marie, ma bonne mère, venez à moi. Vous savez que je vous aime et que j’ai bien envie de vous voir ! ».
Elle s’éteint en 1879 : la Congrégation comptait 2.400 Petites Sœurs.

Marie Jamet, associée à ses débuts, rétablira la vérité en confessant sur son lit de mort : « On m’avait dit d’agir ainsi… ».
Une enquête est ouverte : Jeanne Jugan est réhabilitée. Elle fut canonisée par Benoît XVI.

Prenons un temps de silence et rendons grâces à Dieu pour cette belle figure de sainteté, foyer d’amour et d’humilité…

Temps de silence

Notre Père 

 « Il faut être bien petites devant le bon Dieu, disait Jeanne… Tenez-vous devant le bon Dieu comme une petite grenouille… ». À son intercession, entrons, avec Jésus, dans la prière des enfants de Dieu…

Bénédiction 

Que le Dieu de l’Espérance nous bénisse et nous garde…

Sr Marie-Jean Noville



vendredi 29 août 2025

Liturgie de la Parole 29 août Martyre de saint Jean-Baptiste 

Lectures : Jérémie 1, 17-19 ; Psaume 70, 1-2.3-4a.5-6ab.15ab et 17 ; Marc 6, 17-29

Méditation

Tiré de la réflexion :  "Prions en Église" 
Nous célébrons la fête de la naissance au ciel de saint Jean-Baptiste et la réception des sacrements du salut. 

Jean le Baptiste : homme juste et saint. 
Hérode protégeait Jean, il aimait l’écouter, et à la fois Hérode en avait peur. Cependant, Jean est emprisonné pour avoir dit aux puissants qu’ils ne sont pas au-dessus de la morale, mais Hérode qui le craint, ne souhaite pas aller plus loin, c’est sa réputation mal placée et son souci de préserver sa réputation qui vont l’entrainer au-delà de la limite qu’il s’était fixée. Orgueil, pouvoir etc…
« Demande moi ce que tu veux dit Hérode à la fille d'Hérodiade. « La tête de Jean le Baptiste » répondit celle-ci.
Les manipulateurs qui sont capables d’attendre leur heure finissent généralement par obtenir ce qu’ils veulent des esprits divisés. 
Jean a eu le tort de rappeler ses devoirs de juifs à un prince régnant sur la Galilée et la Pérée en référence à la loi de Moise. Jean Baptiste dénonce la perversité calculatrice des gens du pouvoir. Voilà Hérode bien divisé.

 
Ce passage sur Hérode (6,14-29) se situe entre l’envoi des Douze (6,7-13) et leur retour (6,30). Marc a ainsi placé au cœur de la mission des apôtres, le martyr du Baptiste qui incarne ainsi le risque pris par les serviteurs de l’Évangile depuis Jésus jusqu’à ses disciples de tout temps.
Être serviteur comme Jean-Baptiste.
Prendre conscience que nous sommes habité d’ombres et de « lumières » 

Être serviteur de l’Église aujourd’hui n’est pas une évidence. Quel est alors notre mission et notre juste place dans ce monde en mutation ? Quelle place le Seigneur nous appelle t’il à prendre ?
Servir l’Église ne signifie pas seulement remplir des fonctions où accomplir des tâches. C’est nous mettre au service de Dieu, au service des autres. C’est accepter d’être signe et témoin de l’espérance thème demain de "la journée des amis"; c’est oser l’évangile avec simplicité, humilité, fragilité et surtout avec la certitude que le Seigneur conduit son peuple et nous précède.
Il y a des défis divers, et en tant que maman j’en connais. Cela me demande de la lucidité et du courage d’oser nommer que le Seigneur fait partie de ma vie…
Il y a des risques, le risque d’incompréhension, de rejet…risque de découragement, de moquerie etc… le risque du pouvoir et ainsi d’oublier l’essentiel…
Cependant Il y a surtout en nous le chemin de l’espérance. Notre place est celle d’être témoin fidèle dans cette « Vie » que Jésus nous propose, enraciné dans la prière, enraciné dans son « OUI », en lien et ensemble. 

Musique : El SHADDAI  
Brigitte le 29 août 25

mercredi 27 août 2025

Liturgie de la Parole 21e mercredi TO-I

Méditation

Je vous propose la méditation écrite par Sœur Marie-Christine en 2021,le lendemain de l'élection comme Prieure de Mère Marie-Jean: occasion de prier pour elle.  

https://partage-de-lectio.blogspot.com/2021/08/liturgie-de-la-parole-21e-mercredi-to.html
 

 lien pour la photo:

http://www.associationdemarie.org/blog/wp-content/uploads/2018/02/que-la-parole-de-dieu-senracine-1024x683.jpg